Le tilleul

Largement répandus dans les régions tempérées de l’hémisphère nord, les tilleuls appartiennent au genre Tilia L., qui comprend une trentaine d’espèces. La croissance rapide de ces arbres leur permet souvent d’atteindre une taille respectable et de présenter un tronc « d’une grosseur colossale ». Leur imposante ramure leur confère une ombre appréciée, à laquelle est due leur présence fréquente en ville. Cet arbre orne promenades et jardins publics : il est l’une des essences vedette de l’urbanisme et se prête bien aux alignements le long des boulevards ou à un rôle pivot au centre des places. De ce fait, il est pleinement intégré à la vie des communautés villageoises : à l’ombre du tilleul, on rend la justice. Cet arbre se prête aussi à des coutumes plus festives. Ses frondaisons abritent foires et autres assemblées. Dès le « doux moi de Mai » arrivé, on se réunit pour danser au pied du tilleul.

Gérardmer, place du Tilleul (carte postale), Epinal, Homeyer et Ehret, 1880-1945.

Parmi les tilleuls européens, les plus répandus sont les tilleuls à petite feuille (Tilia cordata Mill.) et les tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos). Ces derniers sont fréquemment plantés pour l’ornement. La longévité des tilleuls est l’une de leurs caractéristiques. Ces arbres plongent souvent leurs racines dans l’histoire lointaine des villages et pays où ils croissent. Le tilleul voisin de la basilique de Vaucouleurs est réputé avoir été contemporain de Jeanne d’Arc. A Gérardmer, c’est au temps d’Henri IV que l’on renvoie les origines du tilleul de la place qui porte son nom.

Pierre-Joseph Redouté, “Tilia pubescens” dans François-André Michaux, Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, Paris, L. Haussmann et d' Hautel, t. III, 1813.

Les tilleuls ont des feuilles alternes, au long pétiole, au limbe assez large et à la forme de cœur caractéristique. On reconnaît également les tilleuls à leurs petites fleurs groupées, d’une couleur blanche tirant sur le jaune. Ces fleurs sont réputées pour leurs propriétés médicales : la tisane de tilleul est ainsi recommandée pour soigner insomnies ou autres troubles nerveux. Dans certains ouvrages médicaux, des décoctions à partir du bois de tilleul peuvent également être préconisées.

Jean de Cuba, Ortus sanitatis translaté de latin en françois, Paris, pour Antoine Vérard, 1499-1502.

Les fleurs des tilleuls sont très parfumées et particulièrement mellifères : au printemps, les insectes – et notamment les abeilles – en raffolent. Les oiseaux affectionnent également l’épais feuillage du tilleul où ils forment de véritables orchestres. Dans l’Ortus sanitatis, ou Jardin de santé, encyclopédie imprimée à la fin du XV^e siècle, le tilleul est ainsi le seul arbre représenté en compagnie d’oiseaux. Arbre des fêtes et des chants, le tilleul entretient décidément un lien étroit avec la musique : il est aussi l’allié des luthiers, qui font usage de son bois tendre et léger. Les touches de piano ou d’orgue peuvent aussi être faites de bois de tilleul.

Pour aller plus loin :

• La section consacrée aux arbres de la sélection Gallica : La nature en image – les plus beaux ouvrages de botanique illustrés

• Prolongez votre découverte de l’histoire culturelle du tilleul dans le catalogue général.