Cartes du Japon du Service hydrographique de la Marine

Le deuxième document manuscrit est la copie d'une carte imprimée qui a été publiée par Blaeu à Amsterdam en 1655 et faisait partie du Novus Atlas Sinensis par le jésuite italien Martino Martini (1614-1661). Enfin pour le troisième document manuscrit, il s'agirait plutôt d'une mise au net de la carte de Jacques-Nicolas Bellin publiée en 1735 qui est également conservée dans le portefeuille.

Parmi les treize cartes imprimées, il faut noter la présence de plusieurs exemplaires de la carte de Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689), grand voyageur. Bien que n’étant jamais allé personnellement au Japon, il se rendit jusqu’à Java où il recueillit des témoignages utiles. Sa carte publiée en 1679 fut plusieurs fois rééditées, et notamment une édition en russe de 1734 par l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Cette division comprend également trois versions différentes de la carte imprimée de Jacques-Nicolas Bellin en 1735, 1746 et 1752. Si l’échelle et le détail varient, la cartographie n’est pas fondamentalement différente. Ses cartes servirent à illustrer des ouvrages de géographie ou des récits de voyages.

La division commence par une belle carte manuscrite française de grand format, représentant la route de Nangasaqui (Nagasaki) à Jedo (Tōkyō). Elle est illustrée de navires japonais finement dessinés avec leurs pavillons au vent. Les étapes de l’itinéraire sont accompagnées de commentaires en haut à gauche de la carte qui s’inspirent de la route prise par les ambassadeurs hollandais envoyés au Japon.

Les autres documents montrent les explorations hollandaises pour atteindre le port de Nagasaki ou celles entreprises pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales (V. O. C.) par Maarten Gerritszoon de Vries en 1643 conduisant à la découverte de l’île des Etats et de la Terre de la Compagnie (région des îles Kouriles) et qui sont présentées par le géographe français Philippe Buache (1700-1773) avec une copie manuscrite sur calque. Cet espace maritime est aussi la terre d’exploration de La Pérouse plus d’un siècle après. La division contient trois tirages différents de la planche n° 47 de l’Atlas du voyage de La Pérouse publié en 1797. Enfin dans cette division, on trouve aussi la planche 79 de l’édition française du Troisième Voyage de Cook publié en 1785 et deux exemplaires de la carte marine anglaise du sud-ouest du Japon par Alexander Darymple (1737-1808), publiée en 1792 par l’Hydrographical Office, correspondant en Grande-Bretagne au Dépôt de la Marine.

La pièce maîtresse de la division, voir du portefeuille est une carte portulan hollandaise sur parchemin représentant l’entrée du port de Nagasaki. Cette carte est caractéristique de la production de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et symbolise l’activité maritime et commerciale dont les Hollandais avaient le monopole dans cette région. Il s’agit d’une carte nautique manuscrite où les côtes sont tracées en couleur, avec des lignes de rhums, une échelle de degrés et une rose des vents dont le nord est indiqué par une fleur-de-lis et l’est par une croix. Une ancre de marine signale le lieu de mouillage des navires, à côté de l’île de Dejima délimitée en vert et reliée à la terre par un pont en rouge. La carte donne aussi quelques chiffres correspondant aux mesures de profondeurs le long du chenal menant au port et signale par des petites croix les écueils à éviter.

Cette division contient également deux exemplaires d’une carte marine du port de Nagasaki par Alexander Darymple, imprimée à Londres en 1788.

Cette division offre un exemple intéressant de transmission des connaissances géographiques avec une vue des côtes de la terre ou île de la Compagnie découverte en 1643 par le navigateur hollandais Maarten Gerritszoon de Vries (1589-1641). La vue fut publiée à Amsterdam en 1692 dans l’ouvrage en néerlandais intitulé Noord en Oost Tartarye  et dont l’auteur est Nicolaes Witsen (1641-1717), bourgmestre d’Amsterdam et directeur de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Cette même vue fut reprise par le géographe français Philippe Buache (1700-1773) dans la Troisième et dernière partie des Considérations géographiques et physiques sur les nouvelles découvertes au nord de la Grande mer, vulgairement appelée la Mer du Sud, publiée à Paris en 1754. Et enfin, elle réapparait sur la planche n° 47 de l’Atlas du voyage de La Pésouse, publié en 1797.

Il faut signaler aussi la présence d’une copie manuscrite française sur calque d’une carte représentant le nord-est de Hokkaidō avec la péninsule de Nemuro qui fut visité par l’explorateur russe Adam Kirillovitch Laxman en 1793.