Jugements et critiques
Alfred de Vigny
« Merci, cher ami, de votre livre immortel. C’est un colossal ouvrage. Que notre âge le prenne comme il voudra, la postérité fera plus que le lire, elle l’étudiera. Vous vous êtes créé une langue poétique admirable en ce que la science qui la colore et la profondeur de pensées qui la remplit, n’appesantissent jamais sa marche dans les mouvements dramatiques. Cromwell couvre de rides toutes les tragédies modernes de nos jours. Quand il escaladera le théâtre, il y fera une révolution et la question sera résolue.
J’aime la grande et large critique de votre préface. La règle est digne de l’exemple, et je ne pourrais en faire un plus grand éloge. Je ne cesse depuis quatre jours que je suis revenu de passer de votre prose à votre poésie, ce sont deux sœurs d’une égale beauté. »
(Lettre à Victor Hugo, 17 décembre 1827.)
Sainte-Beuve
« Cet ouvrage est de ceux qui servent doublement les progrès de l’art : c’est à la fois une expérience hardie, et l’exposition d’une nouvelle poétique du drame. Je dis nouvelle, quoique beaucoup d’idées qui sont aujourd’hui à la mode s’y trouvent reproduites ; mais M. Victor Hugo peut justement réclamer comme sienne toute cette théorie sur le grotesque considéré comme l’un des principaux traits et peut-être même comme le trait de caractère de la poésie dramatique moderne. »
(Le Globe, 6 décembre 1827.)
Théophile Gautier
« La préface de Cromwell rayonnait à nos yeux comme les Tables de la Loi sur le Sinaï, et ses arguments nous semblaient sans réplique. Les injures des petits journaux classiques contre le jeune maître, que nous regardions dès lors et avec raison comme le plus grand poète de France, nous mettaient en des colères féroces. »
(Histoire du romantisme, I, Charpentier et Cie, 1874, p. 5.)