Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-12-03
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 décembre 1906 03 décembre 1906
Description : 1906/12/03 (A15,N5177). 1906/12/03 (A15,N5177).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7627277t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/11/2014
QVINZIEME ANNM - No 5177 HUIT PAGES - Le Numéro quotidien (Paris et Départements) — CINQ CENTIMES
1
LUNDI 3 DECEMBRE 1909
FEitNAND XAU, Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : 100, RUE RICHELIEU, PARIS
Prix des Abonnements
Un an Six mois Trois moif
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Adresse télégraphique ; JOURNAL - MCEMLMU - PABlqr
Les manuscrits non insérés ne sont pas renûtu
Lepossiep de 1 yAttaieeSYveton
,":..-; r' PREMIERS FRAGMENTS
l
LA DÉPOSITION DE M. JULES LEMAITRE
M. JULES LEMAITRE (photo Piron. M St-Germain)
Au Moment où l'on évoque à nouveau
te drame que fut l'AFFAIRE SYVETONj:
Irame sur lequel plane encore un cer-
tain mystère, le Journal a voulu mettre
sous leS yeux de ses lecteurs toutes les
pièces qui constituent le.. dossier de
l'instruction, judiciaire. J
Fidèle à sa tradition, le Journal écarte
ie nette affaire taule préoccupation po-
litique ; un drame s'est développé, au-
quel ont été mêlés des personnages de
tout ordre et de tous rangs ; ce fut, dans
le cahirnet du juge d'instruction, '\ln. long
défilé, d'hommes politiques auxquels
succédaient, pêle-mêle, des àcadémi-
eie'ns et des femmes de chambre, des.
sommités de la pcjence, et des concier-
ges -, ce défilé, nous allons if reconsti-
tuer, nos lecteurs vont pénétrer à leur
tour dans le cabimet du iu^|d-msiruic-
Mme STVETQN
tion, ét, avec notre impartialité habi-
tuelle, irotïs accompagnerons cette pu-
blication d'une documentation, aussi
noaVelle qu'imprévue, qui nous sera
fournie par des personnes à même d'ê-
tre renseignées très exactement sur le
milieu dans lequel a surgi ce tragique
événement. Nous entr'ouvrôns aujour-
d'hui le dossier que nous avons entre 'es
mains, et nous publions un document
capital, auquel il R été maintes fois fait
(illusion, et qu'on a discuté et commenté
jusqtt'à ce jour sans le connaître la
déposition que M.JuliP,s lemaître, mem-
bre de l'Académie française, et, à cette
époque, président de la Ligue de la Pa-
trie Française, fit, le 24 décembre 1904,
tdians le cabmet de M. le juge d'instruc-
on itouçard.
carEt 99
DEPOSITIONS
IDLfea LRMAITRE
tel
M*» SYVETON
L'an 75ZM, te 24 décembre.
Devant nous, Henri Hou-
card, juge d'instruction,
assisté de Vigerie. grever
Déposition de M Juifs Lemaitre, de
o 1 Académie- française, 51 ans, de-
meurant fY.), rue d'Artois.
D.. - Est-il exact que, ces jours-ci,
trime Syveton ait versé entre vos mains
une somme approximative de 100,000
francs ?
R. - Oui.
D. -Voitç a-t-elle dit quelle était l'o-
riginè de cette somme ?
R FIle m'a Ait que cette somme ap-
partenait à la Patrie Française.
P.—A quel titre M: Syvetan la déte-
nait-il ?
R. - Elle mta dit que ce serait com-
me trésorier de la Patrie Française.
D - Ne nous a-t-elle pas dit que snn
mari avait indûment'gardé par devers
lui ikne telle somme ?
R.. — Elle me l'a dit.
D. - Savait-on à la Patrie Française
que M. Syveton détenait cette somme?
R. - Non.
0 — Mme Syveton pouvait-elle gar-
der. cette somme sans qu'on prit savoir
quelle , on était l'origine indélicate ?
R. — Oui, elle le pouvait. J'ai accepté
te paquet qu'elle m'a remis, paquet con-
tenant des titres belges, allemands et da-
snu. ie crois. Je l'ai accepté comme
restitution et sous bénéfice d'inventaire,
parce que la seule preuve que ces va-
leurs appartinssent à la Patrie Française
ne résidait que dans l'affirmation de
Mme Syveton.
D. — A quelle somme exacte s'élève
le total de ces valeurs ?
R. - A une somme très légèrement
supérieure à 98,000 francs.
INTERVENTION DE Mme SYVETON
Mme SYVETON. — M. Lemaître veut-il
dire s'il n'y a pas eu, depuis la restitu-
tion que j'ai faite, la constatation dans
la comptabilité de la Patrie Française
d'un détournement important ? - -.
M; LEMAÎTRE. — Il n'y a.vait pas de
comptabilité régulière électorale. De-
PuM^etlç, restitution, une mouche trçs
difftcllê et ptescfa'ê impossiolè a ete
commencée; elle tendrait à démontrer
qu'une somme de 80,000 francs, inscrite
sur les registres comme entrée, ne fi-
gure pas sous la rubrique des sorties.
D'ailleurs, je ne m'occupais pas de
cette question de comptabilité, ayant
une absolue confiance en Syveton. M.
Dausset pourrait vous fournir des ren-
seignements moins vagues.
Mme SYVETON. — J'ai dil à M Lemaî-
tre en opérant cette restitution, le 19 de
ce mois, que ces 100,000 francs avaient
été -gartiés par mon mari comme reli-
quat d'une somme destinée aux élec-
tions de 1902.
J'ai blâmé mon mari d'un tel acte, et
je lui ai dit que cela nous porterait mal-
heur. Je n'ai cessé, depuis deux
ans, de pousiser mon mari à rendre cette
somme. J avais tenté de provoquer une
telle restitution. en prenant comme occa-
sion les élections municipales ; il s'y est
refusé. J'avais toutefois, obtenu la pro-
messe que ces 100,000 francs seraient
rendus à la Patrie Française, au mo-
ment des élections législatives de 1906.
M. LEMAÎTRE. - Mme Syveton m'a
dit tout cela.
'Mm9 SYVETON. — Je désirerais que M.
Lemaître donnât son avis sur une par-
ticularité du caractère de mon mari. Ne
pense-(-il pas que son orgueil a pu être
un des plus puissants mobiles du sui-
cide ?
M. LEMAITRE. — Je le crois tout à fait.
Je pense que la situation dans laquelle
il se trouvait le jeudi 8, étant données
plusieurs raisons physiques et Morales,
a -pu le pousser à se donner la mort.
Il y avait, comme facteurs, son épui-
sement physique dû à un manque de
nourriture et de sommeil, d'après les
renseignements qui m'ont été fournis.
Il y avait aussi son énervement moral
après quarante-huit heures de scènes
pénibleS et violentes. Il y avait encore
un apeurement à la pensée de toutes
les armes que ses ennemis pouvaient
avoir contre lui. Sentiment d'autant plus
débilitant que l'obiet de sa peur était
mal défini.
Syveton était un homme capable de
marier contre n'importe quel danger,
mais comme il était très sensible sous
ses dehors énergiques, il était capable
de faiblesse devant un danger indéler-
miné.
Enfin, sa dominante me paraît avoir
été: l'orgueil presque sous toutes ses
formes, c'est-à-dire le goût du comman-
dement, et je dirais presque la passion
des responsabilités. On pourrait dire, en
un mot, que, chez Syveton, l'orgueil te-
nait lieu de vertu.
Et' alors, : je conçois très bien qu'à
l'idée de reparaître diminué devant des
hommes, qui auparavant l'estimaient el
mémtt. l'admiraient, il ait défailli et pré-
féré là mort à la vie.
Cexix qui parlent de crime me parais-
sent'a^isir peu le sentiment des réalités,
ils ne se représentent pas ce qu'ont dû
soultrir\« ces deux naufragés » pendant
les 12 o'y 15 heures où ils ont dû res-
sasser interminablement les mêmes re-
proches, les mêmes plaintes, les mêmes
colères et les mêmes désespoirs.
Je ne crois pas au crime direct mais
« je resté troublé par la date du drame,
et il ne me parait pas complètement im-
possible qu'une main mystérieuse ait.
du dehors, déclanché le drame de fa-
mille », la veille du procès de Suveton.
D. — Sur cette main mystérieuse, vou-
lez-vous compléter votre pensée ? ■
R. - Il me paraît singulier que la
première dénonciation ait été faite par
l'associé de M. Ménard, ce M. Potel, qtii
était notoirement un adversaire politi-
que de M. Syveton.
MŒE SYVETON. — Je désirerais enfin
que M. Lemaître précisât la date à la-
quelle je lui ai, pour la première fois,
parlé de la restitution que je devais et-
fectuer entre ses mains.
M. LEMAÎTRE.— C'est le « 18 décem-
bre » que Mme Syveton m'a entretenu,
pour la première fois, de la restitution
qu'elle voulait effectuer.
MME SYVETON. - Si j'ai attendu dix
jours pour le faire, c'est qu'il m'était
pénible d'ajouter, pour les amis de mon
mari, une désillusion de plus à celles
qu'ils avaient déjà dû éprouver.
Lecture faîte, ont signé : Marie Syveton,
Jules Lemaitre, Henri Boucard et Vigerie.
i Nous continuerons demain par des dé-
positions des plus intéressantes.
Carnet d'un Sauvage
Tous les ans, depuis le déluge, car nous
ne savons pas exactement ce qui se passait
avant, des personnes bien intentionnées,
mais absolument certaines que leurs inten-
tions contribueront à paver un enfer de
plus, ne craignent pas de s'exposer au ridi-
cule en réclamant une mesure urgente, et
réclamée depuis de nombreuses années.
Que cette mesure soit le changement de
destination d'un édifice, ou la conservation
d'un autre, ou quelque autre résolution ana-
logue, le représentant de l'administration,
tous les ans aussi, répond invariablement
qu'il va mettre la question à l'étude.
Cette réponse faite, et universellement ap-
prouvée, chacun rentre chez soi, comme
dans Marlborough, les uns avec leur fem-
me, et les autres tout seuls. Et en voilà pour
un an.
Ainsi se sont réglés cette année, ainsi se
règlent selon la formule le sort de nos mu-
sées, le sort de Versailles, le sort de l'Ecole
des arts décoratifs, le sort du Conserva-
toire, et beaucoup d'autres..,.sorts, qu'on re-
met à l'étude avec un zèle infatigable-
Je crois, pour ma part, qu'il en est de ces
études comme des répétitions des pièces de
théâtre. Plus on en fait, moins les comé-
diens savent leurs rôles. A force d'étudier
les questions, on arrive à ne jamais les ré-
soudre.
C'est du reste ce qui convient le mieux aux
questions, car, si elles étaient résolues, on
n'en pourrait plus parler. Laissez passer
quelques mois, et qui s'intéressera, aux
quinze mille francs des députés
Le dernier mot a été dit sur cette affaire
par répohondrablés.
« Comment, m'a-t-elle écrit, pour une fois
qrre mon mari tient ses engagements, on lui
cherche querelle ! Qu'avait-il promis à ses
électeurs ? De faire des économies Eh bien ?
Avec neuf mille francs, je ne pouvais pas
lui en faire. Avec quinze mille, je pourrai
essayer. » Henry MarAt
ECHOS
L
Le dirigeable Patrie continue sans inter-
im ruption ses ascensions libres, sous la con-
duite des officiers de l'établissement de Cha-
lais-Meudon.
Hiei matin, deux nouvelles sorties ont eu
lieu, sous le commandement du capitaine
Voyer et du lieutenant Bois.
On a procédé, de la nacelle et de terre, a
des manœuvres combinées au sujet desquel-
les on ne fournit aucun renseignement, étant
donné leur caractère exclusivement militaire.
L
e gouvernement de Vaud avait refusé,
o l'année dernière, à l'hospice du Grand-
Saint-Bernard l'autorisation ae s approvision-
ner en Suisse au moyen de ses camions auto-
mobiles. Il vient de la lui accorder, mais à
une condition : chaque voiture sera précédée
d'un cheval destiné à rassurer ses confrères
que pourrait effrayer la vue d'un véhicule
dépourvu de. traction animale.
Débouché imprévu pour les chevaux sans
travail qui n'attendaient plus rien que de
l'hippophagie.
M
Redon, architecte du palais du Louvre,
vient d'être chargé de l'aménagement
des locaux de la rue Undinot, en vue ae
l'installation du ministère des colonies. M.
Redon avait déjà établi des plans, à la de-
mande de M. Clémentel, alors ministre des
colonies; ces plans ont été approuvés par M.
Milliès-Lacroix- Quand le ministère aura éva-
cué le Pavillon de Flore, M. Redon en amé-
nagera les locaux, à l'usage des collections
du Musée du Louvre.
B
rise Mondaine, parfum pénétrant lancé
par Martial, parfumeur des cours étran-
gères. 161, rue Montmartre. Inventeur des
Dentifrices au Cresson Martial, la plus pré-
cieuse découverte pour préserver du scorbut
et de la tuberculose.
( :
'est ce soir que se termine le Champion-
nat du Monde de Lutte, la grande ma-
nifestation athlétIque organisée par notre
confrère Les Sports aux Folies-Bergère.
Deux rencontres sont inscrites au pro-
gramme : celle de Cazeaux et d'Aimable de
la Calmette, pour le titre de champion de
France; celle d'Eberlé, le roi des lutteurs
allemands, et du cosaque Padoubny, pour
le titre de champion du monde.
O
n évite les enrouements, rhumes, toux,
bronchites, catarrhes, grippe, phtisie.
tuberculose et influenza, et on en guérit ra-
pidement, si on prend à chaque repas deux
Gouttes Livoniennes de Trouette-Perret.
V
ffluence élégante, hier, chez Pattard,
l'aimable directeur du Grand-Hôtel de
Monte-Carlo, et uetcros, qui inauguraient
leur direction du Restaurant Maire. Cuisine
raffinée, cave merveilleuse2 fleurs, ruisselle-
ment de lumières, orchestre excellent. Bref,
un succès!
G
'est aujourd'hui lundi que Me Lair-Du-
breuil, assisté de M. Georges Petit, com-
mence à la Galerie Georges Fetit la vente de
la collection de tableaux de M. A. Blanc, dont
l'exposition a été si visitée depuis deux jours.
Les Bagnes Militaires'
*
UN PREMIER DRAME
AU PÉNITENCIER DE DOUERA
LE PÉNITENCIER DE DOUERA
En plein village, derrière les écoles,
un quadrilatère de baraquements enca-
dre une vaste cour. Sur une face s'ou-
vre l'entrée principale. Les logements
des officiers et sous-officiers trouent un
des côtés de portes basses. L'autre côté
et l'autre face — isolés du monde ex-
térieur — sont inexorablement clos de
murs rébarbatif, menaçants. C'est le
pénitencier militaire de Douéra.
Que se passe-t-il, dans le mystère de
cette prison ?. Avant d'y pénétrer, je
vais'dire ce qui se passe autour.
.C'était le 22 juillet dernier, un di-
manche, après-midi. Dans le calme
agreste du clair village, quelques co-
tons jouaient aux cartes dans un paisi-
ble petit café, sur la grande place. Brus-
quement, un tirailleur indh":"¡f' fit ir-
ruption, le fusil eïi main, èV rierpel-
lant l'un des joueurs, M. Permi :
- Viens vite. Il y a un déserteur
dans ta maison !
M: Perrin se leva et se hâta derrière
le tirailleur. En passant, machinale-
ment, il regarda l'horloge de l'église :
elle marquait deux heures. Chez lui. il
n'y avait que sa femme. Rapidement, se
penchant, à l'oreBle; il lui demanda :
- Sais-tu où il est ?
- Je crois, chuchota-t-elie, qu'il est
caché derrière les roseaux.
M. Perrin franchit la porte de la cour.
C'est, en contre-bas d'un champ, une
sorte de tranchée creusée dans la terre-
molle 6 à 8 mètres carrés !. Et il re-
gardait du côté du tas de roseaux que
lui avait indiqué sa femme, lorsque le
soldai - indigène, — qui l'avait suivi,
sans qu'il s'en doutât, - tout à coup,
cria
— Le voilà L.
En même temps, surgissaient sur la
crête de la tranchée deux nouveaux uni-
formes- Et un autre se montrait, du côté
de la rue. La cour était cernée par les
chasseurs d'hommes.
Entre les feuilles touffues d'une
broussaille, poussée sur le talus grim-
pant vers le champ, un pied se distin-
guait, se devinait plutôt. Une forme ac-
croupie, ramassée, tassée sur elle-même,
était là, derrière.
Déjà, le tirailleur avait épaulé. Il n'é-
tait pas à plus de deux mètres du déser-
teur.
- S'il avait eu la baïonnette au ca-
non, me disait le colon, elle lui eût four-
ché les pieds !.
Il y eut alors une minute tragique. Le
pénitentiaire se retourna à demi, le
corps soulevé en une imploration,
criant :
— Ne tirez pas, je me rends !.
M. Perrin — affolé horreur devant
le tirailleur épaulant et visant — s'était
jeté sur l'arme Mais le coup de feu re-
tentit, en claquement, de fouet.
Pourtant, la pousse du colon avait
fait dévier légèrement le canon du fu-
sil. Et puis, le pénitentiaire avait ins-
tinctivement caché son visage, d'un
mouvement apeuré des bras. La balle,
dirigée en pleine poitrine, traversa l'a-
vant-bras, troua de part en part le corps,
sous l'épaule, puis, déchirant une ronce,
en laboura les racines. Pendant long-
temps, la trace en est restée.
La victime, dans un râle, avait pivoté
sur elle-même ; et elle était tombée face
en avant. Une jambe, prise entre deux
racines, retenait le corps. Les bras pen-
daient.
Le blessé demeura ainsi, en l'air, la-
mentable loque saignante, et du sang
s'égouttait. lentement sur le sol de la
cour. Les trois autres tirailleurs, le
fusil braqué, guettaient un mouvement
pour l'achever.
Cependant le coup de feu, éclatant
en plein village, avait jeté dehors les
habitants, surpris et inquiets. Un jeune
homme, M. Henri Tabariez, qui habile
près de l'église, à cinq cents mètres de
la maison Perrin, se précipita. Il ar-
riva au moment où les tirailleurs re-
poussaient de la crosse le-s voisins qui
voulaient pénétrer dans la cour. Grand
et fort, dans une bourrade, il passa. La
victime, inerte, les bras étendus, comme
figés dans un geste de supplication su-
prême, saignait toujours le long du ta-
lus. Il la saisit par les épaules pour,
doucement, l'attirer à lui.
— Fouterinoi ça par terre !. jeta une
voix. *
C'était, un tirailleur, poste sur la crête
qui attendait, le fusil toujours en main.
M. Tabariez souleva. le malheureux
auL de tout son poids. retomba sur lui.
La secousse les jeta tous deux à terre.
Cependant les voisins avaient forcé l'en-
trée, et déjà s'empressaient autour du
pénitentiaire. La sage-femme, à tout évé-
nements avait apporté des sels, des cor-
diaux, des objets de panse.ment.
Un riche colon, qui par hasard tra-
versait le village en automobile, s'était
arrêté devant le rassemblement. Dans
une communion de sentiments avec la
foule, il cria à un sous-officier son indi-
gnation véhémente :
— Vous êtes des misérables!. Vous
êtes plus sauvages que les Bédouins du
désert !.
Et, sous l'outrage mérité, le gradé
courba la tête et s'esquiva.
Ce ne fut qu'une heure après, Envi-
ron, que, sur uin brancard, on trans-
porta le blessé à l'hôpital.
Le malheureux, qui a nom Lecave-
lier, était en butte .depuis quelque temps
aux tracasseries provocatrices d'un gra-
dé' Ce "jô'ùr-Tâ, oii l'avait cohduft, daNs
la campagne, à la corvée de battage des
couvertures. El il avait respiré, avec un.
air autre que l'air du bagne, l'illusion
de la liberté.
Au retour, devant les sinistres bara-
quements, une peur irraisonnée le prit,
le grisa comme d'une folie. Et jetant
bas les couvertures qu'il portait, ins-
tinctivement, sans réfléchir, d'un galop
furieux, d'un galop de cheval de course,
il se précipita, tête baissée, vers un in-
connu, moins terrible, quel qu'il fût,
que ce qui l'attendait au pénitencier.
Puis, épuisé bientôt, haletant, à bout
de souffle, il arriva devant la maison
Perrin. Il sentait derrière lui la meute.
Il entra alors dans la cour, et, comme
une bête traquée, s'accroupit, se terra
derrière les ronces, d'où devait le dé-
busquer la balle meurtrière d'un tirail-
leur indigène.
Mais ce drame avait ameuté autour du
pénitencier toute une colère. M. Perrin,
les jambes cassées d'émotion, avait dû
s'aliter. Des protestations des habitants
grondèrent. Une enquête fut ouverte.
Il s'agissait d'établir si Le pénitentiaire
avait véritablement crié : « Ne tirez pas,
je me rends », — et. si Les tirailleurs
avaient tiré sur le malheureux à l'inté-
rieur d'une maison particulière, où la
loi leur interdisait d'entrer. Dans le
premier cas, ils n'étaient plus des sol-
dats obéissant à une consigne barbare,
ils étaient des assassins. Dans le se-
cond, ils avaient commis une violation
de domicile, évidemment punissable.
L'enquête fut confiée à un officier qui,
négligemment, inspecta les lieux et en-
tendit les témoins. M. Perrin était seul
présent, lorsque le déserteur avait crié
qu'il se rendait. Il raconta la scène.
Mais il se heurta à la version du capi-
taine Garnier. Suivant le commandant
du pénitencier de Douéra, qui ne s'est
jamais rendu sur les lieux en compagnie
du colon, ses hommes n'avaient commis
aucune faute. Ils avaient fatfc^Stu détenu
oui «ésertait» les sommations régle-
mentaires. Et le tirailleur indigène a
tiré, de la rue* On vérifia la possibJpr
de ces dires : il» étaient absolunjpnt
inadmissibles Il y a une maisonnette
entre la cour de M. Perrin et la rue, —
et de .là on ne peut apercevoir le talus
où se cachait le> pénitentiaire. Le capi-
taine Garnier prétendit alors que le ti-
railleur meurtrier était monté sur un
mur qui. à cette époque, formait le coin
de la place du Marché, en face.
Il était également impossible de diri-
ger, de là, un feu plongeant sur la cour
où le meurtre avait été commis. N'im-
porte !. L'enquête fut close et l'affaire,
enveloppée, comme d'un suaire, d'un
mystérieux silence, demeura enseveli
dans les car-tons de l'administration mi-
litaire.
Pourtant, M. Perrin a encore dans les
oreilles l'imploration angoissée, déchi-
rante du pénitentiaire devant la menace
du fusil, — comme il a gardé dans les
yeux la vision de cet homme ramassé
sur lui-même, qui se relève, ébauchant
des bras un geste de protection, puis
qui, sous le choc de la balle, pivote,
s'écroule, glisse le long du talus, et de-
meure suspendu par une jambe aux ra-
cines des ronces, — égrenant sa vie
goutte à goutte, sur la terre brune bien-
tôt. rougie !.
La victime, depuis le 22 juillet, est
toujours en traitement. A la date du 13
octobre, elle a été dirigée de l'hôpital
de Douera sur l'hôpital du Dey, à Alger.
Le jour où, revenu complètement à lf
vie, Lecavelier quittera le grabat où il
gît, ce sera pour entrer eIlI cellule. Cal
le Capitaine Garnier lui a infligé trente
jours de cellule, — sans doute, pour lui
apprendre à vivre.
JACQUES nowbe
(A suivre.)
IMorttrapIque d'un Sénateur
SEDAN, 2 décembre. — M Goûtant, Sêna
teur des Ardennes, vient de trouver la mon
dans des circonstances tristement drainait
ques. ,
Il avait pris ce matin à Paris Fespress qija
arrive à Sedan à midi vingt, dans l'intention
d'asister aux obsèques de M. Lassalle, pèr
du député socialiste, qui sont célébrées ce
après-midi. On suppose qu'il s'est bndormi
dans le compartiment de première chasse ow
il était monté et qu'il s'est subitement révetll
lé alors que le tirain, ayant stoppé pendant
l'arrêt réglemenUûre à la gare de Sedai I,COÎT
tinuait sa marche-
La machine bavait pas encore reprit sa
vitesse normale, puisqu'elle n'était pus à
plus d'une soixantaine- de mètres de son
point d'arrêt, qiiahd M. Goûtant, se réveil;
lant subitement et constatant qu'il avait t'tr
lé la station, voulu 11 descendre. D'un geste\,
jeta sur la voie so ti pardessus et sa caûiiçw
puis ouvrit la portière, et du marchepieds
sauta à terre. Mài£ entraîné par la vites?«J
du train, qui s'achèterait de seconde en se
conde, et emporté par son propre poids -
M. Goûtant était Ùi'J. homme de très haute
stature et de forte corpulence - il fut pro
jeté sous les roues * du wagon et complète:
ment bj-oyé ► f
Quelques instants jtJlus tard, des employ é
accouraient et se trouvaient en présence
débris informes du malheureux sénateur
Les cuisses étaient complètement bm&éesjl
le ventre et la poitrine ouverts.
M. QQÛTAtiî, tértateur Aes Ar f*nne$
Tandis que le sous-préfet de îSedan étaffl
avisé de l'accident et que le commissaire'
spécial procédait aux constatations légales
du décès, un ami de la familier du défunt'
allait prévenir avec toufi les" ménagements
possibles Mme Goûtant du malheur qui la
frappait.
A une heure, le corps étaf.t transporte dans
un salon d'attente de la garè, où ne tardaient
pas à arriver le sous-préfet è^t les autorités.
M. Goûtant était né à LiarV le 15 octobre
1847 et avait exercé la profession d'architec-
te. Elu conseiller général en V 842, il avait
été nommé en 1898 au siège sénatorial laisse
vacant par M Linard Réélu en 1\903, il avait
été entre temps président de rassemblée dé-
partementale Au Sénat, il faisait 4partip de
la gauche démocratique.
Il était rapporteur du budget des conven.
lions et était intervenu dans la dermOre'dis-
cussion sur les retards des trains.
EN TROISIEME PAGE :
GERMAINE A BON CŒUR
Par CHARLES-HENRY HIRSDTF
A LA SORBONNE
M. Clemenceau a prÈsi hier, 1
comme il l'a dit spirituellement,
I'MIês fiéaW des "flics"
Hier matin a eu lieu, dans le grand am-
phithéâtre de la Sorbonne, sous la prési-
dence de M. Clemenceau, président du con-
seil, ministre de l'intérieur, l'assemblée gé-
nérale annuelle de l'Association des em-
ployés de la préfecture de police, qui compta
aujourd'hui 8,359 membres et possède un éao-
pital de 3,250,000 fhirlcs.
► Aux e côtés de M. Clemenceau ont pria
place sur l'estrade MM. Sarraut, sous-secré-
taire d'Etat au ministère de l'intérieur ; Vel-
Durand, président de l'Association ; Lépme,
préfet de police ; Bernard, secrétaire général
de la préfecture de tel Seine ; Laurent, secré-
taire général de la préfecture de police;
Blanc, ancien préfet de pouce; le colonel
Bouchez, commandant la garde républi-
caine, etc.
M. Vel-Dunmd, président de l'Association,
a rappelé les débuts modestes du groupe-
ment des employés et agents de la préfec-
ture de police et a aiflrmé le dévouement
loyal des memferes de l'Association au gou-
vernement pour l'exécution de la loi.
M. Lépine. préfet de police, a fait à son
tour l'éloge de tout le personnel de la pré-
fecture de police. Tons les agents sont cou-
rageux, disciplinés, ours à la fatigue, et la
population parisienne tes aime pour les ser-
vices qu'elle attend d'eux : ils ont le senti-
ment du devoir et le respect de leurs fonc-
tions ; ils pratiquent cette vertu antique qui
tend à disparaître -. l'obéissance. Quant. à
leur bravoure, il suffit pour la constater de
lire la liste jamais close des hommes qui ont
payé de leur vie leur dévouement à leurs
fonctions. Avant-hier, le Conseil municipal
avait à décerner le lègs Renoir de 2,000 fr.
attribué au plus bel acte de courage d'ui
habitant de Paris pendant l'année ; il ?
choisi à l'unanimité un gardien de la paix
L'année dernière, un gardien de la pan
avait été également désigné.
- Vous avez devant vous, dit M. Lépine
à M. Clemenceau, l'armée de l'ordre, ^es
hommes qui la composent méritent votre
sympathie. Je réponds d'eux devant vous.
M. Clemenceau prend ensuite la parole et
prononce un discours piain d'humour au
1
LUNDI 3 DECEMBRE 1909
FEitNAND XAU, Fondateur
REDACTION ET ADMINISTRATION : 100, RUE RICHELIEU, PARIS
Prix des Abonnements
Un an Six mois Trois moif
SEINB & SEINE-ET-OISE. 20. » 10 50 5.50
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Adresser le? 'mandats-toste d M. ,tAdmCnCltrtZUtll
Adresse télégraphique ; JOURNAL - MCEMLMU - PABlqr
Les manuscrits non insérés ne sont pas renûtu
Lepossiep de 1 yAttaieeSYveton
,":..-; r' PREMIERS FRAGMENTS
l
LA DÉPOSITION DE M. JULES LEMAITRE
M. JULES LEMAITRE (photo Piron. M St-Germain)
Au Moment où l'on évoque à nouveau
te drame que fut l'AFFAIRE SYVETONj:
Irame sur lequel plane encore un cer-
tain mystère, le Journal a voulu mettre
sous leS yeux de ses lecteurs toutes les
pièces qui constituent le.. dossier de
l'instruction, judiciaire. J
Fidèle à sa tradition, le Journal écarte
ie nette affaire taule préoccupation po-
litique ; un drame s'est développé, au-
quel ont été mêlés des personnages de
tout ordre et de tous rangs ; ce fut, dans
le cahirnet du juge d'instruction, '\ln. long
défilé, d'hommes politiques auxquels
succédaient, pêle-mêle, des àcadémi-
eie'ns et des femmes de chambre, des.
sommités de la pcjence, et des concier-
ges -, ce défilé, nous allons if reconsti-
tuer, nos lecteurs vont pénétrer à leur
tour dans le cabimet du iu^|d-msiruic-
Mme STVETQN
tion, ét, avec notre impartialité habi-
tuelle, irotïs accompagnerons cette pu-
blication d'une documentation, aussi
noaVelle qu'imprévue, qui nous sera
fournie par des personnes à même d'ê-
tre renseignées très exactement sur le
milieu dans lequel a surgi ce tragique
événement. Nous entr'ouvrôns aujour-
d'hui le dossier que nous avons entre 'es
mains, et nous publions un document
capital, auquel il R été maintes fois fait
(illusion, et qu'on a discuté et commenté
jusqtt'à ce jour sans le connaître la
déposition que M.JuliP,s lemaître, mem-
bre de l'Académie française, et, à cette
époque, président de la Ligue de la Pa-
trie Française, fit, le 24 décembre 1904,
tdians le cabmet de M. le juge d'instruc-
on itouçard.
carEt 99
DEPOSITIONS
IDLfea LRMAITRE
tel
M*» SYVETON
L'an 75ZM, te 24 décembre.
Devant nous, Henri Hou-
card, juge d'instruction,
assisté de Vigerie. grever
Déposition de M Juifs Lemaitre, de
o 1 Académie- française, 51 ans, de-
meurant fY.), rue d'Artois.
D.. - Est-il exact que, ces jours-ci,
trime Syveton ait versé entre vos mains
une somme approximative de 100,000
francs ?
R. - Oui.
D. -Voitç a-t-elle dit quelle était l'o-
riginè de cette somme ?
R FIle m'a Ait que cette somme ap-
partenait à la Patrie Française.
P.—A quel titre M: Syvetan la déte-
nait-il ?
R. - Elle mta dit que ce serait com-
me trésorier de la Patrie Française.
D - Ne nous a-t-elle pas dit que snn
mari avait indûment'gardé par devers
lui ikne telle somme ?
R.. — Elle me l'a dit.
D. - Savait-on à la Patrie Française
que M. Syveton détenait cette somme?
R. - Non.
0 — Mme Syveton pouvait-elle gar-
der. cette somme sans qu'on prit savoir
quelle , on était l'origine indélicate ?
R. — Oui, elle le pouvait. J'ai accepté
te paquet qu'elle m'a remis, paquet con-
tenant des titres belges, allemands et da-
snu. ie crois. Je l'ai accepté comme
restitution et sous bénéfice d'inventaire,
parce que la seule preuve que ces va-
leurs appartinssent à la Patrie Française
ne résidait que dans l'affirmation de
Mme Syveton.
D. — A quelle somme exacte s'élève
le total de ces valeurs ?
R. - A une somme très légèrement
supérieure à 98,000 francs.
INTERVENTION DE Mme SYVETON
Mme SYVETON. — M. Lemaître veut-il
dire s'il n'y a pas eu, depuis la restitu-
tion que j'ai faite, la constatation dans
la comptabilité de la Patrie Française
d'un détournement important ? - -.
M; LEMAÎTRE. — Il n'y a.vait pas de
comptabilité régulière électorale. De-
PuM^etlç, restitution, une mouche trçs
difftcllê et ptescfa'ê impossiolè a ete
commencée; elle tendrait à démontrer
qu'une somme de 80,000 francs, inscrite
sur les registres comme entrée, ne fi-
gure pas sous la rubrique des sorties.
D'ailleurs, je ne m'occupais pas de
cette question de comptabilité, ayant
une absolue confiance en Syveton. M.
Dausset pourrait vous fournir des ren-
seignements moins vagues.
Mme SYVETON. — J'ai dil à M Lemaî-
tre en opérant cette restitution, le 19 de
ce mois, que ces 100,000 francs avaient
été -gartiés par mon mari comme reli-
quat d'une somme destinée aux élec-
tions de 1902.
J'ai blâmé mon mari d'un tel acte, et
je lui ai dit que cela nous porterait mal-
heur. Je n'ai cessé, depuis deux
ans, de pousiser mon mari à rendre cette
somme. J avais tenté de provoquer une
telle restitution. en prenant comme occa-
sion les élections municipales ; il s'y est
refusé. J'avais toutefois, obtenu la pro-
messe que ces 100,000 francs seraient
rendus à la Patrie Française, au mo-
ment des élections législatives de 1906.
M. LEMAÎTRE. - Mme Syveton m'a
dit tout cela.
'Mm9 SYVETON. — Je désirerais que M.
Lemaître donnât son avis sur une par-
ticularité du caractère de mon mari. Ne
pense-(-il pas que son orgueil a pu être
un des plus puissants mobiles du sui-
cide ?
M. LEMAITRE. — Je le crois tout à fait.
Je pense que la situation dans laquelle
il se trouvait le jeudi 8, étant données
plusieurs raisons physiques et Morales,
a -pu le pousser à se donner la mort.
Il y avait, comme facteurs, son épui-
sement physique dû à un manque de
nourriture et de sommeil, d'après les
renseignements qui m'ont été fournis.
Il y avait aussi son énervement moral
après quarante-huit heures de scènes
pénibleS et violentes. Il y avait encore
un apeurement à la pensée de toutes
les armes que ses ennemis pouvaient
avoir contre lui. Sentiment d'autant plus
débilitant que l'obiet de sa peur était
mal défini.
Syveton était un homme capable de
marier contre n'importe quel danger,
mais comme il était très sensible sous
ses dehors énergiques, il était capable
de faiblesse devant un danger indéler-
miné.
Enfin, sa dominante me paraît avoir
été: l'orgueil presque sous toutes ses
formes, c'est-à-dire le goût du comman-
dement, et je dirais presque la passion
des responsabilités. On pourrait dire, en
un mot, que, chez Syveton, l'orgueil te-
nait lieu de vertu.
Et' alors, : je conçois très bien qu'à
l'idée de reparaître diminué devant des
hommes, qui auparavant l'estimaient el
mémtt. l'admiraient, il ait défailli et pré-
féré là mort à la vie.
Cexix qui parlent de crime me parais-
sent'a^isir peu le sentiment des réalités,
ils ne se représentent pas ce qu'ont dû
soultrir\« ces deux naufragés » pendant
les 12 o'y 15 heures où ils ont dû res-
sasser interminablement les mêmes re-
proches, les mêmes plaintes, les mêmes
colères et les mêmes désespoirs.
Je ne crois pas au crime direct mais
« je resté troublé par la date du drame,
et il ne me parait pas complètement im-
possible qu'une main mystérieuse ait.
du dehors, déclanché le drame de fa-
mille », la veille du procès de Suveton.
D. — Sur cette main mystérieuse, vou-
lez-vous compléter votre pensée ? ■
R. - Il me paraît singulier que la
première dénonciation ait été faite par
l'associé de M. Ménard, ce M. Potel, qtii
était notoirement un adversaire politi-
que de M. Syveton.
MŒE SYVETON. — Je désirerais enfin
que M. Lemaître précisât la date à la-
quelle je lui ai, pour la première fois,
parlé de la restitution que je devais et-
fectuer entre ses mains.
M. LEMAÎTRE.— C'est le « 18 décem-
bre » que Mme Syveton m'a entretenu,
pour la première fois, de la restitution
qu'elle voulait effectuer.
MME SYVETON. - Si j'ai attendu dix
jours pour le faire, c'est qu'il m'était
pénible d'ajouter, pour les amis de mon
mari, une désillusion de plus à celles
qu'ils avaient déjà dû éprouver.
Lecture faîte, ont signé : Marie Syveton,
Jules Lemaitre, Henri Boucard et Vigerie.
i Nous continuerons demain par des dé-
positions des plus intéressantes.
Carnet d'un Sauvage
Tous les ans, depuis le déluge, car nous
ne savons pas exactement ce qui se passait
avant, des personnes bien intentionnées,
mais absolument certaines que leurs inten-
tions contribueront à paver un enfer de
plus, ne craignent pas de s'exposer au ridi-
cule en réclamant une mesure urgente, et
réclamée depuis de nombreuses années.
Que cette mesure soit le changement de
destination d'un édifice, ou la conservation
d'un autre, ou quelque autre résolution ana-
logue, le représentant de l'administration,
tous les ans aussi, répond invariablement
qu'il va mettre la question à l'étude.
Cette réponse faite, et universellement ap-
prouvée, chacun rentre chez soi, comme
dans Marlborough, les uns avec leur fem-
me, et les autres tout seuls. Et en voilà pour
un an.
Ainsi se sont réglés cette année, ainsi se
règlent selon la formule le sort de nos mu-
sées, le sort de Versailles, le sort de l'Ecole
des arts décoratifs, le sort du Conserva-
toire, et beaucoup d'autres..,.sorts, qu'on re-
met à l'étude avec un zèle infatigable-
Je crois, pour ma part, qu'il en est de ces
études comme des répétitions des pièces de
théâtre. Plus on en fait, moins les comé-
diens savent leurs rôles. A force d'étudier
les questions, on arrive à ne jamais les ré-
soudre.
C'est du reste ce qui convient le mieux aux
questions, car, si elles étaient résolues, on
n'en pourrait plus parler. Laissez passer
quelques mois, et qui s'intéressera, aux
quinze mille francs des députés
Le dernier mot a été dit sur cette affaire
par répohondrablés.
« Comment, m'a-t-elle écrit, pour une fois
qrre mon mari tient ses engagements, on lui
cherche querelle ! Qu'avait-il promis à ses
électeurs ? De faire des économies Eh bien ?
Avec neuf mille francs, je ne pouvais pas
lui en faire. Avec quinze mille, je pourrai
essayer. » Henry MarAt
ECHOS
L
Le dirigeable Patrie continue sans inter-
im ruption ses ascensions libres, sous la con-
duite des officiers de l'établissement de Cha-
lais-Meudon.
Hiei matin, deux nouvelles sorties ont eu
lieu, sous le commandement du capitaine
Voyer et du lieutenant Bois.
On a procédé, de la nacelle et de terre, a
des manœuvres combinées au sujet desquel-
les on ne fournit aucun renseignement, étant
donné leur caractère exclusivement militaire.
L
e gouvernement de Vaud avait refusé,
o l'année dernière, à l'hospice du Grand-
Saint-Bernard l'autorisation ae s approvision-
ner en Suisse au moyen de ses camions auto-
mobiles. Il vient de la lui accorder, mais à
une condition : chaque voiture sera précédée
d'un cheval destiné à rassurer ses confrères
que pourrait effrayer la vue d'un véhicule
dépourvu de. traction animale.
Débouché imprévu pour les chevaux sans
travail qui n'attendaient plus rien que de
l'hippophagie.
M
Redon, architecte du palais du Louvre,
vient d'être chargé de l'aménagement
des locaux de la rue Undinot, en vue ae
l'installation du ministère des colonies. M.
Redon avait déjà établi des plans, à la de-
mande de M. Clémentel, alors ministre des
colonies; ces plans ont été approuvés par M.
Milliès-Lacroix- Quand le ministère aura éva-
cué le Pavillon de Flore, M. Redon en amé-
nagera les locaux, à l'usage des collections
du Musée du Louvre.
B
rise Mondaine, parfum pénétrant lancé
par Martial, parfumeur des cours étran-
gères. 161, rue Montmartre. Inventeur des
Dentifrices au Cresson Martial, la plus pré-
cieuse découverte pour préserver du scorbut
et de la tuberculose.
( :
'est ce soir que se termine le Champion-
nat du Monde de Lutte, la grande ma-
nifestation athlétIque organisée par notre
confrère Les Sports aux Folies-Bergère.
Deux rencontres sont inscrites au pro-
gramme : celle de Cazeaux et d'Aimable de
la Calmette, pour le titre de champion de
France; celle d'Eberlé, le roi des lutteurs
allemands, et du cosaque Padoubny, pour
le titre de champion du monde.
O
n évite les enrouements, rhumes, toux,
bronchites, catarrhes, grippe, phtisie.
tuberculose et influenza, et on en guérit ra-
pidement, si on prend à chaque repas deux
Gouttes Livoniennes de Trouette-Perret.
V
ffluence élégante, hier, chez Pattard,
l'aimable directeur du Grand-Hôtel de
Monte-Carlo, et uetcros, qui inauguraient
leur direction du Restaurant Maire. Cuisine
raffinée, cave merveilleuse2 fleurs, ruisselle-
ment de lumières, orchestre excellent. Bref,
un succès!
G
'est aujourd'hui lundi que Me Lair-Du-
breuil, assisté de M. Georges Petit, com-
mence à la Galerie Georges Fetit la vente de
la collection de tableaux de M. A. Blanc, dont
l'exposition a été si visitée depuis deux jours.
Les Bagnes Militaires'
*
UN PREMIER DRAME
AU PÉNITENCIER DE DOUERA
LE PÉNITENCIER DE DOUERA
En plein village, derrière les écoles,
un quadrilatère de baraquements enca-
dre une vaste cour. Sur une face s'ou-
vre l'entrée principale. Les logements
des officiers et sous-officiers trouent un
des côtés de portes basses. L'autre côté
et l'autre face — isolés du monde ex-
térieur — sont inexorablement clos de
murs rébarbatif, menaçants. C'est le
pénitencier militaire de Douéra.
Que se passe-t-il, dans le mystère de
cette prison ?. Avant d'y pénétrer, je
vais'dire ce qui se passe autour.
.C'était le 22 juillet dernier, un di-
manche, après-midi. Dans le calme
agreste du clair village, quelques co-
tons jouaient aux cartes dans un paisi-
ble petit café, sur la grande place. Brus-
quement, un tirailleur indh":"¡f' fit ir-
ruption, le fusil eïi main, èV rierpel-
lant l'un des joueurs, M. Permi :
- Viens vite. Il y a un déserteur
dans ta maison !
M: Perrin se leva et se hâta derrière
le tirailleur. En passant, machinale-
ment, il regarda l'horloge de l'église :
elle marquait deux heures. Chez lui. il
n'y avait que sa femme. Rapidement, se
penchant, à l'oreBle; il lui demanda :
- Sais-tu où il est ?
- Je crois, chuchota-t-elie, qu'il est
caché derrière les roseaux.
M. Perrin franchit la porte de la cour.
C'est, en contre-bas d'un champ, une
sorte de tranchée creusée dans la terre-
molle 6 à 8 mètres carrés !. Et il re-
gardait du côté du tas de roseaux que
lui avait indiqué sa femme, lorsque le
soldai - indigène, — qui l'avait suivi,
sans qu'il s'en doutât, - tout à coup,
cria
— Le voilà L.
En même temps, surgissaient sur la
crête de la tranchée deux nouveaux uni-
formes- Et un autre se montrait, du côté
de la rue. La cour était cernée par les
chasseurs d'hommes.
Entre les feuilles touffues d'une
broussaille, poussée sur le talus grim-
pant vers le champ, un pied se distin-
guait, se devinait plutôt. Une forme ac-
croupie, ramassée, tassée sur elle-même,
était là, derrière.
Déjà, le tirailleur avait épaulé. Il n'é-
tait pas à plus de deux mètres du déser-
teur.
- S'il avait eu la baïonnette au ca-
non, me disait le colon, elle lui eût four-
ché les pieds !.
Il y eut alors une minute tragique. Le
pénitentiaire se retourna à demi, le
corps soulevé en une imploration,
criant :
— Ne tirez pas, je me rends !.
M. Perrin — affolé horreur devant
le tirailleur épaulant et visant — s'était
jeté sur l'arme Mais le coup de feu re-
tentit, en claquement, de fouet.
Pourtant, la pousse du colon avait
fait dévier légèrement le canon du fu-
sil. Et puis, le pénitentiaire avait ins-
tinctivement caché son visage, d'un
mouvement apeuré des bras. La balle,
dirigée en pleine poitrine, traversa l'a-
vant-bras, troua de part en part le corps,
sous l'épaule, puis, déchirant une ronce,
en laboura les racines. Pendant long-
temps, la trace en est restée.
La victime, dans un râle, avait pivoté
sur elle-même ; et elle était tombée face
en avant. Une jambe, prise entre deux
racines, retenait le corps. Les bras pen-
daient.
Le blessé demeura ainsi, en l'air, la-
mentable loque saignante, et du sang
s'égouttait. lentement sur le sol de la
cour. Les trois autres tirailleurs, le
fusil braqué, guettaient un mouvement
pour l'achever.
Cependant le coup de feu, éclatant
en plein village, avait jeté dehors les
habitants, surpris et inquiets. Un jeune
homme, M. Henri Tabariez, qui habile
près de l'église, à cinq cents mètres de
la maison Perrin, se précipita. Il ar-
riva au moment où les tirailleurs re-
poussaient de la crosse le-s voisins qui
voulaient pénétrer dans la cour. Grand
et fort, dans une bourrade, il passa. La
victime, inerte, les bras étendus, comme
figés dans un geste de supplication su-
prême, saignait toujours le long du ta-
lus. Il la saisit par les épaules pour,
doucement, l'attirer à lui.
— Fouterinoi ça par terre !. jeta une
voix. *
C'était, un tirailleur, poste sur la crête
qui attendait, le fusil toujours en main.
M. Tabariez souleva. le malheureux
auL de tout son poids. retomba sur lui.
La secousse les jeta tous deux à terre.
Cependant les voisins avaient forcé l'en-
trée, et déjà s'empressaient autour du
pénitentiaire. La sage-femme, à tout évé-
nements avait apporté des sels, des cor-
diaux, des objets de panse.ment.
Un riche colon, qui par hasard tra-
versait le village en automobile, s'était
arrêté devant le rassemblement. Dans
une communion de sentiments avec la
foule, il cria à un sous-officier son indi-
gnation véhémente :
— Vous êtes des misérables!. Vous
êtes plus sauvages que les Bédouins du
désert !.
Et, sous l'outrage mérité, le gradé
courba la tête et s'esquiva.
Ce ne fut qu'une heure après, Envi-
ron, que, sur uin brancard, on trans-
porta le blessé à l'hôpital.
Le malheureux, qui a nom Lecave-
lier, était en butte .depuis quelque temps
aux tracasseries provocatrices d'un gra-
dé' Ce "jô'ùr-Tâ, oii l'avait cohduft, daNs
la campagne, à la corvée de battage des
couvertures. El il avait respiré, avec un.
air autre que l'air du bagne, l'illusion
de la liberté.
Au retour, devant les sinistres bara-
quements, une peur irraisonnée le prit,
le grisa comme d'une folie. Et jetant
bas les couvertures qu'il portait, ins-
tinctivement, sans réfléchir, d'un galop
furieux, d'un galop de cheval de course,
il se précipita, tête baissée, vers un in-
connu, moins terrible, quel qu'il fût,
que ce qui l'attendait au pénitencier.
Puis, épuisé bientôt, haletant, à bout
de souffle, il arriva devant la maison
Perrin. Il sentait derrière lui la meute.
Il entra alors dans la cour, et, comme
une bête traquée, s'accroupit, se terra
derrière les ronces, d'où devait le dé-
busquer la balle meurtrière d'un tirail-
leur indigène.
Mais ce drame avait ameuté autour du
pénitencier toute une colère. M. Perrin,
les jambes cassées d'émotion, avait dû
s'aliter. Des protestations des habitants
grondèrent. Une enquête fut ouverte.
Il s'agissait d'établir si Le pénitentiaire
avait véritablement crié : « Ne tirez pas,
je me rends », — et. si Les tirailleurs
avaient tiré sur le malheureux à l'inté-
rieur d'une maison particulière, où la
loi leur interdisait d'entrer. Dans le
premier cas, ils n'étaient plus des sol-
dats obéissant à une consigne barbare,
ils étaient des assassins. Dans le se-
cond, ils avaient commis une violation
de domicile, évidemment punissable.
L'enquête fut confiée à un officier qui,
négligemment, inspecta les lieux et en-
tendit les témoins. M. Perrin était seul
présent, lorsque le déserteur avait crié
qu'il se rendait. Il raconta la scène.
Mais il se heurta à la version du capi-
taine Garnier. Suivant le commandant
du pénitencier de Douéra, qui ne s'est
jamais rendu sur les lieux en compagnie
du colon, ses hommes n'avaient commis
aucune faute. Ils avaient fatfc^Stu détenu
oui «ésertait» les sommations régle-
mentaires. Et le tirailleur indigène a
tiré, de la rue* On vérifia la possibJpr
de ces dires : il» étaient absolunjpnt
inadmissibles Il y a une maisonnette
entre la cour de M. Perrin et la rue, —
et de .là on ne peut apercevoir le talus
où se cachait le> pénitentiaire. Le capi-
taine Garnier prétendit alors que le ti-
railleur meurtrier était monté sur un
mur qui. à cette époque, formait le coin
de la place du Marché, en face.
Il était également impossible de diri-
ger, de là, un feu plongeant sur la cour
où le meurtre avait été commis. N'im-
porte !. L'enquête fut close et l'affaire,
enveloppée, comme d'un suaire, d'un
mystérieux silence, demeura enseveli
dans les car-tons de l'administration mi-
litaire.
Pourtant, M. Perrin a encore dans les
oreilles l'imploration angoissée, déchi-
rante du pénitentiaire devant la menace
du fusil, — comme il a gardé dans les
yeux la vision de cet homme ramassé
sur lui-même, qui se relève, ébauchant
des bras un geste de protection, puis
qui, sous le choc de la balle, pivote,
s'écroule, glisse le long du talus, et de-
meure suspendu par une jambe aux ra-
cines des ronces, — égrenant sa vie
goutte à goutte, sur la terre brune bien-
tôt. rougie !.
La victime, depuis le 22 juillet, est
toujours en traitement. A la date du 13
octobre, elle a été dirigée de l'hôpital
de Douera sur l'hôpital du Dey, à Alger.
Le jour où, revenu complètement à lf
vie, Lecavelier quittera le grabat où il
gît, ce sera pour entrer eIlI cellule. Cal
le Capitaine Garnier lui a infligé trente
jours de cellule, — sans doute, pour lui
apprendre à vivre.
JACQUES nowbe
(A suivre.)
IMorttrapIque d'un Sénateur
SEDAN, 2 décembre. — M Goûtant, Sêna
teur des Ardennes, vient de trouver la mon
dans des circonstances tristement drainait
ques. ,
Il avait pris ce matin à Paris Fespress qija
arrive à Sedan à midi vingt, dans l'intention
d'asister aux obsèques de M. Lassalle, pèr
du député socialiste, qui sont célébrées ce
après-midi. On suppose qu'il s'est bndormi
dans le compartiment de première chasse ow
il était monté et qu'il s'est subitement révetll
lé alors que le tirain, ayant stoppé pendant
l'arrêt réglemenUûre à la gare de Sedai I,COÎT
tinuait sa marche-
La machine bavait pas encore reprit sa
vitesse normale, puisqu'elle n'était pus à
plus d'une soixantaine- de mètres de son
point d'arrêt, qiiahd M. Goûtant, se réveil;
lant subitement et constatant qu'il avait t'tr
lé la station, voulu 11 descendre. D'un geste\,
jeta sur la voie so ti pardessus et sa caûiiçw
puis ouvrit la portière, et du marchepieds
sauta à terre. Mài£ entraîné par la vites?«J
du train, qui s'achèterait de seconde en se
conde, et emporté par son propre poids -
M. Goûtant était Ùi'J. homme de très haute
stature et de forte corpulence - il fut pro
jeté sous les roues * du wagon et complète:
ment bj-oyé ► f
Quelques instants jtJlus tard, des employ é
accouraient et se trouvaient en présence
débris informes du malheureux sénateur
Les cuisses étaient complètement bm&éesjl
le ventre et la poitrine ouverts.
M. QQÛTAtiî, tértateur Aes Ar f*nne$
Tandis que le sous-préfet de îSedan étaffl
avisé de l'accident et que le commissaire'
spécial procédait aux constatations légales
du décès, un ami de la familier du défunt'
allait prévenir avec toufi les" ménagements
possibles Mme Goûtant du malheur qui la
frappait.
A une heure, le corps étaf.t transporte dans
un salon d'attente de la garè, où ne tardaient
pas à arriver le sous-préfet è^t les autorités.
M. Goûtant était né à LiarV le 15 octobre
1847 et avait exercé la profession d'architec-
te. Elu conseiller général en V 842, il avait
été nommé en 1898 au siège sénatorial laisse
vacant par M Linard Réélu en 1\903, il avait
été entre temps président de rassemblée dé-
partementale Au Sénat, il faisait 4partip de
la gauche démocratique.
Il était rapporteur du budget des conven.
lions et était intervenu dans la dermOre'dis-
cussion sur les retards des trains.
EN TROISIEME PAGE :
GERMAINE A BON CŒUR
Par CHARLES-HENRY HIRSDTF
A LA SORBONNE
M. Clemenceau a prÈsi hier, 1
comme il l'a dit spirituellement,
I'MIês fiéaW des "flics"
Hier matin a eu lieu, dans le grand am-
phithéâtre de la Sorbonne, sous la prési-
dence de M. Clemenceau, président du con-
seil, ministre de l'intérieur, l'assemblée gé-
nérale annuelle de l'Association des em-
ployés de la préfecture de police, qui compta
aujourd'hui 8,359 membres et possède un éao-
pital de 3,250,000 fhirlcs.
► Aux e côtés de M. Clemenceau ont pria
place sur l'estrade MM. Sarraut, sous-secré-
taire d'Etat au ministère de l'intérieur ; Vel-
Durand, président de l'Association ; Lépme,
préfet de police ; Bernard, secrétaire général
de la préfecture de tel Seine ; Laurent, secré-
taire général de la préfecture de police;
Blanc, ancien préfet de pouce; le colonel
Bouchez, commandant la garde républi-
caine, etc.
M. Vel-Dunmd, président de l'Association,
a rappelé les débuts modestes du groupe-
ment des employés et agents de la préfec-
ture de police et a aiflrmé le dévouement
loyal des memferes de l'Association au gou-
vernement pour l'exécution de la loi.
M. Lépine. préfet de police, a fait à son
tour l'éloge de tout le personnel de la pré-
fecture de police. Tons les agents sont cou-
rageux, disciplinés, ours à la fatigue, et la
population parisienne tes aime pour les ser-
vices qu'elle attend d'eux : ils ont le senti-
ment du devoir et le respect de leurs fonc-
tions ; ils pratiquent cette vertu antique qui
tend à disparaître -. l'obéissance. Quant. à
leur bravoure, il suffit pour la constater de
lire la liste jamais close des hommes qui ont
payé de leur vie leur dévouement à leurs
fonctions. Avant-hier, le Conseil municipal
avait à décerner le lègs Renoir de 2,000 fr.
attribué au plus bel acte de courage d'ui
habitant de Paris pendant l'année ; il ?
choisi à l'unanimité un gardien de la paix
L'année dernière, un gardien de la pan
avait été également désigné.
- Vous avez devant vous, dit M. Lépine
à M. Clemenceau, l'armée de l'ordre, ^es
hommes qui la composent méritent votre
sympathie. Je réponds d'eux devant vous.
M. Clemenceau prend ensuite la parole et
prononce un discours piain d'humour au
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