Molière - Vie et mort de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière

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Rol La maison de Molière [sur laquelle est apposée une plaque avec la mention : cette maison a été construite sur l'emplace...

Biographies anciennes

Molière est un personnage à la fois connu et inconnu. Sa première biographie, par Jean-Léonor de Gallois, sieur de Grimarest, auteur d’une Vie de Molière (1705), fait office de référence, alors qu’il est en grande partie fantaisiste, véhiculant des anecdotes imaginaires. Ce n’est que dans une période très récente que les chercheurs, sources à l’appui, ont pu démonter une partie des fausses vérités perpétuées par les biographes de Molière, à la suite de Grimarest. Les biographies mises en valeur dans cette rubrique sont donc des témoignages du mythe construit autour de la personnalité de Molière mais doivent être confrontées aux travaux plus récents.

- Allainval, Léonor-Jean-Christine Soulas d' (Abbé). Mémoires sur Molière et sur Madame Guérin, sa veuve ; suivis des Mémoires sur Baron et sur Mlle Lecouvreur, Genève, Ponthieu, libraire au Palais-Royal, 1822-1825.
- Astruc, François. Notice sur le fauteuil de Molière (Seconde édition) par M*** (François Astruc), Pézenas, impr. de G. Bonnet, 1836.

- Bailly, Jean Sylvain. Éloge de Molière, 1765-1775.
- Baluffe, Auguste. Autour de Molière, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, 1889.
- Baluffe, Auguste. Molière inconnu : sa vie, tome premier, 1622-1646, Paris, Perrin et Cie, 1886
- Bazin, A. Les Dernières années de Molière, Paris, impr. de Gerdès, 1848.

- Boudin, Madame. Les Intrigues de Molière et celles de sa femme, [s.l.], entre 1680 et 1700.
- Burat de Gurgy, Edmond. La Chambre et le fauteuil de Molière, Paris, au bureau du "Monde dramatique", 1838.

- Campardon, Émile. Documents inédits sur J.-B. Poquelin Molière, découverts et publiés avec des notes, un index alphabétique et des fac-simile, Paris, Henri Plon, 1871.
- Castellan, Edouard. Le Monument de Molière, Paris, [s.n.].
- Chalmeton, Louis. A Molière, 225e anniversaire de sa naissance, Clermont-Ferrand, Mlle J. Collay, 1877.
- Claretie, Jules. Molière, sa vie et ses œuvres, Paris, 1873.

- Cousin d'Avallon, Charles-Yves. Moliérana, ou Recueil d'aventures, anecdotes et traits plaisants de Pocquelin de Molière, Paris, chez Marchand, 1801.

- Durand, Hippolyte. Molière, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, [s.d.].

- Fournier, Édouard. Le Roman de Molière : suivi de fragments sur sa vie privée, d'après des documents nouveaux, Paris, E. Dentu, 1863.

- Grimarest, Jean-Léonor Le Gallois, La Vie de M. de Molière, Paris, Lefevre 1705.
- Grimarest, Jean-Léonor Le Gallois. La Vie de Mr de Molière par J.-L. Le Gallois,... ; avec une notice par A.-P. Malassis... ; et une fig. dessinée et gravée à l'eau-forte par Ad. Lalauze, Paris, Isidore Liseux, 1877.

- Houssaye, Arsène. Molière, sa femme et sa fille, Paris, Dentu, 1880.

- Lettre de Mr *** au sujet d'une brochure intitulée : "Vie de Molière", [S. l.], après 1739.

- Livet, Charles-Louis. Les Intrigues de Molière et celles de sa femme ou La fameuse comédienne : histoire de la Guérin, réimpr. conforme à l'éd... avec préf. et notes, Paris, Isidore Liseux, 1877.
- Loiseleur, Jules. Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille, Orléans, H. Herluison, 1886.
- Loquin, Anatole. L'Homme au masque de fer, c'est... Molière : opinion émise par Ubalde et présentée de nouveau par un bouquineur, Aix-les-Bains, A. Gérente, 1893.
- Loquin, Anatole. Le Prisonnier masqué de la Bastille : son histoire authentique, Paris, Libraires associés ; Bordeaux, Féret et fils : Orléans, H. Herluison, 1900.

- Mesnard, Paul. Toast à Molière, La Rochelle, impr. de N. Texier, [s.d.].
- Monval, Georges. Recueil sur la mort de Molière, Paris, Librairie des bibliophiles, 1885.

- Notes historiques sur la vie de Molière, Paris, Techener, 1851.

- Soulié, Eudore. Lettre-circulaire de M. Eudore Soulié, adressée aux notaires de Paris, pour les prier de faire dans leurs études, toutes recherches relatives à Molière, et datée du 5 novembre 1857, Paris, impr. de Dubuisson, 1857.
- Soulié, Eudore. Recherches sur Molière et sur sa famille, Paris, Librairie Hachette, 1863.

- Voltaire. Vie de Molière, avec des jugemens sur ses ouvrages, Paris, chez Prault fils, 1739.
- Voltaire. Vie de Molière, avec des jugemens sur ses ouvrages, par M. de Voltaire. Nouvelle édition, où l'on a rétabli, sur le ms. de l'auteur, les endroits qui ont été retranchés dans l'édition de Paris, À Amsterdam, Jean Catuffe, 1739.
- Voltaire. Vie de Molière, donnée au public par Mr. de Voltaire, Lausanne, F. Grasset, 1772.
- Vitu, Auguste. La Maison mortuaire de Molière d'après des documents inédits, Paris, A. Lemerre, 1880.

- Weiss, J.-J. Molière ; préf. par le prince Georges Stirbey, Paris, Calman Levy éditeur, 1900.

Famille de Molière
- Loiseleur, Jules. Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille, Orléans, H. Herluison, 1886.
- Mathon. La Famille de Molière était originaire de Beauvais, Paris, Ve Henaux, 1877.
- Révérend Du Mesnil, Edmond. La Famille de Molière et ses représentants actuels : d'après les documents authentiques, Paris, Isidore Lisieux, 1879.
- Révérend Du Mesnil, Edmond. Les Aïeux de Molière à Beauvais et à Paris : d'après les documents authentiques, Paris, I. Liseux, 1879.
- Soulié, Eudore. Recherches sur Molière et sur sa famille, Paris, Librairie Hachette, 1863.
- Vitu, auguste. La Maison des Pocquelins et la maison de Regnard aux piliers des Halles 1633-1884, Paris, 1885.

Les femmes dans la vie de Molière
- Allainval, Léonor-Jean-Christine Soulas d' (Abbé). Mémoires sur Molière et sur Madame Guérin, sa veuve ; suivis des Mémoires sur Baron et sur Mlle Lecouvreur, Genève, Ponthieu, libraire au Palais-Royal, 1822-1825.
- Bonnassies, Jules. La Fameuse comédienne, ou Histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière ; réimpression conforme à l'édition de Francfort, 1688, suivie des variantes des autres éditions et accompagnée d'une préface et de notes, Paris, Barraud, 1870.
- Boudin, Madame. Les Intrigues de Molière et celles de sa femme, [s.l.], entre 1680 et 1700.
- Houssaye, Arsène. Molière, sa femme et sa fille, Paris, Dentu, 1880.
- Livet, Charles-Louis. Les Intrigues de Molière et celles de sa femme ou La fameuse comédienne : histoire de la Guérin, réimpr. conforme à l'éd... avec préf. et notes, Paris, Isidore Liseux, 1877.
- Lyonnet, Henry. Mademoiselle Molière (Armande Béjart), Paris, Librairie Félix Alcan, 1925.
- Pifteau, Benjamin. Les Maîtresses de Molière : amours du grand comique, leur influence sur son caractère et son œuvre, Paris, L. Willem, 1879.

Molière vers 1646 in [Molière : biographie : documents iconographiques]

Notices biographiques de dictionnaires

La présence de Molière dans les dictionnaires biographiques, dès le XVIIe siècle, montre sa renommée immédiate. Il fait en effet partie des galeries d’hommes illustres, et ce, immédiatement après sa mort.

Pierre Bayle, « Poquelin (Jean Baptiste) », in Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, R. Leers, 1697, tome 2.
Bayle, Pierre. « Poquelin (Jean Baptiste) » in Dictionnaire historique et critique. Cinquième édition... augmentée de remarques critiques, Amsterdam, Compagnie des libraires, 1734, tome 4.

Gaillard, Gabriel-Henri, « Molière (Jean Baptiste Poquelin de) », in Dictionnaire encyclopédique. Histoire, Paris, Pancoucke, 1788, tome 3.

Goujet, Claude-Pierre, « Moliere (Jean-Baptiste Poquelin de) », in Supplément au Grand dictionnaire historique, généalogique, géographique, etc. de M. Louis Moreri, pour servir à la dernière édition de l’an 1732 et aux précédentes, Paris, J. Vincent, J.-B. Coignard, P.-G. Lemercier, J.-T. Herissant, 1735, tome 2, p. 82

Moréri, Louis, « Moliere (Jean-Baptiste Pocquelin) », in Le Grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane enrichi de remarques... tirées... du Dictionnaire critique de M. Bayle, par Mre Louis Moreri, Nouvelle édition, Paris, J.-B. Coignard, 1718, tome 4.
Moréri, Louis, « Moliere (Jean-Baptiste Pocquelin) », in Le Grand Dictionnaire historique, ou Le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane…, nouvelle et derniere édition revue, corrigée et augmentée, Paris, J.-B. Coignard fils, 1732, tome 5.
Moréri, Louis, « Moliere (Jean-Baptiste Pocquelin) », in Le Grand Dictionnaire historique, ou Le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane…, nouvelle édition dans laquelle on a refondu les Supplémens de M. l’Abbé Goujet. Le tout revu, corrigé & augmenté par M. Drouet, Paris, chez les Libraires associés, 1759, tome 7.

Portrait de J. B. Poquelin de Molière, en buste, de 3/4 dirigé à droite, dans une bordure ovale, EST, RESERVE FOL-QB-201 (52)

Portraits de Molière

Molière est reconnaissable entre tous, et pourtant, très peu de portraits ont été réalisés de son vivant. C’est que tous les portraits posthumes se fondent sur eux : le portrait gravé par Simonin (connu en un unique exemplaire conservé au département des estampes et de la photographie), son portrait peint par Pierre Mignard (Chantilly, Musée Condé) et celui par Nicolas Mignard (connu en deux exemplaires conservés à la Comédie-Française et au Musée Carnavalet).

Galerie Rapp. Molière mourant : [photographie] / [Hippolyte Blancard]

Monuments consacrés à Molière

Molière est inscrit dans le paysage urbain français. On ne compte plus les rues Molière ou les inscriptions portées sur les monuments et lieux où il est supposé être passé, au cours de ses pérégrinations provinciales et dans ses séjours parisiens. Parmi les plus célèbres : la Fontaine Molière par Bernard Gabriel Seurre (1843), située rue de Richelieu à Paris, et le monument de Jean-Antoine Injalbert à Pézenas (1897).

[Fontaine Molière, Rue Richelieu] : [par Visconti et Pradier, 1844] : [photographie] / [Atget]

Le Monument de Molière (concours)

- Barbier, Victor. Le Monument de Molière : poème accompagné de notes historiques, Paris, au bureau de la Société de l'industrie fraternelle, 1846.
- Beauplan, Arthur de. Le Monument de Molière, Paris, Breteau et Pichery, 1843.
- Castellan, Edouard. Le Monument de Molière, Paris, [s.n.].
- Colet, Louise. Le Monument de Molière : poème ; De l’histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin, Paris Paulin, libraire-éditeur, 1843.

- Des Essarts, Alfred. Le Monument de Molière : Académie française. Concours de poésie de 1843, Paris, impr. de Lange-Lévy et Cie, 1843.
- Dumersan, Théophile Marion. Le Monument de Molière : poëme, Paris, impr. de A.-T. Breton, 1843.
- Dupré, A. Monument de Molière : poème, Saint-Calais, Peltier-Voisin, 1843.
- Laugier, Eugène. De la Comédie française depuis 1830, ou Résumé des événemens survenus à ce théâtre depuis cette époque jusqu'en 1844 : pour servir de complément à toutes les histoires du Théâtre-français, augmenté... du discours prononcé par M. Samson,... pour l'inauguration du monument de Molière, Paris, 1844.

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Eloges et commémorations

- Aquin de Chateau-Lyon, Pierre-Louis d'. Éloge de Molière en vers, avec des notes curieuses, par le petit-cousin de Rabelais, A Londres, et se trouve à Paris, chez les libraires qui débitent les nouveautés, 1775.
- Bailly, Jean Sylvain. Éloge de Molière, 1765-1775.
- Chalmeton, Louis. A Molière, 225e anniversaire de sa naissance, Clermont-Ferrand, Mlle J. Collay, 1877.
- Mesnard, Paul. Toast à Molière, La Rochelle, impr. de N. Texier.

- Epitre à Molière, Paris, imp. de L.-B. Thomassin, (s. d.).
- Gondinet, Edmond. A Molière, vers dits à la Comédie-française, le 15 janvier 1871, 249e anniversaire de la naissance de Molière, Paris, Michel-Lévy frères, 1871.
- Marcoureau de Brécourt, Guillaume. L'Ombre de Molière, comédie. Paris, C. Barbin, 1674.
- Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Tricentenaire de Molière : recueil des discours prononcés à l'occasion des fêtes du troisième centenaire de Molière, janvier 1922, Paris, les Éditions G. Crès et Cie, 1923.

Quelques étapes de la vie Molière

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, sans aucun doute le dramaturge français le plus connu au monde, est né à Paris le 15 janvier 1622 et y est mort à 51 ans, le 17 février 1673, à l’issue d’une représentation du Malade imaginaire, mais pas sur la scène même, comme il est trop souvent rapporté.

Il est issu d’une riche famille commerçante : son père a acheté en 1631 l’office de tapissier et valet de chambre ordinaire du roi, que reprendra Molière à la mort de son frère cadet, même si, du temps de sa jeunesse, il avait tout d’abord abandonné cette charge. Un autre point à souvent rétablir : Molière a toujours été très à l’aise financièrement, comme l’atteste son inventaire après décès. Bien sûr, il y eut les années de début : trouver sa place par rapport à d’autres troupes et théâtres à Paris et rencontrer des mécènes, avant que le roi lui-même ne soit son protecteur suprême et constant.

Après la fin de ses cours chez les Jésuites, au collège de Clermont (c’est-à-dire à l’actuel lycée Louis-le-Grand), puis sa licence de droit, le théâtre l’attire irrésistiblement. L’ « Illustre théâtre » est fondé en juin 1643. Parallèlement, il fréquente la famille Béjart, dont Madeleine, actrice, danseuse, musicienne et femme de grande culture. L’épisode fondateur de l’Illustre théâtre se solde par des… dettes (et un peu de prison en 1645 !), mais le talent de la troupe et de Molière ne sont nullement en cause : il n’y a pas de place à Paris dans ces années-là pour trois compagnies théâtrales régulières. Il faut partir.

Molière et les Béjart vont parcourir les provinces et connaître de grands succès tout d’abord dans l’Ouest, protégés par le duc d’Épernon, puis, surtout, en Languedoc à partir de 1647, invités par le comte d’Aubijoux, lieutenant-général du roi pour le Haut-Languedoc et gouverneur de Montpellier. Cette ville, Pézenas et Béziers verront Molière y passer. Le Prince de Conti, frère du Grand Condé, arrive en Languedoc en 1653. Il adopte la troupe et lui donne son nom. En 1656, la chance et le bonheur méridionaux tournent : Aubijoux décède et Conti, malade, se préoccupe désormais davantage de religion et retire même son nom à la compagnie. Il faut reprendre la route… Lyon, Dijon, Grenoble, puis Rouen, auront le plaisir de recevoir la troupe.

En 1658, Molière revient à Paris et ne le quittera plus. C’est désormais Monsieur, le frère unique du roi, qui va les protéger. Jouant au Louvre, devant le roi, sa première pièce, une farce, Le Docteur amoureux, Molière séduit fort Louis XIV, qui lui accorde de partager la salle du Petit-Bourbon avec les Italiens. Ce sera bientôt un triomphe avec Les Précieuses ridicules en 1658. Le Petit-Bourbon devant être démoli, Molière se voit attribué la salle du Palais- Royal, en très piteux état. Le 20 janvier 1661, la salle ouvre avec Le Dépit amoureux. La « maison de Molière », où tout le monde entend désormais la Comédie française, est née. Assez rapidement, Molière se rend compte qu’il lui faut renoncer au grand genre auquel il prétend, comme tous les dramaturges de son temps : la tragédie.

Il commence prudemment, mais avec beaucoup de succès, par des comédies en trois actes, qui accompagnent de grandes pièces. Parallèlement à ces pièces, il invente véritablement la comédie-ballet, avec Les Fâcheux, à Vaux-le-Vicomte, chez le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, le 17 août 1661. Il est invité à la Cour en 1662, ce qui parachève désormais d’entretenir la jalousie qu’il suscite, d’autant plus qu’il n’est qu’un « farceur », comme le nomment ses détracteurs. Le tournant se situe au moment de L’École des femmes, en décembre 1662 : voici que Molière ose une grande pièce en cinq actes et en vers… Quand ce ne sont pas ses rivaux dramaturges ou comédiens du théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, ce sont les membres de la compagnie de Saint-Sacrement, qui en ont après lui, ces dévots outrés par Tartuffe en 1664, pièce qui est interdite sur requête de l’archevêque de Paris. Il « récidive », du point de vue de ses ennemis, avec Dom Juan en 1665, qui ne sera plus jouée après un mois de triomphe. La nouvelle version Tartuffe, L’Imposteur est enfin autorisée en février 1669. Ce sont donc des combats de longue haleine que Molière doit mener, la plupart du temps soutenu par le roi, mais, parfois, lui-même doit apaiser les différents partis en cédant quelque peu. La troupe de Molière a beau être devenue Troupe du roi, cela ne suffit pas toujours.

Cependant, Molière rayonne partout et est traduit et joué même à l’étranger. Si Molière réussit malgré tout si bien, et toujours aimé du roi, c’est surtout par cette invention de la comédie-ballet, ce que l’on a longtemps moins perçu : en effet Louis XIV est fou de danse et y excelle. Entre 1664 et 1672, quinze pièces de la sorte sont écrites pour le roi. Molière a certes su aussi bien écrire pour la comédie dite unie que pour ce genre qu’il a fait naître. Mais ici, il trouve Lully en face de lui, bien décidé à ne pas être supplanté dans cet art trop proche de l’opéra et qui est le sien. Et c’est Lully seul qui emporte le privilège de l’Académie de musique.

En 1673 est créé Le Malade imaginaire, sur une musique de Charpentier. Ce sera le dernier succès du dramaturge. Il le joue quatre fois, la dernière achevant de l’épuiser, sa « fluxion de poitrine » l’ayant véritablement pris en 1665… Il meurt chez lui dans la nuit, sans avoir pu abjurer sa profession ni recevoir les sacrements. L’inhumation autorisée par l’archevêque de Paris, poussé par le roi, se fait dans la plus grande simplicité et de nuit. Ainsi s’en va un génie, homme de succès phénoménaux et de constants combats.

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