Entretien avec Jean-Pierre Turmel

De nombreux entretiens ont été menés et enregistrés par le département Son, vidéo, multimédia depuis 2012, proposant de découvrir des parcours professionnels d'éditeurs phonographiques aux itinéraires singuliers. Jean-Pierre Turmel s'est à son tour prêté au jeu de l'interview.

1. Avant Sordide sentimental .- 2. Fanzines .- 3. Sordide sentimental .- 4. Les groupes et artistes Sordide sentimental .- 5. Production, studios d’enregistrement, distribution et autres sujets.

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Jean-Pierre Turmel est né le 31 décembre 1947 à Rouen. Après l’obtention de son  baccalauréat, il poursuit des études en faculté de Sciences deux ans. Il doit son premier choc musical à L’homme à la moto d’Edith Piaf. Ce titre marque le début de son intérêt pour le rock, mais très vite, il passe au rock anglo-saxon. Vivant à Rouen, il capte la radio pirate Caroline, qui lui permet de découvrir l’actualité musicale anglaise et entre autres les groupes Sorrows, Pretty Things, Kinks,  Yardbirds ou encore Troggs. Sa curiosité constante l’amène à s’intéresser au fil du temps aux nouvelles tendances musicales les plus étranges et  autres ovnis comme notamment celles du label américain ESP. 
En parallèle, il découvre la bande dessinée, la littérature et le cinéma fantastiques, la science-fiction, et des auteurs tels que Restif de la Bretonne, Huysmans ou encore Alfred Jarry. Il se prend également de passion pour les débuts de Céline et pour les livres hautement provocateurs de son ami Albert Paraz.
Après la publication de deux de ses textes dans des fanzines, il décide de créer le sien : Oneshot, revue qui établissait un pont entre la science-fiction et la Beat Generation de William Burroughs. Un Oneshot n°2 voit le jour quelques temps plus tard, mais cette fois-ci essentiellement consacré aux musiques qui l’intéressent à travers des textes spéculatifs.
Ce Oneshot n°2 est rapidement épuisé et une remarque des lecteurs revient fréquemment : on ne trouve pas ces musiques chez les disquaires.
L’idée fut donc de publier sous format revue un article seulement à chaque fois mais avec deux ou trois titres de la musique dont il était question accompagné d’illustrations. Cette ligne éditoriale originale donne naissance en 1979 au label phonographique Sordide sentimental. Ce genre de productions induit un travail collaboratif important  et Jean-Pierre Turmel fait appel à de nombreux artistes dont les graphistes Loulou Picasso et Philippe Bailly du collectif Bazooka, le peintre Jean-François Jamoul ou encore la photographe Christina Birrer. 
Au fil de son existence le label rouannais s’intéresse à la musique industrielle et électronique de Throbbing Gristle et Psychic TV et leur leader Genesis Breyer P-Orridge, au post-punk de The Durutti Column, à la musique expérimentale de Tuxedomoon et à la new wave de Joy Division qui, fortement attiré par l’approche éditoriale de Jean-Pierre Turmel, produira spécialement pour Sordide sentimental deux titres.

Entretien écrit proposé par Jean-Rodolphe Zanzotto (Bibliothécaire – Bibliothèque nationale de France) à M. Jean-Pierre Turmel, 3 juin 2023.

Portrait de Jean-Pierre Turmel © Vivien Turmel, droits d'utilisation accordés - BnF - Gallica.