Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-12-02
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1906 02 décembre 1906
Description : 1906/12/02 (A15,N5176). 1906/12/02 (A15,N5176).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7627276d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/11/2014
QUINZIEME ANNEE. — N° 5176
HUIT PAGES — i-e Numéro quotidien (Paris et Départements) - CINQ CENTIMES
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Adrme taigrapwqtm ; JOURNAL - RlCHEUEO PAM
Les menvserits non tnstréa ne sont pu r«$Ou
L'Application
de la Séparation
DIE CIBCUUIBE DE 1. BRIIND lUI PRÉFETS
i'ACCORD PRATIQUE ENTRE LE POUVOIR
• CIVIL & L'AuTORITt. RELIGIEUSE
La circulaire de M. Briand, "doet nous
avons annoncé la publication, dès la se-
maine écoulée, vient d'être envoyée à
tous les préfets.
En même temps, on artuonce de Ro-
me — officiellement cette fois — que
le pape a donné des instructions pacifi-
ques, dont le détail est connu de nos
lecteurs.
Les ordres du ministre, les tolérances
du pontife vont dans le même sens ou
plutôt atteignent le même but : il faut
renoncer à l'image des pas, grands ou
petits, sur le chemin de la conciliation
religieuse.. Le pouvoir religieux et le
pouvoir civil sont arrivés à la paix. La
séparation est rangée hors des polé-
miques. Elle va entrer dans les mœurs
et sortir de l'actualité.
Le ministre a fait jouer des ressorts
soupLes et solides, en acier très fin.
Mais il a été noblement secondé par des
prélats patriotes, qui ont osé en appeler
au pape mieux informé. Entre tous
ceux qui ont osé être francs devant la
majesté de la tiare, il fau-t louer le nou-
vel archevêque de Rennes, Mgr Du-
bourg, qui a continué l'œuvre simple-
ment courageuse de son illustre prédé-
cesseur, le cardinal Labouré, mort trop
tôt. En quelques semaines, l'autorité de
ee prélat presque inconnu a grandi et
s'est exhaussées sur un piédestal de sin-
i-érBé. -4
Bref, Pie X tolère la dévolution des
fondations charitables ou scolaires aux
établissements d'utilité publique. Il in-
vite les prêtres-à user de la loi de 1881
çt à faire la déclaration de réunion pu-
blique, pourvu qu'une seule déclA-atiorn
suffise pour une année.
Enfin, le Souverain Pontife va plus
loin, il autorise le cure à continuer
l'exercice du culte, même dan-s un édi-
fice qui serait la propriété d'une asso-
ciation cultuelle.
La circulaire de M. Briand, encore
Inédite, rend faciles et douées les con-
cessions romaines.
Voici les passages essentiels de ce
'document, où la minutie des détails ne
cache pas un instant l'ampleur, die l'i-
dée : dans un vaste paysage de clarté
an distingue ainsi les herbes menues,
aBnttque la. ligne de l'horizon soit cou-
pée. - • -t -
L'article S de la loi du 9 décembre 1905,
Wit M. Briand, a, d'une façon générale, as-
similé les réunions publiques pour la célé-
bration d'un culte aux réunions, dont la li-
berté a été consacrée, moyennant l'accom-
plissement dé certaines formalités, par la
toi du 30 juin 1881 et, tout en exemptant,
O^'uàik faveaur spéciale, ce l'observation de
Serteines prescriPtions édictées par cette loi
tes réunions tenues dans les locaux appar-
tenant à une association cultuelle ou mis à.
IB. disposition, il a entendu laisser les indi-
vidus libres de se prévaloir, en dehors de
toute espèce d'association, du droit commun
pour organiser des réunions destinées à
1 exercice public du culte.
"Ce n'est pas à dire, au surplus, que les
Réunions cultuelles soient transformées en
réunions publiques ordinaires.
L'article S5 de la loi du 9 décembre 1905
n'a créé qu'une assimilation et,, par suite,
si les dispositions du aroit commun formu-
lées dans la loi du 30 juin 1881 sont étendues
ajix réunions cultuelles tenues sur initiatives
Individuelles, c'est dans la mesure où les-
dites règles sont compatibles avec l'exercice
du culte.
Le ministre déclare inutile la consti-
tution d'un bureau, puisque l'ordre est
caranti par l'article 32 de la loi de 1905.
Les signataires de la déclamation demeu-
rent responsables.
Quant à la déclaration préalable, à
laquelle Farcie 2 subordonne l'exercice
du -droit de réunion, elle devra s'effec-
tuer dans les termes mêmes où elle est
prévue par cet article ainsi conçu :
« Toute réunion publiée sera précédée
d'une déclaration indiquant le lieu, le jour,
l'heure dé la réunion. Cette déclaration sera
signée par deux personnes aa moins, dont
l'une domiciliée dans la commune où la réu-
nion doit avoir lieu. — Les déclarants de-
vront jouir de leurs droits civils et politiques
et Ja. déclaration indiquera leurs noms, qua.
lités et domiciles. - Les déclarations sont
faites : à Paris, au préfet de police ; dans
les chefs-lieux de département, au préfet ;
dans les chefs-lieux d'arrondissement, au
sous-préfet ; et dans les autres communes,
au maire. - Il sera donné immédiatement
récépissé de la déclaration, - Dans le cas
où le déclarant n'aurait pu obtenir de récé-
pissé, l'empêchement ou le refus pourra être
constaté par acte extrajudiciaire ou par at-
testation signée de deux citoyens domiciliés
dans la commune: — Le récépissé, ou l'acte
qui eh tiendra lieu, constatera l'heure de la
déclaration. —- La réunion ne peut avoir
lieu qu'après un. délai d'au moins vingt-
quatre heures: n.
Mais il ne faut pas exagérer les exigences
de cet article, et ce serait une erreur de croi-
re que .chaque réunion doit être précédée
d'une déclaration spéciale ou, en d'autres
termes, qu'il faut autant de déclarations que
de unions,
Airtsi eetexaucé le désir du pape. Ain-
si est admise la condition que Rome
impose à ses clercs pour l'usage de la
toi de 1881.
Après avoir précisé comment, en vertu
des dispositions combinées des lois des
30 juin 1881 et 9 décembre 1905, il sera loi-
sible à des individus non associés d'organi-
ser des réunions pour la pratique publique
de leur culte, il reste à déterminer dans quel-
les conditions des réunions cultuelles ainsi
tenues sur initiatives individuelles pourront
Jlyoir lieu dans les édifices antérieurement
affectés à l'exercice du culte, si, lors de
l'expiration du délai d'un an prévu par l'ar-
ticle 4 de la loi de séparation, il ne s'est pas
constitué d'associations cuïteelles pour re-
cevoir, au lieu. et place des établissements
Ecclésiastiques supprimés, la jouissance ou
la propriété de' ces édifices. v
A cet effet, il convient de déterminer quel
sera le régime desdits immeubles à cette
échéance.
¡ Les édifices actuellement aJXeôtés à l'exer-
cice publie du culte (cathédrales, églises et
chapelles) se divisent en deux catégories.
Les uns, visés par l'article 12 de la loi du
9 décembre 1905, sont la propriété de l &tat
ou des communes ; les autres appartiennent
à des établissements ecclésiastiques (fabri-
ques, menses ou séminaires).
Ces distinctions restent théoriques.
Mais, continue le ministre, en fait, les uns
et les autres se trouvent dans une condition
identique et conserveront leur affectation an-
téricuie.
Il résulte, en effet, de l'article 13 que, pour
libérer les cathédrales, églises et chapelles
appartenant à l'Etat ou aux communes de
l'affectation dont ^telles sont grevées, un dé-
cret ou une loi, suivant les circonstances,
sera nécessaire.
Quant à ceux de ces édifices qui ont ap-
partenu aux établissements ecclésiastiques,
ils passeront, à titre provisoire, aux mains
du séquestre dans les conditions marnes, où
ils auraient été transférés par les établisse-
ments ecclésiastiques à des. associations
cultuelles, c'est-à-dire, comme le porte l'arti-
cle 4, avec leur affectation spéciale, et celle-
ci durera tant qu'ils n'auront pas été attri-
bués, par application de l'article 9, paragra-
phe premier, à des établissements commu-
naux d'assistance ou de bienfaisance.
Plus loin, l'auteur de la circulaire
rappelle qu'il ne faut pas confondre la
jouissance sans titre laissée aux étirés
avec l'ancien droit concordataire des jfJ-
briques.
Le desservant pourra recueillir des of-
frandes. Mais il ne pourra percevoir
aucun droit fixe — notamment pour les
fournitures funéraires. Par contre, Je
curé n'aura pas la charge de restaurer
l'édifice où il sera le premier invité.
Il devra seulement prévenir les dégra-
dations et 'e - vois.
La fin de la circulaire est consacrée
à la location des presbytères, des évê-
chés et des archevêchés :
Du moment qu'à défaut d'associations cul-
tuelles les curés et desservants ne pourront
pas justifier de la condition à. laquelle l'ar-
ticle 14 a subordonné la continuation, pen-
dant cinq ans, de l'usage gratuit des presby-
tères, cet avantage cessera pour eux de plein
droit et les communes recouvreront, sans
plus tarder, la possession légale des pres-
bytères.
Il 4st vrai que, jusqu'à l'expiration du dé-
lai prévu par l'article 14 et à moins d'une
désaffectation anticipée, qui pourra notam-
ment avoir lieu si, deux ans après la pro-
mulgation de la loi, le presbytère n'a pas été
réclamé avec l'église par une association
cultuelle, les communes n'auront pas la li-
bre disposition du presbytère, rentré en leur
possession.
Elles auront le droit de le louer, moyen-
nant un loyer à débattre, et contre payement
des impôts, au curé ou desservant. Si, au
contraire, comme elles en auront le pouvoir,
elles retirent la jouissance du presbytère à
cet ecclésiastique, elles ne pourront utiliser
cet immeuble que d'une façon provisoire,
soit qu'elles y installent des services com-
munaux, soit quelles le louent à des par-
liûtiiîûis et leii ipfffltwns consenties dans ces
conditions devront comporter une clause ré-
solutoire analogue à oelle qui était ordon-
née, sous l'empire du Concordat, par l'or-
donnance du 3 mars 1825 et le décret du
9 avril 1904 pour les presbytères des succur-
sales vacantes.
Les mêmes règles seront suivies, pendant
Tannée qui restera à courir jusqu'à l'expira»
Ion du délai de deux ans institué par l'ar-
ticle 14 de la loi du 9 décembre 19®, à ré-
gard des archevêché® et évêchés qui sont la
propriété de l'Etat, des départements ou des
communes.
Après cette large adaptation de la loi
aux nécessités locales, le ministre des
cultes ajoute la disposition suivante :
Les séminaires ne pourront, en audirn cas,
garder leur destination concordataire. Ils ne
pourront pas être loués à l'évêque pour leur
ancien usage : il y aurait association illicite,
association cultuelle dissimulée, et l'article
23 de la loi de 1905 exigerait les poursuites
correctionnelle s.contre les professeurs et les
élèves réunis.
Pour conclure, M. Briand indique les
délais légaux pour l'application de la
loi : à Paris le plein effet commence le
13 décembre ; dans l'arrondissement le
plus éloigné, il commence le 16.
Le lecteur curieux peut comparer les
dispositions de cette circulaire aux déci-
sions prises par les évêques dans l'archer
vêché de Paris, par les curés dans l'Ins-
titut catholique : il reconnaîtra une ai-
mable concordance, qui ne peut être
l'effet du hasard, mais d'un accord si-
lencieux. j
! JEAN DE BONNEFON.
ECHOS
L
'Académie française a fixé comme suit la
date de réception des trois derniers aca-
démiciens élus :
1° Jeudi 20 décembre, réception de M.
Alexandre Ribot par M. Paul Deschanel.
2" Jeudi 17 janvier, réception de M. Mau-
rice Barrès par M. le vicomte de Vogué.
30 Jeudi 7 février, réception de M. le car-
dinal Mathieu par M. le comte d'Hausson-
ville.
L'Académie entendra l'exposition des titres
des candidats aux fauteuils vacants par suite
du décès de MM. Albert Sorel et Rousse le
mardi 12 février, et l'élection aura lieu le
jeudi suivant 14 février.
L
e Comité des Inscriptions parisiennes,
siégeant à l'Hôtel de Ville, a décidé
quune plaque serait apposée sur la maison
de Gentilly où Victor Hugo passa l'heureux
temps de ses fiançailles.
p
our être bien habillé, il faut être bien
cravaté. « The Sport » habille bien et.
cravate bien. Lundi prochain, Exposition de
cravates tout particulièrement intéressante :
dessins splendides, nuances idéales, prix.
extraordinaires! 17, boulevard Montmartre.
Pour avoir du choix, venir le matin; le
soir. tout est vendu.
H
ier ont débuté à l'Olympia, dans la troupe
Luven Chai Sen, deux jolies et graciles
Chinoises d origine royale dont l'histoire est
peu banale. En effet, à leur arrivée en France,
à Marseille, avec la troupe dont elles font
partie, elles furent enlevées par un agent
théâtral, et ce n'est qu'après maintes péripé-
ties qu'elles purent être retrouvées à temps
pour paraître sur la scène du grand music-
ball du boulevard des Capucines. A noter
qu'en Chine les hommes seuls sont admis à
'SC-ttlontra en. public comme comédiens. dan-
seurs ou acrobates, et qu'elles constituent par
conséquent, une exception unique. -
p
our vos éirennes4 mesdames, penser.';., s
au Miroir Brot Chiffonnier ? C'est une
joie pour une femme que de se parer avec
ce merveilleux auxiliaire de toilette qui joint
les avantages d'un miroir triple à ceux d'un
chiffonnier. Voyez-le donc chez Brot, 89, F au-
bourg Saint-Denis, à deux minutes des bou-
levards.
p
ourquoi, demandait-on, les parlementai-
res ont-ils mis tant de hâte à s'allouer
une indemnité supplémentaire ?
— C'est, répondit une de nos plus spiri-
tuelles mondaines, qu'ils grillent d'envie de
goûter aux plaisirs de Paris et de passer
leurs après-midi non plus au Palais-Bourbon,
mais au Palais de Glace des Champs-Elysées.
v
oici venir les fêtes -de fin d'année et les
réunions de famille. Chacun veut bril-
ler, et, pour cela, les dames n'ont qu'à porter
un des exquis modèles de fourrures et de
costumes tailleur créés par Mme Loger à Fine-
House, 164, rue St-Honoré (face au Louvre),
et incomparables pour le prix et la qualité.
L
e peintre Paul Sain a: organisé dans son
atelier; - 66, rue Bomsault, - une Exposi-
tion des tableaux et études qui a rapportés
de ses récents voyages en Algérie et en Corse.
Elle est. visible les après-midi, d'une heure
et demie à quatre heures, jusqu'au mercredi
x. décembre,
L
a constipation la plus rebelle est immé-
diatement * et rapidement guérie
en prenant le soir, avant dîner, un ou deux:
Grains de Vals qui rétablissent le fonction-
nement normal de la digestion.
1
1 y aura aujourd'hui une grande matinée
au Cirque Métropole, le splendide hiono-
drome de l'avenue de La Motte-Picquet, avec
un programme entièrement nouveau et tous
les débuts d'hier. Citons ceux d'Edmond
Verdan, le gentleman-rider bien connu,* avec
huit merveilleux chevaux orloff admirable-
ment dressés ; les frères Bobbv Pandours,
modèles de beauté plastique; Mlle de Rigals
et son extraordinaire cheval sauteur; le célè-
bre clown Foottit dans de nouvelles créa-
tions, etc., etc.
Le soir, même programme et dernière soi-
rée des Matches-Revanche de lutte.
Carnet d'un Sauvage
Au troisième acte des Huguenots, un
vftllôur de nuit traverse la scène, en invi-
tant les personnes à s'aller coucher, et en
annonçant que l'heure est venue où tout
bruît doit cesser.
A partir 4e ce moment, le tintamarre de-
vient épouvantable. Cest d'abord la lutte
entre huguenots et «atholiquâs, pow Ven-
trée du cortège de l'a reine de Navarre, qui
se promène aux -lfambeaux, avec chœurs re-
tentissants.
Un 15rave provincial (il y en a encore
deux ou trois), qui assistait pour la pre-
mière fois à cet opéra, me fit cette réflexion
sensée :
— Heureusement le monsieur tout à l'heu-
re vient de diré qu'on ferait silence. AL-tre-
ment où en s«rions-no«s ?
A la ChaMbre des députés, il y a. «1 aussi
ib monsieur qui, parlant le premier, a dit
que le projet d'augmèntation des appointe-
ments devait être accueilli avec un silen-
cieux assentiment, pareil à celui de la fa-
mille, quand l'ofdonnatenr des pompes fu-
nèbres vient la prier de se ranger derrière
le corbillard, et que ce silence était ce qui
convenait le mieux à la dignité d'un pareil
débat.
Aussitôt le vacarme a commencé. Il a
duré jusqu'à nuit noire. Jamais on n'avait
entendu autant de gens pérorer. -
Et, dans les tribunes, quelques personnes,
faisant la même réflexion que mon provin-
cial, pensaient :
« Nous avons tout de même de la chance
que le monsieur de tout à l'heure leur ait
conseillé de ne rien dire. »
Soyons justes. Si Tes députés ont consa-
cré beaucoup de temps à leurs affaires per-
sonnelles, ils venaient d'êtrd,beaucoup plus
rapides pour les affaires publiques. Ils
avaient, en effet, expédié en trois quarts
d'heure quatre gros budgets : intérieur, Lé-
gion d'honneur, justice et colonies.
Quand les choses ne sont pas sérieuses,
n'est-ce pas?
Henry Maret.
LA PROCESSION EXPIATOIRE D'AVILA
Les télégrammes que nous avons publiés
ont appris à nos lecteurs l'agitation surve-
nue dans la population d'Avila, à la suite
de la représentation au théâtre Sarah-
Bernftardt de l'œuvre de notre éminent col-
laborateur Catulle rendes, la Vierge d'A-
vila.
Certaines personnalités de cette pittores-
que et vénérable ville d'Espagne, estimant,
d'après les comptes rendus publiés par les
journaux de la péninsule, que le poète n'a
pas fidèlement retracé l'existence de la
sainte héroïne, avaijent décidé de consacrer
à la mémoire de sainte Thérèse une proces-
sion dite d'expiation.
Or, cette cérémonie a eu lieu le 25 du mois
dernier. Elle a, parait-il, été très imposante,
comme on peut le voir par l'instantané que
nous reproduisons ci-dessus. Toute la po-
pulation d'Avila y a pris part, les autorités
de la province et de la ville en tête. On y
vit figurer les enfants des écoles, les com-
munautés religieuses, le gouverneur, l'évê-
que, l'alcade, etc.
AMÉRICAINS & JAPONAIS
ALARMES EXAGÉRÉES
Il n'y a actuellement entre leà Etats-Unis et le Japon
ni menace de guerre, ni conflit aigu, mais il y a un
grave problème constitutionnel américain.
posé par l'hostilité des Etats de l'Ouest
contre les Japonais.
L'Ecole des Hautes Etudes de San-Franeisco, dont les étudiants japonais sont exclus. —
L'Ecole publique des Orientaux, réservée aux Chinois. Coréens, Japonais et gens de
couleur. — M. Metcalf," ministre du commerce, chargé par le président de procéder à
une enquête sur l'agitation antijaponaise. — Etudiants japonais de San-Francisco.
Si les polémiques de presse don-
naient le diapason des relations interna-
tionales, nous serions obligés de penser
que la situation est fort tendue,entre les
Etats-Unis et le Japon et que les pires
éventualités doivent être envisagées,
"'Lies journaux américains prennent
tout à fait au tragique l'incident de San-
Franciseo. Ils prêtent au Japon les in-
tentions les plus belliqueuses. Le con-
sul général américain à Yokohama au-
rait déclaré que, dans l'empire du So-
leil Levant, on parle ouvertement de la
prochaine guerre àNU, les Etats-Unis.
Pour un peu, on voudrait nous faire
croire aue l'escadre nipponne, doîjt la
visite est attendue en janvier dans les
enux californiennes, pourrait bien tirer
ses salves de salut avec des chargea de
combat. Bigre !
Ce qu'il a de plus curieux dans cette
campagne, ce n est pas tant l'énormité
du bluff auquel La presse jaune améri-
caine nous a depuis longtemps accou-
tumés ; c'est la singulière erreur qui se
trouve à l'origine même du débat. On
parle couramment d'un conflit entre les
Etats-Unis et le Japon. Ce conflit n'exis-
te pas ou plutôt n'existe plus. Le problè-
me à résoudre, problème très délicat,
n'est pas du domaine international :
c'est un problème purement américain.
Précisons.
Les autorités de l'Etat de San-Francis-
co ont prétendu, se basant sur une loi
récente, interdire l'accès des écoles fré-
quentées par les jeunes Américains aux
enfants de la colonie japonaise très
nombreuse à Frisco. Les petits Nippons
se sont vus confier dans les établisse-
ments réservés aux gens de couleur.
Fureur des parents, appel à la mère-
patrie. Le gouvernement japonais a for-
mulé une plainte officielle, invoguant
le traité de commerce et d'amitié de
1894 qui place les nationaux des deux
contractants sur un pied d'égalité ab-
solue.
L'incident semblait alors s'engager
sur le terrain international. Mais M.
Posent l'arrêtait immédiatement. Par
son ordre, le ministre des affaires étran-
gères, M. Root, a télégraphié à TOr
kio les assurances les plus formelles
que satisfaction serait donnée aux Ja-
ponais si une enquête rigoureuse justi-
fiait leurs plaintes. Quelques jours
après, le vicomte Hayashi, ministre des
affaires étrangères du Japon, déclarait
l'incident international clos. Rien de ce
qui s'est passé depuis lors n'a pu le j'ou-
vrir.
M. Roosevelt a pris un engagement
moral envers. le Japon. Reste à le faire
accepter et ratifier par les autorités ca-
liforniennes. C'est ici qu'apparaît le
véritable conflit, purement constitu-
tionnel.
Le pouvoir fédéral se trouve presque
complètement désarmé contre les déci-
sions des Etats particuliers. Ce vice-
constitutionnel s'est déjà manifesté, il
y a quelques années, d'une manière
saisissante. Des Italiens avaient été mas-
sacrés dans les pats du Sud. Le pou-
voir central fit tout ce qu'il était pos-
sible de faire pour obtenir le châti-
ment des coupables réclamé par le cabi-
net de Rome. Il se heurta à une résis-
tance impossible à vaincre par des
moyens pacifiques.
La situation qui se présente à San-
Francisco est tout à fait analogue. M.
Roosevelt a bien pu porter le différend
devant la cour suprême. Celle-ci décla-
rera, sans doute, que l'interprétation
donnée à la loi sur l'éducation est illé-
gale comme contraire aux traités con-
clus avec des puissances étrangères.
Mais comment imposer ce jugement aux
autorités californiennes ?
Le ministre du commerce américain,
M. Metcalf, a été envoyé à San-Fran-
cisco pour préparer les esprits à la con-
ciliation. Il en a rapporté un rapport
très favorable, dit-on, à la thèse japo-
naise. Par ailleurs, sa mission a totale-
ment échoué. On ne saurait en être sur-
pris. L'incident des écoles n'est qu'un
épisode d'un véritable mouvement anti-
japonais qui se dessine dans les Etats de
l'Ouest, mouvement provoqué par des
rivalités d'affaires et des préjugés de
couleurs.
Que fera M. Roosevelt ? On lui prête
des intentions énergiques qui sont-assez
dans son caractère. Le message qu'il
soumettra lundi, au Congrès, propose-
ra,* assure-t-on, une réforme de la Cons-
titution renforçant le pouvoir central
et le droit de naturalisation pour les Ja-
ponais. Voilà des mesures bien graves.
Elles ont d'autant moins de chances d'ê-
tre adoptées que nombre de députés ré-
publicains ont **té élus dans les Etats
de l'Ouest. '>'
Au point de vue américain, le problè-
me paraît donc très difficile à résoudre.
Il faudra beaucoup d'énergie et. de tact.
Un état de choses anormal peut -3o pro-
longer et avoir une répercussion fâ-
cheuse eur les relations entre Améri-
cains et Japonais. Mais, comme le fait
très justement, observer un secrétaire de
l'ambassade japonaise à Paris, les rap-
ports officiels des deux pays ne sau-
raient être troublés, du moment que le
gouvernement fédéral est d'accord avec
le gouvernement japonais. Est-il besoin,
après cela, de démentir les bruits de
guerre ? — S.-B.
DÉCLARATION JAPONAISE
Un secrétaire de l'ambassade japonaise a
fait à un de nos confrères du Temps les dé-
clarations suivantes au sujet,des bruits très
pessimistes répandus par certains journaux
sur les relations des Etats-Unis et du Japonf
« Il ne faut pas attacher une trop grandit
importance aux dépêches alarmistes que
certains journaux du matin se font adresse*
de New-York au sujet du oonflit soulevé parf
la question des éooles de San-Francisco et
de l'exclusion des élèves japonais. Cette a"
faire n'est pas nouvelle et n'a nullement sous
levé chez nous ce paroxysme d'indignation
populaire qui pourrait être, s'il était vraie
de nature à provoquer des complications stt;
rieuses: 4
» Il y a, certes, pour nous une question
d'amour-propre national à ce qvae nos ocsù
citoyens soient traités à l'étranger avec les
égards auxquels ils ont droit et que me
traités leur ont reconnus.- -
Mais nous savons aussi les difficultés lo4
cales, les questions purement locales qui
ont donné lieu à cet incident Nous avontf
pleine confiance dans le gouvernement amé*
ricain pour agir sur les autorités californien
nes et obtenir d'elles la reconnaissance dflf
nos droits. Mais nou-q- he songeons nul le*
méat à déclarer la guerre aux Etats-Uniflf
tout entiers uniquement partie que qufelque^
Américains nous sont hostiles. Le gouverner
ment de Washington est, favorable à nos re.
vendications et c'est cela surtout qwi im.
porte. C'est au gouvernement de Washing-
ton qu'il restera à régler avec les autorités
de Californie les détails d'un arrangement
qui nous soit favorable, et nous ne doutons
pas qu'il y parvienne.
» La meilleure prouva qu'aucune action
grave n'est envisagée du coté japonais, c'est
que l'ambassade de Paris n'a reçu de Toki*
aucun télégramme à ce sujet. -Si notre SOlIe
vamemènt préparait une démonstration nsv
vale, et qua plus est, une guerre, nous art
serions informés, étant donné l'importance
internationale de tout conflit. Or, nous n'a-
vons reçu ni instructions, ni indications. *
nmmmnma ..)'
El CHOMES
QUATRE ANS DE PRISON
lies jupes allemands ont été indulgents poutf
le vieux Wilhelm Voigt et lui ont ac-
cordé des circonstances atténuantes.
BERLIN, lor décembre. (Par dépêche dlf
notre correspondant particulier.) — C'est
aujourd'hui qu'on* commencé les débats dU
procès intente à Voigt., beaucoup plus connu
depuis quelques semaines dans l'Europe 6U9
tière, sous le surnom de a capitaine de Foeo
penick H.
Dans la salle des audiences se pressait det
bonne heure un publie cossu, bourgeoi^mai*
sans élégance ; quelques dames en ibüettelf
sombres ; une dizaine d'officiers assis edtf
à côte, en manteau gris-clair à parements
rouges. La cour paraît sans avoir été mO
noncée. Le public ne se lève pas. Les juges,
en robes noires, avec collets de velours noir-
s'asseyent à la bonne franquette. Awamw
majesté, mais aucune morgue.
— Serviteur du tribunal, introduisez raq..
cusé !
Une porte couvre dtos le mur, un pet%
homme apparaît, très vieux, très propre et
très chauve. C'est Wilhelm Voigt, le fameux
capitaine. u -'
Aucun soldat ne raccompagne ; il rest4
seul à son banc de chêne, dans M'espace qus
clôture une grille dorée surchargée d'arme
ments d'un goût eriard; il resta seul, et
tout à l'heure, quand le président le feni
trottiner parmi les- témoins pour leur Haigf
coustater qu'il n'a pas les jambes torses,
aucun agent de polIce n'accompagnera oeI
ancien forçat. Il a l'air si inoffensif ! Gom-
ment a-t-on pu prendre un homme d'aspect
si débonnaire pour un capitaine de la. gardât
De profil, Voigt ressemble de façon assea
frappante à feu le prince Clovis de Hohen-
lohe, chancelier de l'Empire allemand. Cette
impression premèèm ,de distinction dans
l'attitude et dans Je geste, va devenir ex«
quise quand il parlera d'une voix basse,. dis..
crête, sans bavures, sans hésitations, avee
un rare bonheur d'expression dans une lan-
gue à la fois châtiée et ferme. Il n'y a paaj
dix députés au Reichstag, qui manient La
parole avec autant d'élégance et de sûreté.
Mais si, d'aventure," Voigt se tourne vers
le public, tout le charme s'évanouît. Lai
yeux rouges enfoncés dans leurs orbites el
cernés de bleu, le nez écrasé et asymétri-
que, les pommettes saillantes qui noua
étaient cachés nous apparaissent. Alors,
c'est bien la fSlDe d'un vaincu que la vie a
meurtri, a brisé comme à plaisir. Le gentil-
homme disparaît, laissant place au misét
rable savetier. On ne comprend plus du tout
que le maire de Kœpenick s'y soit laissé
prendre. Et, pourtant, quel singulier con-
traste entre ce que l'on voit et ce que l'on
sait. Car cet homme, qui passa vingt-six
ans de sa vie au bagne, nous apparaît en
tout cas comme la statue même de la pro-
bité. Dans son ton, dans son geste et dans
sa figure, tout respire la vertu, discrète et
sincère. Il émane de toute sa personne 1Hf
parfum d'honnêteté qui déconcerte.
Les témoins
- Serviteur du tribunal, introduisez Ie<
témoins.
Et voici que s'avancent, au pas de parada
six hommes équipés en guerre, sac ay dos
et fusil au bras, conduits par un caporal
la figure fine et intelligente. Ce sont les du-
pes du capitaine. Rien qu'à Leur façon d« •
répondre à l'appel de leur nom, on corn.
prend que ces gens-là ont perdu toute ini.
liative, toute faculté de raisonner le joac
où ils ont revêtu l'uniforme. Ce sont des au-
tomates, des mécaniques parfaites. Cette
impression s'accentue quand on Les entend
déposer.
Le caporal, l'arme au pied, le petit doigt
sur la couture du pantalon, les talons réu-
nis, ne parviendra qu'avec peine à ânonner
quelques mots sur un ton chantant, comma
une leçon apprise par cœur à la caserne. Et
Leffort a été encore trop grand pour lui.
Quand, après avoif déposé, il s'est assis à
son banc, je l'aitvu qui cherchait à introdui-
re entre son casque et son front la pointe
de sa baïonnette pour essayer de diminuer
la souffrance causée par cette coiffure lour-
de et incommode.
Au surplus, sa déposition avait été incolo-
re et sans valeur. Les soldats ont obéi par-
ce qu'ils ont obéi, simplement, ne concevant
pas qu'on pût faire autre chose que d'obéir.
Mais après les dupes apparurent les vie*
times ; et, tout d'abord, le maire de Kœpe-
nick, véritable type du fonctionnaire modè-
le verbeux, confus, craintif, et un tantinet
pleurard. La taille épaisse, sanglée dans
une redingote de beau drap luisant, le crâne
allongé, la barbe en pointe, M. Laneermam
doit être un administrateur pointilleux et
un bourgeois méthodique.
Quand les témoins se furent retirés, l'ac-
cusé fut admis à présenter sa défense, et
deux heures furent consacrées à son inter-
rogatoire. Rien n'est plus savoureux que de
lui laisser la parole.
Le capitaine parle
- J'avais dix-huit ans quand j'ai été con*
damné à douze ans de travaux forcés. J'a.
HUIT PAGES — i-e Numéro quotidien (Paris et Départements) - CINQ CENTIMES
y wi" T
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Adrme taigrapwqtm ; JOURNAL - RlCHEUEO PAM
Les menvserits non tnstréa ne sont pu r«$Ou
L'Application
de la Séparation
DIE CIBCUUIBE DE 1. BRIIND lUI PRÉFETS
i'ACCORD PRATIQUE ENTRE LE POUVOIR
• CIVIL & L'AuTORITt. RELIGIEUSE
La circulaire de M. Briand, "doet nous
avons annoncé la publication, dès la se-
maine écoulée, vient d'être envoyée à
tous les préfets.
En même temps, on artuonce de Ro-
me — officiellement cette fois — que
le pape a donné des instructions pacifi-
ques, dont le détail est connu de nos
lecteurs.
Les ordres du ministre, les tolérances
du pontife vont dans le même sens ou
plutôt atteignent le même but : il faut
renoncer à l'image des pas, grands ou
petits, sur le chemin de la conciliation
religieuse.. Le pouvoir religieux et le
pouvoir civil sont arrivés à la paix. La
séparation est rangée hors des polé-
miques. Elle va entrer dans les mœurs
et sortir de l'actualité.
Le ministre a fait jouer des ressorts
soupLes et solides, en acier très fin.
Mais il a été noblement secondé par des
prélats patriotes, qui ont osé en appeler
au pape mieux informé. Entre tous
ceux qui ont osé être francs devant la
majesté de la tiare, il fau-t louer le nou-
vel archevêque de Rennes, Mgr Du-
bourg, qui a continué l'œuvre simple-
ment courageuse de son illustre prédé-
cesseur, le cardinal Labouré, mort trop
tôt. En quelques semaines, l'autorité de
ee prélat presque inconnu a grandi et
s'est exhaussées sur un piédestal de sin-
i-érBé. -4
Bref, Pie X tolère la dévolution des
fondations charitables ou scolaires aux
établissements d'utilité publique. Il in-
vite les prêtres-à user de la loi de 1881
çt à faire la déclaration de réunion pu-
blique, pourvu qu'une seule déclA-atiorn
suffise pour une année.
Enfin, le Souverain Pontife va plus
loin, il autorise le cure à continuer
l'exercice du culte, même dan-s un édi-
fice qui serait la propriété d'une asso-
ciation cultuelle.
La circulaire de M. Briand, encore
Inédite, rend faciles et douées les con-
cessions romaines.
Voici les passages essentiels de ce
'document, où la minutie des détails ne
cache pas un instant l'ampleur, die l'i-
dée : dans un vaste paysage de clarté
an distingue ainsi les herbes menues,
aBnttque la. ligne de l'horizon soit cou-
pée. - • -t -
L'article S de la loi du 9 décembre 1905,
Wit M. Briand, a, d'une façon générale, as-
similé les réunions publiques pour la célé-
bration d'un culte aux réunions, dont la li-
berté a été consacrée, moyennant l'accom-
plissement dé certaines formalités, par la
toi du 30 juin 1881 et, tout en exemptant,
O^'uàik faveaur spéciale, ce l'observation de
Serteines prescriPtions édictées par cette loi
tes réunions tenues dans les locaux appar-
tenant à une association cultuelle ou mis à.
IB. disposition, il a entendu laisser les indi-
vidus libres de se prévaloir, en dehors de
toute espèce d'association, du droit commun
pour organiser des réunions destinées à
1 exercice public du culte.
"Ce n'est pas à dire, au surplus, que les
Réunions cultuelles soient transformées en
réunions publiques ordinaires.
L'article S5 de la loi du 9 décembre 1905
n'a créé qu'une assimilation et,, par suite,
si les dispositions du aroit commun formu-
lées dans la loi du 30 juin 1881 sont étendues
ajix réunions cultuelles tenues sur initiatives
Individuelles, c'est dans la mesure où les-
dites règles sont compatibles avec l'exercice
du culte.
Le ministre déclare inutile la consti-
tution d'un bureau, puisque l'ordre est
caranti par l'article 32 de la loi de 1905.
Les signataires de la déclamation demeu-
rent responsables.
Quant à la déclaration préalable, à
laquelle Farcie 2 subordonne l'exercice
du -droit de réunion, elle devra s'effec-
tuer dans les termes mêmes où elle est
prévue par cet article ainsi conçu :
« Toute réunion publiée sera précédée
d'une déclaration indiquant le lieu, le jour,
l'heure dé la réunion. Cette déclaration sera
signée par deux personnes aa moins, dont
l'une domiciliée dans la commune où la réu-
nion doit avoir lieu. — Les déclarants de-
vront jouir de leurs droits civils et politiques
et Ja. déclaration indiquera leurs noms, qua.
lités et domiciles. - Les déclarations sont
faites : à Paris, au préfet de police ; dans
les chefs-lieux de département, au préfet ;
dans les chefs-lieux d'arrondissement, au
sous-préfet ; et dans les autres communes,
au maire. - Il sera donné immédiatement
récépissé de la déclaration, - Dans le cas
où le déclarant n'aurait pu obtenir de récé-
pissé, l'empêchement ou le refus pourra être
constaté par acte extrajudiciaire ou par at-
testation signée de deux citoyens domiciliés
dans la commune: — Le récépissé, ou l'acte
qui eh tiendra lieu, constatera l'heure de la
déclaration. —- La réunion ne peut avoir
lieu qu'après un. délai d'au moins vingt-
quatre heures: n.
Mais il ne faut pas exagérer les exigences
de cet article, et ce serait une erreur de croi-
re que .chaque réunion doit être précédée
d'une déclaration spéciale ou, en d'autres
termes, qu'il faut autant de déclarations que
de unions,
Airtsi eetexaucé le désir du pape. Ain-
si est admise la condition que Rome
impose à ses clercs pour l'usage de la
toi de 1881.
Après avoir précisé comment, en vertu
des dispositions combinées des lois des
30 juin 1881 et 9 décembre 1905, il sera loi-
sible à des individus non associés d'organi-
ser des réunions pour la pratique publique
de leur culte, il reste à déterminer dans quel-
les conditions des réunions cultuelles ainsi
tenues sur initiatives individuelles pourront
Jlyoir lieu dans les édifices antérieurement
affectés à l'exercice du culte, si, lors de
l'expiration du délai d'un an prévu par l'ar-
ticle 4 de la loi de séparation, il ne s'est pas
constitué d'associations cuïteelles pour re-
cevoir, au lieu. et place des établissements
Ecclésiastiques supprimés, la jouissance ou
la propriété de' ces édifices. v
A cet effet, il convient de déterminer quel
sera le régime desdits immeubles à cette
échéance.
¡ Les édifices actuellement aJXeôtés à l'exer-
cice publie du culte (cathédrales, églises et
chapelles) se divisent en deux catégories.
Les uns, visés par l'article 12 de la loi du
9 décembre 1905, sont la propriété de l &tat
ou des communes ; les autres appartiennent
à des établissements ecclésiastiques (fabri-
ques, menses ou séminaires).
Ces distinctions restent théoriques.
Mais, continue le ministre, en fait, les uns
et les autres se trouvent dans une condition
identique et conserveront leur affectation an-
téricuie.
Il résulte, en effet, de l'article 13 que, pour
libérer les cathédrales, églises et chapelles
appartenant à l'Etat ou aux communes de
l'affectation dont ^telles sont grevées, un dé-
cret ou une loi, suivant les circonstances,
sera nécessaire.
Quant à ceux de ces édifices qui ont ap-
partenu aux établissements ecclésiastiques,
ils passeront, à titre provisoire, aux mains
du séquestre dans les conditions marnes, où
ils auraient été transférés par les établisse-
ments ecclésiastiques à des. associations
cultuelles, c'est-à-dire, comme le porte l'arti-
cle 4, avec leur affectation spéciale, et celle-
ci durera tant qu'ils n'auront pas été attri-
bués, par application de l'article 9, paragra-
phe premier, à des établissements commu-
naux d'assistance ou de bienfaisance.
Plus loin, l'auteur de la circulaire
rappelle qu'il ne faut pas confondre la
jouissance sans titre laissée aux étirés
avec l'ancien droit concordataire des jfJ-
briques.
Le desservant pourra recueillir des of-
frandes. Mais il ne pourra percevoir
aucun droit fixe — notamment pour les
fournitures funéraires. Par contre, Je
curé n'aura pas la charge de restaurer
l'édifice où il sera le premier invité.
Il devra seulement prévenir les dégra-
dations et 'e - vois.
La fin de la circulaire est consacrée
à la location des presbytères, des évê-
chés et des archevêchés :
Du moment qu'à défaut d'associations cul-
tuelles les curés et desservants ne pourront
pas justifier de la condition à. laquelle l'ar-
ticle 14 a subordonné la continuation, pen-
dant cinq ans, de l'usage gratuit des presby-
tères, cet avantage cessera pour eux de plein
droit et les communes recouvreront, sans
plus tarder, la possession légale des pres-
bytères.
Il 4st vrai que, jusqu'à l'expiration du dé-
lai prévu par l'article 14 et à moins d'une
désaffectation anticipée, qui pourra notam-
ment avoir lieu si, deux ans après la pro-
mulgation de la loi, le presbytère n'a pas été
réclamé avec l'église par une association
cultuelle, les communes n'auront pas la li-
bre disposition du presbytère, rentré en leur
possession.
Elles auront le droit de le louer, moyen-
nant un loyer à débattre, et contre payement
des impôts, au curé ou desservant. Si, au
contraire, comme elles en auront le pouvoir,
elles retirent la jouissance du presbytère à
cet ecclésiastique, elles ne pourront utiliser
cet immeuble que d'une façon provisoire,
soit qu'elles y installent des services com-
munaux, soit quelles le louent à des par-
liûtiiîûis et leii ipfffltwns consenties dans ces
conditions devront comporter une clause ré-
solutoire analogue à oelle qui était ordon-
née, sous l'empire du Concordat, par l'or-
donnance du 3 mars 1825 et le décret du
9 avril 1904 pour les presbytères des succur-
sales vacantes.
Les mêmes règles seront suivies, pendant
Tannée qui restera à courir jusqu'à l'expira»
Ion du délai de deux ans institué par l'ar-
ticle 14 de la loi du 9 décembre 19®, à ré-
gard des archevêché® et évêchés qui sont la
propriété de l'Etat, des départements ou des
communes.
Après cette large adaptation de la loi
aux nécessités locales, le ministre des
cultes ajoute la disposition suivante :
Les séminaires ne pourront, en audirn cas,
garder leur destination concordataire. Ils ne
pourront pas être loués à l'évêque pour leur
ancien usage : il y aurait association illicite,
association cultuelle dissimulée, et l'article
23 de la loi de 1905 exigerait les poursuites
correctionnelle s.contre les professeurs et les
élèves réunis.
Pour conclure, M. Briand indique les
délais légaux pour l'application de la
loi : à Paris le plein effet commence le
13 décembre ; dans l'arrondissement le
plus éloigné, il commence le 16.
Le lecteur curieux peut comparer les
dispositions de cette circulaire aux déci-
sions prises par les évêques dans l'archer
vêché de Paris, par les curés dans l'Ins-
titut catholique : il reconnaîtra une ai-
mable concordance, qui ne peut être
l'effet du hasard, mais d'un accord si-
lencieux. j
! JEAN DE BONNEFON.
ECHOS
L
'Académie française a fixé comme suit la
date de réception des trois derniers aca-
démiciens élus :
1° Jeudi 20 décembre, réception de M.
Alexandre Ribot par M. Paul Deschanel.
2" Jeudi 17 janvier, réception de M. Mau-
rice Barrès par M. le vicomte de Vogué.
30 Jeudi 7 février, réception de M. le car-
dinal Mathieu par M. le comte d'Hausson-
ville.
L'Académie entendra l'exposition des titres
des candidats aux fauteuils vacants par suite
du décès de MM. Albert Sorel et Rousse le
mardi 12 février, et l'élection aura lieu le
jeudi suivant 14 février.
L
e Comité des Inscriptions parisiennes,
siégeant à l'Hôtel de Ville, a décidé
quune plaque serait apposée sur la maison
de Gentilly où Victor Hugo passa l'heureux
temps de ses fiançailles.
p
our être bien habillé, il faut être bien
cravaté. « The Sport » habille bien et.
cravate bien. Lundi prochain, Exposition de
cravates tout particulièrement intéressante :
dessins splendides, nuances idéales, prix.
extraordinaires! 17, boulevard Montmartre.
Pour avoir du choix, venir le matin; le
soir. tout est vendu.
H
ier ont débuté à l'Olympia, dans la troupe
Luven Chai Sen, deux jolies et graciles
Chinoises d origine royale dont l'histoire est
peu banale. En effet, à leur arrivée en France,
à Marseille, avec la troupe dont elles font
partie, elles furent enlevées par un agent
théâtral, et ce n'est qu'après maintes péripé-
ties qu'elles purent être retrouvées à temps
pour paraître sur la scène du grand music-
ball du boulevard des Capucines. A noter
qu'en Chine les hommes seuls sont admis à
'SC-ttlontra en. public comme comédiens. dan-
seurs ou acrobates, et qu'elles constituent par
conséquent, une exception unique. -
p
our vos éirennes4 mesdames, penser.';., s
au Miroir Brot Chiffonnier ? C'est une
joie pour une femme que de se parer avec
ce merveilleux auxiliaire de toilette qui joint
les avantages d'un miroir triple à ceux d'un
chiffonnier. Voyez-le donc chez Brot, 89, F au-
bourg Saint-Denis, à deux minutes des bou-
levards.
p
ourquoi, demandait-on, les parlementai-
res ont-ils mis tant de hâte à s'allouer
une indemnité supplémentaire ?
— C'est, répondit une de nos plus spiri-
tuelles mondaines, qu'ils grillent d'envie de
goûter aux plaisirs de Paris et de passer
leurs après-midi non plus au Palais-Bourbon,
mais au Palais de Glace des Champs-Elysées.
v
oici venir les fêtes -de fin d'année et les
réunions de famille. Chacun veut bril-
ler, et, pour cela, les dames n'ont qu'à porter
un des exquis modèles de fourrures et de
costumes tailleur créés par Mme Loger à Fine-
House, 164, rue St-Honoré (face au Louvre),
et incomparables pour le prix et la qualité.
L
e peintre Paul Sain a: organisé dans son
atelier; - 66, rue Bomsault, - une Exposi-
tion des tableaux et études qui a rapportés
de ses récents voyages en Algérie et en Corse.
Elle est. visible les après-midi, d'une heure
et demie à quatre heures, jusqu'au mercredi
x. décembre,
L
a constipation la plus rebelle est immé-
diatement * et rapidement guérie
en prenant le soir, avant dîner, un ou deux:
Grains de Vals qui rétablissent le fonction-
nement normal de la digestion.
1
1 y aura aujourd'hui une grande matinée
au Cirque Métropole, le splendide hiono-
drome de l'avenue de La Motte-Picquet, avec
un programme entièrement nouveau et tous
les débuts d'hier. Citons ceux d'Edmond
Verdan, le gentleman-rider bien connu,* avec
huit merveilleux chevaux orloff admirable-
ment dressés ; les frères Bobbv Pandours,
modèles de beauté plastique; Mlle de Rigals
et son extraordinaire cheval sauteur; le célè-
bre clown Foottit dans de nouvelles créa-
tions, etc., etc.
Le soir, même programme et dernière soi-
rée des Matches-Revanche de lutte.
Carnet d'un Sauvage
Au troisième acte des Huguenots, un
vftllôur de nuit traverse la scène, en invi-
tant les personnes à s'aller coucher, et en
annonçant que l'heure est venue où tout
bruît doit cesser.
A partir 4e ce moment, le tintamarre de-
vient épouvantable. Cest d'abord la lutte
entre huguenots et «atholiquâs, pow Ven-
trée du cortège de l'a reine de Navarre, qui
se promène aux -lfambeaux, avec chœurs re-
tentissants.
Un 15rave provincial (il y en a encore
deux ou trois), qui assistait pour la pre-
mière fois à cet opéra, me fit cette réflexion
sensée :
— Heureusement le monsieur tout à l'heu-
re vient de diré qu'on ferait silence. AL-tre-
ment où en s«rions-no«s ?
A la ChaMbre des députés, il y a. «1 aussi
ib monsieur qui, parlant le premier, a dit
que le projet d'augmèntation des appointe-
ments devait être accueilli avec un silen-
cieux assentiment, pareil à celui de la fa-
mille, quand l'ofdonnatenr des pompes fu-
nèbres vient la prier de se ranger derrière
le corbillard, et que ce silence était ce qui
convenait le mieux à la dignité d'un pareil
débat.
Aussitôt le vacarme a commencé. Il a
duré jusqu'à nuit noire. Jamais on n'avait
entendu autant de gens pérorer. -
Et, dans les tribunes, quelques personnes,
faisant la même réflexion que mon provin-
cial, pensaient :
« Nous avons tout de même de la chance
que le monsieur de tout à l'heure leur ait
conseillé de ne rien dire. »
Soyons justes. Si Tes députés ont consa-
cré beaucoup de temps à leurs affaires per-
sonnelles, ils venaient d'êtrd,beaucoup plus
rapides pour les affaires publiques. Ils
avaient, en effet, expédié en trois quarts
d'heure quatre gros budgets : intérieur, Lé-
gion d'honneur, justice et colonies.
Quand les choses ne sont pas sérieuses,
n'est-ce pas?
Henry Maret.
LA PROCESSION EXPIATOIRE D'AVILA
Les télégrammes que nous avons publiés
ont appris à nos lecteurs l'agitation surve-
nue dans la population d'Avila, à la suite
de la représentation au théâtre Sarah-
Bernftardt de l'œuvre de notre éminent col-
laborateur Catulle rendes, la Vierge d'A-
vila.
Certaines personnalités de cette pittores-
que et vénérable ville d'Espagne, estimant,
d'après les comptes rendus publiés par les
journaux de la péninsule, que le poète n'a
pas fidèlement retracé l'existence de la
sainte héroïne, avaijent décidé de consacrer
à la mémoire de sainte Thérèse une proces-
sion dite d'expiation.
Or, cette cérémonie a eu lieu le 25 du mois
dernier. Elle a, parait-il, été très imposante,
comme on peut le voir par l'instantané que
nous reproduisons ci-dessus. Toute la po-
pulation d'Avila y a pris part, les autorités
de la province et de la ville en tête. On y
vit figurer les enfants des écoles, les com-
munautés religieuses, le gouverneur, l'évê-
que, l'alcade, etc.
AMÉRICAINS & JAPONAIS
ALARMES EXAGÉRÉES
Il n'y a actuellement entre leà Etats-Unis et le Japon
ni menace de guerre, ni conflit aigu, mais il y a un
grave problème constitutionnel américain.
posé par l'hostilité des Etats de l'Ouest
contre les Japonais.
L'Ecole des Hautes Etudes de San-Franeisco, dont les étudiants japonais sont exclus. —
L'Ecole publique des Orientaux, réservée aux Chinois. Coréens, Japonais et gens de
couleur. — M. Metcalf," ministre du commerce, chargé par le président de procéder à
une enquête sur l'agitation antijaponaise. — Etudiants japonais de San-Francisco.
Si les polémiques de presse don-
naient le diapason des relations interna-
tionales, nous serions obligés de penser
que la situation est fort tendue,entre les
Etats-Unis et le Japon et que les pires
éventualités doivent être envisagées,
"'Lies journaux américains prennent
tout à fait au tragique l'incident de San-
Franciseo. Ils prêtent au Japon les in-
tentions les plus belliqueuses. Le con-
sul général américain à Yokohama au-
rait déclaré que, dans l'empire du So-
leil Levant, on parle ouvertement de la
prochaine guerre àNU, les Etats-Unis.
Pour un peu, on voudrait nous faire
croire aue l'escadre nipponne, doîjt la
visite est attendue en janvier dans les
enux californiennes, pourrait bien tirer
ses salves de salut avec des chargea de
combat. Bigre !
Ce qu'il a de plus curieux dans cette
campagne, ce n est pas tant l'énormité
du bluff auquel La presse jaune améri-
caine nous a depuis longtemps accou-
tumés ; c'est la singulière erreur qui se
trouve à l'origine même du débat. On
parle couramment d'un conflit entre les
Etats-Unis et le Japon. Ce conflit n'exis-
te pas ou plutôt n'existe plus. Le problè-
me à résoudre, problème très délicat,
n'est pas du domaine international :
c'est un problème purement américain.
Précisons.
Les autorités de l'Etat de San-Francis-
co ont prétendu, se basant sur une loi
récente, interdire l'accès des écoles fré-
quentées par les jeunes Américains aux
enfants de la colonie japonaise très
nombreuse à Frisco. Les petits Nippons
se sont vus confier dans les établisse-
ments réservés aux gens de couleur.
Fureur des parents, appel à la mère-
patrie. Le gouvernement japonais a for-
mulé une plainte officielle, invoguant
le traité de commerce et d'amitié de
1894 qui place les nationaux des deux
contractants sur un pied d'égalité ab-
solue.
L'incident semblait alors s'engager
sur le terrain international. Mais M.
Posent l'arrêtait immédiatement. Par
son ordre, le ministre des affaires étran-
gères, M. Root, a télégraphié à TOr
kio les assurances les plus formelles
que satisfaction serait donnée aux Ja-
ponais si une enquête rigoureuse justi-
fiait leurs plaintes. Quelques jours
après, le vicomte Hayashi, ministre des
affaires étrangères du Japon, déclarait
l'incident international clos. Rien de ce
qui s'est passé depuis lors n'a pu le j'ou-
vrir.
M. Roosevelt a pris un engagement
moral envers. le Japon. Reste à le faire
accepter et ratifier par les autorités ca-
liforniennes. C'est ici qu'apparaît le
véritable conflit, purement constitu-
tionnel.
Le pouvoir fédéral se trouve presque
complètement désarmé contre les déci-
sions des Etats particuliers. Ce vice-
constitutionnel s'est déjà manifesté, il
y a quelques années, d'une manière
saisissante. Des Italiens avaient été mas-
sacrés dans les pats du Sud. Le pou-
voir central fit tout ce qu'il était pos-
sible de faire pour obtenir le châti-
ment des coupables réclamé par le cabi-
net de Rome. Il se heurta à une résis-
tance impossible à vaincre par des
moyens pacifiques.
La situation qui se présente à San-
Francisco est tout à fait analogue. M.
Roosevelt a bien pu porter le différend
devant la cour suprême. Celle-ci décla-
rera, sans doute, que l'interprétation
donnée à la loi sur l'éducation est illé-
gale comme contraire aux traités con-
clus avec des puissances étrangères.
Mais comment imposer ce jugement aux
autorités californiennes ?
Le ministre du commerce américain,
M. Metcalf, a été envoyé à San-Fran-
cisco pour préparer les esprits à la con-
ciliation. Il en a rapporté un rapport
très favorable, dit-on, à la thèse japo-
naise. Par ailleurs, sa mission a totale-
ment échoué. On ne saurait en être sur-
pris. L'incident des écoles n'est qu'un
épisode d'un véritable mouvement anti-
japonais qui se dessine dans les Etats de
l'Ouest, mouvement provoqué par des
rivalités d'affaires et des préjugés de
couleurs.
Que fera M. Roosevelt ? On lui prête
des intentions énergiques qui sont-assez
dans son caractère. Le message qu'il
soumettra lundi, au Congrès, propose-
ra,* assure-t-on, une réforme de la Cons-
titution renforçant le pouvoir central
et le droit de naturalisation pour les Ja-
ponais. Voilà des mesures bien graves.
Elles ont d'autant moins de chances d'ê-
tre adoptées que nombre de députés ré-
publicains ont **té élus dans les Etats
de l'Ouest. '>'
Au point de vue américain, le problè-
me paraît donc très difficile à résoudre.
Il faudra beaucoup d'énergie et. de tact.
Un état de choses anormal peut -3o pro-
longer et avoir une répercussion fâ-
cheuse eur les relations entre Améri-
cains et Japonais. Mais, comme le fait
très justement, observer un secrétaire de
l'ambassade japonaise à Paris, les rap-
ports officiels des deux pays ne sau-
raient être troublés, du moment que le
gouvernement fédéral est d'accord avec
le gouvernement japonais. Est-il besoin,
après cela, de démentir les bruits de
guerre ? — S.-B.
DÉCLARATION JAPONAISE
Un secrétaire de l'ambassade japonaise a
fait à un de nos confrères du Temps les dé-
clarations suivantes au sujet,des bruits très
pessimistes répandus par certains journaux
sur les relations des Etats-Unis et du Japonf
« Il ne faut pas attacher une trop grandit
importance aux dépêches alarmistes que
certains journaux du matin se font adresse*
de New-York au sujet du oonflit soulevé parf
la question des éooles de San-Francisco et
de l'exclusion des élèves japonais. Cette a"
faire n'est pas nouvelle et n'a nullement sous
levé chez nous ce paroxysme d'indignation
populaire qui pourrait être, s'il était vraie
de nature à provoquer des complications stt;
rieuses: 4
» Il y a, certes, pour nous une question
d'amour-propre national à ce qvae nos ocsù
citoyens soient traités à l'étranger avec les
égards auxquels ils ont droit et que me
traités leur ont reconnus.- -
Mais nous savons aussi les difficultés lo4
cales, les questions purement locales qui
ont donné lieu à cet incident Nous avontf
pleine confiance dans le gouvernement amé*
ricain pour agir sur les autorités californien
nes et obtenir d'elles la reconnaissance dflf
nos droits. Mais nou-q- he songeons nul le*
méat à déclarer la guerre aux Etats-Uniflf
tout entiers uniquement partie que qufelque^
Américains nous sont hostiles. Le gouverner
ment de Washington est, favorable à nos re.
vendications et c'est cela surtout qwi im.
porte. C'est au gouvernement de Washing-
ton qu'il restera à régler avec les autorités
de Californie les détails d'un arrangement
qui nous soit favorable, et nous ne doutons
pas qu'il y parvienne.
» La meilleure prouva qu'aucune action
grave n'est envisagée du coté japonais, c'est
que l'ambassade de Paris n'a reçu de Toki*
aucun télégramme à ce sujet. -Si notre SOlIe
vamemènt préparait une démonstration nsv
vale, et qua plus est, une guerre, nous art
serions informés, étant donné l'importance
internationale de tout conflit. Or, nous n'a-
vons reçu ni instructions, ni indications. *
nmmmnma ..)'
El CHOMES
QUATRE ANS DE PRISON
lies jupes allemands ont été indulgents poutf
le vieux Wilhelm Voigt et lui ont ac-
cordé des circonstances atténuantes.
BERLIN, lor décembre. (Par dépêche dlf
notre correspondant particulier.) — C'est
aujourd'hui qu'on* commencé les débats dU
procès intente à Voigt., beaucoup plus connu
depuis quelques semaines dans l'Europe 6U9
tière, sous le surnom de a capitaine de Foeo
penick H.
Dans la salle des audiences se pressait det
bonne heure un publie cossu, bourgeoi^mai*
sans élégance ; quelques dames en ibüettelf
sombres ; une dizaine d'officiers assis edtf
à côte, en manteau gris-clair à parements
rouges. La cour paraît sans avoir été mO
noncée. Le public ne se lève pas. Les juges,
en robes noires, avec collets de velours noir-
s'asseyent à la bonne franquette. Awamw
majesté, mais aucune morgue.
— Serviteur du tribunal, introduisez raq..
cusé !
Une porte couvre dtos le mur, un pet%
homme apparaît, très vieux, très propre et
très chauve. C'est Wilhelm Voigt, le fameux
capitaine. u -'
Aucun soldat ne raccompagne ; il rest4
seul à son banc de chêne, dans M'espace qus
clôture une grille dorée surchargée d'arme
ments d'un goût eriard; il resta seul, et
tout à l'heure, quand le président le feni
trottiner parmi les- témoins pour leur Haigf
coustater qu'il n'a pas les jambes torses,
aucun agent de polIce n'accompagnera oeI
ancien forçat. Il a l'air si inoffensif ! Gom-
ment a-t-on pu prendre un homme d'aspect
si débonnaire pour un capitaine de la. gardât
De profil, Voigt ressemble de façon assea
frappante à feu le prince Clovis de Hohen-
lohe, chancelier de l'Empire allemand. Cette
impression premèèm ,de distinction dans
l'attitude et dans Je geste, va devenir ex«
quise quand il parlera d'une voix basse,. dis..
crête, sans bavures, sans hésitations, avee
un rare bonheur d'expression dans une lan-
gue à la fois châtiée et ferme. Il n'y a paaj
dix députés au Reichstag, qui manient La
parole avec autant d'élégance et de sûreté.
Mais si, d'aventure," Voigt se tourne vers
le public, tout le charme s'évanouît. Lai
yeux rouges enfoncés dans leurs orbites el
cernés de bleu, le nez écrasé et asymétri-
que, les pommettes saillantes qui noua
étaient cachés nous apparaissent. Alors,
c'est bien la fSlDe d'un vaincu que la vie a
meurtri, a brisé comme à plaisir. Le gentil-
homme disparaît, laissant place au misét
rable savetier. On ne comprend plus du tout
que le maire de Kœpenick s'y soit laissé
prendre. Et, pourtant, quel singulier con-
traste entre ce que l'on voit et ce que l'on
sait. Car cet homme, qui passa vingt-six
ans de sa vie au bagne, nous apparaît en
tout cas comme la statue même de la pro-
bité. Dans son ton, dans son geste et dans
sa figure, tout respire la vertu, discrète et
sincère. Il émane de toute sa personne 1Hf
parfum d'honnêteté qui déconcerte.
Les témoins
- Serviteur du tribunal, introduisez Ie<
témoins.
Et voici que s'avancent, au pas de parada
six hommes équipés en guerre, sac ay dos
et fusil au bras, conduits par un caporal
la figure fine et intelligente. Ce sont les du-
pes du capitaine. Rien qu'à Leur façon d« •
répondre à l'appel de leur nom, on corn.
prend que ces gens-là ont perdu toute ini.
liative, toute faculté de raisonner le joac
où ils ont revêtu l'uniforme. Ce sont des au-
tomates, des mécaniques parfaites. Cette
impression s'accentue quand on Les entend
déposer.
Le caporal, l'arme au pied, le petit doigt
sur la couture du pantalon, les talons réu-
nis, ne parviendra qu'avec peine à ânonner
quelques mots sur un ton chantant, comma
une leçon apprise par cœur à la caserne. Et
Leffort a été encore trop grand pour lui.
Quand, après avoif déposé, il s'est assis à
son banc, je l'aitvu qui cherchait à introdui-
re entre son casque et son front la pointe
de sa baïonnette pour essayer de diminuer
la souffrance causée par cette coiffure lour-
de et incommode.
Au surplus, sa déposition avait été incolo-
re et sans valeur. Les soldats ont obéi par-
ce qu'ils ont obéi, simplement, ne concevant
pas qu'on pût faire autre chose que d'obéir.
Mais après les dupes apparurent les vie*
times ; et, tout d'abord, le maire de Kœpe-
nick, véritable type du fonctionnaire modè-
le verbeux, confus, craintif, et un tantinet
pleurard. La taille épaisse, sanglée dans
une redingote de beau drap luisant, le crâne
allongé, la barbe en pointe, M. Laneermam
doit être un administrateur pointilleux et
un bourgeois méthodique.
Quand les témoins se furent retirés, l'ac-
cusé fut admis à présenter sa défense, et
deux heures furent consacrées à son inter-
rogatoire. Rien n'est plus savoureux que de
lui laisser la parole.
Le capitaine parle
- J'avais dix-huit ans quand j'ai été con*
damné à douze ans de travaux forcés. J'a.
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