Essentiels de l'économie - accès par auteur : A-B
Aristote, Frédéric Bastiat, Adolphe Blanqui… Consultez et téléchargez gratuitement une sélection de titres fondamentaux en histoire de la pensée économique, classés par ordre alphabétique d'auteur (lettres A-B).
Économiste et physiocrate français. Avocat au parlement de Bretagne, il contribue à la création de la Société d’agriculture, de commerce et des arts et en rédige les Corps d’observations avec Jean-Gabriel Montaudouin de la Touche. Promoteur efficace et admiré de la doctrine de la liberté du commerce, Abeille est un disciple de l’école de Quesnay. Il défend la doctrine physiocratique dans une brochure intitulée Lettres d’un négociant sur la nature du commerce des grains (1763). En 1768, il publie avec succès deux écrits économiques dont le livre Principes sur la liberté du commerce des grains. Il est également nommé secrétaire du Bureau du commerce par le Contrôleur général des finances qui l'estime pour ses conseils en matière d’économie politique.
Originaire de Macédoine, fils de médecin, Aristote fait ses études à l’Académie d’Athènes auprès de Platon dont il est le plus brillant disciple. Devenu précepteur d’Alexandre, puis fondateur du Lycée à Athènes, il développe sa philosophie parallèlement à une activité ininterrompue d’enseignement. Dans l’Éthique à Nicomaque comme dans La Politique, il développe la notion de chrématistique (art de s'enrichir) qui s'oppose à la notion d'économie et désigne la conduite du bien-être de la communauté. Il distingue la « chrématistique naturelle » liée à l'approvisionnement de la communauté où la monnaie ne doit servir qu’à l'échange, de la chrématistique « commerciale » liée au fait de « placer la richesse dans la possession de monnaie en abondance ».
Inconnu par ailleurs, É. d'Artois indique dans sa préface à Des syndicats agricoles : historique, commentaire de la loi de 1884, paru en 1895, que lui-même a des liens avec le monde agricole. Il s’agit de la loi du 21 mars 1884, dite loi Waldeck-Rousseau, relative à la création des syndicats professionnels. D’Artois déclare : « L'objet de ce travail sera d'en démontrer l'utilité, au point de vue agricole, les conséquences qu'on peut en tirer, les créations économiques qu'elle peut provoquer et soutenir. » Pour lui, les syndicats agricoles ont vocation à seconder les efforts de l’enseignement agricole, par des conférences, la création de bibliothèques et l’appui aux démarches administratives.
La Chesnaye Des Bois est principalement connu pour son Dictionnaire de la noblesse. Il est également l’auteur d’un Dictionnaire universel d’agriculture et de jardinage, de fauconnerie, chasse, pêche, cuisine et manège et d’un Dictionnaire domestique portatif, contenant toutes les connoissances relatives à l'oeconomie domestique & rurale. Moine franciscain au couvent d’Évreux, il le quitta sans être relevé de ses vœux et se maria, ce qui lui valut d’être emprisonné à Saint-Lazare puis exilé à Amsterdam. Il multiplia les écrits pour survivre mais mourut dans le dénuement.
Chargé de cours en droit administratif à l'École des ponts et chaussées à partir de 1865, Léon Aucoc est aussi membre du Conseil d'État de 1852 à 1879 et membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Outre ses travaux sur le droit administratif, il est l’auteur d’un article sur « La question des propriétés primitives » paru dans la Revue critique de législation et de jurisprudence en 1885 ; il y analyse et critique l’article d’Émile Belot (1829-1886) intitulé « Nantucket : étude sur les diverses sortes de propriétés primitives » (Annuaire de la Faculté des lettres de Lyon, 1884).
Homme politique, administrateur et économiste. Devenu Directeur de la Comptabilité générale des finances en 1814, il entreprend une réforme des finances publiques dans une France mise à mal financièrement par la Révolution, puis endettée par les dépenses militaires de Napoléon. Il publie le Système financier de la France, en six volumes (1863-1870), considéré comme le meilleur ouvrage sur la matière en son temps, plusieurs fois réédité et augmenté de son vivant jusqu’en 1876.
Inspecteur des finances et fils d’Antoine-Denis Bailly, prote de l’imprimerie Didot Jeune et lui-même auteur de plusieurs ouvrages, Antoine Bailly est de 1839 à 1846, au ministère des Finances, directeur de la dette inscrite. Il est connu pour son Histoire financière de la France, depuis l'origine de la monarchie jusqu'à la fin de 1786, parue en 1830 ainsi que pour son Exposé de l'administration générale et locale des finances du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande... (1837).
Mathématicien spécialiste de la tenue des comptes. Sous la protection de Colbert, il devient arithméticien du Roi. Ses travaux, complétés par son petit-fils Nicolas Barrême (1687-1742), ont posé les bases de la comptabilité à l’époque moderne. Leur ouvrage le plus célèbre, le Livre nécessaire pour les comptables, avocats, notaires, procureurs, négociants, et généralement à toute sorte de conditions (1756), connu sous le titre de Barrême universel, est à l’origine du mot « barème ».
Économiste et homme politique français. Ayant pratiqué le commerce et la gestion de terres agricoles, admirateur de l’action du Britannique Richard Cobden, il développe une pensée libérale, reposant sur la défense du libre-échange et de la concurrence. Il expose ses idées dans le journal Le Libre-échange qu’il a créé. Il s’oppose au socialisme et au colonialisme. Il place la liberté de l’individu vu comme consommateur et non producteur au centre de son analyse, qu’il diffuse à travers de multiples pamphlets, dont La pétition des fabricants de chandelles (1845).
Il fonde en 1765 les Éphémérides du citoyen qui, sous diverses formules, est entre 1767 et 1788 l’organe principal de diffusion des idées physiocratiques. Dès 1763, il se fait connaître par des ouvrages proposant des réformes financières. Opposé d’abord aux physiocrates, il se convertit en 1767 à leurs théories suite à une controverse avec Le Trosne. Le nom de Baudeau est également associé à Turgot à propos des Lettres sur les émeutes populaires que cause la cherté des bleds. Dans la préface de ses Idées d’un citoyen presque sexagénaire sur l’état actuel du royaume de France, comparées à celles de sa jeunesse, il revient sur son parcours et sur ce qu’il doit à Quesnay.
Homme politique allemand. Tourneur de formation, il s’engage en faveur du socialisme et adhère à l’Association internationale des travailleurs. En autodidacte, il met à profit des temps d’emprisonnement liés à son activisme socialiste pour étudier l’histoire des Etats islamiques et se prononce pour le dialogue des cultures. Représentant de Strasbourg au Reichstag (1893-1898), il dirige le parti social-démocrate allemand (SPD) dès 1900, et prend des positions à mi-chemin de la gauche et du réformisme. On lui doit une réflexion sur l’égalité des sexes, dans La femme dans le passé, le présent et l'avenir, aussi connu sous le titre La femme et le social.
Juriste, spécialiste de droit pénal (Des délits et des peines, 1764), Cesare Beccaria est le titulaire de la première chaire économique de Milan pendant deux ans (1769-1770) avant d’occuper un emploi dans la haute administration. Dans ses cours et ses rapports, il développe une forme d’« économie publique », insérée dans la pensée juridique mais à laquelle il donne aussi des fondements mathématiques. Son enseignement, qu’il n’a jamais publié, est restitué dans Elementi di economica pubblica (1804), dont la deuxième partie « Dell'agricoltura politica » est traduite en français en 1852 sous le titre Principes d'économie politique appliqués à l'agriculture.
Théodore-Napoléon Bénard fait des études de commerce en Angleterre où il s’installe comme entrepreneur. Revenu en France après la révolution de juillet, il devient rédacteur au quotidien Le Siècle. Il y reste jusqu’en 1869. Suite au traité de libre-échange entre la France et l’Angleterre en 1860 il crée l'hebdomadaire L’Avenir commercial. C'est un libéral opposé à l'intervention de l'État qui crée des « bénéfices factices » et aux monopoles préjudiciables au consommateur. Il s'oppose au protectionnisme et demande une régulation juridique du commerce international et des affaires maritimes. Il dénonce également les socialistes, proudhoniens, communistes ou anarchistes et leurs revendications « fantastiques », comme l’expropriation ou la gratuité du crédit, qui « foulent aux pieds le droit du plus grand nombre ». Il souhaite appliquer ses idées en Algérie récemment colonisée où il meurt en 1873.
Médecin de formation, Jacques Bertillon est un statisticien dont les travaux ont contribué, dans la lignée de ceux de son père Louis-Adolphe, au développement de la démographie. Nommé à la tête du service des statistiques de Paris, il met au point un système de classification des décès. Il travaille notamment sur la dépopulation (Essai de statistique comparée du surpeuplement des habitations à Paris et dans les grandes capitales européennes, 1895, La Dépopulation en France, 1911). Son œuvre lui vaut honneurs et responsabilités, dont celles de rédacteur en chef des Annales de démographie internationale et président de la Société statistique de Paris.
Homme politique, agronome et écrivain français. Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris. Il a publié des travaux sur la minéralogie, la géologie, et sur divers points de droit constitutionnel et d'économie sociale, notamment la question du paupérisme, avec De la misère des ouvriers et de la marche à suivre pour y remédier (1832) et Du paupérisme, de la mendicité et des moyens d'en prévenir les funestes effets (1834). Il devient ainsi correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques. En 1835, il entre à la Chambre des Pairs en tant que royaliste constitutionnel. Il prend une part assez considérable aux travaux de cette assemblée où il vote avec le gouvernement. Il reste très actif dans le monde politique jusqu’à sa mort.
Homme politique, historien, journaliste, Louis Blanc fonde en 1839 la Revue du progrès politique, social et littéraire et publie la même année l’Organisation du travail où il systématise ses idées économiques. Opposé à l’école classique, il voit dans la concurrence un « antagonisme universel » à l’origine de tous les maux de la société industrielle. Pour y échapper, il propose que le gouvernement crée des « ateliers sociaux », associations ouvrières de production qui permettent d’assurer le droit au travail. En février 1848, Louis Blanc, qui écrit dans le quotidien socialiste La Réforme, est proclamé membre du gouvernement provisoire et peut tenter l’expérience des ateliers sociaux avant de devoir finalement s’exiler à Londres.
Frère du révolutionnaire socialiste Auguste Blanqui, Adolphe Blanqui est professeur à l’École spéciale de commerce de Paris, dont il devient directeur, puis à partir de 1833 titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers où il prend la suite de Jean-Baptiste Say. Auteur notamment d’une Histoire de l’économie politique en Europe (1837), il est chargé par l’Académie des sciences morales et politiques d’enquêtes et rapports en France (dont l’enquête sur les classes ouvrières de 1848), Espagne, Algérie, Turquie.
Économiste français né à Abbeville. Sa plus ancienne œuvre connue, Le banquier françois ou la pratique des lettres de change, est parue en 1724. Le banquier et négociant universel, paru en 1760, est son dernier ouvrage important.
Économiste, essayiste et statisticien d'origine prussienne, Maurice Block fait ses études en Prusse. Naturalisé français en 1848, il fait carrière dans l'administration française et occupe le poste de sous-chef du service de la statistique générale jusqu'en 1861. Il a publié de nombreux articles et ouvrages parmi lesquels Petit manuel d'économie pratique (1880) et Les progrès de la science économique depuis Adam Smith (1890). Il est notamment membre de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques), du Comité de commerce (président jusqu’à sa mort), de la Société nationale et centrale d'agriculture, de la Société centrale d'horticulture de France, de la Société royale et centrale d'agriculture de Prusse et du Conseil de la Société d'encouragement à l'industrie nationale.
Économiste autrichien. Ministre des finances à trois reprises entre 1895 et 1904, Böhm-Bawerk instaure l’impôt sur le revenu et restructure la dette. Il a contribué au développement de l'École autrichienne d'économie. Son œuvre majeure la Théorie positive du capital (1889) expose sa théorie marginaliste de l'intérêt et du capital. Antimarxiste, selon lui l'utilité - et non pas le travail - est le fondement de la valeur. Il reste également connu pour sa théorie de l'investissement, fondée sur deux notions-clés : le détour de production et la préférence pour le présent.
Journaliste, Victor Borie est proche de théoriciens du socialisme comme Pierre Leroux et de George Sand, avec qui il fonde La Cause du peuple en 1848. Il fonde l'année suivante le Travailleur de l'Indre. Il se spécialise ensuite dans les questions d'économie agricole et rurale : il est secrétaire de la rédaction du Journal d'agriculture pratique avant de devenir rédacteur en chef de L’Écho agricole en 1871. Il publie notamment Mélanges d'économie rurale : l'agriculture au coin du feu en 1858 et Les douze mois : calendrier agricole en 1877. Ses nombreux articles et ouvrages sur l'agriculture lui valent d'être décoré de la Légion d'honneur en 1863 et d'être admis à la Société centrale d'agriculture de France en 1866.
Homme politique et journaliste, Jacques-Pierre Brissot de Warville est le chef de file des Girondins pendant la Révolution française. Critique de la société d’Ancien Régime, il est très influencé par Jean-Jacques Rousseau. Il exprime ses idées dans Le Patriote françois, le journal qu’il a fondé et qu’il dirige et rédige de nombreux textes, dont Recherches philosophiques sur le droit de propriété considéré dans la nature (1780), où il dénonce l’abus du droit de propriété mais ne prône pas l’égalité dans ce domaine.
Meunier de l’Hôpital général de Paris et membre de la Société royale d'agriculture, César Bucquet est surtout connu pour avoir mis au point la méthode de la mouture économique (Mémoire sur les moyens de perfectionner les moulins et la mouture économique). Grâce à cette méthode, il obtient pour l'hôpital un pain meilleur et plus substantiel ainsi qu'une économie de farine d'environ 600 kg par jour.
Docteur en droit, juriste et sociologue, Paul Bureau est professeur à la Faculté libre de droit et à l'Ecole des hautes études sociales. Il enseigne aussi le droit international à l'Institut catholique, à Paris. Il est président de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique de 1906 à 1923, proche dès l'origine du mouvement nataliste (notamment l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population française de Jacques Bertillon ou le Comité français pour le relèvement de la natalité). Dans le champ de l'économie, on lui doit L'association de l'ouvrier au profit du patron et la participation aux bénéfices (1898) et Le Contrat de travail, le rôle des syndicats professionnels (1902).
Economiste français, Eugène Buret remporte le grand prix au concours de l'Académie des sciences morales et politiques sur le paupérisme, grâce à De la misère des classes laborieuses en Angleterre et en France... Ce tableau saisissant de la triste situation des classes laborieuses dans les centres manufacturiers des deux pays, rencontre un grand succès auprès de ses pairs, malgré des positions nettement différentes de la très grande majorité d'entre eux.
Premier commis de la direction générale des finances sous l’Ancien régime, il perd sa place en 1789. Il devient secrétaire de la section révolutionnaire du Mail, électeur, membre du comité civique mais ne fera plus partie du bureau de la comptabilité. Il publie entre 1791 et 1797 plusieurs textes qui proposent une analyse de la crise financière et des moyens pour en sortir : Des moyens de rectifier l'organisation du département des contributions publiques (1792) ; Assignats, l'impôt est le seul moyen d'en diminuer la masse (ca 1794) ; Des charges et revenus ordinaires de l'État ou Réflexions sur le discours concernant la situation des finances (1797).