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Des Italiens aux côtés de l'armée française dans la Grande Guerre

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22 novembre 2016

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Dès le début de la Première Guerre mondiale, un phénomène singulier se produit : des Italiens prennent les armes avant que le royaume d’Italie ne déclare la guerre, en mai 1915.

7 février 1915, Gare de Lyon. Le général Ricciotti Garibaldi et sa famille arrivent à Paris, Photographie  Agen

Pendant l’été 1914, des milliers d’Italiens venant des villes du nord et du centre de la péninsule, ou émigrés en France (Midi, régions lyonnaise et parisienne) ou aux États-Unis, s’enrôlent  dans la Légion étrangère.  Ricciotti Garibaldi, fils de Giuseppe, rêve d’une légion toute italienne (et slave) et pour la réaliser, rappelle ses fils dispersés dans le monde entier. Cependant, pour ne pas gêner la position des autorités italiennes, alors neutres, la légion est limitée à 2200 hommes.

Le 4e régiment de marche, surnommé le « régiment des Garibaldiens », est créé le 5 novembre 1914, au sein de l’armée française, et placé sous le commandement  du lieutenant-colonel Peppino Garibaldi, l’aîné des petits-fils de Garibaldi, revenu expressément d’Amérique. Le régiment est envoyé en Argonne où il combat de novembre 1914 à janvier 1915. Dans ses rangs, on trouve l’écrivain Kurth-Erich Suckert, alias Curzio Malaparte et Lazzaro Ponticelli, dernier poilu survivant en France, disparu en 2008. Les combats sont brefs mais sanglants. Bruno  et Costante Garibaldi,  deux autres petits-fils de Giuseppe Garibaldi, sont tués, respectivement dans les combats du Bois de Bolante et des Courtes-Chausses.

[Représentation de la mort de Bruno Garibaldi]

 

Le régiment est dissout en mars 1915 suite aux lourdes pertes et devant l’entrée imminente de l’Italie dans le conflit. À Lachalade,en Argonne, un monument à leur mémoire est inauguré, en pleine ère fasciste (21 avril 1932), par l’Association nationale des volontaires de guerre d’Italie.Si le volontariat garibaldien est l’aspect le plus connu de l’interventionnisme démocratique, qui puise ses idéaux dans la Révolution française et le Risorgimento,  l’amitié entre les « deux sœurs latines » (qui n’empêche pas des rivalités diplomatiques importantes), s’appuie également sur d’autres actes de camaraderie. Déjà en 1915, l’armée française sollicite les autorités italiennes pour l’envoi de personnel militaire ; celles-ci déclinent à cause des offensives meurtrières engagées sur l’Isonzo.

Toutefois, à partir de 1917, des milliers de soldats transalpins sont dépêchés sur le front français : il s’agit, d’une part, d’experts du génie militaire qui aident dans l’aviation et à la reconstruction des voies ferrées en Meurthe-et-Moselle, et, d’autre part, de soldats écartés du service actif, regroupés dans les Truppe ausiliarie italiane in Francia (TAIF, 60000 hommes) et les Centurie operai militari italiani (COMI, 7000 hommes) où ils sont employés essentiellement comme terrassiers.

À partir de 1918, le 2e corps d’armée italien fort de 60000 hommes rejoint également le front français. Le corps, commandé par le diplomate et général de division Alberico Albricci, combat d’abord en Argonne et dans l’Aube. En mai 1918 il joue un rôle très important  dans la Seconde Bataille de la Marne  comme dans la dernière offensive alliée au Chemin des Dames. De ce fait, le territoire de Bligny-Chambrecy (Marne) accueille depuis 1919 le cimetière militaire italien où les dépouilles des premiers volontaires garibaldiens ont été également transférées. Malgré les nombreuses initiatives de la Ligue franco-italienne,  présidée par le sénateur Gustave Rivet jusqu’en 1931,la participation italienne à la guerre sur le front occidental demeure relativement peu connue. Peut-être la rapide instrumentalisation mussolinienne, à but nationaliste, du sacrifice italien dans la Grande Guerre et, plus tard, en 1940, l’agression de l’Italie fasciste contre la France, (le « coup de poignard dans le dos »), ont-elles conditionné les récits politiques, et par là même, la mémoire de ces événements qui, dans ces années de commémorations, refont surface et nous interrogent.

Retrouvez ici tous les billets de la série "L'Italie dans la Grande Guerre"

Emanuela Prosdotti

Chargée de collections – Service Histoire

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