Molière à Versailles
Découvrez ici quelques jalons de l'étroite collaboration qui unit longtemps le roi Louis XIV à Molière, acteur majeur des festivités de la Cour à Versailles, pour lesquelles il collabora avec de grands artistes comme Jean Berain ou Jean-Baptiste Lully.
Première des grandes fêtes données à Versailles par Louis XIV, les Plaisirs de l’Île enchantée se déroulent du 7 au 13 mai 1664. Cette fête en l’honneur de la mère du roi, Anne d’Autriche, et de la reine Marie-Thérèse est conçue par le décorateur et machiniste Carlo Vigarani et par le duc de Saint-Aignan, ordonnateur des ballets royaux. Secrètement dédiée à Louise de La Vallière, maîtresse du roi, elle s’inspire d’un épisode du Roland furieux de l’Arioste où le chevalier Roger, joué par le roi lui-même, est retenu prisonnier par la magicienne Alcine. La relation officielle de ces festivités, éditée une première fois en 1664 et rééditée en 1665 et 1673, montre les défilés, les jeux nautiques, les spectacles pyrotechniques et les pièces de théâtre donnés dans les jardins du château de Versailles. Parmi celles-ci, plusieurs ont été écrites par Molière, comme La Princesse d’Élide.
Vous pouvez découvrir aussi ce dessin de François Chauveau représente une scène de la première journée des Plaisirs de l’Île enchantée : Molière et Madeleine Béjart figurent « Pan et Diane sur une machine portée en l’air ».
C’est le deuxième jour des Plaisirs de l’Île enchantée, le 8 mai 1664, que l’on assiste à la création de La Princesse d’Élide, comédie-ballet conçue par Molière et Lully. Cette pièce est intégralement imprimée dans la relation officielle de ces festivités chez Ballard, imprimeur officiel des divertissements de la Cour : si par la suite, Molière fournit des éditions autonomes de ses comédies, cela lui permet vraisemblablement, dans ces années 1660, de se présenter comme le fournisseur officiel des fêtes royales, alors que Benserade porte le titre de « poète du roi ». La Princesse d’Élide sera par la suite publiée indépendamment, comme dans cette édition de 1665.
Une première version en trois actes de Tartuffe ou l’Hypocrite est représentée le 12 mai 1664 devant la Cour à Versailles, à l’occasion des divertissements des Plaisirs de l’Île enchantée. Considérée comme une attaque contre l’Église catholique, affaiblie par le mouvement janséniste dissident, la pièce est immédiatement interdite de représentation publique par Louis XIV. Remaniée en cinq actes sous le titre L’Imposteur trois ans plus tard, elle est représentée au Théâtre du Palais-Royal le 5 août 1667, et de nouveau interdite. Il faudra attendre la signature de la Paix clémentine entre le Saint-Siège et les jansénistes en 1669, pour que triomphe la pièce sous le titre de Tartuffe ou l’Imposteur : elle est largement modifiée, et la satire anti-cléricale atténuée.
Après L’École des femmes, qui en 1662 suscite de violentes réactions pour sa critique de la morale conjugale imposée par l’Eglise, et La Critique de l’École des femmes, la polémique prend de l’ampleur dans les salons parisiens. Molière répond par L’Impromptu de Versailles, pièce créée à Versailles le 14 octobre 1663 avant d’être jouée au Théâtre du Palais-Royal. La pièce propose une mise en abyme de son activité théâtrale en mettant en scène la répétition d’une pièce avant sa représentation devant le roi. Molière dresse ainsi son autoportrait en auteur, metteur en scène et chef de troupe, tout en faisant l’éloge du monarque mécène et en caricaturant ses détracteurs. Molière ne fait pas imprimer la pièce de son vivant, montrant ainsi son détachement vis-à-vis de la polémique.
Le Grand Divertissement royal de Versailles du 18 juillet 1668 célèbre la gloire du roi après la Paix d’Aix-la-Chapelle. La Cour assiste à la première représentation du George Dandin de Molière, jouée dans un théâtre en trompe-l’œil conçu par Vigarani, dans les jardins du château de Versailles.
Cette scène de fiction montrant Molière qui déjeune à la table du roi a été représentée au cours du XIXe siècle par différents artistes, parmi lesquels Jean-Auguste-Dominique Ingres en 1857. L’œuvre de ce dernier est ici reproduite dans la Gazette des beaux-arts, sous forme d’une gravure d’après un dessin de Geffroy. De telles œuvres témoignent de la persistance d’un imaginaire autour des liens personnels entre le souverain et le dramaturge, avec pour cadre le château de Versailles.
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C’est à Versailles qu’en qualité de tapissier du roi, Jean-Baptiste Poquelin rencontre le jeune Louis XIV. Une relation de coopération artistique s’établit entre le monarque et le dramaturge, qui devient l’un des acteurs majeurs des festivités de la Cour, collaborant avec les plus grands artistes tels que Jean-Baptiste Lully ou Jean Berain. Grâce au grand nombre d’éditions rares et d’œuvres de Molière entrées avec les confiscations révolutionnaires ou les dons et legs de bibliophiles, la Bibliothèque municipale de Versailles garde le souvenir de ce lien étroit entre Molière et Versailles. La présente sélection vous offre un choix de documents particulièrement emblématiques de ces collaborations artistiques versaillaises qui rythment la vie et la carrière de Molière.