Ecrivain critique d'art - Jules Laforgue

« Si j'avais de l'argent, je collectionnerais des céramiques, des japonais, des toiles aiguës d'impressionnistes... je voyagerais. - Je hais les foules, le suffrage universel, je n'aime que l'art et moi (mon spleen, ma santé, mon cerveau). » (À Mme Mullezer, mars 1882)

C'est véritablement entre poésie et art que Jules Laforgue a passé sa courte existence. Avec Tristan Corbière et Charles Cros (qui a donné son nom à une collection importante d'appareils d’enregistrement et de lecture de documents sonores, vidéo et multimédia de la BnF), Laforgue fait partie de cette génération désabusée fin de siècle, marquée par un certain sentiment de décadence. Il est l'ami du critique d'art Gustave Kahn et en 1881, il devient le secrétaire du collectionneur d'art Charles Ephrussi, futur directeur de la Gazette des Beaux-arts, à laquelle collabore également le poète. Laforgue devient ainsi journaliste et critique d'art, un pas décisif vers son rêve de devenir « un fonctionnaire d'art quelconque, au Louvre ou dans un Ministère ». Proches d'Auguste Renoir, Charles Ephrussi et lui sont peints en train de converser dans l'huile sur toile Le Déjeuner des canotiers.

Ouvrages de Charles Ephrussi

Correspondant en Allemagne pour la Gazette des Beaux-arts à qui il envoie des articles tous les mois, Jules Laforgue fréquente les musées de Berlin et Bade, où il séjourne plusieurs années et où il découvre notamment Arnold Böcklin et ce « génie du bizarre » qu'est Max Klinger, qu'il est le premier à mentionner dans une critique d'art française.

Jules Laforgue prend des notes pendant les expositions et esquisse lui-mêmes petits dessins et croquis, souvent au crayon ou au fusain. Collectionneur d'art sans argent véritable, artiste plus ou moins raté - « Ah ! si je savais dessiner » regrette-t-il ! -, Jules Laforgue multiplie également les projets ambitieux de livres et d'articles sur l'art, hélas souvent sans suite. Dans ce domaine, il apprécie le mouvement impressionniste, tout autant que l'étrangeté des toiles de Puvis de Chavannes et de Gustave Moreau.

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