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Le Tour de France de Gallica, étape 20 : Marseille

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22 juillet 2017

Pour la trente-cinquième fois depuis la création du Tour de France, Marseille est ville étape. L'occasion de constater, à travers les collections de Gallica, que le cyclisme a été à Marseille un sport aussi important que le football et le nautisme le sont aujourd’hui.

Tour de France 1937, 11e étape contre la montre Toulon-Marseille le 13 juillet :
vélodrome de Marseille, arrivée de l'équipe de Belgique, en tête Gustaaf Danneels

Fin XIXe siècle, en vélocipède dans Marseille

Nullement effrayés par les rumeurs qui prétextent que le vélo est dangereux pour la santé, jamais concernés par la peur du ridicule, les Marseillais s’enthousiasment d’emblée pour ce mode de déplacement. D’abord réservé à l’élite, il est vite adopté par les classes moyennes dès que son prix d’achat le rend plus abordable. A Voiron, le fabricant Alexis-Georges Favre en témoigne en 1868 dans l’avant-propos de son ouvrage Le Vélocipède, sa structure, ses accessoires indispensables, le moyen d'apprendre à s'en servir en une heure : "Pendant huit mois, je me suis promené seul dix jours par mois tous les soirs à Marseille sur mon Vélocipède. On n’en avait jamais vu et cela semblait très-extraordinaire.[…] six mois plus tard, j’avais vendu 100 Vélocipèdes à Marseille. Valence et Marseille ont donné l’exemple à tout le midi de la France." Cette ouverture d’esprit incitera d’ailleurs l'auteur à publier son opuscule à Marseille.

Le Vélocipède, sa structure, ses accessoires indispensables…
d’Alexis-Georges Favre, Marseille, 1868

Un sport qui fait prospérer la ville

Le vélocipède fait se développer une vie sociale et une activité commerciale importante à Marseille, à une époque où la ville s'enrichit sur tous les fronts. Des vocations et des nouveaux métiers apparaissent : mécanicien, revendeur d’accessoires, vendeur ou loueur, souvent situés sur le cours Lieutaud ou le Prado, des rues dont l’identité est encore liée aujourd’hui au commerce des moyens de transport. Le premier constructeur-mécanicien marseillais se fait connaître en 1869 dans l’Indicateur marseillais, un annuaire local au cœur de l’activité de la ville. L.-H. Rousseau, puis son fils Rousseau Jeune ouvrent le Bicycle Hall Rousseau, qui deviendra en 1898 une manufacture, un manège, une salle d’exposition et un espace de remisage. L’entreprise bénéficie même d’un encart publicitaire :

Encart publicitaire de l'Indicateur marseillais 1891
pour le Bicycle Hall Rousseau.

La presse, plus particulièrement Le Petit Marseillais Illustré, relaie cette nouvelle passion à grand renfort d’illustrations, d’encarts et d’annonces qui attestent la profusion des différentes marques de bicyclettes. 

Le Petit Marseillais illustré, 10 mai 1908.

Des cercles, des clubs et des courses

Très vite, les nombreux amateurs se rassemblent pour partager cette passion et de nombreux cercles s'ouvrent. A l'échelle nationale, l'Union Vélocipédique de France met Marseille à l’honneur car la ville se révèle souvent bien placée lors de courses auxquelles participent les clubs sportifs, tel l'Amical Vélo Club.

Challenge d'honneur de l'Union vélocipédique de France, Gabriel Julien, Alibert, Curtel,
trois cyclistes de L'Amical Vélo Club de Marseille, 1er octobre 1922, photographie de presse, Agence Rol.

D'un caractère plus bon enfant, les clubs de quartiers, Marseille Vélo, Pédale de Marseille pour ne citer que les plus emblématiques, s'organisent autour d'excursions et de compétitions. La presse de tous bords, comme le Rouge-Midi en 1939, ne manque jamais de commenter ces petits événements ! Marseille se trouve des champions, en la personne d'Aldo Bettini par exemple, et les exporte jusqu'à Alger.

Les courses sont de plus en plus compétitives. Le premier vélodrome, doté d'une piste en bois, est construit en 1884 dans le quartier du Rouet. Un deuxième ouvre boulevard de Mazargues en mars 1895. Mais le cyclisme se modernise et, très visionnaire, le propriétaire M. Larchevêque remplace en 1904 ce vélodrome par une piste en ciment de 400 mètres... Grand bien lui fasse, elle sera largement rentabilisée !...

Marseille et le Tour de France

En 1902, Henri Desgrange organise le Marseille-Paris, une course de 940 kilomètres. Ces 35 heures de route remportent un succès incroyable auprès des spectateurs. L'année suivante, le Tour de France est créé. Dans cette nouvelle course, Marseille est troisième ville étape, après Paris et Lyon. Elle le sera 35 fois, malgré les conditions météorologiques souvent difficiles pour les coureurs, le mistral et la chaleur étant généralement au rendez-vous !

Les coureurs se font arroser par des spectateurs lors de l’étape Marseille-Cannes
du Tour de France 1938, Journée du 19 juillet, 12e étape Marseille-Cannes, Agence Meurisse.

1937 est une année marquante pour le vélo marseillais. La ville inaugure son stade vélodrome flambant neuf, construit sur l'emplacement du vélodrome Larchevêque. Sa piste en ciment est de 500 mètres de long sur 8 mètres de large.

Tour de France 1937, 11e étape contre la montre Toulon-Marseille le 13 juillet :
vélodrome de Marseille, Roger Lapebie (équipe de France).

Aujourd'hui, le stade a changé de nom et, depuis 1985, la piste a laissé la part belle au football... Pourtant Marseille, capitale européenne du sport 2017, célèbre à nouveau le cyclisme dans ce lieu mythique et en fait le lieu de départ et d'arrivé du contre la montre individuel de cette avant-dernière étape.

Alors en guise d’encouragements aux concurrents, citons à nouveau Alexis-Georges Favre : "Les routes avoisinant Marseille et les promenades exceptionnelles que possède cette ville favorisée sous beaucoup de rapports sont excessivement accessibles aux vélocipédistes" !

 

Annie Prunet,
Archives municipales de Marseille

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