Cartes à jouer : accès par collection

Les collections des cartes à jouer de la BnF sont conservées par le département des Estampes et de la photographie de la BnF. Elles correspondent pour la majeure partie aux dons effectués par quatre grands collectionneurs au cours du 20ème siècle.

Libraire et bibliophile, Romain Merlin publie en 1869 un livre à compte d'auteur intitulé Origine des cartes à jouer. Pour les besoins documentaires de cet important ouvrage, il réunit une collection de près de 170 jeux de cartes qui entre par legs au Cabinet des Estampes en 1871. C'est la première fois qu'une collection composée exclusivement de cartes à jouer est léguée à un établissement public.

Georges Marteau est le neveu du célèbre fabricant de cartes à jouer Baptiste-Paul Grimaud et lui-même directeur de la firme jusqu’en 1909. Il constitue jusqu'à son décès en 1916 une collection de cartes à jouer sans équivalent dont il fait don par testament au département des Estampes de la Bibliothèque nationale en 1909, en même temps que de sa collection de livres et d'estampes japonaises. 

Comme Romain Merlin, Henry d'Allemagne est l'auteur d'une somme, Les cartes à jouer du xive au xxe siècle, publié en 1906. Ce grand spécialiste des jouets, jeux et cartes à jouer donne en 1946 au département des Estampes de la Bibliothèque nationale, devenu détenteur d'une collection de référence, sa propre collection riche de plus de 6700 cartes à jouer de types et d'origines géographiques variées.

La collection de 458 jeux de cartes constituée par Paul Marteau, dernier maître cartier "traditionnel" après le rachat des papeteries Grimaud et neveu de Georges, rejoint en 1966 les grands ensembles désormais conservés au département des Estampes et de la photographie. Il s'agit du dernier don de cette importance, même si les collections de cartes continueront d'être enrichies par la suite.

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Riche de 2 000 suites de cartes à jouer, le département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France est dépositaire d’une collection exceptionnelle. Elle figure au rang des plus belles au monde par la somptuosité de ses pièces et sa diversité. Mais son intérêt réside aussi dans l’histoire de sa constitution : une histoire longue de plus de trois siècles, intrinsèquement liée aux origines de l’estampe comme du département, nourrie à la source des usages populaires aussi bien que de l’art. Les premiers jeux de cartes arrivent avec l’entrée des collections de Michel de Marolles et de François-Roger de Gaignières en 1667 et 1715, notamment le tarot dit de Charles VI et le tarot de Mantegna. Jusqu’en 1800, ce fonds s’enrichit peu. La seconde moitié du XVIIIee siècle est en effet marquée par un double mouvement : si la production de cartes à jouer devient massive, elle s’accompagne d’un appauvrissement important de l’iconographie. Entre 1800 et 1855 en revanche, nourri par des acquisitions importantes de cartes à jouer à partir de 1829 et par la multiplication des entrées de jeux par le biais du dépôt légal institué sous la Révolution, le fonds augmente sensiblement. Mais il faut attendre l’année 1871 pour que soit franchie une nouvelle étape avec l’entrée de la collection de Romain Merlin. Suivront, en en 1916, la donation Georges Marteau, directeur de la fabrique de cartes Grimaud, puis en 1946, c’est au tour d’Henry D’Allemagne de céder 6 768 cartes issues de jeux français, allemands, indiens, italiens, belges ou suisses. Enfin, en 1966, la collection Paul Marteau rejoint celle de son oncle Georges. Composée de 458 jeux de cartes, elle est exposée en 1967 en l’honneur du donateur décédé, dernier maître cartier au sein d’un métier désormais dominé par les grands groupes internationaux.

Pour une histoire plus complète des différents fonds, on peut se reporter à l'article "Le dessous des cartes" paru dans le numéro 253 de la revue "Les Nouvelles de l'Estampe".

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