La persistance de la romanité en Gaule franque
Les ateliers de copie des monastères mérovingiens se sont essayés à différentes expériences calligraphiques dont subsistent quelques centaines de manuscrits et fragments en écritures onciales et semi-onciales, de tradition antique, et en écritures cursives. Les plus anciens de ces scriptoria sont situés dans l’aire de plus grande influence romaine, dans le Sud et la vallée du Rhône (Lyon), mais d’autres sont fondés sur tout le territoire de la Gaule : Corbie, Tours, Flavigny, Bourges, Fleury, Saint-Médard de Soissons, chacun élaborant sa propre écriture, comme la minuscule anguleuse et étirée de Luxeuil, l’écriture dite az de Chelles ou la graphie saccadée de Laon.
Création : IVe quart du VIe siècle
Bague en or massif ; le chaton est un sol d’or franc au nom de Clotaire, de l’atelier monétaire d’Arles ; au droit, effigie du roi et légende CHLOTARIVS REX ; au revers inscription CHLOTARIVS REX, croix, globe, inscription AR (Arles?) ; 3 globules d’or aux attaches de l’anneau.
L’empreinte de la civilisation romaine se maintient bien après la déposition du dernier empereur romain d’Occident Romulus Augustule, en 476. L’envoi des insignes impériaux à Constantinople a peu d'impact en Gaule. Le pouvoir repose déjà dans les mains de généraux barbares qui se présentent tous comme romains. Constantinople est devenue la seule capitale de l’Empire et le principal relais de la tradition gréco-romaine.
Si la date de 476 ne signifie plus une rupture franche, l’Antiquité se transforme au fil des siècles principalement à cause de facteurs endogènes, tel que la christianisation, mais aussi sous l’influence des coutumes proprement germaniques.
Les Francs, en s'appropriant les structures administratives et politiques, s’inscrivent dans la continuité de la Rome impériale.
Pour les historiens de l’art qui analysent les phénomènes d’influences réciproques, il est vain de définir des ruptures. L’examen de l’art en Gaule franque montre que les œuvres antiques ont nourri de nouvelles propositions formelles, entre tradition gréco-romaine et adoption de techniques propres à l’art mérovingien - telle que la sculpture en ivoire.
De nombreux manuscrits, monnaies et objets d’art témoignent de la circulation d’œuvres produites en Italie ou à Constantinople sur le territoire de la Gaule franque.
Le Royaume franc fait l’objet tout au long du VI siècle d’une intense correspondance diplomatique de la part de Constantinople. Justin I, puis Justinien cherchent à persuader les souverains francs de soutenir leur projet de reconquête de l’Italie et de Rénovation de l’Empire.
Le caractère mixte de la société mérovingienne émerge également dans le champ de la loi. Le code théodosien reste la référence pour le droit romain. Au nord de la Loire, la loi des Francs s’impose progressivement comme seule référence.
La chute de Rome n’a pas de profonde conséquence d’un point de vue culturel, malgré la décadence évoquée par certains auteurs, tels que Sidoine Apollinaire ou Grégoire de Tours. Virgile et Cicéron restent enseignés dans les écoles urbaines et constituent toujours à cette époque le socle incontournable de la culture aristocratique. En ce qui concerne la pratique de l’écriture, de nombreux signes manifestent un usage régulier de l’écrit en Gaule mérovingienne.
La cour franque attire ainsi une élite cultivée maîtrisant l’écriture et certains souverains savaient eux-mêmes écrire. C’est le cas de Chilpéric I qui compose sa propre apologie de la foi catholique trinitaire.