Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-12-03
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 décembre 1906 03 décembre 1906
Description : 1906/12/03 (A15,N5177). 1906/12/03 (A15,N5177).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7627277t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/11/2014
3 - 12 -04
m xxmmi t
3
CHRONIQUES DOCUMENTAIRES
N B'J a p les narts
oui oe rtUint pasl
Si je. crois devoir revenir une fois de
j>lus' — qui ne sera pas la dernière -
sur la question de la mort apparente et
ides inhumations prématurées, n'allez
pas croire que ce soit pour le vain plai-
sir d' «épater » les populations par
t'étalage d'un vampirisme macabre.
C'est, tout d'abord, pour donner sa-
tisfaction aux innombrables correspon-
dante qui me supplient, sur tous les
tons, de poursuivre une campagne dont
personne, à les en croire, même parmi
les plus impassibles, ne saurait se dé-
sintéresser. C'est aussi parce que cer-
taines objections, appelant une réponse
péremptoire, ont été faites au nouveau
moyen de reconnaître la mort réelle que
j'ai préconisé à cette place (V. Journal
du 3 et du 5 novembre 1906), et que je
persiste à considérer comme infaillible
— autant, toutefois, qu'une conception
humaine peut comporter d'infaillibilité.
•Rappelons avant tout, afin que nul
h'en ignore, en quoi consiste ce pro-
cédé, auquel son ingénieux inventeur,
te docteur Icard (de Marseille), a donné
le nom, si exact et si suggestif à la fois,
de « réaction sulfhydrique ».
Eto-f t donné que le seul signe indu-
bitable de la mort est la décomposition
cadavérique, est-il possible de recon-
naître d'une façon certaine que la dé-
composition cadavérique a commencé
avant que l'odeur et les miasmes soient
devenus une gêne et un danger pour la
famille et les voisins, c'est-à-dire assez
peu de temps après le moment probable
du décès ? Telle est la question que s'est
posée le docteur Icard, et qu'il a réso-
tue par l'affirmative.
La décomposition cadavérique com-
mence, en effet, aussitôt que 1a. vie s'est
éteinte, et l'un des phénomènes par les-
quels elle se manifeste, c'eat un dégage-
ment sournois de gaz sulfurés. Ces gaz
sulfurés, ayant la propriété de noircir
l'acétate de plomb, il deVra suture d'in-
troduire un tampon de papier blanc
préalablement imbibé d'eau blanche
dans Les narines du prétendu cadavre
pour vérifier, sans risque d'erreur, s'il
s'agit d'une mort définitive et sans ap-
pel ou d'un cas de léthargie révivikei-
ble. t
D'où cette conclusion, si logique et si
rassurante, qu'on ne devrait plus désor-
mais inhumer personne avant d'avoir
procédé préjudiciellement à cet essai,
facile à pratiquer partout, sans connais-
sances spéciales, même en l'absence du
médecin. Il semble même que, dans
chaque mairie, on devrait avoir une pro-
vision de ces précieux papiers réactifs,
porta rat, tracés à l'avance, en caractères
chimiques invisibles, telle ou telle for-
mule révélatrice, — « Adieu ! » par
exemple, ou « C'est fini ! », — à laquelle
la Mort se iargerait elle-même d'appo-
ser le suprême visa.
Ceci, bien entendu, à cette double
condition, suffisante, mais nécessaire,
qu'il snit incontestablement établi :
P Que la réaction sulfhydrique" se pro-
duit toujours lorsque ùamQrt est réelle ;
2° Que cette réaction ne peut se pro-
duire jamais, sous rinfluerj'ce d'une
cause extérieure quelconque, lorsque la
mort n'est qu'apparente.
,ur le premier point, nulle difficul-
té. Les produits de la putréfaction cada-
vérique sont nombreux et variés, mais,
parmi ces produits, il en est deux qui
ne font jamais défaut, et dont la présen-
re existante est caractéristique : ce sont
l'hydrogène sulfuré et. le sulfhydrate
rt'amni! niaque. Là-dessus tous les ob-
servateurs sont d'accord, et les doutes
vaguement émis par Walter Lewis ne
résistent. pas à l'expérience.
Toutes les fois qu'il y a décomposi-
tion cadavérique, - ce qui implique la
réalité du décès, — il y a dégagement de
gaz sulfuré?.
àjoisjae-.peutr}id>as. y avoir également,
enreYallChe, "production de gaz sulfurés
uns putréfaction préalable, lorsque, par
exemple, la mort n'est qu'apparente ?
.-ur ceitte seconde question nous n'al-
tons pas retrouver la même unanimité
que sur la. première. Quelques objec-
tons, plus ou moins spécieuses, ont
surgi.
*— Votre réaction sulfhydrique, m'é-
crit-on, ne prouverait absolument rien
si le patient avait absorbé certains mé-
dicaments sulfurés, comme il n'en man-
que pas dans la pharmacopée, ou même,
tout bêtement, s'il avait mangé, à son
dernier repas, de l'ail ou des haricots.
Auquel cas, il aura, beau n'être pas mort,
ses émanations noirciront le papier sa-
turnien, si bien — ou plutôt si mal —
jqu'il courra le risque d'être enterré vi-
vant, sur la foi d'un indice trompeur.
Sans doute, il existe telles et telles
substances alimentaires ou médicament
4euses susceptibles de se résoudre, dans
le for intérieur, en exhalaisons sulfu-
rées, sous les espèces et apparences
d'acide sulfhydrique. Seulement, ces
exhalaisons sulfurées s'évanouissent im-
diatement après s'être formées. L'acide
&ulfhydrique est, en effet, un poison vio-
lent et rapide, qui tue son homme infail-
liblement, même à doses minuscules. Il
faut qu'il s'élimine, au fur et à mesure,
par les poumons, sans pouvoir jamais
passer dans le sans artériel, où sa pré-
sence provoquerait instantanément la
mort.
Il ne pourrait donc pas en rester la
moindre traçe dans 1 organisme d'un
homme en état de mort apparente, à
moins que cet homme ne fût tombé en
léi.l!;,j'gle, - coïncidence plutôt extraor-
dinaire 1 — juste au moment où il absor-
bait le soufre perturbateur.
Même dans cet improbable cas, la
réaction sulfhydrique conserverait en.
core toute sa valeur e:t toute son élo-
quence, à la condition d'attendre quel-
ques heures avant d'en essayer. Possi-
ble, à l'extrême rigueur, que les pou-
mons d'un homme encore vivant con-
tiennent assez de gaz sulfurés préexis-
tant, tout formés, pour altérer les sels
de plomb. Mais ces gaz ne garderont
pas longtemps ce pouvoir, et si, au bout
de vingt ou vingt-quatre heures, lorsque
le corps est déjà raide et froid, le papier
plombique noircit encore, les plus pes-
simistes peuvent avoir la certitude abso-
lue que les gaz qui auront fait les frais
de ce noircissement sont de formation
récente, et qu'ils sont engendrés par un
commencement de déliquesconce.Quant
aux premiers gaz sulfura il y aura bel-
Claudine en Ménage De««in «• sem
LA MARQUISE COLETTE WILLY
le lurette qu'ils se seront perdus dans
l'espace. Autrement, d'ailleurs, ils au-
raient eu tôt fait de transformer en une
réalité définitive ce qui n'était au début
que l'image de la mort.
La, même réponse est à faire à l'objec-
tion qui table sur la soi-disant, présence,
dans l'organisme, à l'état normal, de
produits sulfurés.
Il ne semble partie ces produits sul-
furés soient jamais a,~sez abondants
dans l'organisme vivant pour influencer
le papier plombique placé à l'intérieur
ou à l'orifice des narines. C'est au moins
ce qui résulte des longues expériences
instituées, dans les conditions les plus
diverses, sur les animaux et sur l'hom-
me, voire même sur des malades souf-
frant de l'ozèpe, de sueurs fétides, de
bronchorrée, de gangrené ou d'affec-
tions cancéreuses. (S. ICARD, Le signée
de la mort réelle, p. 232 et seq.) Mais, en
admettant même qu'il n'en fût pas ainsi,
en admettant que la présence de pro-
duits sullfuréts, à l'état normal, chez
l'homme vivant, pût, le cas échéante
fausser la réaction sulfhydrique, ee
qu'il y a de certain, c'e&t que cette pos-
sibilité lie saurait être durable. Au bout
(Tu-n certain temps, lorsque le corps, de
flasque et de tiède qu'il était, sera de-
venu rigide et glacé, le plus subtil ana-
lyste n'y retrouverait pas seulement un
atome du soufre préexistant, et si l'a-
cétate de plomb noircit quand* même
de plus belle sous ses effluves, c'est
que la mort a passé par là, et que les
microbes de la désagrégation suprême
sont déjà à lcouvre.
De toutes les objections d'ordre scien-
tifique soulevées contre ù.ne méthode
consacrée par l'approbation unanime de
tous les physiologistes qui l'Oint mise à
l'épreuve, celles-là sont les seules sé-
rieuses. On ne saurait, en effet, considé-
rer comme telle çelle qui consiste à
insinuer quH ne serait peut-être pas
impossible de priver frauduleusement le
papier plombique de la faculté de noir-
cir au contact des gaz sulfurés. En ou-
tre, en effet, qu'il n'est pas au monde
de chimiste assez inàUin pour réaliser ce
miracle, le pire inconvénient qui pour-
rait s'ensuivre serait de faire passer
pour vivant un individu mort pour de
bon. Or, c'est seulement. le contraire qui
est à craindre.
Restent les objections d'ordre social,
dont je réserve la réfutation pour une
prochaine occasion.
Que mes lecteurs me pardonnent de
les promener ainsi sains trêve ni merci
à travers les cerceuils 1 Mais la fuesticn
est trop grave, elle obsède trop de bra-
ves gens, elle soulève de trop horribles
soucis, pour que Je croie po avoir l'a-
bandonner avant de l'avoir définitive-
ment soluti^ onnée 1
EMILE GAUTIER.
P.-S. - André Z. — « Je digère niaI,
me dites-vous, et la nourriture (surtout
le soir) ne passe pas. Elle me vaut des
pesanteurs, de la dilatation et de l'in-
somnie. D'autre part, si je mange trop
peu, mes forces s'épuisent. J'aurais plu-
tôt hfisoitu je la sens. de me suralimen-
ter. Comment sortir de ce cercle vi-
eieux ? »
Il n'y a qu'un moyen : c'est de pren-
dre à votre premier déjeuner et à votre
repas du soir, du Phoypho-Cacao. Subs-
tantiel et léger, le Phpspho-Cacao vous
donnera des forces et vous rendra le
travail facile, sans vous charger l'esto-
mac et en vous assurant un sommeil ré-
parateur.
A. E-; C. B. J. A.; M&uricette ;
Lison ; Raymonde P. ; Un fidèle lecteur (J.);
A. de G. ; J. B. — Je ne puis vous donner sa-
tisfaction que par lettre personnelle. tonnez
adresse en renouvelant demande.
Un abonné d'Argentettil. - Je ne me sou-
viens pas d'avoir jamais traité cette que$-
ti
R. Dehancelin. — Ce doit être plutôt diffi-
cile, mais je ne saurais répondre d'une façon
pertinente. Consultez un spécialiste.— E. G.
■RRÇWRWH lufalllibleiîont âge
tS ~j~ Envoi franco de l'Extrait cite Mémoires acceptis
PWWÏWWW| 4 'Acad.
Kil«ïlltl4'Uii * L DBQUEANT,a8,R.Clian8r)ceurt,Parie.
IMBbManMfl f/ac.S£r.eieontremandtt 6ff• En YtnteP&rtouL
SOIREE PARISIENNE
A L.'OLyrapXA
Le programme de décembre, que M. Paul
Ruez a composé pour son splendide music-
hall du boulevard des Capucines, va à la
fois étonner et charmer le public parisien,
accoutumé de se rendre tous les soirs à
l'Olympia. Ainsi, on sait combien il est dif-
ficile de trouver une seule attraction cu-
rieuse : or, M. Paul Ruez a eu la fcohfte
fortune d'en réunir, pour un même specta-
cle, plusieurs, dont quatre au moins sont
de tout premier ordre.
Voici, par exemple, un conte de Perrault,
transporté à la scène d'une façon tout à fait
originale et dont nous ne voulons donner
que le titre pour laisser au public la surpri-
se d'une nouveauté! Il s'agit en l'espèce du
Petit Chaperon Rouge. et de ses loups vi-
vants.
Certes, ce conte amusera les grandes per-
sonnes, aujourd'hui autant qu'à l'époque où
on les berçait avec l'histoire de, Mère
Grand remplacée dans son lit par un mé-
chant loup.
""oici la troupe impériale chinoise Luuen
chai Sen, qui paraît pour la première fois
en Europe, non sans qu'une aventure ait
failli empêcher ses débuts. En effet, deux
jeunes Chinoises qui font partie de cette
troupe ont, dès leur arrivée à Marseille, été
enlevées par un agent théâtral sans scru-
pules et ce n'est qu'après des péripéties mul-
tiples qu'elles purent être retrouvées à temps
pour débuter sur la scène de l'Olympia, où
le public parisien leur fera le succès dû à
de jolies femmes de quelque pays qu'elles
soient.
Parmi les autres attractions découvertes
par M. Paul Ruez, il faut citer encore des
cyclistes d'une diabolique adresse, les De-
mons, dans leurs exercices sur une table
infernale ; enfin, enregistrons les applau-
dissements qu'ont valus à Anita de la Féria
sa grâce, sa fougue et son originalité : nous
avons souvent vu de belles danseuses espa-
gnoles, mais jamais une gitane, une vérita-
ble gitane, ne nous a séduit comme l'a fait
hier Anita dans ces danses suggestives où
elle se révèle une artiste de race.
Vers les Etoiles, rexquise féerie choré-
graphique de MM. Paul Ferrier et Bertol-
Graivil, termine le nouveau spectacle de
l'Olympia sur une ; éblouissante succession
de décora et dfi costumes* — A
.ES SUFFRAGETTES DE PABIS
tJn groupement de féminités organise un
mouvement en faveur du vote des femmes
Des affiches, placardées hier dans Paris,
nous annoncent que les femmes, ayant
dafis la société, les mêmes devoirs que les
hommes, doivent avoir les mêmes droits ;
elles doivent, par conséquent, obtenir le
droit de vote.
C'est là, le commencement d'une campa-
gne, entreprise par quelques ardentes fé-
ministes, soutenues par un certain nombte
d'écrivains et d'hommes politiques.
C'est ainsi que mardi soir, eu cours d'un
meeting, la doctoresse Madeleine Pelletier,
et Mme Caroline Kauffmann exposeront
les desiderata des femmes qui veulent,
voter.
Mme Caroline Kauffmann avait déjà, du-
rant la dernière période électorale, mani-
festé en faveur du vote des femmes ; elle
s'était promenée dans Paris, portant et dis-
tribuant des proclamations féministes.
La doctoresse Madeleine Pelletier, qui ne
s'était pas encore prononcée, croyons-nous,
sur la question du vote des femmes, avait,
il y a quelques mois, protesté avec véhé-
mence, oontre l'exclusion des femmes, de
la Franç-Maconwrie.
Mmes Pelletier et Kauffrr,ann, sont les
chefs de groupe d'un certain nombre de
femmes résolues à attirer l'attention sur
leurs revendications ; elles ont l'intention
de créer un mouvement d'agitation dans les
milieux populaires.
Leur thèse est que les hommes étant seuls
électeurs, font les lois à leur usage, et ne
songent jamais à faire des lois en faveur
des femmes ; le jour où les femmes seraient
électrices, lfOs députés seraint bien obligée
de compter avec elles.
Il y a un petit mata---
fI y a que le Jour où les fomimes vote-
raient, elles demanderaient le droit, à l'éligi-
bilité, et l'on ne voit pas très bien une Cham-
hre, composée, mi-partie de députés hom-
mes et de députés femmes. - Fernani.
MAUSER.
1.oia. eue
EAU ClORLIER '.ecna.I. pou,
et .t.
t'B0*t2'60 lt lu. 11. Plaee in Vmqm, PARIS,et VPartùmtriu.
CORRESPONDANCE
Monsieur le Directeur,
Vous avez, dans votre numéro du 30 no-
vembre, publié sous la rubrique" Coups de re-
volver au Théâtre-Français » un article me
concernant, où je trouve une phrase malheu-
reuse ainsi conçue :
« ..Me Paul are m bourg, curieuse et, tragique
coïncidence, représente actuellement l'une d.g
« principales victimes des escroqueries math-
« moniales dont s'est rendue coupable la fern-
« me Cesbron, »
Cette piiiTftae a été reprlAe et commentée par
divers journaux, notamment par le Soir, qui,
traduisant le verbe représenter par le verbe être,
a indiqué et conclu que j'avais été escroqué par
la farrvme Cesbron,
Tout lè mal est venu des mots « tragique coin-
cidence » et « représente », les premieis compté-
tement hors de propos.
C'est comme avocat que je représente, ou pfUs
exactement, que je suis chargé des intérêts de
l'une des victimes de la femme Coshron.
Mais personnellement, je n'ai rien à voir avec
cette femme, ni avec son affaire.
Vous m'obligeriez beaucoup, Monsfeur le rJt.
recteur, en JJTOIiant cette lettre,&T5?" la même (ru-
brique, à la suite de votre chronique Cesbran.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur,
avec mes remerciements, l'expression de mes
sentiments les plus distingués.
PACL WAjREMBOURG
M4 à la Cour
LA QUESTION DES SOUS-MARINS
Ce me ùit Iü Ldubgul
Il y a une dizaine de jours, alors que de'
tous côtés on publiait des informations sen-
sationnelles sur l'objet du voyage, dans le
nord de l'Europe, de M. Laubeul, ingénieur
en chef du génie maritime, démissionnaire,
le Journal a publié une note pour annoncer
que, contrairement aux intentions qu'on lui
prêtait, M. Laubeuf n'avait signé aucun trai-
té avec un chantier naval étranger pour
construire des sous-marins. Le Journal était
bien informé : M. Laubeuf,de retour, a affir-
mé que son voyage n'avait d'autre but que
l'étude et qu'irn'avait pas eu un seul ins-
tant l'idée de porter à l'étranger une indus-
trie française.
La construction des sous-marins ne cons-
titue pas un sec*r de la défense nationale,
mais une part du patrimoine industriel de
notre pays, et cela vaut infiniment mieux.
Voilà la vérité et, comme toute vérité, elle
sera difficilement acceptée. Je ne me fais à
ce sujet aucune illusion. Cela ne m'empê-
chera pas, d'ailleurs, de proclamer cette
vérité bien haut, et comme ma voix ne serait
peut-être pas assez puissante, j'ai pensé à
demander à M. Laubeuf l'autorité de la
sienne pour convaincre nos lecteurs.
J'ai été voir M. Laubeuf chez lui. Je ne
connais pas d'homme plus simple, plus
droit, plus savant en son métier que celui-ci.
— Qu'allez-vous laire, lui ai-je demandé ?
— Je n'en sais rien. En tout cas, je ne
travaillerai pas à l'étranger.
— C'est entendu. Alors, vous allez travail-
ler en France ?
— Je le voudrais bien, mais me le permet-
tra-t-on ?
— Comment cela? Vous êtes le mettre,
j'imagine, de faire ce que bon vous semble.
— Cela vous semble simple, mais c'est ex-
trêmement difficile à faire comprendre au
public que l'on n'a pas cessé de tromper sur
tout ce qui touche à la marine et qui se figure
que la construction des sous-marins est la
çlef de la défense maritime de la France.
Rien n'est plus inexact. L'amiral Biepaimé
lui-même, qui, cependant, devrait savoir à
quoi s'en tenir, n'a-t-il pas insinué que j'al-
lais commettre sinon une trahison, au moins
une indélicatesse.
— L'amiral n'a pas pu avoir une telle
pensée.
— Oh 1 d'ailleurs, il est simple de s'expli-
quer. Que l'amiral Bienaimé choisisse trois
de ses amis, je choisirai trois des miens, et
devant ce comité d'examen, je le prierai de
préciser ce qu'il prétend être secret dans
un sous-marin. Je n'aurai aucune peine à
démontrer qu'il n'y a rien de secret dans ce
genre de bateau. Je montrerai que l'on re-
trouve dans les plans annexés à différents
brevets et qui ont été dans les mains de
centaines de personnes, la plupart des appa-
reils, dispositifs et modes de fabrication em-
ployés pour la construction des sous-marins.
Dans nos musées, il y a des sous-marins ;
dans les livres, on donne en détail leur des-
cription depuis la force de leur moteur, leur
capacité génératrice d'électricité, leur stabi-
lité, jusqu'au périscope et aux dispositifs de
lancement des torpilles que l'on dit être si
mystérieux, alors que c'est le secret de poli-
chinelle. Tenez, je viens de l'étranger et j'y
ai vu tout ce que l'on y fnit en navigation
sous-marine. On m'a tout montré.
— Vous n'aviez sans doute rien à y ap-
prendre ?
— Détrompez-vous. J'ai appris que les
étrangers appliquaient déjà à leurs sous-
marins des améliorations que l'on n'appli-
quera pas chez nous avant de longues an-
nées, non pas qu'on ne sache pas ce qu'il
faut faire, mais parce que chez nous, ^'e#t
l'Etat qui construit et que, n'ayant pas de
concurrence à redouter, il ne se presse pas
et met cinq ans à réaliser un progrès que
l'industrie étrangère, stimulée par la concur-
rence, réalise immédiatement.
» L'ignorance de nos compatriotes en ma-
tière maritime peut en ce moment nous
faire perdre des millions, si on ne se décide
pas, enfin, à éclairer il'opinâon publique.
Avant deux ans d'ici, tous les petits Etats
da Nord de l'Europe auront des flottilles im-
portantes de sous-marins. Il faut que quel-
qu'un leur fournisse ces sous-marins et si ce
n'est pas nous, ce sera l'Allemagne, l'An-
gleterre et les Etats-Unis, qui bénéficieront
des commandes. Et ces petits pays-lA aiment
notre pays, et c'est ici qu'ils se fourniraient,
si, raisonnant froidement, nous considérions
qu'il n'y a pas plus d'inconvénient à fabri-
quer des sous-marins pour l'étranger, qu'il
n'y en a à lui fournir des contre-torpilleurs,
des croiseurs et des cuirassés pourvus des
canons de nos meilleurs types.
M. LAUBKUP
— C'est, en somme, l'industrialisation du
sous-marin que vous demandez ?
— Parfaitement. Nous devrions profiter de
la construction des sous-marins, el en tirer
ce que nous avons tiré de l'industrie de l'au-
tomobile. Encore une fois, le voudra-t-on ?
J'ai le droit d'en douter. Il serait, cependant,
un peu trop tyrannique de m'empêcher de
construire ici des bateaux tout comme les
étrangers en construisent, sous prétexte
que c est mon métier. Va-t-on m'interdire,
par exemple, de construire des submersi-
bles dont la caractéristique principale est
la double coque. Cette double coq-ie, c'est
mol qui, le premier, l'ai employée ; mais
aujourd'hui tout le monde adopffe cette dis-
position avantageuse, et il n'y aurait que
moi qui ne pourrait pas l'utiliser. Non,
vraiment, ce serait excessif.
— Vous avez beaucoup d'amis dans la
marine ; il semble que vous pourrez aisé-
ment trouver en eux un appui qui vous per-
mettra de vous faire délier de toute entrave.
— J'ai beaucoup d'amis, mais j'ai aussi
quelques ennemis qui feront tout peur me
nuire.
— En somme, vous avez toujours été très
écouté au ministère.
— Pas toujours. Ainsi, lorsque les Russes
nous ont demandé de leur construire des
sous-marnis, on m'a demandé mon avis, j'ai
dit qu'il n'y avait à cela aucun inconvé-
nient. Eh bien ! on a répondu non à la Rus-
sie 1
— Dame ! on né pouvait pas faire autre-
ment, puisque la Russie était en guerre
avec le Japon..
— Pas du tout. C'était avant la guerre.
Plus tard, quand la guerre a été déclarée,
la Russie a demandé que" l'on m'envoie en
mission pour en construire : le gouverne-
ment s'y est refuse. La Russie s est alors
fournie en Allemagne.
— Je connaissais ce détail, qui m'a é4o
révélé par l'ingénieur des chantiers Ger-
mania, de Kiel, au moment de la livraison
des sous-marins aux Russes.
— Vous voyez donc que les étrangers peu.
sent d'une toute autre façon qub nous iors
qu'il s'agit d'accroître .la fortune industrie
de leurs pays respectifs.
— Voulez-vous préciser, synthétiser ce
qu'est le sous-marin, à quoi il est propre
— Volontiers. Le sous-marin eât^m ba-
teau exclusivement delsnslf, qui peut ren-
dre de frès grands services dans les mtrs
resserrées, dans les détroits; par exemple,
dans la Manche, le pas de Calait la Balt-
que, mais qu'il est. impossible d'employer,
au large, dans l'Océan. Le sous-marin r!..
peut être qu'une arme de surprise, et soi.
rôle est assez grand Ptur qu'on ne cbetvi-?
pas A l'accroître, au risque de compromet-
tre, cette fois, notre puissance navale.
— Ceci veut dire que ?.
— Ceci veut dire que le sous-marin, arm";
de précision, qui ne peut donner de hl ,.¡
rendement qu'à condition d'être dans UA
main de son commandant, doit être de di-
mensions limitées. Le rêve serait que ta
commandant pût lui-même avoir sous ia
main toutes les commandes des organes G J
son bateau, dont il serait ainsi le cerVea
Et c'est pourquoi je dis que les soug.marhiî;
de huit cents tonnes, que l'on se propose oh-
qonstruire, ne pourront jamais rendra d~
services. Cette conception du sous-;n&nu
de gros tonnage est fausse et elle nous pré-
pare de graves mécomptes. Pour justifier
cette hérésie, on annonce que l'on adjoins
dra ces grands sous-marins aux escadre^
Il faut vraiment se moquer du monde pour
dire une semblable énormité. Les sous-rna-
rins, dans une escadre, seraient autanr de
boulets attachés à ses navires ; ce serait utï
danger permanent pour toutes les- unités
d'une force navale ainsi constituée. --ne M.
cadre avec des sous-marins serait vouée il
l'immobilité.
» Il faut dire la vérité à nos compatrio-
tes, c'est le moynn que vous employez dans
vos chroniques : c'est le plus simple et c'est
la seule façon de créer une opinion mari-
time en France.
» Il faut que l'on sache arvant tout que lell
sous-marins doivent dès à présent entrer
dans le domaine de la production industriel-
le française. L'Etat n'y perdra rien, car ce
sera le plus sûr moyen de-ne pas nous lais-
ser dépasser par les étrangers qui. je vous
le dis, marchent vers le progrès a pas fie
géants. Il
En quittant M. Laubeuf, je pensais que ce
bon Français devait sounrîr. et ce mot
qu'il m'avait dit : « Va-t-on m'obliger à
moui% de faim ? » sonnait douloureuse-
ment à mon oreille. Aussi, je suis heureux
de disposer d'une tribune aussi puissante
que celle-ci pour apprendre à la France en-
tière que si le sous-marin a cessé d'être un
secret, il peut devenir demain un facteur
important de la fortune 4e la France, en de-
venant industriel.
De cette façon, en attendant que le sous-
marin assure l'inviolabilité de nos Crontii.
res de mer, il fera vivre des milliers d'ou-
vriers qu'un chauvinisme ridicule bXpose.
rait à mourir de faim.
Raymond Lestonnat.
fils d'ISPHYXIC ptas d EXMLMM
pins d'INCENDIE
provoqués par les tuyaux
en caoutchouc en employant
U GÀDTO - TUBs - ALïïimmnc
IilOTARD Frères
22, Rue de Lorraine - PARIS
Prospectus franco sur dommde
LA QQUIION DE L'IPÉM
Le rapport du budget des beaux-arts, — La
gestion financière de M. Gailhard.
Nous avons donné, ces jours derniers, uv
aperçu rapide du rapport si savamment do-
cumenté de M'. Couyba sur le budget de*
beaux-arts,
Au moment où l'Opéra est à l'btdæ dv
jour, par suite de l'expiration'prochaine do
troisième privilège de M. Gailhard, il noui
paraît intéressant de dire aujourd'hui ce quu
pense ruminent rapporteur de cette ques-
tion si complexe et si peu connue :
— l^Qpéra, dit M. Couyba, est avant tenu
1' « Académie nationale oe musique D, et t* k,)vi
mission de conserver les chefs-d'œuvre, et ûf:
les produire syr la scène, quand ils ent êîrieufv
rencontré cette constante laveur et cet eniUo.i
siasme qui sont bien souvent le critérium Ai la
qualité d'une œuvre. Rien n'est donc plus éleu-
gné de cette institution nationale, qui est et qui
doit demeurer protégée par t'Etat, que le gr&hd -
Opéra, théâtre d'essai.
Après avoir rappelé la tentative de riepté- -
sentations à prix réduits faite par M. pep-
trand, M. Couyba ajoute :
— Renouveler une telle expérience, ce serait
entreprendre une opération déplorable à tous
égards et acculer notre Académie nationale à
une faillite analogue à celle dont M. Gaù/iar.t
sauva in extremis la direction Bertrand. On sa
souvient-.n effet, que ce dernier avait acupt-
de donner, en plus des 156 représentations de
l'abonnement normal, 32 représentations d'un
nouvel abonnement à prix réduits, le samedi, et.
en outre, 40 représentations populaires le diman-
che, durant huit moi3. Les résultats de ces (fil-
sapements, scrupuleusement observés, ne st- iL
rent pas a t tendre: dès la première année, i'ext-
cution du programme impose détermina une
perte de 440,000 francs, quelques mois aprlb. aC:
ii Ipam, c;io.nt tes débuta de ta seconde année
du privilège accordé à M. pertrand, le déliait
était de 550,000 fi-an(m. tl fallut, dès lors, pren-
dre les mesures que comportait la situation;
c'eât à ce moment que M -Oailhard fut APpMé
par le ministre à prendra la direction de rOpéra,
avec un cahier des charges d'où furent. exclues
les servitudes exceptionnelles qui svnient entraî-
né l'échec de M. Bertrand. On ne peut donc,
&3US peine de voir se reproduire une crise aussi
;:rrave, reprendre l'idée des représentations po-
uulaires à l'Opéra. -
M. Couyba estime, avec juste raison, CM,*
les représentations populaires doivent (faw
données en dehors de I Opéra, dans un t.t;(.>(\.
tre spécial, maiè que t'Opéra doit y parti-
ciper en prêtant une partie de son matériel
et de ses artistes.
En ce qui concerne le ■ 1 4a
privilège de l'Opéra, le rapporteur s
ainsi :
— Le privilège de M. Gailhard touche if sa le
Des competiieurs sollicitent sa succession Il
n'appartient pas au rapporteur du budget dl;
donner son avis sur cette grosse question C'e
■ju ministre de l'instruction publique et dtp
I)eaux-arts au'il incombe de se prononcer potfr
une direction nouvelle ou pour la continuation
de la direction actuelîe avec ou sans associe.
Mais il n'est qus juste de rappeler que M. Quil-
hard, par une administration prudente,
Quelle presque tout son personnel — ce .*
rare — rend hommage, a par trois fois » s
l'Opéra en péril :
lé En 1884, après le désastre et la mor v
Vaucorbeil ;
2° En 1893, en acceptant, la co-directjoi. *
M. Bertrand, qui perdait 550,000 francs en • ;
mois, avec ses abonnements à prix réCu' 1
ses représentations populaires ;
30 En 1894, en prenant à sa charge la
truction des décors incendiés le 6 janvi. *
hicher, et la réfection des costumes, c'esi « air
environ un million de XiQpenaea, sacrifiai- a
sauvetage les bénéfices de l'Exposition dot .;'
Il n'est pas inutile d'ajouter que, r ',:
la sagesse et la prudence administi ".-
de M. Gailhard, auxquelles M. Couj ,'><
plaît à rendre hommage, il ressort d (
cuments annexés au rapport que le toi
recettes réalisées pendant les cinq denu^ ».
années ne donne qu'un faible excédent smr
le budget des dépenses, qui atteint actuelle-
ment près de quatre millions par an.
Nous trouvons, en effet: pour 190t. une
perte de 148,150 fr. ; pour 19Ô2, un bénéfice
de 151,477 fr. ; pour 1903, un bénéfice de
63,436 fr. ; pour 1904, une perte de 182,177
francs ; pour 1905, un bénéfice de 42,891 fr.
Ces chiffres prouvent éloquemment com-
bien est difficile et périlleuse la gestion ,;-
ftûtro nretnière scène lyri/nww
m xxmmi t
3
CHRONIQUES DOCUMENTAIRES
N B'J a p les narts
oui oe rtUint pasl
Si je. crois devoir revenir une fois de
j>lus' — qui ne sera pas la dernière -
sur la question de la mort apparente et
ides inhumations prématurées, n'allez
pas croire que ce soit pour le vain plai-
sir d' «épater » les populations par
t'étalage d'un vampirisme macabre.
C'est, tout d'abord, pour donner sa-
tisfaction aux innombrables correspon-
dante qui me supplient, sur tous les
tons, de poursuivre une campagne dont
personne, à les en croire, même parmi
les plus impassibles, ne saurait se dé-
sintéresser. C'est aussi parce que cer-
taines objections, appelant une réponse
péremptoire, ont été faites au nouveau
moyen de reconnaître la mort réelle que
j'ai préconisé à cette place (V. Journal
du 3 et du 5 novembre 1906), et que je
persiste à considérer comme infaillible
— autant, toutefois, qu'une conception
humaine peut comporter d'infaillibilité.
•Rappelons avant tout, afin que nul
h'en ignore, en quoi consiste ce pro-
cédé, auquel son ingénieux inventeur,
te docteur Icard (de Marseille), a donné
le nom, si exact et si suggestif à la fois,
de « réaction sulfhydrique ».
Eto-f t donné que le seul signe indu-
bitable de la mort est la décomposition
cadavérique, est-il possible de recon-
naître d'une façon certaine que la dé-
composition cadavérique a commencé
avant que l'odeur et les miasmes soient
devenus une gêne et un danger pour la
famille et les voisins, c'est-à-dire assez
peu de temps après le moment probable
du décès ? Telle est la question que s'est
posée le docteur Icard, et qu'il a réso-
tue par l'affirmative.
La décomposition cadavérique com-
mence, en effet, aussitôt que 1a. vie s'est
éteinte, et l'un des phénomènes par les-
quels elle se manifeste, c'eat un dégage-
ment sournois de gaz sulfurés. Ces gaz
sulfurés, ayant la propriété de noircir
l'acétate de plomb, il deVra suture d'in-
troduire un tampon de papier blanc
préalablement imbibé d'eau blanche
dans Les narines du prétendu cadavre
pour vérifier, sans risque d'erreur, s'il
s'agit d'une mort définitive et sans ap-
pel ou d'un cas de léthargie révivikei-
ble. t
D'où cette conclusion, si logique et si
rassurante, qu'on ne devrait plus désor-
mais inhumer personne avant d'avoir
procédé préjudiciellement à cet essai,
facile à pratiquer partout, sans connais-
sances spéciales, même en l'absence du
médecin. Il semble même que, dans
chaque mairie, on devrait avoir une pro-
vision de ces précieux papiers réactifs,
porta rat, tracés à l'avance, en caractères
chimiques invisibles, telle ou telle for-
mule révélatrice, — « Adieu ! » par
exemple, ou « C'est fini ! », — à laquelle
la Mort se iargerait elle-même d'appo-
ser le suprême visa.
Ceci, bien entendu, à cette double
condition, suffisante, mais nécessaire,
qu'il snit incontestablement établi :
P Que la réaction sulfhydrique" se pro-
duit toujours lorsque ùamQrt est réelle ;
2° Que cette réaction ne peut se pro-
duire jamais, sous rinfluerj'ce d'une
cause extérieure quelconque, lorsque la
mort n'est qu'apparente.
,ur le premier point, nulle difficul-
té. Les produits de la putréfaction cada-
vérique sont nombreux et variés, mais,
parmi ces produits, il en est deux qui
ne font jamais défaut, et dont la présen-
re existante est caractéristique : ce sont
l'hydrogène sulfuré et. le sulfhydrate
rt'amni! niaque. Là-dessus tous les ob-
servateurs sont d'accord, et les doutes
vaguement émis par Walter Lewis ne
résistent. pas à l'expérience.
Toutes les fois qu'il y a décomposi-
tion cadavérique, - ce qui implique la
réalité du décès, — il y a dégagement de
gaz sulfuré?.
àjoisjae-.peutr}id>as. y avoir également,
enreYallChe, "production de gaz sulfurés
uns putréfaction préalable, lorsque, par
exemple, la mort n'est qu'apparente ?
.-ur ceitte seconde question nous n'al-
tons pas retrouver la même unanimité
que sur la. première. Quelques objec-
tons, plus ou moins spécieuses, ont
surgi.
*— Votre réaction sulfhydrique, m'é-
crit-on, ne prouverait absolument rien
si le patient avait absorbé certains mé-
dicaments sulfurés, comme il n'en man-
que pas dans la pharmacopée, ou même,
tout bêtement, s'il avait mangé, à son
dernier repas, de l'ail ou des haricots.
Auquel cas, il aura, beau n'être pas mort,
ses émanations noirciront le papier sa-
turnien, si bien — ou plutôt si mal —
jqu'il courra le risque d'être enterré vi-
vant, sur la foi d'un indice trompeur.
Sans doute, il existe telles et telles
substances alimentaires ou médicament
4euses susceptibles de se résoudre, dans
le for intérieur, en exhalaisons sulfu-
rées, sous les espèces et apparences
d'acide sulfhydrique. Seulement, ces
exhalaisons sulfurées s'évanouissent im-
diatement après s'être formées. L'acide
&ulfhydrique est, en effet, un poison vio-
lent et rapide, qui tue son homme infail-
liblement, même à doses minuscules. Il
faut qu'il s'élimine, au fur et à mesure,
par les poumons, sans pouvoir jamais
passer dans le sans artériel, où sa pré-
sence provoquerait instantanément la
mort.
Il ne pourrait donc pas en rester la
moindre traçe dans 1 organisme d'un
homme en état de mort apparente, à
moins que cet homme ne fût tombé en
léi.l!;,j'gle, - coïncidence plutôt extraor-
dinaire 1 — juste au moment où il absor-
bait le soufre perturbateur.
Même dans cet improbable cas, la
réaction sulfhydrique conserverait en.
core toute sa valeur e:t toute son élo-
quence, à la condition d'attendre quel-
ques heures avant d'en essayer. Possi-
ble, à l'extrême rigueur, que les pou-
mons d'un homme encore vivant con-
tiennent assez de gaz sulfurés préexis-
tant, tout formés, pour altérer les sels
de plomb. Mais ces gaz ne garderont
pas longtemps ce pouvoir, et si, au bout
de vingt ou vingt-quatre heures, lorsque
le corps est déjà raide et froid, le papier
plombique noircit encore, les plus pes-
simistes peuvent avoir la certitude abso-
lue que les gaz qui auront fait les frais
de ce noircissement sont de formation
récente, et qu'ils sont engendrés par un
commencement de déliquesconce.Quant
aux premiers gaz sulfura il y aura bel-
Claudine en Ménage De««in «• sem
LA MARQUISE COLETTE WILLY
le lurette qu'ils se seront perdus dans
l'espace. Autrement, d'ailleurs, ils au-
raient eu tôt fait de transformer en une
réalité définitive ce qui n'était au début
que l'image de la mort.
La, même réponse est à faire à l'objec-
tion qui table sur la soi-disant, présence,
dans l'organisme, à l'état normal, de
produits sulfurés.
Il ne semble partie ces produits sul-
furés soient jamais a,~sez abondants
dans l'organisme vivant pour influencer
le papier plombique placé à l'intérieur
ou à l'orifice des narines. C'est au moins
ce qui résulte des longues expériences
instituées, dans les conditions les plus
diverses, sur les animaux et sur l'hom-
me, voire même sur des malades souf-
frant de l'ozèpe, de sueurs fétides, de
bronchorrée, de gangrené ou d'affec-
tions cancéreuses. (S. ICARD, Le signée
de la mort réelle, p. 232 et seq.) Mais, en
admettant même qu'il n'en fût pas ainsi,
en admettant que la présence de pro-
duits sullfuréts, à l'état normal, chez
l'homme vivant, pût, le cas échéante
fausser la réaction sulfhydrique, ee
qu'il y a de certain, c'e&t que cette pos-
sibilité lie saurait être durable. Au bout
(Tu-n certain temps, lorsque le corps, de
flasque et de tiède qu'il était, sera de-
venu rigide et glacé, le plus subtil ana-
lyste n'y retrouverait pas seulement un
atome du soufre préexistant, et si l'a-
cétate de plomb noircit quand* même
de plus belle sous ses effluves, c'est
que la mort a passé par là, et que les
microbes de la désagrégation suprême
sont déjà à lcouvre.
De toutes les objections d'ordre scien-
tifique soulevées contre ù.ne méthode
consacrée par l'approbation unanime de
tous les physiologistes qui l'Oint mise à
l'épreuve, celles-là sont les seules sé-
rieuses. On ne saurait, en effet, considé-
rer comme telle çelle qui consiste à
insinuer quH ne serait peut-être pas
impossible de priver frauduleusement le
papier plombique de la faculté de noir-
cir au contact des gaz sulfurés. En ou-
tre, en effet, qu'il n'est pas au monde
de chimiste assez inàUin pour réaliser ce
miracle, le pire inconvénient qui pour-
rait s'ensuivre serait de faire passer
pour vivant un individu mort pour de
bon. Or, c'est seulement. le contraire qui
est à craindre.
Restent les objections d'ordre social,
dont je réserve la réfutation pour une
prochaine occasion.
Que mes lecteurs me pardonnent de
les promener ainsi sains trêve ni merci
à travers les cerceuils 1 Mais la fuesticn
est trop grave, elle obsède trop de bra-
ves gens, elle soulève de trop horribles
soucis, pour que Je croie po avoir l'a-
bandonner avant de l'avoir définitive-
ment soluti^ onnée 1
EMILE GAUTIER.
P.-S. - André Z. — « Je digère niaI,
me dites-vous, et la nourriture (surtout
le soir) ne passe pas. Elle me vaut des
pesanteurs, de la dilatation et de l'in-
somnie. D'autre part, si je mange trop
peu, mes forces s'épuisent. J'aurais plu-
tôt hfisoitu je la sens. de me suralimen-
ter. Comment sortir de ce cercle vi-
eieux ? »
Il n'y a qu'un moyen : c'est de pren-
dre à votre premier déjeuner et à votre
repas du soir, du Phoypho-Cacao. Subs-
tantiel et léger, le Phpspho-Cacao vous
donnera des forces et vous rendra le
travail facile, sans vous charger l'esto-
mac et en vous assurant un sommeil ré-
parateur.
A. E-; C. B. J. A.; M&uricette ;
Lison ; Raymonde P. ; Un fidèle lecteur (J.);
A. de G. ; J. B. — Je ne puis vous donner sa-
tisfaction que par lettre personnelle. tonnez
adresse en renouvelant demande.
Un abonné d'Argentettil. - Je ne me sou-
viens pas d'avoir jamais traité cette que$-
ti
R. Dehancelin. — Ce doit être plutôt diffi-
cile, mais je ne saurais répondre d'une façon
pertinente. Consultez un spécialiste.— E. G.
■RRÇWRWH lufalllibleiîont âge
tS ~j~ Envoi franco de l'Extrait cite Mémoires acceptis
PWWÏWWW| 4 'Acad.
Kil«ïlltl4'Uii * L DBQUEANT,a8,R.Clian8r)ceurt,Parie.
IMBbManMfl f/ac.S£r.eieontremandtt 6ff• En YtnteP&rtouL
SOIREE PARISIENNE
A L.'OLyrapXA
Le programme de décembre, que M. Paul
Ruez a composé pour son splendide music-
hall du boulevard des Capucines, va à la
fois étonner et charmer le public parisien,
accoutumé de se rendre tous les soirs à
l'Olympia. Ainsi, on sait combien il est dif-
ficile de trouver une seule attraction cu-
rieuse : or, M. Paul Ruez a eu la fcohfte
fortune d'en réunir, pour un même specta-
cle, plusieurs, dont quatre au moins sont
de tout premier ordre.
Voici, par exemple, un conte de Perrault,
transporté à la scène d'une façon tout à fait
originale et dont nous ne voulons donner
que le titre pour laisser au public la surpri-
se d'une nouveauté! Il s'agit en l'espèce du
Petit Chaperon Rouge. et de ses loups vi-
vants.
Certes, ce conte amusera les grandes per-
sonnes, aujourd'hui autant qu'à l'époque où
on les berçait avec l'histoire de, Mère
Grand remplacée dans son lit par un mé-
chant loup.
""oici la troupe impériale chinoise Luuen
chai Sen, qui paraît pour la première fois
en Europe, non sans qu'une aventure ait
failli empêcher ses débuts. En effet, deux
jeunes Chinoises qui font partie de cette
troupe ont, dès leur arrivée à Marseille, été
enlevées par un agent théâtral sans scru-
pules et ce n'est qu'après des péripéties mul-
tiples qu'elles purent être retrouvées à temps
pour débuter sur la scène de l'Olympia, où
le public parisien leur fera le succès dû à
de jolies femmes de quelque pays qu'elles
soient.
Parmi les autres attractions découvertes
par M. Paul Ruez, il faut citer encore des
cyclistes d'une diabolique adresse, les De-
mons, dans leurs exercices sur une table
infernale ; enfin, enregistrons les applau-
dissements qu'ont valus à Anita de la Féria
sa grâce, sa fougue et son originalité : nous
avons souvent vu de belles danseuses espa-
gnoles, mais jamais une gitane, une vérita-
ble gitane, ne nous a séduit comme l'a fait
hier Anita dans ces danses suggestives où
elle se révèle une artiste de race.
Vers les Etoiles, rexquise féerie choré-
graphique de MM. Paul Ferrier et Bertol-
Graivil, termine le nouveau spectacle de
l'Olympia sur une ; éblouissante succession
de décora et dfi costumes* — A
.ES SUFFRAGETTES DE PABIS
tJn groupement de féminités organise un
mouvement en faveur du vote des femmes
Des affiches, placardées hier dans Paris,
nous annoncent que les femmes, ayant
dafis la société, les mêmes devoirs que les
hommes, doivent avoir les mêmes droits ;
elles doivent, par conséquent, obtenir le
droit de vote.
C'est là, le commencement d'une campa-
gne, entreprise par quelques ardentes fé-
ministes, soutenues par un certain nombte
d'écrivains et d'hommes politiques.
C'est ainsi que mardi soir, eu cours d'un
meeting, la doctoresse Madeleine Pelletier,
et Mme Caroline Kauffmann exposeront
les desiderata des femmes qui veulent,
voter.
Mme Caroline Kauffmann avait déjà, du-
rant la dernière période électorale, mani-
festé en faveur du vote des femmes ; elle
s'était promenée dans Paris, portant et dis-
tribuant des proclamations féministes.
La doctoresse Madeleine Pelletier, qui ne
s'était pas encore prononcée, croyons-nous,
sur la question du vote des femmes, avait,
il y a quelques mois, protesté avec véhé-
mence, oontre l'exclusion des femmes, de
la Franç-Maconwrie.
Mmes Pelletier et Kauffrr,ann, sont les
chefs de groupe d'un certain nombre de
femmes résolues à attirer l'attention sur
leurs revendications ; elles ont l'intention
de créer un mouvement d'agitation dans les
milieux populaires.
Leur thèse est que les hommes étant seuls
électeurs, font les lois à leur usage, et ne
songent jamais à faire des lois en faveur
des femmes ; le jour où les femmes seraient
électrices, lfOs députés seraint bien obligée
de compter avec elles.
Il y a un petit mata---
fI y a que le Jour où les fomimes vote-
raient, elles demanderaient le droit, à l'éligi-
bilité, et l'on ne voit pas très bien une Cham-
hre, composée, mi-partie de députés hom-
mes et de députés femmes. - Fernani.
MAUSER.
1.oia. eue
EAU ClORLIER '.ecna.I. pou,
et .t.
t'B0*t2'60 lt lu. 11. Plaee in Vmqm, PARIS,et VPartùmtriu.
CORRESPONDANCE
Monsieur le Directeur,
Vous avez, dans votre numéro du 30 no-
vembre, publié sous la rubrique" Coups de re-
volver au Théâtre-Français » un article me
concernant, où je trouve une phrase malheu-
reuse ainsi conçue :
« ..Me Paul are m bourg, curieuse et, tragique
coïncidence, représente actuellement l'une d.g
« principales victimes des escroqueries math-
« moniales dont s'est rendue coupable la fern-
« me Cesbron, »
Cette piiiTftae a été reprlAe et commentée par
divers journaux, notamment par le Soir, qui,
traduisant le verbe représenter par le verbe être,
a indiqué et conclu que j'avais été escroqué par
la farrvme Cesbron,
Tout lè mal est venu des mots « tragique coin-
cidence » et « représente », les premieis compté-
tement hors de propos.
C'est comme avocat que je représente, ou pfUs
exactement, que je suis chargé des intérêts de
l'une des victimes de la femme Coshron.
Mais personnellement, je n'ai rien à voir avec
cette femme, ni avec son affaire.
Vous m'obligeriez beaucoup, Monsfeur le rJt.
recteur, en JJTOIiant cette lettre,&T5?" la même (ru-
brique, à la suite de votre chronique Cesbran.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur,
avec mes remerciements, l'expression de mes
sentiments les plus distingués.
PACL WAjREMBOURG
M4 à la Cour
LA QUESTION DES SOUS-MARINS
Ce me ùit Iü Ldubgul
Il y a une dizaine de jours, alors que de'
tous côtés on publiait des informations sen-
sationnelles sur l'objet du voyage, dans le
nord de l'Europe, de M. Laubeul, ingénieur
en chef du génie maritime, démissionnaire,
le Journal a publié une note pour annoncer
que, contrairement aux intentions qu'on lui
prêtait, M. Laubeuf n'avait signé aucun trai-
té avec un chantier naval étranger pour
construire des sous-marins. Le Journal était
bien informé : M. Laubeuf,de retour, a affir-
mé que son voyage n'avait d'autre but que
l'étude et qu'irn'avait pas eu un seul ins-
tant l'idée de porter à l'étranger une indus-
trie française.
La construction des sous-marins ne cons-
titue pas un sec*r de la défense nationale,
mais une part du patrimoine industriel de
notre pays, et cela vaut infiniment mieux.
Voilà la vérité et, comme toute vérité, elle
sera difficilement acceptée. Je ne me fais à
ce sujet aucune illusion. Cela ne m'empê-
chera pas, d'ailleurs, de proclamer cette
vérité bien haut, et comme ma voix ne serait
peut-être pas assez puissante, j'ai pensé à
demander à M. Laubeuf l'autorité de la
sienne pour convaincre nos lecteurs.
J'ai été voir M. Laubeuf chez lui. Je ne
connais pas d'homme plus simple, plus
droit, plus savant en son métier que celui-ci.
— Qu'allez-vous laire, lui ai-je demandé ?
— Je n'en sais rien. En tout cas, je ne
travaillerai pas à l'étranger.
— C'est entendu. Alors, vous allez travail-
ler en France ?
— Je le voudrais bien, mais me le permet-
tra-t-on ?
— Comment cela? Vous êtes le mettre,
j'imagine, de faire ce que bon vous semble.
— Cela vous semble simple, mais c'est ex-
trêmement difficile à faire comprendre au
public que l'on n'a pas cessé de tromper sur
tout ce qui touche à la marine et qui se figure
que la construction des sous-marins est la
çlef de la défense maritime de la France.
Rien n'est plus inexact. L'amiral Biepaimé
lui-même, qui, cependant, devrait savoir à
quoi s'en tenir, n'a-t-il pas insinué que j'al-
lais commettre sinon une trahison, au moins
une indélicatesse.
— L'amiral n'a pas pu avoir une telle
pensée.
— Oh 1 d'ailleurs, il est simple de s'expli-
quer. Que l'amiral Bienaimé choisisse trois
de ses amis, je choisirai trois des miens, et
devant ce comité d'examen, je le prierai de
préciser ce qu'il prétend être secret dans
un sous-marin. Je n'aurai aucune peine à
démontrer qu'il n'y a rien de secret dans ce
genre de bateau. Je montrerai que l'on re-
trouve dans les plans annexés à différents
brevets et qui ont été dans les mains de
centaines de personnes, la plupart des appa-
reils, dispositifs et modes de fabrication em-
ployés pour la construction des sous-marins.
Dans nos musées, il y a des sous-marins ;
dans les livres, on donne en détail leur des-
cription depuis la force de leur moteur, leur
capacité génératrice d'électricité, leur stabi-
lité, jusqu'au périscope et aux dispositifs de
lancement des torpilles que l'on dit être si
mystérieux, alors que c'est le secret de poli-
chinelle. Tenez, je viens de l'étranger et j'y
ai vu tout ce que l'on y fnit en navigation
sous-marine. On m'a tout montré.
— Vous n'aviez sans doute rien à y ap-
prendre ?
— Détrompez-vous. J'ai appris que les
étrangers appliquaient déjà à leurs sous-
marins des améliorations que l'on n'appli-
quera pas chez nous avant de longues an-
nées, non pas qu'on ne sache pas ce qu'il
faut faire, mais parce que chez nous, ^'e#t
l'Etat qui construit et que, n'ayant pas de
concurrence à redouter, il ne se presse pas
et met cinq ans à réaliser un progrès que
l'industrie étrangère, stimulée par la concur-
rence, réalise immédiatement.
» L'ignorance de nos compatriotes en ma-
tière maritime peut en ce moment nous
faire perdre des millions, si on ne se décide
pas, enfin, à éclairer il'opinâon publique.
Avant deux ans d'ici, tous les petits Etats
da Nord de l'Europe auront des flottilles im-
portantes de sous-marins. Il faut que quel-
qu'un leur fournisse ces sous-marins et si ce
n'est pas nous, ce sera l'Allemagne, l'An-
gleterre et les Etats-Unis, qui bénéficieront
des commandes. Et ces petits pays-lA aiment
notre pays, et c'est ici qu'ils se fourniraient,
si, raisonnant froidement, nous considérions
qu'il n'y a pas plus d'inconvénient à fabri-
quer des sous-marins pour l'étranger, qu'il
n'y en a à lui fournir des contre-torpilleurs,
des croiseurs et des cuirassés pourvus des
canons de nos meilleurs types.
M. LAUBKUP
— C'est, en somme, l'industrialisation du
sous-marin que vous demandez ?
— Parfaitement. Nous devrions profiter de
la construction des sous-marins, el en tirer
ce que nous avons tiré de l'industrie de l'au-
tomobile. Encore une fois, le voudra-t-on ?
J'ai le droit d'en douter. Il serait, cependant,
un peu trop tyrannique de m'empêcher de
construire ici des bateaux tout comme les
étrangers en construisent, sous prétexte
que c est mon métier. Va-t-on m'interdire,
par exemple, de construire des submersi-
bles dont la caractéristique principale est
la double coque. Cette double coq-ie, c'est
mol qui, le premier, l'ai employée ; mais
aujourd'hui tout le monde adopffe cette dis-
position avantageuse, et il n'y aurait que
moi qui ne pourrait pas l'utiliser. Non,
vraiment, ce serait excessif.
— Vous avez beaucoup d'amis dans la
marine ; il semble que vous pourrez aisé-
ment trouver en eux un appui qui vous per-
mettra de vous faire délier de toute entrave.
— J'ai beaucoup d'amis, mais j'ai aussi
quelques ennemis qui feront tout peur me
nuire.
— En somme, vous avez toujours été très
écouté au ministère.
— Pas toujours. Ainsi, lorsque les Russes
nous ont demandé de leur construire des
sous-marnis, on m'a demandé mon avis, j'ai
dit qu'il n'y avait à cela aucun inconvé-
nient. Eh bien ! on a répondu non à la Rus-
sie 1
— Dame ! on né pouvait pas faire autre-
ment, puisque la Russie était en guerre
avec le Japon..
— Pas du tout. C'était avant la guerre.
Plus tard, quand la guerre a été déclarée,
la Russie a demandé que" l'on m'envoie en
mission pour en construire : le gouverne-
ment s'y est refuse. La Russie s est alors
fournie en Allemagne.
— Je connaissais ce détail, qui m'a é4o
révélé par l'ingénieur des chantiers Ger-
mania, de Kiel, au moment de la livraison
des sous-marins aux Russes.
— Vous voyez donc que les étrangers peu.
sent d'une toute autre façon qub nous iors
qu'il s'agit d'accroître .la fortune industrie
de leurs pays respectifs.
— Voulez-vous préciser, synthétiser ce
qu'est le sous-marin, à quoi il est propre
— Volontiers. Le sous-marin eât^m ba-
teau exclusivement delsnslf, qui peut ren-
dre de frès grands services dans les mtrs
resserrées, dans les détroits; par exemple,
dans la Manche, le pas de Calait la Balt-
que, mais qu'il est. impossible d'employer,
au large, dans l'Océan. Le sous-marin r!..
peut être qu'une arme de surprise, et soi.
rôle est assez grand Ptur qu'on ne cbetvi-?
pas A l'accroître, au risque de compromet-
tre, cette fois, notre puissance navale.
— Ceci veut dire que ?.
— Ceci veut dire que le sous-marin, arm";
de précision, qui ne peut donner de hl ,.¡
rendement qu'à condition d'être dans UA
main de son commandant, doit être de di-
mensions limitées. Le rêve serait que ta
commandant pût lui-même avoir sous ia
main toutes les commandes des organes G J
son bateau, dont il serait ainsi le cerVea
Et c'est pourquoi je dis que les soug.marhiî;
de huit cents tonnes, que l'on se propose oh-
qonstruire, ne pourront jamais rendra d~
services. Cette conception du sous-;n&nu
de gros tonnage est fausse et elle nous pré-
pare de graves mécomptes. Pour justifier
cette hérésie, on annonce que l'on adjoins
dra ces grands sous-marins aux escadre^
Il faut vraiment se moquer du monde pour
dire une semblable énormité. Les sous-rna-
rins, dans une escadre, seraient autanr de
boulets attachés à ses navires ; ce serait utï
danger permanent pour toutes les- unités
d'une force navale ainsi constituée. --ne M.
cadre avec des sous-marins serait vouée il
l'immobilité.
» Il faut dire la vérité à nos compatrio-
tes, c'est le moynn que vous employez dans
vos chroniques : c'est le plus simple et c'est
la seule façon de créer une opinion mari-
time en France.
» Il faut que l'on sache arvant tout que lell
sous-marins doivent dès à présent entrer
dans le domaine de la production industriel-
le française. L'Etat n'y perdra rien, car ce
sera le plus sûr moyen de-ne pas nous lais-
ser dépasser par les étrangers qui. je vous
le dis, marchent vers le progrès a pas fie
géants. Il
En quittant M. Laubeuf, je pensais que ce
bon Français devait sounrîr. et ce mot
qu'il m'avait dit : « Va-t-on m'obliger à
moui% de faim ? » sonnait douloureuse-
ment à mon oreille. Aussi, je suis heureux
de disposer d'une tribune aussi puissante
que celle-ci pour apprendre à la France en-
tière que si le sous-marin a cessé d'être un
secret, il peut devenir demain un facteur
important de la fortune 4e la France, en de-
venant industriel.
De cette façon, en attendant que le sous-
marin assure l'inviolabilité de nos Crontii.
res de mer, il fera vivre des milliers d'ou-
vriers qu'un chauvinisme ridicule bXpose.
rait à mourir de faim.
Raymond Lestonnat.
fils d'ISPHYXIC ptas d EXMLMM
pins d'INCENDIE
provoqués par les tuyaux
en caoutchouc en employant
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LA QQUIION DE L'IPÉM
Le rapport du budget des beaux-arts, — La
gestion financière de M. Gailhard.
Nous avons donné, ces jours derniers, uv
aperçu rapide du rapport si savamment do-
cumenté de M'. Couyba sur le budget de*
beaux-arts,
Au moment où l'Opéra est à l'btdæ dv
jour, par suite de l'expiration'prochaine do
troisième privilège de M. Gailhard, il noui
paraît intéressant de dire aujourd'hui ce quu
pense ruminent rapporteur de cette ques-
tion si complexe et si peu connue :
— l^Qpéra, dit M. Couyba, est avant tenu
1' « Académie nationale oe musique D, et t* k,)vi
mission de conserver les chefs-d'œuvre, et ûf:
les produire syr la scène, quand ils ent êîrieufv
rencontré cette constante laveur et cet eniUo.i
siasme qui sont bien souvent le critérium Ai la
qualité d'une œuvre. Rien n'est donc plus éleu-
gné de cette institution nationale, qui est et qui
doit demeurer protégée par t'Etat, que le gr&hd -
Opéra, théâtre d'essai.
Après avoir rappelé la tentative de riepté- -
sentations à prix réduits faite par M. pep-
trand, M. Couyba ajoute :
— Renouveler une telle expérience, ce serait
entreprendre une opération déplorable à tous
égards et acculer notre Académie nationale à
une faillite analogue à celle dont M. Gaù/iar.t
sauva in extremis la direction Bertrand. On sa
souvient-.n effet, que ce dernier avait acupt-
de donner, en plus des 156 représentations de
l'abonnement normal, 32 représentations d'un
nouvel abonnement à prix réduits, le samedi, et.
en outre, 40 représentations populaires le diman-
che, durant huit moi3. Les résultats de ces (fil-
sapements, scrupuleusement observés, ne st- iL
rent pas a t tendre: dès la première année, i'ext-
cution du programme impose détermina une
perte de 440,000 francs, quelques mois aprlb. aC:
ii Ipam, c;io.nt tes débuta de ta seconde année
du privilège accordé à M. pertrand, le déliait
était de 550,000 fi-an(m. tl fallut, dès lors, pren-
dre les mesures que comportait la situation;
c'eât à ce moment que M -Oailhard fut APpMé
par le ministre à prendra la direction de rOpéra,
avec un cahier des charges d'où furent. exclues
les servitudes exceptionnelles qui svnient entraî-
né l'échec de M. Bertrand. On ne peut donc,
&3US peine de voir se reproduire une crise aussi
;:rrave, reprendre l'idée des représentations po-
uulaires à l'Opéra. -
M. Couyba estime, avec juste raison, CM,*
les représentations populaires doivent (faw
données en dehors de I Opéra, dans un t.t;(.>(\.
tre spécial, maiè que t'Opéra doit y parti-
ciper en prêtant une partie de son matériel
et de ses artistes.
En ce qui concerne le ■ 1 4a
privilège de l'Opéra, le rapporteur s
ainsi :
— Le privilège de M. Gailhard touche if sa le
Des competiieurs sollicitent sa succession Il
n'appartient pas au rapporteur du budget dl;
donner son avis sur cette grosse question C'e
■ju ministre de l'instruction publique et dtp
I)eaux-arts au'il incombe de se prononcer potfr
une direction nouvelle ou pour la continuation
de la direction actuelîe avec ou sans associe.
Mais il n'est qus juste de rappeler que M. Quil-
hard, par une administration prudente,
Quelle presque tout son personnel — ce .*
rare — rend hommage, a par trois fois » s
l'Opéra en péril :
lé En 1884, après le désastre et la mor v
Vaucorbeil ;
2° En 1893, en acceptant, la co-directjoi. *
M. Bertrand, qui perdait 550,000 francs en • ;
mois, avec ses abonnements à prix réCu' 1
ses représentations populaires ;
30 En 1894, en prenant à sa charge la
truction des décors incendiés le 6 janvi. *
hicher, et la réfection des costumes, c'esi « air
environ un million de XiQpenaea, sacrifiai- a
sauvetage les bénéfices de l'Exposition dot .;'
Il n'est pas inutile d'ajouter que, r ',:
la sagesse et la prudence administi ".-
de M. Gailhard, auxquelles M. Couj ,'><
plaît à rendre hommage, il ressort d (
cuments annexés au rapport que le toi
recettes réalisées pendant les cinq denu^ ».
années ne donne qu'un faible excédent smr
le budget des dépenses, qui atteint actuelle-
ment près de quatre millions par an.
Nous trouvons, en effet: pour 190t. une
perte de 148,150 fr. ; pour 19Ô2, un bénéfice
de 151,477 fr. ; pour 1903, un bénéfice de
63,436 fr. ; pour 1904, une perte de 182,177
francs ; pour 1905, un bénéfice de 42,891 fr.
Ces chiffres prouvent éloquemment com-
bien est difficile et périlleuse la gestion ,;-
ftûtro nretnière scène lyri/nww
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