Connue depuis l’Antiquité, l’hellébore – nom signifie en grec nourriture mortelle – est une plante vénéneuse à laquelle les auteurs anciens prêtent le pouvoir de guérir la folie. Hercule devenu fou aurait été apaisé par quelques graines d’hellébore administrées par un habitant de la ville grecque d’ Anticyre. Dans son Histoire naturelle, Pline indique que l’hellébore sert à purifier les habitations des miasmes délétères. Jusqu’au XVIIIe siècle, les textes médicaux et pharmacologiques européens recommandent son usage pour ses propriétés vermifuges et purgatives comme pour soigner la folie ou les crises d’épilepsie.
Jean de La Fontaine se fait d’ailleurs malicieusement l’écho de ces propriétés dans une de ses fables, opposant le lièvre et la tortue.
Aujourd’hui mieux connu, le genre Helleborus de la famille des Renonculacées compte une vingtaine d'espèces. Dans les jardins, de nombreuses variétés cultivées ont été créées par hybridation avec des espèces proches de l’Hellébore noir (Helleborus niger), originaire des Alpes, et de l’Hellébore d’Orient (Helleborus orientalis), présente des Balkans au Caucase. Leurs grandes et gracieuses fleurs, simples ou doubles, blanches ou vertes, roses ou pourpre, tranchent sur leur feuillage persistant au vert soutenu.
L’Hellébore noir ne doit pas d’ailleurs pas son nom à la teinte de ses fleurs mais à celle de sa racine. Il est associé, comme l’
Hellébore fétide ou Pied-de-griffon (
Helleborus foetidus), à la magie noire comme à la magie blanche. La croyance populaire attribue ainsi aux pieds d’hellébore plantés au seuil des maisons la faculté de conjurer le mauvais sort ou d’éloigner la folie et les sorcières.
Sa floraison dès le mois de décembre et la forme étoilée de sa fleur ont également inspiré une légende liée à la Nativité. Les pleurs versés dans la neige par une bergère trop pauvre pour offrir, à l’égal des Rois mages, un cadeau au divin nouveau-né se seraient changés en roses de Noël.
A l’approche de la nouvelle année, la rose de Noël s’épanouit, symbole de la résistance à l’adversité hivernale et promesse de renaissance printanière.
« Promises, inattendues, précieuses, prosternées mais bien vivantes, les ellébores hivernent. Tant que la neige les charge, elles restent fermées, ovoïdes, et sur l’extérieur de chaque pétale bombé une trace vaguement rosée, semble seule indiquer qu’elles respirent. Le robuste feuillage en étoile, la raideur des tiges, autant de caractères par lesquels toute la plante proclame sa persistance émouvante. Cueillie, ses coquillages sensibles desserreront leurs joints à la tiédeur d’une chambre, délivrant la houppe des étamines jaunes, heureuses de vivre et de diverger. » Colette, Pour un herbier, 1947
Pour aller plus loin :
- une sélection des plus beaux ouvrages de Gallica consacrés aux fleurs, où vous pourrez rechercher les hellébores au fil des pages.
- le Calendrier floral du Jardin des Plantes qui met la rose de Noël à l’honneur en décembre.
- un billet sur une autre fleur emblématique de Noël, le poinsettia.
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