Missels et calendriers
Grâce au mécénat de la fondation Polonsky, 800 manuscrits médiévaux antérieurs au XIIIe siècle conservés à la BnF et à la British Library sont en cours de numérisation. Intéressons-nous aujourd’hui aux calendriers de psautiers et missels, riches d’enseignement sur les us et coutumes religieux.
Le missel est un livre liturgique permettant de conduire les différentes étapes d’une célébration eucharistique. Il contient à la fois des prières, des pièces de chant et des leçons pour les fêtes de l’année. Il renferme également des messes dites "votives", c’est-à-dire destinées à des occasions particulières et pouvant être célébrées quand les conditions le demandent. Les missels manuscrits présentent une variété remarquable de textes particuliers, notamment car leur production est spécifique à une localité. Les fêtes et les saints présents dans les calendriers diffèrent donc fortement selon les régions, églises ou monastères. La diffusion des techniques d’imprimerie, vers la fin du XVe siècle, tendent cependant à réduire quelque peu ces particularités.
Dans le Missel de Saint-Denis, la place donnée à des saints dont le culte n’y est pas si répandu est fort surprenante. On trouve notamment le nom de saint Vaast, écrit en lettres capitales et à l’encre d’or dans le calendrier, à la fois à l’occasion de sa fête principale le premier octobre que de sa translation, le 6 février. Cet ajout et le style des enluminures nous permettent en fait de déterminer que le manuscrit a été produit à l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras. La dédicace de l'église de Saint-Denis le 24 février, qui est particulière à l'abbaye de Saint-Denis, indiquent en revanche que le manuscrit a été exécuté pour l’usage de cette dernière abbaye.
Ces pratiques sont courantes, les calendriers étant adaptés à l’usage local, en fonction des lieux de production et/ou de destination. Certains calendriers nous apprennent le cheminement d’un manuscrit au fil des temps. Le calendrier du psautier ci-dessous, par exemple, a été copié en Angleterre durant le dernier quart du XIIe siècle. Les saints anglais ont été grattés, mais il est toujours possible de deviner certains noms, comme Edmundi Regis le 20 novembre ou Mildrede Virginis le 13 juillet.
Deux siècles plus tard, une même main a ajouté une série de saints, qui suggère que le manuscrit a été adapté à l’usage de l’abbaye de la Sauve-Majeure, dans le diocèse de Bordeaux.
Les différentes encres utilisées dans les calendriers montrent également une hiérarchie entre les saints et les fêtes, les dorures étant réservées au plus importants. Les calendriers ne sont pas qu’une succession de fêtes, ils sont aussi un outil astronomique et astrologique : les indications portées permettent de se renseigner, par exemple, sur le calendrier lunaire ou sur l’entrée du soleil dans les signes du zodiaque.
Ajouter un commentaire