Robert Schumann (1810-1856)

Ses œuvres, intimement liées à la poésie, représentent des figures schumanniennes comme le rêveur Eusebius et l'exubérant Florestan. Si Schumann échoue dans sa jeunesse à devenir un pianiste virtuose comme Chopin et Liszt, son épouse Clara, virtuose internationalement célèbre mais aussi compositrice, est sa première interprète.

Les Waldszenen (Scènes de la forêt) op. 82 sont un cycle de neuf courtes pièces reflétant les visions de la forêt typiques de l'Allemagne romantique et de Robert Schumann, ses scènes pastorales ou fantastiques ou encore ses scènes de chasse. Le manuscrit a été terminé le 6 janvier 1849, comme l'atteste la date à la fin de la musique, mais révisé abondamment avant d'être remis à l'éditeur en septembre 1850. Les corrections concernent à la fois la musique (collettes, ratures, ajouts..) et les titres et les citations accompagnant les pièces.

En 1852, Schumann publia sous le titre Bunte Blätter (Feuillets multicolores) op. 99 un ensemble de morceaux composés antérieurement. La BnF possède un des manuscrits de la première pièce, un feuillet d’album offert pour le Nouvel An 1839 à son ami Ernst Becker, avocat et pianiste amateur. Le titre An C. (“À Clara”) ne sera pas conservé pour l’édition.

Les Études pour piano à pédalier op. 56, six pièces en forme de canon, et les Esquisses op. 58 pour le même instrument, dont la BnF conserve des brouillons, forment un groupe à part parmi les compositions pour clavier de Schumann. Elles sont écrites en 1845, alors que Schumann s'intéresse à la technique de l'orgue et vient de louer un piano à pédalier, instrument qui jouit d’une certaine vogue au XIX^e siècle.

Du cycle de lieder Myrthen op. 25, dédié et offert à Clara à l'occasion de leur mariage en 1840, la BnF conserve deux manuscrits partiels : un autographe mis au net, avec des annotations au crayon d'une autre main, réunissant Talismane, Lied der Suleika, Die Hochländer-Witwe et Rätsel, et un manuscrit mis au net pour la gravure par un copiste, regroupant des lieder des troisième et quatrième cahiers.

De Flügel ! Flügel ! um zu fliegen ("Des ailes ! Des ailes ! Pour voler"), huitième lied du recueil Liebesfrühling op. 37, sur des poèmes de Friedrich Rückert, le feuillet d’esquisses authentifié par Clara Schumann que conserve la BnF ne contient que la partie vocale sans accompagnement, avec au verso une esquisse de la Symphonie n^o 2 op. 61.

Un autre manuscrit, également authentifié par Clara Schumann (le 17 mai 1872) et provenant de la collection réunie par Mme Auguste Vincent, contient des esquisses pour cinq lieder mettant en musique des textes traduits par Adelbert von Chamisso : d’abord Die rote Hanne op. 39 n^o 3, d’après Pierre-Jean de Béranger, puis les quatre premiers des Fünf Lieder op. 40, d’après Hans Christian Andersen. Dans les trois dernières pièces, les esquisses comportent des fragments de la partie de piano en plus de la ligne du chant.

Le manuscrit autographe des Lieder und Gesänge aus Goethes Wilhelm Meister op. 98a, composés en 1849, contient la mise au net de deux des chants de Mignon (n^o 5 et 3). Dans Nur wer die Sehnsucht kennt, Schumann a entièrement retravaillé la partie de piano au début du lied.

Reich' mir die Hand, o Wolke a été publié comme le n° 5 des Sieben Lieder von Elisabeth Kulmann, op. 104. Le manuscrit de travail à l'encre comporte ratures et corrections. Le verso contient la fin du duo Mailied, premier des Mädchenlieder op. 103, autre cycle sur des poèmes d’Elisabeth Kulmann (1808–1825), dont la BnF conserve une copie réalisée en vue de la gravure et corrigée par le compositeur. Ces deux recueils datent de 1851.

La même année sont composés les Sechs Gesänge op.107. Un manuscrit fragmentaire du lied n^o 2, Die Fensterscheibe, sur un poème de Titus Ullrich (1813–1891), porte au verso des esquisses d'autres pièces.

Les choix et les combinaisons d'instruments sont également remarquables. Il fait chanter le violon et le violoncelle, instruments de prédilection, mais aussi le hautbois, la clarinette ou le cor, prévoyant souvent des alternatives entre ces instruments. Ses interprètes, au premier rang desquels son épouse Clara et ses amis Felix Mendelssohn, Ferdinand David ou Joseph Joachim, font résonner sa musique dans les salons comme les salles de concert.

Parmi la production des années de Leipzig, la BnF conserve deux états des quatre Fantasiestücke pour violon, violoncelle et piano op. 88 (1842) – des esquisses à l'encre et un manuscrit de travail présentant de nombreuses variantes par rapport à la version finale – ainsi qu'un manuscrit de travail de l'Andante et Variations pour deux pianos, cor et deux violoncelles op. 46 (1843), contenant à la fois la version pour quintette instrumental et celle pour deux pianos seuls.

Schumann poursuit la composition pour formations de chambre après 1848. Composés en deux jours en février 1849, les Fantasiestücke pour clarinette et piano op. 73 comprennent trois courtes pièces à la fois lyriques et fantastiques. Schumann les intitule d’abord Soiréestücke, avant d’opter pour un titre inspiré des Fantasiestücke in Callots Manier d'E.T.A. Hoffmann, comme en témoigne le manuscrit autographe, dont la page de titre porte un envoi de Clara Schumann, en partie raturé.

Composés deux mois après les Fantasiestücke, les Fünf Stücke im Volkston pour violoncelle et piano op. 102 sont dédiés au violoncelliste Andreas Grabau, membre de l'orchestre du Gewandhaus de Lepzig, qui crée l'œuvre en privé avec Clara Schumann pour l'anniversaire du compositeur. Celui-ci s'inspire de thèmes populaires, notamment dans sa première pièce, à laquelle Schumann donnera pour l’édition le titre Vanitas vanitatum. Le manuscrit comprenait initialement quatre pièces, avant l'ajout d'une dernière, comme en témoigne le titre original biffé ("Vier Stücke").

Tout comme les Märchenbilder op. 111, les Märchenzählungen pour alto, clarinette et piano op. 113 (1853), dédiés à son élève Albert Dietrich (1829–1908), puisent leur inspiration dans l'univers poétique des contes populaires. Le manuscrit de travail incomplet de la BnF comprend en outre des esquisses d'autres pièces.

Des trois sonates pour violon de Schumann, ce corpus présente les manuscrits de travail de la Sonate n°1 op. 105 (1851), avec un envoi de Clara Schumann au violoniste Ruppert Becker, et de la Sonate n°3 WoO 27 (1853). Cette dernière reprend les deux mouvements (Intermezzo et Finale) qu'il avait précédemment écrits pour la Sonate F-A-E – pour "Frei aber einsam", libre mais seul, devise du violoniste Joseph Joachim (1831–1907) – composée pour ce dernier avec ses amis Albert Dietrich et Johannes Brahms, respectivement auteurs des premier et troisième mouvements. Le manuscrit de travail de la Sonate n^o3 ne comprend toutefois que les deux mouvements propres à celle-ci.

Schumann compose sa musique de scène pour Manfred, poème dramatique en trois actes d’après Lord Byron, op. 115, peu après l'achèvement de son unique opéra Genoveva. Son ouverture rencontre un grand succès lors de sa création sous la direction du compositeur à Leipzig en 1852, avant la représentation de l'œuvre entière sous la direction de Franz Liszt à Weimar. L’ouverture Hermann und Dorothea op. 136, d'après le récit éponyme de Goethe, est composée en 1851. L'omniprésence du thème de La Marseillaise dans cette œuvre rappelle l'intérêt du compositeur pour la Révolution de 1848 dans les grandes villes européennes. Les manuscrits à l'encre de ces deux ouvertures, sous forme de réductions pour piano, proviennent de la collection de Madame Auguste Vincent.

Toujours en 1851, Robert Schumann orchestre (à partir de la mesure 169) le Scherzo de la Symphonie n°2 de Norbert Bürgmüller (1810–1836), restée inachevée à la mort prématurée de ce dernier. Le manuscrit de Schumann est complété par les esquisses de Bürgmüller (cotes MS-4469 et MS-4470).

La Fantaisie pour violon, op. 131, composée en 1853, est dédiée comme la Sonate F-A-E au violiniste Joseph Joachim, qui conserva le manuscrit jusqu'à son acquisition par Charles Malherbe. Le manuscrit de travail, sous forme de partition d'orchestre, porte des révisions ainsi que la réduction pour piano de la partition d'orchestre, au bas de la page. Les indications d'articulation et de doigtés sont probablement de la main de Joachim. Une réduction pour violon soliste et piano de la main du copiste Peter Fuchs existe également.

La BnF conserve enfin un fragment de la Symphonie n°2, op. 61 (1845–1846), comprenant une version corrigée des parties de violons et d'alto pour les 19 dernières mesures du finale, ainsi des esquisses de la Symphonie n°3 « Rhénane » op. 97 (1851) et du premier mouvement de la Symphonie n°4 op. 120 (1841), ces dernières au verso de celles du lied Flügel ! Flügel ! Um zu fliegen.

Nachtlied op. 108 et Ungewisses Licht op. 145 n^o 2 sont tous deux composés en 1849. Le premier met en musique pour chœur et orchestre un poème de Friedrich Hebbel évoquant à la fois la crainte et l'apaisement face à l'approche de la mort. Le manuscrit de la BnF est autographe à l'exception des parties vocales, copiées à l'encre noire par le copiste Carl Gottschalk. Ungewisses Licht, sur un poème de Joseph Christian von Zedlitz, appartient à un cycle de quatre pièces pour double chœur a capella. Le manuscrit est une esquisse à l'encre noire en partition condensée sur quatre portées.

Schumann compose des ballades dont les thèmes puisent dans les obsessions schumaniennes comme les meurtres symboliques, les amours impossibles, les chevauchées en forêt. Des Sängers Fluch (La malédiction du chanteur) op. 139 pour solistes, chœur et orchestre s'appuie sur un poème de Ludwig Uhland, que Schumann et Richard Pohl élargissent en proposant un jeu de miroir entre une histoire rêvée et l'histoire réelle. Le manuscrit est autographe à l'exception des parties vocales, copiées à l'encre noire par le copiste Peter Fuchs. Il porte un envoi de Clara Schumann au baryton Julius Stockhausen. Vom Pagen und der Königstochter (Ballade du page et de la fille du roi) op. 140, pour solistes, chœur mixte et orchestre, reprend quatre ballades d'Emanuel Geibel, sans adaptation textuelle. La BnF en conserve un manuscrit de travail.