Le tremblement de terre de Lisbonne de 1755
Le 1er novembre 1755, un tremblement de terre détruit en grande partie la capitale portugaise. Si l’activité tellurique est incessante, et si Lisbonne n’est pas la seule victime de ce séisme, cette catastrophe naturelle fait l’objet d’un intérêt intellectuel et d’un écho international inédits.
La physionomie générale de Lisbonne dans la première moitié du XVIIIe siècle est jusqu'ici celle d’une ville prospère, grâce au commerce transatlantique, mais qui compte de fortes disparités sociales.
En 1755, la capitale portugaise n’en est pas à son premier séisme, elle garde en mémoire les fortes secousses de 1309 et de 1351. Mais le tremblement de terre de 1755 est particulièrement meurtrier, même s’il est difficile de connaître précisément le nombre de victimes : les estimations actuelles oscillent entre 10 000 et 20 000 victimes, et non 100 000 comme évoqué dans un premier temps. Le séisme provoque un raz-de-marée qui submerge Lisbonne, qui est ensuite en proie à des incendies incontrôlables. Au Portugal, la région Baixa et le Sud de l’Algarve sont également très touchés ; au Maroc, Marrakech, Casablanca, où la plupart des maisons sont détruites, ainsi que Meknès ; en Espagne, Cadix et Grenade.
Voltaire, pour sa part, publie d’abord Poèmes sur la destruction de Lisbonne en 1756. A l’argument avancé par certains que Dieu punirait les Lisboètes pour leurs péchés, Voltaire rétorque que ni Paris, ni Londres, aux mœurs dissolues, n’ont été détruites. Contre Leibniz, qui, dans son Théodicée rédigé en français, affirme que ce monde est le meilleur des mondes possibles, Voltaire adopte une position de doute et d’incompréhension des desseins divins, qui transparaît également dans Candide ou l’optimisme, publié en 1758, où Leibniz est caricaturé en la figure de Pangloss, le maître à penser de Candide.
A Lisbonne, la question cruciale est de savoir si l’on reconstruit ou non la ville au même endroit. La famille royale, qui résidait au palais de Belém au moment du drame, élit provisoirement domicile à Ajuda, dans des baraquements de bois. Si Saint-Pétersbourg est construite ex nihilo au début du XVIIIe siècle, décision est prise de reconstruire Lisbonne au même endroit, sous la direction de Sebastião José de Carvalho e Melo, futur marquis de Pombal. Une opération qu’il décrira en détail dans ses mémoires.
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