Jugements et critiques

Alfred de Musset

L’Universel

« L’héritage de Racine, de Molière et de mon ami le sieur Arouet, est tombé dans les mains des Visigoths […] M. de Musset accumule en outre les solécismes, voire les barbarismes les plus grossiers ; les hiatus et les enjambements les plus intolérables ; il épuise le vocabulaire de la halle, des chiffonniers et des corps de garde ».
(L’Universel, 3 février 1830)
 

Figaro

« Comment parler de M. Alfred de Musset ? Son livre est-il une parodie ? est-ce une œuvre de bonne foi ? À lire les trois quarts des vers de M. Musset, vous-croiriez à la parodie ; le poète a si fort exagéré les doctrines de l'école nouvelle, il a si étrangement abusé de ses façons et de son allure qu'il semble, comme les pères lacédémoniens, avoir voulu montrer aux jeunes gens un romantique en goguette, pour leur faire prendre en dégoût l'intempérance poétique. Puis, à côté de cette orgie, vous trouverez çà et là des choses vives, originales et colorées de sorte qu'on est tenté tout-à-coup de croire à la bonne foi littéraire de M. Musset et de la prendre au sérieux ; d'autant mieux encore qu'au fond de tous ces poëmes, on trouvera souvent une création passionnée, une disposition dramatique de la vie et du mouvement. »
(Figaro : journal littéraire, 4 février 1830)
 

Désiré Nisard

« J’aime les Contes d’Espagne et d’Italie, parce que j’y trouve nécessité et liberté […] Point de lieux communs, points de lambeaux poétiques, point de centons de collège, mais des vers francs, pris de volée, une verve folle, un libertinage d’esprit qui met la critique de belle humeur. »
(Journal des Débats, 8 avril 1830)
 

Juste Olivier

« Il y a dans ces pièces de l’originalité et souvent des vers très heureux. Après cela, il y a de la bizarrerie, du faux, du mauvais, du ridicule ; tant qu’on en veut, mais il y en a tant que je crois qu’on l’a mis à dessein, et l’effet m’a paru quelque fois assez comique ».
(Paris en 1830, 2 juin 1830, Paris, Mercure de France, 1951)
 

Charles-Augustin Sainte-Beuve

« Les Contes d'Espagne et d'Italie, publiés en janvier 1830, annonçaient hautement un poète. Les bonnes gens n'y virent que la Ballade à la Lune, et n'entendirent pas raillerie sur ce point d’invention nouvelle : ce fut un haro de gros rires. […] Les Contes d'Espagne et d'Italie, en mettant hors de ligne la puissance poétique de M. de Musset, posaient donc en même temps une sorte d'énigme sur la nature, les limites et la destinée de ce talent. »
(« Alfred de Musset », 1833, dans Critiques et portraits littéraires, 1836-1841)
 

Louis Veuillot

« La belle époque du romantisme nous donna ses Fleurs du mal. C'étaient les Contes d'Espagne et d'Italie. Hélas ! quelle différence ! »
(La Poésie à l’heure qu’il est », 15 mai 1858, dans Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. 2e Série, t. IV)
 

Gustave Vapereau

« Encouragé par M. Victor Hugo et Charles Nodier, il risqua un premier volume de vers, les Contes d'Espagne et d'Italie (1830), qui révélèrent un poëte. Ces récits cavaliers et immoraux de parti pris eurent un succès de scandale. Les hardiesses bizarres de la fameuse Ballade à la lune soulevèrent bien des réclamations, mais le public admira quand même Don Paez, les Marrons du feu, l'Andalouse et cette populaire Marquise, mise en musique par Monpou. »
(« Alfred de Musset », dans le Dictionnaire universel des contemporains, Hachette, 1858)
 

Emile Zola 

« La Ballade à la lune nous enthousiasmait, parce qu’elle était pour nous le défi qu’un poète de race portait aussi bien aux romantiques qu’aux classiques, le libre éclat de rire d’un esprit indépendant, dans lequel toute notre génération se reconnaissait un frère. »
(« Alfred de Musset » dans Le Messager de l’Europe, mai 1877, repris dans Etudes et Portraits, 1926)