Ecrivain critique d'art - Charles Baudelaire
Baudelaire, à la plume vive, souvent mordante, est l'un des plus grands écrivains critiques d'art. Nous lui devons pour une grande part notre vision du Romantisme, de la modernité poétique et picturale et certaines des plus belles pages sur Delacroix.
C’est en tant que journaliste et critique d’art que Baudelaire exerce sa plume avant de devenir le poète des Fleurs du mal et du Spleen de Paris, sans doute encore aujourd’hui davantage étudié.
En 1845, Baudelaire publie son premier Salon, rapidement suivi d’autres écrits sur l’art, notamment des comptes rendus de salons et d’expositions : Le Musée classique du bazar Bonne-nouvelle, en 1846 ; le Salon de 1846 ; L’Exposition universelle de 1855 et le Salon de 1859. Baudelaire rédige également des études et essais qui sont parfois de véritables traités esthétiques : De l’essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques, Quelques caricaturistes français, Quelques caricaturistes étrangers et Peintres et aquafortistes, où il est question d'Edouard Manet, de Johan Barthold Jongkind et de James Abbott McNeill Whistler.
D’abord intitulé Bric-à-brac esthétique, Le Miroir de l’art, Le Cabinet esthétique, de nombreux écrits sur l’art de Baudelaire ont été regroupés en un recueil posthume titré définitivement Curiosités esthétiques en 1857 et édité en 1868 par Charles Asselineau et Théodore de Banville.
Certaines pages sont devenues des références incontournables pour les historiens de l'art. Pensons à son manifeste pour la « reine des facultés » qu’est l’imagination, son admiration sans faille pour Eugène Delacroix, sa critique de l’industrie photographique ou encore ses écrits sur la modernité esthétique, notamment dans son essai Le Peintre de la vie moderne, paru dans Le Figaro en trois livraisons les 26, 29 novembre et 3 décembre 1863.
Entre inspiration et véritable transposition littéraire - pensons au poème « Une gravure fantastique », d'après le tableau de John Hamilton Mortimer - la passion baudelairienne pour certains grands artistes se révèle également dans son art poétique. Son poème « Les Phares », publié dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du mal, est un hommage à Rubens, Léonard de Vinci, Rembrandt, Michel-Ange, Puget, Watteau, Goya et, bien sûr, Delacroix, dont le tableau Le Tasse dans la prison des fous inspira Baudelaire pour son poème « Sur le Tasse en prison d’Eugène Delacroix ».
Dans Gallica, l'on retrouve les graveurs associés aux oeuvres de Baudelaire, notamment Félix Bracquemond et son projet de frontispice de la seconde édition des Fleurs du Mal ainsi que Félicien Rops et son eau-forte frontispice pour Les épaves.
Des ouvrages concernant certains artistes dont Baudelaire a pu faire la critique sont également consultables :
- Les dessins et eaux-fortes de Charles Meryon
- Les Caprices (80 planches gravées à l’eau-forte et à l’aquatinte), Les Désastres de la guerre (sur la guerre de résistance des Espagnols contre les troupes napoléoniennes) et Les Disparates de Francisco de Goya
- Le Catalogue raisonné de l'oeuvre gravé et lithographié de M. Alphonse Legros (1877)
- Des ouvrages critiques sur Constantin Guys, le peintre associé à la modernité pour Baudelaire : Constantin Guys : l'historien du Second Empire, par Gustave Geffroy (1904), Constantin Guys, par Georges Grappe (1910), Constantin Guys : 60 planches hors texte en héliogravure, par Jean-Paul Dubray (1930)
- Le Catalogue raisonné de l'oeuvre lithographié de Honoré Daumier, par N.-A. Hazard & Loÿs Delteil (1904) et sa biographie par Arsène Alexandre (1928). Voir aussi la sélection Gallica sur Honoré Daumier.