L’histoire singulière des relations franco-brésiliennes
La France et le Brésil partagent une histoire commune empreinte de fascination. Témoignant de l’histoire partagée de ces deux pays, le site France-Brésil célèbre ses 10 ans et, à cette occasion, s’offre une nouvelle jeunesse en intégrant la collection Patrimoines partagés.
À cette occasion, de nouveaux contributeurs nous ont rejoints et le site s’est ainsi enrichi de 7 articles. Il réunit aujourd’hui plus de 2000 documents, contextualisés par une cinquantaine de textes inédits, rédigés par des spécialistes français et brésiliens et distribués sous quatre grands ensembles thématiques dont chacun bénéficie d’une introduction : "Temps forts", "Courants transatlantiques", "Littérature et circulation des idées", "Art, sciences et techniques".
Ce site bilingue français/portugais créé en 2009, en partenariat avec la Fundação Biblioteca Nacional du Brésil (FBN) relève d’un projet scientifique ambitieux qui s’inscrivait, à l’initiative des deux bibliothèques nationales, dans le cadre de "L’Année de la France au Brésil". Préfigurant l’esprit de la collection numérique Patrimoines partagés, il s’agissait de rassembler virtuellement un ensemble de documents de nature diverse et accessibles dans leur intégralité, manuscrits, imprimés, cartes, photographies, estampes, enregistrements sonores et audiovisuels, afin d’illustrer une histoire partagée qui se poursuit depuis le 16e siècle.
Les marins français fréquentaient déjà les côtes brésiliennes à l’époque de la "Découverte" et de l’arrivée des Portugais en 1500. Des liens anciens unissent les trois pays et l’un des nouveaux articles rappelle que la Maison de Bourgogne, à l’origine de la fondation du royaume de Portugal au 12e siècle, est une dynastie française : les Bragance.
Grâce à la maîtrise nautique des navigateurs portugais l’essor de la cartographie est indissociable des grands voyages de découverte du Nouveau Monde.
Dès le 16e siècle, la circulation des cartes est devenue un véritable enjeu pour les nations rivales. Dieppe, l’un des principaux ports fréquentés par les marins et les cosmographes portugais est alors l’un des plus importants centres de connaissances maritimes. La cartographie normande, caractérisée par un style décoratif inventif et raffiné a connu un prestige considérable et les noms de Pierre Desceliers, André Thevet, Guillaume Le Testu ou Jacques de Vau de Claye restent attachés à des œuvres d’une grande beauté.
L’histoire de la nation brésilienne, cette Amérique portugaise convoitée par plusieurs pays européens, a été jalonnée de conflits internationaux et de révoltes locales. Au 16e siècle, les colons portugais ont bâti leur pouvoir en dominant les Indiens et en repoussant les envahisseurs français et hollandais, affrontant ensuite les missionnaires jésuites auxquels avait été confié la conversion des populations indigènes puis des esclaves noirs.
Au cours des 17e et 18e siècles, les insurrections, les révoltes et les conjurations se succèdent, liées à la fois à la crise générale de l’Ancien régime, aux idées révolutionnaires et au contexte colonial en Amérique du Sud.
La diffusion des principes des Lumières, l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord et les répercussions de la Révolution française bouleversent toute la sphère atlantique.
En 1788, une Société des Amis des Noirs, dont l’abbé Grégoire sera l’un des membres les plus illustres, est fondée à Paris. Cette assemblée, nourrie des idéaux de liberté et d’égalité, défend la cause abolitionniste. À la suite de l’insurrection survenue à Saint-Domingue en 1791, la Convention décrète l’abolition de l’esclavage (4 février 1794) mais ce décret est rapidement révoqué et l’esclavage réintroduit dans les colonies françaises provoque une guerre d’indépendance et la création d’un état libre : Haïti.
La menace d’une révolution des esclaves sur le modèle haïtien inquiète alors la monarchie brésilienne et malgré la progression des idées antiesclavagistes et les combats en faveur de l’abolition, le pouvoir maintient cette pratique en se réclamant de l’intérêt de l’État.
La loi abolissant l’esclavage n’est signée qu’en 1888, par la princesse Isabel, régente et fille de Dom Pedro II.
O abolicionismo, Joaquim Nabuco, 1883 (Biblioteca Brasiliana Guita e José Mindlin)
La première invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes, en 1807, force la cour portugaise à se réfugier à Rio de Janeiro. Pour le Brésil et les autres jeunes nations sud-américaines, les pays européens représentent alors des modèles de civilisation.
Après le passage de la "Mission française" dirigée par Joachim Le Breton, chargé de créer, en 1816, une Académie des Beaux-Arts à Rio de Janeiro, le milieu artistique s’est structuré et des lieux de divertissement ont surgi.
Le français, qui était au 19e siècle la langue officielle des relations diplomatiques, contribue à diffuser au sein d’une élite francophile un répertoire artistique qui trouve son public. Dès 1810 des artistes français, musiciens, comédiens et danseurs sont accueillis au Théâtre royal de Rio. Plus tard les compagnies de théâtre français transporteront le répertoire classique et le vaudeville sous les tropiques. Les metteurs en scènes les plus innovants – comme André Antoine, fondateur du Théâtre Libre – et les plus célèbres interprètes : Sarah Bernhardt, Coquelin Aîné, Réjane, entreprennent des tournées à travers tout le continent.
Bien au-delà de la tentative d’implantation d’une colonie française dans la baie de Rio de Janeiro (France antarctique 1555 -1560) puis sur la côte nord-est (France équinoxiale 1612-1615), l’espace brésilien a suscité des vocations migratoires et des récits inspirés. Parmi tous ces voyageurs qui partent à la découverte de terres nouvelles, certains finissent par s’y installer définitivement. C’est le cas d’Hercule Florence (1804-1879), débarqué à Rio en 1824, et que son goût pour l’aventure va conduire à participer à l’une des plus ambitieuses expéditions dans le Nouveau-Monde.
Chroniqueur et peintre de la mission scientifique du baron Von Langsdorff, le Niçois manifeste une étonnante maîtrise du dessin botanique et zoologique. Plus tard installé dans une petite ville de l’État de São Paulo, cet autodidacte passionné de sciences invente une méthode de transcription des vocalisations animales, puis un nouveau système de reproduction, la polygraphie et il crée un "Papier Inimitable" susceptible de donner au Brésil une monnaie unique. Il imagine enfin un procédé de fixation des images qui fera de lui le pionnier de la photographie au Brésil.
Grâce à ce nouveau corpus d’articles et aux documents qu’il éclaire, le site franco-brésilien offre à ses lecteurs différentes perspectives de recherche, tout en laissant au simple curieux le loisir de découvrir des thématiques ignorées.
France - Brésil/ França - Brasil 2009-2019
La BnF mène depuis 2009 une politique de numérisation et de valorisation du patrimoine documentaire, partagée avec des bibliothèques partenaires françaises et étrangères. De cette ambition est née, en 2017, une collection de bibliothèques numériques : Patrimoines partagés.
Commentaires
Grazie
Percorrere il tempo con i libri e le immagini: un viaggio possibile grazie ai Patrimoines partagés di Gallica.
Grazie!
Excelente relato histórico
Excelente relato histórico muito bem narrado
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