Les animaux de la rue de Richelieu
Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.
En tant qu’établissement à vocation patrimoniale, la BnF n’est pas connu pour apprécier particulièrement les animaux dans ses murs. Souris et insectes sont des fléaux redoutés, et les animaux domestiques ne sont pas autorisés à accompagner les lecteurs. Pourtant, le décor du site historique de la bibliothèque n’a pas oublié de rendre hommage au règne animal : voici un tour d’horizon des bêtes illustres du site Richelieu.
La salle Labrouste accueille également un autre animal plus atypique dans son décor : un petit écureuil à demi caché derrière une branche d’arbre peint par Alexandre Desgoffe. Sur les esquisses de l’artiste, le rongeur n’apparaît pas, seuls quelques oiseaux se distinguent dans le ciel. Est-ce que l’ajout du rongeur fut une demande expresse de Labrouste ?
Enfin on peut signaler un autre animal qui a disparu de la salle de lecture, c’est l’aigle impérial qui surmontait jadis la porte menant au magasin central. A la chute du second Empire, l’emblème est ôté et remplacé par une couronne.
Si la salle des Manuscrits a été réaménagée dans le style du XVIIIe siècle par Jean-Louis Pascal, il a suivi le goût néoclassique insufflé par son prédécesseur Henri Labrouste pour les portes donnant sur le palier. On ne manqua pas de relever déjà à l’époque que ce décor néoclassique tranchait assez avec les boiseries de style Louis XV.
Sous les flambeaux de chaque battant, deux "chiens-loups" peu engageants font office de gardiens. Celui de droite est aujourd’hui particulièrement poli, soumis depuis près d'un siècle et demi aux mains des lecteurs et des bibliothécaires.
Porte d'entrée de la salle de lecture des Manuscrits, 1886.
Le plus vieil animal présent dans le décor du site Richelieu est un autre type de loup, plus chaleureux. Il s'agit de la louve allaitant Romulus et Rémus sur la voûte de la galerie Mazarine, peinte par Romanelli entre 1644 et 1645. L'ensemble des décors retrouvera son éclat à l'issue du chantier de restauration et de rénovation des lieux.
Le successeur de Labrouste, Jean-Louis Pascal, a également choisi d’honorer Minerve dans le décor des nouveaux bâtiments qu’il fit édifier rue Vivienne. A l’angle de cette rue et de la rue Colbert, il fit placer une horloge encastrée dans un bas-relief figurant L'Etude à sa table de travail entre la veille et le sommeil, réalisée par Louis Ernest Barrias en 1903. Il place au-dessus une lucarne surmonté d’une chouette, et au-dessous un coq chantant aux ailes déployés, incarnant la jeune république. Ces deux animaux figurant le jour et la nuit encadrent symboliquement le temps qui passe.
Extrait de la revue "L'Architecture", n°50, 1903 -
Consultable sur le site de la Bibliothèque de la Cité de l'architecture et du patrimoine.
"L'oiseau de nuit cher à Minerve", selon la formule de Pascal, est aujourd'hui dissimulé derrière les échafaudages. Perchée sur sa lucarne, la chouette devrait retrouver son éclat à l'issue des travaux du site.
Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.
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