Débats économiques et sociaux - Organisation du travail
Sélection de textes disponibles dans Gallica sur l’organisation du travail. En effet, avec la généralisation des manufactures, la question de l’organisation du travail ouvrier devient un sujet largement discuté par les économistes, premiers théoriciens de la gestion d’entreprise.
Homme politique, historien, journaliste, Louis Blanc fonde en 1839 la Revue du progrès politique, social et littéraire et publie la même année l’Organisation du travail où il systématise ses idées économiques. Opposé à l’école classique, il voit dans la concurrence un « antagonisme universel » à l’origine de tous les maux de la société industrielle. Pour y échapper, il propose que le gouvernement crée des « ateliers sociaux », associations ouvrières de production qui permettent d’assurer le droit au travail. En février 1848, Louis Blanc, qui écrit dans le quotidien socialiste La Réforme, est proclamé membre du gouvernement provisoire et peut tenter l’expérience des ateliers sociaux avant de devoir finalement s’exiler à Londres.
Économiste et homme politique français, disciple de Saint-Simon, Michel Chevalier est l'auteur de Cours d'économie politique (1842). En 1832, il part en mission aux États-Unis et au Mexique pour y observer l'état industriel et économique des Amériques. Il devient conseiller d’État puis professeur au Collège de France où il obtient la chaire d'économie politique. En tant que conseiller économique de Napoléon III, il négocie le traité franco-britannique de libre-échange de 1860 (traité Cobden-Chevalier). Convaincu que le commerce et l’industrie rapprochent les peuples, il s’investit activement aux Expositions universelles de 1862 et 1867.
Fils d’ouvrier et lui-même ouvrier, Alexandre Compagnon participe à l’établissement de la caisse de secours mutuels des ouvriers tapissiers en 1818, devient membre du Conseil des prud’hommes dans la section des tissus en 1847 puis est élu juge suppléant au tribunal du commerce de la Seine en 1849. En 1848, il fonde la Chambre syndicale des tapissiers de Paris qu’il préside de nombreuses années. Préoccupé par la précarité et la misère ouvrières, il publie Les classes laborieuses : leur condition actuelle, leur avenir par la réorganisation du travail en 1858, ouvrage dans lequel il fait une histoire des classes ouvrières, dresse un état de leur condition et propose une réorganisation de leur travail et l’application d’un système de solidarité.
Ouvrier typographe, Anthime Corbon participe en 1840 à la création du journal L’Atelier, « écrit par des ouvriers et pour des ouvriers », dans lequel il publie des articles d’inspiration saint-simonienne. Engagé dans la Révolution de 1848, il occupe jusqu’à sa mort différents mandats politiques, passant du socialisme réformiste à une position républicaine plus modérée. Avec De l’enseignement professionnel, publié en 1859, il est l’un des premiers à se préoccuper de la formation professionnelle des ouvriers.
Industriel et homme politique français, Nicolas Ducarre est franc-maçon et membre de plusieurs sociétés savantes de Lyon dont l’Académie des sciences, belles-lettres et arts et la Société d'économie politique. Dirigeant d’une entreprise de toiles cirées, il dépose en 1852 un brevet sur le mode de traitement des matières grasses et leur emploi pour les toiles imperméables. Il devient Conseiller municipal à Lyon et député du Rhône. En 1877, il publie le rapport Sur les conditions du travail en France : salaires et rapports entre ouvriers et patrons.
Agrégé de philosophie, professeur à l’université de Bordeaux puis à l’université de Paris, Émile Durkheim est considéré comme le fondateur de l’enseignement de la sociologie en France, ayant fait de la sociologie une discipline universitaire autonome avec un objet et une méthodologie spécifiques. En 1896, il fonde L’Année sociologique, une revue de sciences sociales lui permettant de fédérer une école autour de lui. Parmi ses nombreux ouvrages, De la division du travail social, issu de son travail de thèse et publié en 1893, analyse la transformation de la société, et en particulier de la solidarité sociale, causée par l’accroissement de la division du travail.
Entré à l’École normale supérieure en 1849, Émile Levasseur est reçu docteur et agrégé en 1854. En 1868, il est chargé du cours d’histoire des faits et doctrines économiques au Collège de France. Il devient membre de l’Académie des sciences morales et politiques, dans la section d’économie politique, statistique et finances. Il est l’un des fondateurs de la Société de géographie commerciale. Il publie Les prix : aperçu de l'histoire économique de la valeur et du revenu de la terre en France, La population française : histoire de la population française avant 1789 et démographie de la France et L'ouvrier américain : l'ouvrier au travail, l'ouvrier chez lui, les questions ouvrières.
Grande figure du syndicalisme et de l’anarchisme français au XIXe siècle et journaliste, Fernand Pelloutier devient en 1895 secrétaire de la Fédération des bourses du travail. Il s’efforce de développer ces structures qui apportent une aide multiforme aux ouvriers (bureau de placement, caisses de maladie, de décès, de chômage…) et une éducation, à la différence des syndicats, centrés sur les conditions de travail. Il laisse des travaux sur La vie ouvrière en France (1900) et l'Histoire des bourses du travail : origines, institutions, avenir (1921, posthume).
Journaliste, Louis Reybaud est l’auteur d’études remarquées sur les économistes de son temps : Études sur les réformateurs contemporains ou socialistes modernes, 1841 ; Économistes modernes, 1862. Il participe en 1841 à la fondation du Journal des Économistes. Il fait paraître une série de romans satiriques à succès : Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale (1842) et ses suites. Devenu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1850, il publie différents ouvrages sur les « manufactures », La laine (1867), Le fer et la houille (1874), Le coton (1863) et sur la condition ouvrière.
Médecin et sociologue. Chirurgien dans les armées napoléoniennes, il se consacre après 1820 à des recherches sociales et économiques et se penche sur les conditions de vie des prisonniers et des ouvriers. Il réalise une enquête considérable à travers les régions industrielles françaises, dont il tire le Tableau de l'état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (1840). Ses publications et son investissement participent à une réglementation sur le travail des enfants. Les travaux de Villermé sont reconnus dans le développement de la démographie et de la statistique.