Le Roman de Renart
Le Roman de Renart rassemble environ 25 textes disparates, nommés branches, qui narrent ses conflits avec les autres animaux, en particulier le loup Ysengrin. Cette sélection vous permet de découvrir les manuscrits du Roman de Renart, ses sources d'inspiration et ses réécritures.
Déjà déconsidéré par Aristote, par les fables antiques et par la Bible (dans l'Evangile, "renard", l'une des rares insultes proférées par Jésus, stigmatise la cruauté du roi Hérode), le renard est au Moyen Âge le symbole de fourberie malfaisante et d'hypocrisie.
Le Roman de Renart n’est en vérité pas vraiment un roman au sens moderne du terme. Il s’agit plutôt d’un recueil de textes écrits en langue romane aux XIIe et XIIIe siècles, par des auteurs presque tous anonymes. Ce long texte se compose de récits disparates, appelés « branches », issus d’une longue tradition de récits animaliers en latin qui remonte, entres autres influences, à Ésope et ses fables.
Imitant la vitalité de son héros qui échappe toujours à la mort et surgit sans cesse sous de nouvelles apparences, le Roman de Renart continue d’inspirer de nombreux auteurs et de susciter les réécritures comme celles de Jacquemart Giélée, Rutebeuf, et d'un clerc de Troyes.
"Tous ceux qui s'adonnent à la ruse et à la fourberie sont appelés Renart" (Roman de Renart).
Le Roman de Renart n'est pas un roman, mais un recueil en langue romane de textes disparates, issus d'une longue tradition de récits animaliers en latin, inspirés d'Ésope. Bon petit diable ou redresseur de torts, obsédé sexuel ou démon hypocrite, Renart est un héros complexe et polymorphe. Malhonnête ou malicieux selon les branches du récit, il incarne la ruse intelligente liée à l'art de la parole, dans des épisodes qui prennent la forme habituelle du bon ou mauvais tour joué par le goupil. Chaque aventure offre de nouveaux rebondissements qui mettent en scène un monde animal aux caractères singulièrement humains. Cette satire prend divers aspects : parodie des chansons de geste et des romans courtois, mais aussi critique sociale, anticléricalisme et transgression de tabous. Renart ne respecte rien, ni amis ni ennemis, ni forts ni faibles, ni Dieu ni roi.
Rédigé par des auteurs anonymes entre 1170 et 1250, le Roman de Renart constitue le pendant satirique de la littérature épique et chevaleresque. Des œuvres plus tardives prennent le masque de Renart pour dénoncer avec âpreté la corruption et l'hypocrisie de la société, telles que Renart le Contrefait. À la fin du XIIIe siècle, Jacquemart Gielée reprend les mêmes personnages pour écrire une oeuvre d'édification morale, Renart le Nouvel, à la forme allégorique et symbolique où le goupil devient l'incarnation du Mal, maître du monde. En cette fin du Moyen Âge, le personnage de Renart est si populaire que son nom, écrit avec un < t >, entre dans la langue française pour désigner l'animal, remplaçant l'ancien terme de "goupil".