Il passe ainsi allégrement de la musique contemporaine, qu’il découvre au collègue via une œuvre de Jacques Charpentier aux yéyés avec Jacques Dutronc ou Nino Ferré aux standards du rock des années 1960 et 1970 (Rolling stones, Led zeppelin), aux prémices de la musique électronique (Luciano Berio), du Krautrock des allemands Tangerine dream, Klaus Schulze, Cluster au rock psychédélique et garage américain avec les Seeds, West Coast Pop Art Experimental Band, HP Lovecraft, Beacon street union. L’ un des crédos de Yann Farcy est le refus constant des chapelles musicales. Le Havre et Rouen, dont la scène musicale est très dynamique pendant cette période (Little Bob Story, Les Dogs…), lui permettent également de découvrir les premiers concerts français de groupes punk qui aujourd’hui sont devenus emblématiques : les Ramones, les Stranglers ou encore les Clash. Durant cette période, Il fait également la connaissance de Jean-Pierre Turmel, créateur des fanzines
One shot et
Isolation intellectuelle et du label
Sordide sentimental. Les deux hommes ne cessent pendant plusieurs années de s’échanger conseils de lecture et d’écoute, stimulant ainsi constamment leur curiosité. Yann Farcy crée notamment des collages pour
Isolation intellectuelle et
Sordide sentimental avant de se lancer à son tour dans la production discographique. Aidé par sa compagne de l’époque, Marie Lemeur, et par Gérard Rabel, graphiste à Rouen, il fonde en 1981 le label L’invitation au suicide. Il produit sur ce premier label plus d’une trentaine de disques où sont représentés new wave, post punk, rock gothique, musique minimale, rock garage, rock psychédélique, ambient ou encore musique expérimentale. A la fin de cette première aventure discographique, il ouvre deux magasins de disques. Le premier, Vertigo, est situé au Havre et est spécialisé dans la vente de disques d’occasion de musique électronique, de rock planant, de cold wave ou de musique industrielle. Le second, qui prend sa suite, est localisé à Clamecy dans le Morvan. Yann Farcy y poursuit la vente de disques d’occasion mais se spécialise également dans la vente de disques de musique industrielle (Sol invictus, Current 93, Nurse With Wound) via le distributeur World serpent. Après un concert avorté du groupe Sixth comm dans la chapelle en béton de Clamecy, il fonde en 1995 le festival des musiques ultimes à Nevers. Il programme entre autre David Tibet, Current 93, Scanner, Daniel Menche, DJ Spooky, Deutsch Nepal ou encore Inanna. Le festival sera délocalisé deux ans à Nantes et rebaptisé pour l’occasion Oblique LU nights. En parallèle et en prolongement du festival, il fonde - toujours en 1995 - un nouveau label, White noise, rebaptisé au bout de trois productions Noise museum. Il propose à Steven Stapleton, fondateur de l’emblématique Nurse With Wound de participer à la première édition du festival. Ce dernier décline l’invitation, mais offre à Yann Farcy un disque inédit qui est vendu lors du premier festival des musiques ultimes et qui sera également la première référence du label White noise :
Alice The Goon. Refusant constamment de s’enfermer dans un genre musical, il fonde en 2000 le label de musique néo-folk Alice in wonder. Cet insatiable curieux de nouvelles musiques souhaite aujourd’hui redonner naissance à L’invitation au suicide et travaille également à un livre de souvenirs.
Entretien avec Yann Farcy réalisé le 20 avril 2022 à la BnF, en présence de Jean-Rodolphe Zanzotto (bibliothécaire) et de Luc Verrier (ingénieur de son).
Portrait de Yann Farcy (© BnF - Luc Verrier. Photographie libre de droits).
La description complète de cet enregistrement est consultable sur le Catalogue général et sur le catalogue BnF-Archives et manuscrits.