François Quesnay, un homme de cour ?
François Quesnay (1694-1774) est connu comme médecin de Madame de Pompadour, mais devient célèbre grâce à ses écrits d’économie politique.
L’Agriculture et maison rustique de Charles Estienne et Jean Liebault, Paris, 1583 BnF Res S-4431
Issu d’une famille modeste des Yvelines, il apprend à lire dans l’ouvrage Agriculture et Maison Rustique des médecins Charles Estienne et Jean Liébaut appartenant au jardinier de ses parents. Après la mort de son père, il décide de se consacrer à la chirurgie, ce qui lui permet d’acquérir les premiers rudiments de la saignée qu’il réfutera par la suite. Il part pour Paris, où il est placé en apprentissage chez Pierre de Rochefort, graveur ordinaire du Roi. Pourtant, il s’inscrit aux cours de médecine de la Faculté et à ceux de chirurgie de Saint-Côme. Il obtient à cette époque (environ 1715) son grade de maître ès-arts qui lui permet d’enseigner les humanités et la philosophie. Après avoir exercé le métier de chirurgien en province, il revient à Paris marié et reçoit ses lettres de maîtrise du collège de Saint-Côme. En septembre 1723, le titre de chirurgien royal lui est attribué. Quesnay pratique les saignées, les accouchements et les opérations. Il travaille souvent avec un autre chirurgien, René Croissant de Garengeot qui l’introduit auprès de François Gigot de La Peyronie, premier chirurgien du Roi. Malgré ses saignées, François Quesnay est en conflit avec Jean-Baptiste Silva au sujet de ces pratiques et fait paraître, en 1730, Observations sur les effets de la saignée dont le titre changera par la suite :
Traité des effets et de l'usage de la saignée, Paris, 1750 [BnF NUMM-281949
Protégé par le duc de Villeroy et La Peyronie, Quesnay est nommé secrétaire de l’Académie de chirurgie, qui vient d’être créée en 1731, mais il laisse sa charge à son gendre Prudent Hévin, également chirurgien. François Quesnay prend parti avec force dans la querelle qui a lieu entre les médecins de la Faculté et les chirurgiens. Il publie de nombreux petits textes contre les médecins Maloet, Santeuil, Hecquet et Astruc. Ces pièces et bien d’autres ont été réunies par Quesnay et par son gendre en plusieurs volumes de différents formats. Elles forment un ensemble considérable et très utile pour la compréhension de la médecine et de la chirurgie au milieu du XVIIIe siècle. Souvent ironiques, les noms des médecins et des chirurgiens signalés par des « astériques » ou des « points » dans le texte imprimé, sont dévoilés par une main manuscrite qui pourrait bien être celle de Quesnay. Ce recueil est conservé à la BnF sous les cotes [4-T18-121 et 8-T18-120
Introduit à la Cour par Villeroy, Quesnay est présent lors d’un malaise de Madame de Pompadour . Il voit tout de suite qu’il s’agit d’une crise d’épilepsie et devient son médecin attitré. Il est également médecin consultant du Roi et possède dans ses attributions la surveillance de l’hygiène alimentaire du Roi. Si Louis XV ne boit que du champagne frappé, c’est que le bordeaux lui est interdit par Quesnay. Pendant son service chez Madame de Pompadour, Quesnay publie encore son Traité de la suppuration et un Traité sur la gangrène, mais désormais il s’intéresse surtout à la philosophie et à l’économie. Il publie anonymement en 1759 un Essai sur l’administration des terres, mais sur la page de titre une indication manuscrite mentionne le Sieur Bellial des Vertus : pseudonyme utilisé par notre médecin. Il reçoit dans son entresol d’Alembert, Buffon, Helvétius et Condorcet et fonde l’école physiocratique où le rejoignent Victor Riqueti de Mirabeau, l’abbé Nicolas Baudeau, l’avocat Guillaume-François Le Trosne et Pierre Samuel Dupont de Nemours entre autres. Il rédige également, en 1759, son célèbre Tableau oeconomique.
Il collabore aussi à l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences pour les articles « Fermiers », « Grains », « Hommes », et publie en 1768-1769 Physiocratie ou Constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux du genre humain. Par la suite, il participe aux Ephémérides du citoyen fondé par l’abbé Baudeau. En 1773, il se tourne vers les mathématiques et écrit Recherches philosophiques sur l’évidence des vérités géométriques. Ce sera sa dernière œuvre, puisqu’il meurt en décembre 1774.
Portrait de F. Quesnay, en buste, de 3/4 dirigé à droite dans une bordure ovale
Les œuvres médicales de François Quesnay furent peu lues et reconnues. En revanche, Quesnay est aujourd’hui célèbre grâce à ses œuvres économiques, toujours très recherchées.
Commentaires
la crise d'épilepsie de Madame de Pompadour?
Il me semble qu'il y a une inexactitude dans l'évocation de la crise de l'"épilepsie" de Madame de Pompadour.
En fait, dans le texte de Mémoire de Madame du Hausset, femme de chambre de Madame Pompadour
p.57 note édition de 1824, on lit:
"La comtesse d’Estrades, alors favorite de madame de Pompadour, et amie du comte d’Argenson, s’étant trouvée un jour subitement incommodée et dans une état alarmant, le duc de Villeroi, qui était avec elle, offrit le secours de son chirurgien qu’il avait laissé dans sa voiture. Quesnay reconnut promptement que la comtesse était sujette à l’épilepsie, et qu’elle en éprouvait en ce moment une attaque ; …".
Il s'agirait donc non pas de Madame de Pompadour mais de son amie. Sauf mon erreur.
Epilepsie de Madame de Pompadour?
Il me semble qu'il y a une erreur sur la prétendue " crise d'épilepsie" de Madame de Pompadour; sauf erreur de ma part.
L'édition 1824 du Mémoire de Madame du Hausset, femme de chambre de Madame Pompadour
p.57 note édition de 1824 donne la description suivante:
"La comtesse d’Estrades, alors favorite de madame de Pompadour, et amie du comte d’Argenson, s’étant trouvée un jour subitement incommodée et dans une état alarmant, le duc de Villeroi, qui était avec elle, offrit le secours de son chirurgien qu’il avait laissé dans sa voiture. Quesnay reconnut promptement que la comtesse était sujette à l’épilepsie, et qu’elle en éprouvait en ce moment une attaque ; …"
Donc selon toute vraisemblance, il s'agirait de la crise de l'amie de madame de Pompadour.
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