La seconde partie du programme (à partir de 9’20’’) propose un débat en plateau entre un administratif hospitalier et un médecin. On s’aperçoit d’ailleurs au fil des échanges que la discussion échappe à l’animateur et donc certainement à l’attention des élèves derrière leurs écrans. En effet, c’est de la gouvernance de l’institution hospitalière et de son implantation sur le territoire qu'il est question, vaste sujet dont quelques défaillances sont discutées. « Il faut que le futur malade se sente responsable de ce que sera l’hôpital de demain », précise le médecin en plateau.
Cette émission est réalisée quelques années seulement après la grande réforme hospitalière de 1958. Cette année-là, le ministère de la Santé publie la première circulaire « relative à l’humanisation des hôpitaux ». Ce sujet intéressait bien avant cette date, puisqu’il s’est imposé comme essentiel à partir de 1945, date à laquelle l’hôpital a obtenu le statut de « service public ».
A partir des années 60, la télévision scolaire aborde cette thématique de l’humanisation des hôpitaux en réalisant des programmes et en proposant des documents d’accompagnement pédagogiques.
De toutes les entreprises sociales, c’est l’entreprise hospitalière qui doit être la plus humaine, qui doit réaliser la difficile conciliation du maximum de technicité avec le maximum d’humanité. »
L’un des problèmes actuels est celui de « l’Humain face à la technique », problème auquel se rattache celui qui nous occupe aujourd’hui. Les médecins ont été les premiers à alerter l’opinion publique sur ce problème de l’hôpital, et quinze ans d’efforts ont reçu une consécration officielle par la circulaire ministérielle du 5 décembre 1958 qui définit en ces termes l’humanisation des hôpitaux : L’adaptation des conditions d’hospitalisation des malades aux exigences de la vie moderne et à l’évolution du niveau de vie moyen ».
Dans
L’hôpital aujourd’hui, tourné en deux épisodes, la manière de filmer se rapproche presque du cinéma direct. L’enfant est plongé au cœur du quotidien de l’hôpital Saint-Antoine. En effet, le jeune téléspectateur est confronté au réel des professionnels de la santé dans toutes ses dimensions.
La première partie propose une déambulation de la caméra dans le service des urgences, dans le service de réanimation polyvalente, pendant une consultation, dans le bloc opératoire, au plus près des médecins, des infirmières ou aides-soignants. C’est l’aménagement et la modernisation de la structure hospitalière qui sont exposés.
Après les aspects plus techniques, la deuxième émission se concentre sur les problèmes humains et la question de l’humanisation. Il est fait référence aux limites de la réforme de 1958, notamment par rapport aux coûts très élevés qu’elle engendre, pour aboutir à une réflexion plus large sur les conditions de santé de notre civilisation. Les solutions évoquées dans le document pédagogique de l’époque annoncent « l’hôpital sans hospitalisation » à venir.
A la fin des années 70, dans le cadre de la série « Formation continue » à destination des adultes, un sujet est réalisé sur l’hôpital de Longjumeau, dont l’objectif était de faire connaître les institutions et dans ce cas précis, un établissement hospitalier en région parisienne. « Visite » commentée des différents services de santé et détails du fonctionnement d’une structure aussi importante (laboratoire, pharmacie, cuisine, lingerie…) :
750 lits, 1 500 employés, un hôpital à but non lucratif, service public fonctionnant 24h sur 24. […] Le malade ne soupçonne pas toujours qu’en dehors des infirmières, aides-soignantes et médecins qui l’entourent, un nombreux personnel contribue à son rétablissement ».
Dans ce dernier programme, la problématique de la maîtrise des dépenses de santé et la complexité de faire respecter un budget à la baisse sont évoquées, les soins hospitaliers constituant le principal poste de dépenses de la sécurité sociale. Les répercussions sur le terrain se font pourtant ressentir, l’émission se termine sur l’appel à la grève des personnels hospitaliers du 18 décembre 1979, leurs revendications : pas de licenciement, pas de fermeture de lits, augmentation des effectifs pour permettre la qualité des soins, 35 heures par semaine et défense et protection de la sécurité sociale. Préserver pour tous un accès à des soins de qualité, malgré les contraintes économiques est un enjeu de notre société moderne.
Manuela Guillemard
Pour aller plus loin
- L’hôpital aujourd’hui II. : le malade à l’hôpital (CNDP, 1976)
- Qu’est-ce qu’un hôpital ? Documents pour la classe : moyens audio-visuels, 1964
- Télévision scolaire, vidéos à voir aussi sur Gallica : Louis Pasteur (Radiovision, 1988), Pasteur et la génération spontanée (Inventeurs, inventions, 1993)
- La plateforme pédagogique MEDFILM est une base de données relative à l’histoire de la santé
- Corpus - Réseau Canopé, site web en libre accès, destiné au tout public mais spécifiquement conçu pour les enseignants de Sciences de la vie et de la Terre du collège et du lycée et leurs élèves, les parents d’élèves, les personnels de santé et les médiateurs de culture scientifique.
- Histoire de la protection sociale : La protection sociale en France et L’assurance maladie
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