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L'asphodèle

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Les Anciens lui faisaient une place à part en lien avec le monde des défunts, en raison de son tubercule comestible. L’asphodèle dresse sa longue hampe dans l’herbier de Gallica.

Johann Walter, [Asphodèle, colibri rubis-topaze et papilio machaon], dans Florilège de Nassau, 1664

L’asphodèle appartient à la famille des Asphodélacées comme l’aloès. Le genre Asphodelus comprend plusieurs espèces : l’asphodèle blanc, présent dans les chênaies et landes atlantiques, se rencontre jusqu’en Europe centrale. L’asphodèle rameux et l’asphodèle fistuleux, plus petits, sont des plantes méditerranéennes, occupant des terrains souvent touchés par le feu. Leur tubercule, protégé des incendies, leur permet de repousser après le passage du feu, ce qui n’a pas manqué de frapper les hommes qui lui attribuèrent des pouvoirs particuliers, lui donnant le nom de poireau de chien, bâton royal ou bâton blanc.

Henri Baillon, Dictionnaire de botanique. Tome 1, Paris, Hachette, 1876

Les fleurs blanches à rosées, perchées en grappe au sommet d’une longue hampe, fleurissent vers mai. Les pousses printanières ressemblent au poireau, d’où son surnom turc de poireau de montagne. Son tubercule, riche en amidon et en glucides est consommable après longue ébullition ou cuisson sous la cendre. Théophraste rapporte cette utilisation du tubercule, broyé avec des figues. Mais l’asphodèle est peu goûtu et servait, lors du petit âge glaciaire, de pain de disette, mêlé à de la farine de blé ou d’orge.

Johann Wilhelm Weinmann, Phytanthoza-iconographia, sive Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum. Tome 1, Ratisbonne, 1737-1745

Les Anciens pensaient que les morts consommaient ce tubercule ; ils plantaient des asphodèles aux abords des tombeaux pour que les morts y trouvent leur nourriture. La plaine des asphodèles désignait la partie des Enfers grecs dédiée aux hommes ordinaires, ni particulièrement bons, ni particulièrement mauvais. Les Pythagoriciens l’offraient sur l’autel d’Apollon à Délos avec le blé, l’orge et le millet. La plante, considérée comme protectrice des maisons, était plantée à leur porte pour écarter les sortilèges et servait de talisman contre les serpents et les bêtes venimeuses. En Corse, à l’occasion des rites de la Saint-Jean, les jeunes gens se livraient, avec les hampes, à des batailles d’asphodèles.

Augustin Pyramus de Candolle, Les liliacées. Tome 6, Paris, 1812

Ces mêmes hampes connaissent des usages plus prosaïques : rouies, elles fournissent une filasse textile grossière utilisée pour des tentes de nomades au Maroc, ou comme allume-feu, flambeau ou torche. Son charbon très fin entrait dans la composition de la poudre noire. En Afrique du Nord, les hampes, réunies en gerbes, permettent également de couvrir les toits. Les graines sont consommables après torréfaction, en farine ou en bouillie. Les jeunes pousses se mangent cuites à l’eau, servies comme des asperges. Les feuilles servaient d’aliment d’hiver pour cochons, ou, un fois desséchées, pour remplir les paillasses. Le tubercule, d’après la médecine antique, servait comme vulnéraire, antidote ou diurétique, aphrodisiaque. Une fois cuit, il fournissait une colle pour les chaussures ou les reliures. L'asphodèle a également été récoltée pour produire de l'alcool ou du papier. Voici une plante qui ne manque pas de ressources.

Pierre Vallet, Le Jardin du très chrestien Henry IV, Paris, 1608

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