Manuscrits musicaux de Claude Debussy
Cette rubrique rassemble les manuscrits musicaux de Debussy présents dans Gallica, classés par genre.
La BnF peut s’enorgueillir de conserver une très belle collection de manuscrits de Claude Debussy, la plus riche au monde. Le noyau de la collection est constitué d’un ensemble important de cinquante manuscrits destinés à la gravure, généreusement offerts en 1923 à la Bibliothèque du Conservatoire par l’éditeur Jacques Durand (1865-1928), Les autres manuscrits ont été acquis en salle des ventes ou auprès de collectionneurs privés. On trouve là des copies au net, des brouillons ou manuscrits de travail, ainsi que quelques carnets d’esquisses précieux pour retracer la genèse de l’œuvre.
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La maison de la Place de la Madeleine devient l’éditeur exclusif de Debussy à partir de 1905. Condisciple de Debussy au Conservatoire, Jacques Durand restera proche du compositeur jusqu’à ses derniers instants. La graphie élégante des partitions, le soin apporté à la mise en page, reflètent un souci esthétique assumé, qui s’affirme dès 1902 avec le manuscrit de Pelléas et témoigne de la proximité du compositeur avec les milieux artistiques de son temps.
Mis au net pour la gravure, dont ils portent les marques, la plupart des manuscrits sont calligraphiés par le compositeur au recto des feuillets, le verso restant blanc, et portent souvent des titres rehaussés de couleur. On y retrouve cette élégance et ce souci esthétique, qui est la marque du compositeur et qui transparaît dans les illustrations de couverture de certaines éditions. À ce titre, le manuscrit du Quatuor à cordes, expédié, plié sous pli postal à Eugène Ysaÿe, occupe une place à part : c’est en effet l’un des rares manuscrits « de travail » du compositeur, laissant deviner quelques ultimes repentirs sous les grattages.
De nombreux manuscrits sont également issus de collections privées (ainsi des collections de Tinan, André Meyer, Prunières). Ils proviennent soit d’amis proches dédicataires des œuvres (Alice Peter, belle-sœur de René Peter, Robert Godet, etc.). La dédicace à l’épouse de Lucien Fontaine, ami fidèle de Debussy, portée sur un manuscrit du « Tombeau des Naïades », troisième des Chansons de Bilitis, est à ce titre significative :
Ce manuscrit à Madame Lucien Fontaine pour sa fête et pour l'assurer une fois de plus de ma particulière sympathie, et de ma joie d'etre (sic) son tres (sic) fidèle Claude Debussy Mercin. 23. Aout 98.
Plusieurs partitions ou esquisses sont également offerts à Emma Bardac (1862-1834), qui épouse Debussy en 1908 et sera la mère de leur fille Chouchou.
Cette tendance du compositeur à honorer ainsi les femmes de sa vie apparaît dès les années 1883 avec ce carnet de « Croquis musicauw » comportant plusieurs esquisses de mélodies sur des textes de Maurice Bouchor et Charles Cros, offert par le compositeur à sa première épouse, Rosalie Texier dite « Lily » (1872-1932). Le témoignage de Robert Godet, prétendant que Debussy « ne se mettait à écrire un ouvrage que lorsqu’il l’avait achevé dans sa tête, et sans aucun secours instrumental », s’il est certainement fondé, demande cependant à être nuancé. Des esquisses sont ainsi conservées pour certaines œuvres de grande envergure, comme Pelléas ou Ibéria, mais également pour certaines œuvres pour lesquelles le compositeur a eu moins de facilités, comme le fameux Final de la Sonate pour violon. Cinq carnets d’esquisses sont ainsi conservés dans les collections. Leur étude souvent complexe permet néanmoins de préciser dans certains cas la chronologie des œuvres. La présence dans le même carnet d’esquisses pour les Scènes au crépuscule et du Quatuor à cordes a ainsi permis de préciser la période de composition de ce dernier , par recoupement avec des lettres au Prince André Poniatowski, alors mécène de Debussy.