Sciences et arts

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Quatre des six mathématiciens du Roi sont nommés correspondants de l’Académie des sciences avant leur départ avec l’ambassade pour le Siam en 1685. Ils profitent de cette délégation pour se rapprocher de la Chine. Les six pères sont à l’origine de la mission jésuite française en Chine et des connaissances que l’Europe a eues de ce pays.

Les savants apportent comme cadeaux à Kangxi des instruments astronomiques, ainsi qu’une trentaine d’instruments scientifiques de mesure. Ils sont chargés de « faire des observations dans les pays étrangers, afin de corriger par là les cartes géographiques, de faciliter la navigation et de perfectionner l’astronomie ». Le premier candidat choisi est le père de Fontaney, qui a rassemblé les autres savants. Tous sont compétents en mathématiques et en astronomie, à l’instar du père Verbiest, président du Bureau impérial d'astronomie. Les jésuites ont profité de leurs déplacements dans le pays pour établir les coordonnées géographiques des endroits visités. Le père Bouvet, rentré en France en 1697 avec des livres chinois pour le Roi, repart l’année suivante pour la Chine avec onze autres missionnaires. Parmi eux se trouve le père Régis, qui coordonne la cartographie de l’empire chinois (1708-1718) demandée par Kangxi. Ces cartes sont publiées à Pékin en 1720, puis dans la Description de du Halde (tomes 1 et 4) en 1735.

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La soie et la sériciculture

La Chine est la patrie d’origine du ver à soie et du mûrier qui le nourrit. L’art d’élever et de multiplier le ver pour fabriquer des textiles remonte à plus de 2000 av. J.-C. Cette fabrication était un secret jalousement gardé et l’exportation de cet insecte était interdite sous peine de mort. Seul le tissu fini sortait du Céleste Empire.

D’ailleurs, pour les Romains, la Chine est « le pays des Sères », le « pays de ceux qui font la soie », cette étoffe précieuse dont l’Occident raffole. De Chine, la culture du ver à soie passe peu à peu en Inde et en Perse. Elle n’arrive en Europe qu’au VIe siècle, grâce à deux moines qui volent et rapportent à Constantinople des œufs de ver et des graines de mûrier cachés dans un bâton de bambou. L’élevage se développe dans l’Empire byzantin, puis en Espagne avec la conquête arabe, en Italie et en France dès la fin du XIIIe siècle.

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La musique

La musique chinoise est très ancienne, très variée et très différente de la musique occidentale. Elle a longtemps joué un rôle important dans la vie quotidienne. Le père Amiot, lui-même musicien et compositeur, est une source importante pour son étude.

C’est de lui que l’Europe du XVIIIe siècle tient ses informations, après la parution de quelques pages dans du Halde. Après avoir traduit un livre sur l’ancienne musique chinoise, il écrit vers 1754 De la musique moderne des chinois, resté à l’état de manuscrit, puis, en 1776, Mémoire sur la musique des Chinois, tant anciens que modernes, publié en 1779. Il s’est essayé, entre autres, à une synthèse entre les notations musicales chinoises et occidentales. Il est aussi un précurseur de l’ethnomusicologie et de l’ethnochorégraphie avec son étude des danses rituelles de cour. D’autres continueront les recherches. Edouard Chavannes, en 1898 dans Les Mémoires historiques de Sema Ts’ien (Si Maqian) : Des rapports de la musique grecque avec la musique chinoise ; Séraphin Couvreur, en 1899 dans le Li Ki, Mémoires sur les bienséances et les cérémonies : Traité sur la musique. La thèse de doctorat de Maurice Courant porte sur le sujet. L'Essai historique sur la musique classique des Chinois, écrit en 1912, est publié en 1913 dans l'Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire. Edouard Chavannes, qui préside le jury, estime que ce travail est un des meilleurs de la sinologie française. Marcel Granet poursuit les recherches en publiant en 1919 Fêtes et chansons anciennes de la Chine.

Ce corpus présente un large ensemble de documents numérisés qui témoignent des relations entre la Chine et la France depuis le Moyen Age jusqu’à l’entre-deux-guerres. La France s’est intéressée très tôt aux études chinoises et la Bibliothèque nationale a accompagné leur développement dès les premiers voyages des jésuites, au XVIIe siècle. Des noms illustres comme ceux de Nicolas Trigault, Joachim Bouvet, Jean-Baptiste Du Halde, Jean-Pierre Abel-Rémusat, Stanislas Julien, Edouard Chavannes ou Paul Pelliot sont devenus des références incontournables et expliquent que la BnF possède l’une des collections sinologiques les plus riches au monde.

Le terme « sinologie » (汉学), qui recouvre les études relatives à la Chine, est entendu au sens large et ne se limite pas aux quatre domaines classiques : religion et spiritualité (textes canoniques) (jing-经), histoire (Shi-史), philosophie (Zi-子), littérature (Ji-集). On y inclut la science et la médecine, les récits de voyage, les textes destinés à la diffusion du christianisme en Chine ainsi que des ouvrages de linguistique, notamment les premières publications importantes sur la langue chinoise.

Sinica est un corpus original en ce qu’il donne à découvrir un pays et sa civilisation à travers le regard d’un autre. Cet intérêt est très ancien et dure toujours. Ainsi, l’Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, du père Trigault, qui relate le voyage de Matteo Ricci, date de 1617 ; une des premières grammaires chinoises, Elementa linguae tartaricae, de 1682. Ce sont pour la majorité des ouvrages de la Bibliothèque nationale de France, écrits en latin ou en français, ou traduits en français, ou bilingues français-chinois. Ils sont libres de droits, c'est-à-dire tombés dans le domaine public 70 ans après la mort de l'auteur. Ce corpus contient aussi des documents iconographiques -images, cartes, photographies- appartenant à différents départements de la BnF.

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