Il décide d’arrêter ses études lors de sa classe de première au lycée Carnot. Ses parents ne s’y opposent pas et l’aide à trouver un premier emploi chez le disquaire Raoul Vidal, à Saint-Germain-des-Prés. Mais il devra néanmoins quitter la demeure familiale et trouver à louer une chambre de bonne Gare du Nord.
Alors âgé de 17 ans, il fait la connaissance de Raymond Mouly, journaliste pour Jazz magazine à l’occasion d’un concert. Ce dernier lui propose de rédiger pour ce magazine les chroniques des nouveautés. Quelques mois plus tard, il lui confie la rédaction d’articles plus conséquents, notamment une interview de John Lewis du Modern Jazz Quartet. Raymond Mouly est également chargé par la Société Véga de la gestion des catalogues discographiques ABC Paramount et de son sous label de jazz Impulse. Michel Poulain le rejoint dans cette aventure et s’occupe entre autre de la rédaction des quatrièmes de couverture des éditions français et du choix des pochettes de disques. Il réalise notamment celle de Genius + Soul = jazz de Ray Charles.
La rédaction de Jazz magazine est située rue de l’échelle dans les bureaux de Mme Édith Filipacchi, mère de Daniel Filipacchi. En 1948, Elle créé le Club Olympique à Calvi qui servira quelques années plus tard de modèle au Club Méditerranée. En 1961, au décès de son père inventeur du Livre de poche, Daniel Filipacchi souhaite fonder un magazine qui viendrait compléter l’émission de radio Salut les Copains. Cette publication rencontre dès sa création un énorme succès et Michel Poulain participe à la rédaction d’articles notamment sur Brenda Lee et Claude Nougaro. Mais Daniel Filipacchi, conscient de l’intérêt que porte Michel Poulain au monde de la radio, lui propose rapidement d’intégrer l’équipe de Salut les copains. Programmateur-réalisateur, il s’occupe pour chaque émission de la création du conducteur. Il est aussi à l’origine de nouvelles rubriques et formules pour l’émission. Il est également l’instigateur des fameux jingles pour l’émission qu’il co-réalise pour certains avec Michel Colombier, célèbre compositeur-arrangeur qui travailla entre autre avec Serge Gainsbourg. Durant cette même période, il travaille sur la préparation des émissions de Pour ceux qui aiment le jazz et participe aux concerts de jazz produits par Daniel Filipacchi et Franck Ténot comme ceux de Ray Charles, Ella Fitzgerald ou encore Duke Ellington. Les nuits s’achèvent souvent chez Haynes, au Club Saint-Germain, au Blue note ou encore au café Flore en compagnie de ces géants du jazz.
En parallèle de son travail pour Europe 1, Michel Poulain fait la rencontre de Bernard de Bosson qui lui propose de travailler pour le label discographique Polydor. Il a en charge de la gestion du catalogue King records, label qui compte parmi ses artistes James Brown - artiste pour lequel il assure les sorties françaises. Mais désireux de rejoindre Barclay, il fait embaucher son frère André sur son poste. Chez Barclay, il dirige le catalogue Chess records, label de Chuck Berry, Bo Diddley ou encore Muddy Waters. Il créé également la collection Les rois du rock présentées par Eddy Mitchell. En 1965, il rejoint l’équipe de Riviera, sous label de Barclay créé par Léo Missir. Il prend en charge le catalogue Atlantic Atco et s’occupe entre autre de la sortie française de I got you Babe de Sonny and Cher.
En 1968, lorsque prend fin l’émission Salut les copains, il est sollicité par Claude François pour participer à la création du label discographique de ce dernier : Disques Flèche. Les deux hommes se connaissent depuis le premier succès de Claude François, Belle, belle, belle programmé comme « chouchou » deux semaines d’affilée à l’émission Salut les copains en 1962 et partagent une fascination commune pour les musiques populaires nord-américaines. Michel Poulain accompagne celui-ci sur les choix de chansons, l’enregistrement de maquettes ou encore la gestion des studios d’enregistrement. Il gère également les artistes signés sur le label comme Jeff Barnel, Hugo, Liliane Saint-Pierre, Annie Philippe Dominique Walter et accompagne Claude François et Paul Lerderman sur les routes des galas et des tournées.
En 1971, durant le MIDEM, il fait la connaissance d’Eddie Adamis, responsable Liberty United Artists France qui lui propose de le rejoindre pour créer cette nouvelle entitée. Au cours de cette période, il est notamment l’instigateur de l’enregistrement en public du disque d’Ike et Tina Turner à l’Olympia en 1971 et le créateur de la collection Entrez dans le monde.
En 1974 il est approché par François Minchin, alors président directeur général de Pathé Marconi. Michel poulain est peu désireux de travailler par une structure d’une telle ampleur. Mais François Minchin lui propose dans un premier temps d’être l’assistant du directeur général et de prendre ainsi connaissance du fonctionnement de la société. Après cette période d’observation, il prend à la fin de l’été ses fonctions de directeur des services artistiques pour le catalogue français. Il chapeaute les directeurs artistiques et encadre ainsi durant cette époque les carrières d’Yves Duteil, Françoise Hardy, Jacques Higelin, Tino Rossi ou encore Il était une fois. Peu après sa nomination en tant que responsable de l’artistique français, il reprend également l’international à une époque où les quatre Beatles en solo, les Rolling Stones, Elton John, Pink Floyd, Stevie Wonder, Queen, Blondie, Lou Reed, Deep Purple ou encore Kraftwerk sont au catalogue E.M.I.
Il s’occupe également du service promotion et organise entre autre un voyage avec plusieurs journalistes à la Nouvelle-Orléans pour assister à la dernière date d’une des tournées du groupe Queen. Il est également à l’origine de la rénovation des studios Pathé Marconi de Boulogne-Billancourt qui permet à terme le retour d’artistes internationaux tels que les Rolling stones qui y enregistrent Some girls (1978), Emotional rescue (1980) et Tattoo you (1981). Il travaille également étroitement avec le service gravure situé à l’époque aux studios Pathé Marconi et avec le personnel des usines de pressage de Chatou pour améliorer la qualité sonore des 45 tours et des cassettes audio.
En 1979, il est une nouvelle fois approché par une des majors du disque de l’époque. Monty Lüftner, P.D.G. d’Ariola, société allemande du groupe Bertlesmann, lui propose de devenir responsable de la filiale française de ce groupe baptisée Arabella. Il prend ses nouveaux quartiers dans des bureaux situés rue François 1er et s’entoure d’une nouvelle équipe dont certains collaborateurs sont d’anciens collègues de Pathé Marconi comme Christian Herrgott et Franck Lipsik. Au cours de cette période, il participe au développement d’artistes tels qu’Indochine, Lio, Daniel Lavoie, Mireille Mathieu ou encore Angelo Branduardi. Il gère également pour Ariola France le label américain Arista fondé par Clive Davis. Il participe ainsi au succès d’Alan Parson et de son album Eye in the sky, disque d’or en France.
En 1985, au moment de la fusion de RCA et du groupe Bertlesmann, il est décidé que la société représentante des deux structures sur le territoire français serait RCA. François Dacla, P.D.G. de RCA France est donc choisi comme responsable de cette nouvelle entité et Michel Poulain préfère partir.
Après avoir repris pendant trois ans une auberge à Saclet, il prend le poste de directeur général France de la société Pickwick qui propose des compact-disques à petit prix. Il restructure la société et organise de nombreuses opérations commerciales qui rencontrent le succès, notamment une collection de compact-disques de musique classique à 5 francs vendue en supermarché et qui s’écoulera à 4,5 millions d’exemplaires.
En 1998, il monte avec Franck Lipsik la société de production de vidéos et de DVD Taxigram. Cette société est rapidement remplacée par la société Welcome qui en est le prolongement et dispose désormais d’une équipe commerciale et distribue les productions de France 3 vidéo et Arte. Il propose à la FIFA la réalisation d’un film pour les 100 ans de la naissance de la fédération et approche Luc Besson pour sa réalisation. Le projet ne verra pas le jour et entraine la fin de Welcome. Michel Poulain fonde ensuite la société NLM et réalise lui-même des DVD en accord avec les Éditions Montparnasse.
Il a réalisé à ce jour une centaine de DVD dont un coffret sur Saluts les copains ainsi que des programme sur Luis Mariano ou encore Raymond Devos. Il travaille actuellement sur la réalisation de deux projets : Nana Mouskouri et Hughes Aufray.
Entretiens réalisés à Bormes-les-Mimosas chez Michel Poulain, en présence de Jean-Rodolphe Zanzotto (pour les questions, Bibliothécaire) et de Luc Verrier (Ingénieur son) les 11 et 12 mai 2022.
Portraits de Michel Poulain (© BnF - Michel poulain / Luc Verrier. Photographie sous droits).
La description complète de cet enregistrement est consultable sur le Catalogue général et sur le catalogue BnF-Archives et manuscrits.