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Le lierre

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30 novembre 2020

Il s’enroule autour des arbres, des murs, des maisons. C’est au lierre d’entrer dans l’herbier de Gallica.

Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes, Bâle 1542

Sa capacité à s’accrocher a donné son nom au lierre grimpant : Hedera helix L. Il vient du latin haerere (être attaché) et a donné, en français médiéval, le mot « ierre ». En s’agglutinant avec l’article défini, l’ierre s’est transformé en lierre. Il appartient à la famille des Araliacées, comme le ginseng. On le rencontre en Europe, Asie Mineure et Caucase. Comme il gèle en deçà de -25 degrés C, il n’est pas présent en Europe orientale ni dans le nord de la Scandinavie.
 

Liane arborescente (comme la clématite, le houblon ou le chèvrefeuille), le lierre possède des feuilles persistantes et adhère à son support grâce à ses crampons qui sont en fait des racines modifiées. La première phase de sa vie est rampante, à la recherche d’un support sur lequel grimper ; elle peut durer plusieurs années. Cette phase est responsable de la distinction ancienne (et abandonnée) entre lierre rampant et lierre grimpant. Quant au lierre terrestre, il appartient à la famille des Lamiacées. La particularité du lierre est de fleurir en septembre-octobre et de fructifier en fin d’hiver et au début de printemps.

Il est parmi les dernières fleurs en saison à offrir du pollen aux abeilles et parmi les derniers fruits pour les oiseaux. En effet, à l’ère tertiaire, il poussait dans la forêt tropicale qui recouvrait l’Europe, fructifiant en hiver, moment le plus doux et de plus humide de l’année. Il a gardé ce rythme malgré le changement de climat. Toutes les parties du lierre sont toxiques, mais son nectar très riche en sucre et son pollen sont consommés par plus de deux cents espèces d’insectes à un moment de l’année où peu de fleurs subsistent. De même, ses fruits sont parmi les derniers disponibles en hiver. Leur pulpe, contenant 30% de lipides, attire de nombreux passereaux (pinson, rouge-gorge, geai, merle…). Ils consomment les fruits mais ne digèrent pas les graines et les recrachent ou les libèrent dans leurs fientes, permettant leur dispersion. La graine du lierre germe mieux une fois débarrassée de la pulpe du fruit. Seuls des animaux comme le pigeon ramier digèrent les graines de lierre.

Le lierre sert d’abri et de lieu d’hibernation à une faune nombreuse comme la coccinelle, la grive, la mésange, le troglodyte, l’écureuil, le lérot, le muscardin… L’abeille du lierre en a même fait son habitat propre. Les feuilles du lierre, en tombant au pied de l’arbre qui lui sert de support, forment ainsi une litière qui se décompose bien et amende le sol.
La mauvaise réputation du lierre est ancienne. Déjà Théophraste et Pline l’Ancien le qualifiaient de nocif. Sa réputation injustifiée de bourreau des arbres lui vaut d’être coupé à la souche. Il rend pourtant des services écologiques, protégeant les édifices sur lesquels il grimpe, atténuant les écarts thermiques autour de son support, captant les particules fines. Il peut également servir de couvre-sol décoratif. Sa capacité à adhérer à son support a fait du lierre un symbole de longévité, d’amour constant et d’amitié. Voila une plante bien attachante !

Pour aller plus loin :
Pour débusquer oiseaux, insectes ou petits mammifères qui se cachent dans le lierre de nos jardins, rien de tel que le parcours Gallica La Nature en images.
La Hulotte, numéros 106 et 107, 2018: https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343762346

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