Œuvre poétique de Victor Hugo
Mallarmé disait de Hugo qu'il "était le vers personnellement". De fait, la poésie est la forme dominante et la plus constante de la création hugolienne. Cette sélection invite à se plonger dans cet océan de dizaines de milliers de vers.
"Ce livre inutile de pure poésie", comme Hugo le qualifiait lui-même, connut un immense succès. En vers virtuoses, il explorait, ou suscitait, un "Orient" qui était bien plus une province de l'imaginaire qu'une réalité géographique. De l'Andalousie au Levant, de la Grèce à l'Afrique du nord, de la Turquie à l'Ukraine, Les Orientales déploient des rêveries voluptueuses ou cruelles, mais évoquent aussi les événements contemporains, en particulier la guerre d'indépendance grecque.
Manuscrit, édition originale (1829), mises en musique de certains poèmes...
Composé de part et d'autre de la révolution de juillet 1830, Les Feuilles d'automne écarte volontairement l'inspiration politique. Au seuil de l'âge mûr, Hugo interroge le rapport de l'artiste à la société et à l'Histoire et, dans une veine sereine et déjà mélancolique, élabore une poésie à la fois intime et méditative.
Manuscrit, édition originale (1832)...
Publiés en 1835, Les Chants du crépuscule veulent exprimer "cet étrange état crépusculaire de l'âme et de la société dans le siècle où nous vivons ; cette brume au dehors, cette incertitude au dedans ; ce je ne sais quoi d'à demi éclairé qui nous environne". Les méditations sur les révolutions, la gloire et la chute des empires, y côtoient une inspiration intime, illuminée par le jeune amour de Hugo pour Juliette Drouet, rencontrée en 1833.
Ce recueil, qui suit d'assez près Les Chants du crépuscule, partage les mêmes thématiques, mais la question de l'injustice sociale y devient plus prégnante. Hugo y fait aussi naître un de ses doubles, Olympio, figure du poète romantique, à la fois solidaire de l'humanité et condamné par son génie à la solitude.
Manuscrit, édition originale (1837).
Ce recueil ample et riche vient conclure la série des recueils "lyriques" du Hugo d'avant l'exil. Dans la décennie qui suit, les épreuves personnelles et l'activité politique ne lui laissent de temps que pour des poèmes isolés, dont certains ne paraîtront qu'après sa mort. Il faudra attendre Les Contemplations pour que reprenne le chant interrompu.
Manuscrit, édition originale (1840)...
Exilé à Bruxelles puis à Jersey, Hugo écrit en quelques mois ce monument poétique plein de fureur, dénonciation implacable et virtuose du coup d'État du 2 décembre 1851 et du nouveau régime du prince-président, bientôt empereur. Publié en 1853 sous le titre Châtiments, il est réédité en France dès l'automne 1870, enrichi de l'article "les" que l'usage avait imposé, et de quelques pièces supplémentaires.
Découvrez le manuscrit, les reliquats accumulés par Hugo pour un second tome qui ne vit pas le jour, l'édition originale de 1853, la seconde édition complétée de 1870...
Autobiographie poétique, « mémoires d’une âme », épopée spirituelle, Les Contemplations marquent, en 1856, le grand retour de Hugo à la poésie lyrique, plus de quinze ans après la publication de son recueil précédent.
On peut découvrir sur Gallica le manuscrit du recueil et les reliquats, l'édition originale, les partitions de poèmes mis en musique, une lecture de certains de ces poèmes par Antoine Vitez dans un documentaire réalisé par Eric Rohmer en 1966 pour le service de la radio-télévision scolaire.
Initialement conçu comme un recueil de "petites épopées", La Légende des siècles évolua vers un projet démesuré : embrasser l'histoire de l'humanité, de la Création au vingtième siècle à venir. La rédaction des poèmes couvre trois décennies, et la publication s'étala sur près de vingt ans : la première série parut en 1859, la seconde en 1877, et la dernière en 1883. Les manuscrits reflètent la complexité et l'inachèvement de cette entreprise prométhéenne.
Après trois recueils monumentaux, Hugo revient en 1865, avec ces Chansons, à une inspiration légère. L'alexandrin fait place à des mètres plus courts qui, en couplets et refrains, célèbrent la nature, la jeunesse et l'amour.
Cette année terrible, c'est, d'août 1870 à juillet 1871, celle de la guerre franco-prussienne, du désastre de Sedan, de la chute du Second Empire, du siège de Paris, de la Commune ; mais aussi, pour Hugo, celle du retour en France après 19 ans d'exil, de la descente dans l'arène parlementaire, de la mort brutale de son fils Charles... Avec ce recueil puissant, Hugo, presque septuagénaire, propose une innovation poétique audacieuse : une chronique d'histoire immédiate en vers, mêlant événements publics et vie personnelle.
Manuscrit, édition originale (1872), édition illustrée (1874).
Dernier recueil original publié par Hugo, L'Art d'être grand-père est dédié à ses deux petits-enfants, Georges et Jeanne.
Manuscrit, édition originale, mises en musique de certains poèmes...
Entre 1877 et sa mort, Hugo publie encore plusieurs longs poèmes d'inspiration spirituelle et philosophique : Le Pape, La Pitié suprême, Religions et religion, L'Âne.
Enfin, en 1881, Les Quatre Vents de l'Esprit rassemble des poèmes écrits au cours des trois décennies précédentes, répartis en quatre livres : satirique, dramatique, lyique, épique.
Après la mort de Hugo, ses exécuteurs testamentaires publient deux vastes poèmes épiques et métaphysiques qui devaient faire suite à La Légende des siècles, entrepris pendant l'exil et restés inachevés : La Fin de Satan et Dieu.
Enfin, des recueils posthumes rassemblent des poèmes publiés séparément ou restés inédits à la mort de Hugo : Toute la lyre, Dernière Gerbe, Les Années funestes.
Tout au long de sa vie, et plus intensément pendant l'exil, Hugo a noté sur des bouts de papier des fragments poétiques, de l'hémistiche à la strophe. Ceux qui n'ont pas été repris dans des poèmes complets se sont accumulés, formant un "Tas de pierres", aussi désigné par le poète sous le titre d'ensemble "Océan". Rangés dans des chemises par thèmes, ils ont été ensuite reliés en volumes.