Le pouvoir mérovingien et ses manifestations
Tiers de sou en or (1.33 g), imitation au nom de Justin
VIe siècle
D.: DN IVSTINVS PPP. Buste diadémé à droite.
R.: VICTORIA. Victoire debout à droite tenant à droite une couronne et à gauche une croix. A l’exergue CON[ ]
Tiers de sou en or (1.28 g) au nom de Maurice Tibère
Fin du VIe siècle, Marseille
D.: DN MAVRICIVS P P A. Buste au diadème perlé à droite. Cercle extérieur.
R.: VICTORIA AVSTOR. Croix potencée sur un globe, accostée des lettres M A et, au-dessous, V II, sur un trait horizontal. A l’exergue, CONOB. Cercle extérieur.
Dessin à la mine de plomb et aquarelle, a appartenu au collectionneur Hippolyte Destailleur (1822-1893).
Mesures : 19,6 x 17,6 cm.
Création : XVIIIe siècle.
In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 7.
Le roi Dagobert Ier ratifie un partage entre Ursinus, référendaire de Clotaire II, et son frère Beppolenus, pour des terres situées dans le Rouergue.
Ce diplôme en latin, conservé aux Archives Nationales sous la cote AE/II/3 (cote d'origine : K1/9) contient une signature autographe de Dagobert Ier au bas de l'acte. Il n'est pas daté mais il a sans doute été établi en 628.
In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p.13.
Par ce précepte le roi de Neustrie Clovis II confirme les privilèges accordés à l'abbaye de Saint-Denis par l'évêque de Paris Landry. Aux moines de Saint-Denis est ainsi permis de jouir librement de leurs biens. Le roi confirme également la laus perennis ("louange perpétuelle") introduite à Saint-Denis par son père Dagobert sur le modèle de la liturgie en usage à Saint-Maurice d'Augaune. La "louange perpétuelle" est une célébration continuelle de l'office assurée par les moines se relayant par groupes dans l'abbatiale.
Ce diplôme en latin conservé aux Archives Nationales sous la cote AE/II/6 (cote d'origine : K2/3) date du 22 juin 653. Il porte le monogramme royal et les souscriptions de nombreux évêques parmi lesquels Eloi, évêque de Noyon.
In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 28.
Dans cette charte en latin aux Archives Nationales (cote AE/II/14, olim K3/12) le roi Thierry III confirme à Amalgaire le droit de possession de sa terre située à Bailleval, revendiquée par une dénommée Acchilde.
In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 47.
Diplôme en latin (AN, cote AE/II/20) contenant un jugement du roi Childebert III qui accorde à l'abbaye de Saint-Denis la terre de Hodenc-l'Evêque dans l'Oise.
Le document est scellé d'un sceau de cire brune et daté du 23 décembre 695.
In : Diplomata et chartae merovingicae aetatis in archivo Franciae asservata, (Paris : Koeppelin, 1848), p. 68.
Chilpéric II - roi des Francs de Neustrie et des Burgondes de 715 à 719, puis de tous les Francs de 719 à 721 - confirme par cette charte les privilèges d'immunité accordés par ses ancêtres à l'abbaye de Saint-Denis. Ce diplôme, conservé aux AN sous la cote AE/II/27 (olim K3/17) porte la signature autographe du roi. En revanche, le sceau royal a disparu.
In: Bibliothèque de l'école des chartes, 1911, tome 72, pp. 233-244.
"On conserve aux Archives nationales, sous la cote K 1, n° 10, un fragment de papyrus très mutilé dont le texte, donné en facsimilé lithographique par Letronne, a été publié pour la première fois par Teulet avec quelques fautes évidentes de lecture et sans les souscriptions. Ces deux auteurs se contentaient des indications sommaires suivantes : Fragmentum epistolae pro S. Dionysio (absque not. chronol.)."
In : Bibliothèque de l'école des chartes, 1931, tome 92, pp. 5-22.
"On enseigne, dans tous les traités ou manuels de diplomatique, que les diplômes mérovingiens comportent le plus souvent une formule de souhait dans leur protocole final. D'autre part, la constatation indiscutable qu'il y avait plusieurs référendaires en fonction simultanément a fait se demander à qui revenait la garde du sceau royal, et l'on a supposé que l'un des référendaires — sans doute le plus ancien en exercice — devait l'emporter en dignité sur ses collègues, être le « summus referendarius » à qui incombait la charge de tenir le sceau." (p. 5)
Bague en or massif à chaton rond gravé en creux d’une tête barbue, aux cheveux longs, entourée de deux lettres : S et R aux attaches de l’anneau, deux granules.
Création : VIIe siècle.
Mesures : Poids 8.27 g.
Est aposé le monogramme le nom de Sainte Radegonde (520-587), épouse de Clotaire 1er en 536, morte et enterrée à Poitiers.
Création : quatrième quart du VIe siècle
Mesures : Poids 11.68 g.
"Le sujet qu'annonce le titre de ce mémoire peut sembler tout d'abord n'offrir d'intérêt qu'au point de vue archéologique ; il n'en est poutant pas ainsi. Le droit de porter un anneau en public, et plus tard de porter un anneau de tel ou tel métal, dans les temps de la Rome classique, du Bas-Empire et à l'époque barbare, présente au contraire un intérêt essentiellement historique.", p. [169]-1
"Vers la fin de l'année 1858, une trouvaille aussi importante qu'inattendue fut faite, aux environs de Tolède, par quelques paysans occupés à défoncer une pièce de terre. Cela se passait au lieu dit la Fuente de Guarrazar. Depuis plus de onze siècles, et sans que personne en eût le moindre soupçon, là se trouvait enfoui un trésor contenant huit couronnes d'or, de diverses dimensions, ornées à profusion de pierreries, accompagnées de croix et toutes munies de chaines de suspension également en or fin." (p.1)
"La découverte la plus marquante est celle d'un casque de fer, doublé de cuivre doré et de laiton, retrouvé à Vézeronce (Isère) où Godomar, nouveau roi des Bourgondes après la mort de Sigismond, battut Clodomir, fils de Clovis, qui y fut tué en juin 524.", pp. 52-55.
In : Revue Archéologique Nouvelle Série, Vol. 23 (Janvier à Juin 1872), pp. 105-117, Presses Universitaires de France
Les rois francs ont su entretenir une double image de leur pouvoir. Si celui-ci se nourrit constamment de références romaines, il renoue également avec des coutumes et des rituels proprement germaniques. L’élévation du roi sur le bouclier, par exemple, est encore attestée au VIe siècle.
Cette nature équivoque leur permet de compter, dans les situations difficiles, sur leur propre armée de guerriers. Ces hommes libres sont appelés antrustions ou leudes.
Chez les Mérovingiens, la légitimité du pouvoir est symbolisée par la longue chevelure, ce qui leur vaut le surnom de rois chevelus. Grégoire de Tours témoigne de l'importance de la chevelure chez les rois francs, comme un point de ralliement. Signe de légitimité, il est difficile de savoir si cette coutume des longs cheveux concerne uniquement les rois ou bien tous les hommes libres puissants.
Les rois francs incluent d’ailleurs dans les seaux de cire plaqués au bas de leurs diplômes des morceaux de cheveux pour renforcer l’autorité du document en y intégrant une parcelle de leur corps.
Le pouvoir des souverains mérovingiens rayonne dans le royaume depuis le palais royal, siège du gouvernement et résidence royale. Avec le trésor royal, symbole du pouvoir du roi, il était le lieu de concentration et de redistribution des richesses. Ce lieu du pouvoir est chargé de préparer et valider les actes royaux mérovingiens rédigés au nom du roi avant leur transmission aux fonctionnaires qui les exécutent. Grâce au scellage, dernière étape du processus de validation par l’apposition au bas de l’acte de l’anneau ou du sceau royal, l’acte acquiert force exécutoire.
Les souverains mérovingiens sont nomades. Cette mobilité découle d’avantages géopolitiques : alliances avec les élites locales, préparation d’expéditions militaires permettant l’intégration et la surveillance des territoires.
Les palais sont souvent établis hors des villes pour des raisons de commodité, dans les alentours de terres fiscales et de forêts. La pratique de la chasse y est une autre expression symbolique du pouvoir souverain.