Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1870-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1870 01 janvier 1870
Description : 1870/01/01 (A7,N1). 1870/01/01 (A7,N1).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53545090v
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2023
7mo ANNÉE.
N° 4.
SAMEDI, Ier JANVIER 1870.
PRIX D ABONNEMENT :
Jlende : un an, 10 fï. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans le département: «n an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 o. ; hors du département : un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c. — L'abonnement au Moniteur de la Lozère doit
être payé dans le i" trimestre.
M- HATAS ,.rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE, BULLIER et C1", place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés , à Paris, de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
Mende, le 1er janvier 1870.
Pour nous conformer à l'usage , nous con¬
servons à la date .placée en tête de ces lignes la
"désignation du jour où notre journal paraît,
et cependant nous écrivons le mardi matin ,
c'est-à-dire au moment où nous venons de
recevoir une dépêche qui nous annonce un évé¬
nement auquel on s'attendait,mais qui.'n'en est
pas moins très-important. Voici le contenu de
cette dépêche :
« Les ministres ont donné leur démission.
— L'Empereur a écrit à M. Emile Ollivier et
lui a donné la mission de désigner les person¬
nes qui peuvent former un cabinet homogène
représentantfidèlement la majorité législative. »
Voici la lettre de l'Empereur à M. Emile
Ollivier :
« Palais des Tuileries , le 21 décembre 1869.
j> Monsieur le député, les minis-
» très m'ayant donné leur démis-
)) sion, je m'adresse avec confiance
» à votre patriotisme pour vous prier
)> de me désigner les personnes qui
» peuvent former avec vous un cabi-
)) net homogène, représentant fidè-
» lementla majorité du Corps légis-
» latif, et résolues à appliquer, dans
» sa lettre comme dans son esprit,
T) le sénatus-consulte du 8 septembre.
» Je compte sur le dévouement du
> Corps législatif aux grands intérêts
» du pays, comme sur le vôtre,
» pour m'aider dans la tâche que j'ai
d entreprise de faire fonctionner
» régulièrement le régime-constitu-
» tionnel.
j Croyez, Monsieur, à mes sen-
» timents.
» Napoléon, d
Avant de mettre notre journal sous pressé,
nous connaîtrons sans nul doute la composition
du nouveau cabinet, et nous la ferons con¬
naître à nos lecteurs ; mais nous éprouvous le
FEUILLETON.
M. Léon Valéry, qui n'est plus un inconnu
pour nos lecteurs, avait mis sa museau service
d'une question humanitaire, celle du rétablis¬
sement des tours où l'on déposait les enfants
abandonnés. M. Valéry fit à ce sujet une pétition
en vers qu'il adressa aux conseils généraux et au
sénat. Cette pièce eut un grand retentissement
et elle donna'lieu à un rapport fait au sénat
par M. de Goulhot de Saint-Germain et suivi
d'une discussion. Nous ne voulons pas entrer
dans l'étude de cette question. Nous nous con¬
tentons de reproduire les idées] philanthropiques
de M. Valéry en donnant place à sa pièce de
vers: —C. I.
PÉTITION AU SÉNAT
Pour le rétablissement des tours
dans les Hospices.
Pater meus et mator moa dereliquorunt me...
( Pa. xvi., v. 10. )
Et do quoi droit, Seigneur I interrogeant son maître,
L homme te dirait-il : « Pourquoi m as-tu fait naître ?»
Qu'il doive dans la vie errer seul et proscrit,
Ou qu'un heureux destin l'attende sur la terre,
Qu'il s'incline, Seigneur !... L'argile doit se taire
Devant celui qui la pétrit 1
Et qu'a-t-il fait pourtant, ô justice éternelle |
L enfant que sans pitié repousse de son aile
Cette femme, trompée à son premier amour ?
De 1 erreur do sa mère innocente victime,
Est-ce à lui de gémir et d'expier le crime
Qui le condamne à voir lo jour?
Où sont, pour l'accueillir aux portes do la vie,
Le père triomphant, la famille ravie,
Entourant, h genoux, l'heureux prédestiné?
Ou sont les gais amis, pour fêter sa naissance,
Et la blanche parure, emblème d'innocence,
Et le berceau du nouveâu-né ?...
désir de fixer de suite sur le papier les ré¬
flexions que fait naître dans notre esprit une
crise ministérielle dont le dénouement aura
suivi de près l'annonce.
On dit que l'homme, en général, est tou¬
jours prêt à se tourner du côté du soleil levant
et à jeter la pierre à ceux que, la veille, il a
acclamés. Organe public, interprète d'une opi¬
nion , non pas seulement personnelle, non pas
seulement exclusivement impérialiste, mais
embrassant tout ce qui est conservateur, gar¬
dons-nous de donner, dans la modeste sphère
où nous sommes placé , un pareil exemple,
et, avant de rendre justice à ceux qui sont
montés, payons un tribut de reconnaissance
à ceux qui sont descendus.
Les hommes éminents qui composaient le
dernier ministère ont, chacun dans son dépar¬
tement, rendu des services à la Ghose publique ;
mais celui qui était le plus souvent à la brèche
pour défendre les actes du gouvernement, c'est
M. de Forcade La Roquette. Il avait mis au. ser¬
vice d'une bonne cause un remarquable talent
d'orateur, une énergie que rien ne pouvait
troubler ou amollir, et toutes les fois qu'il a
porté la parole au corps législatif, il a rallié et
grossi une majorité parfois un peu hésitante.
Le souvenr d'un incident récent soulevé par
Rochefort est encore tout frais. On sait que
l'homme de la Lanterne renouvelait rau corps
- législatif, avec des termes moins crus, les me¬
naces à l'adresse du gouvernement qu'il avait
déjà formulées dans les réunions publiques. M.
de Forcade riposta de suite et dit que le gou¬
vernement était prêt à réprimer l'émeute et à
infliger des châtiments mérités. Ce mouvement
oratoire du ministre , son défi porté à des pas¬
sions turbulentes, son geste énergique, sa
parole virile, soulevèrent des applaudissements
enthousiastes.
En remontant le cours delà dernière session
législative et de celles qui l'ont précédée, nous
trouverions bon nombre de ces triomphes ;
mais les bornes d'un article de journal ne nous
permettent pas de faire une étude historique.
Du reste, en citant le dernier succès oratoire
de M. de Forcade La Roquette, succès arrivé au
moment même où ce n'était un mystère pour
personne qu'il allait résigner ses fonctions de
ministre de l'intérieur, c'est prouver qu'il a
Un froid et dur grabat ; une triste mansarde,
Où tremblent lesÙueurs d'une lampe blafarde
Et c'est là qu'il naîtra, cet enfant du malheur !
C'est là que, s'entourant d'un lugubre mystère,
Sa mère avec effroi së débat, solitaire,
Aux prises avec la douleur !
Pour adoucir, du moins, l'horreur de ton supplice,
Jeune fille égarée, où donc est ton complice?
Ton complice? il te fuit !... que dis-je? en ce moment,
Auprès d'une rivale, il insulte à ta flamme !
La faute fut commune ; et pour toi, pauvre femme,
Pour toi seule le châtiment !
A toi seule les pleurs, le remords qui t'accable !
Et demain?.. oh ! demain !... c'est la foule implacable,
Abreuvant de dédains ton faible cœur meurtri ;
C'est ta place fermée au foyer de famille ;
C'est ie père irrité, demandant à sa fille
Compte d'un nom qu'elle a flétri !
Demain, c'est l'abandon; demain, c'est l'infamie !
Pour relever ton front, pas une voix amie:
Le désespoir, le deuil, la misère... , et, plus tard,
Un malheureux de plus; que la honte accompagne,
Aigri par la souffrance, et marchant vers le bagne,
Courbé sous son nom de bâtard (1) !
Voilà quel avenir pour elle se prépare!
Et vous vous étonnez que sa tète s'égare ?
Qu'à l'heure redoutable où, déehirant son flanc,
La douleur dans son âme aiguillonne la rage,
A son brûlant cerveau l'amante qu'on outrage
Sente refluer tout son sang !...
Voyez !... sa tempe en feu, que laboure la fièvre,
Palpite... son sein bat... l'écume.est sur sa lèvre...
Une sombre colère éclate dans son œil...
Fruit maudit, desséché dans sa fleur éphémère,
Ah! s'il pouvait, du moins, l'enfant de cette mère,
Dans ses flancs trouver son cercueil!
S'il pouvait! fol espoir! créature chétive,
Il vit!... l'entendez-vous?... En vain sa voix plaintive
Semble pour sa faiblesse implorer la pitié :
Ce cri du nouveau né, ce cri nue la nature
Aux mères fit si doux, pour qu'angoisses, torture,
Tout par elles fût oublié ;
Ce cri mystérieux, qui fait à leur oreille
Parler, avec leur sang, une âme qui s'éveille,
Ce cri pour cette femme est comme lin glas de mort 1
Le prix des insertions peu
PRIX DES INSERTIONS 1
>Aûhoncea judiciaires, 20 c. la ligne ; diverses , 25 c. ; réclames, 40 c.
h être exigé à l'avance.
. La publication légale des actes de société est obligatoire dans le Moniteur de la Lozère.
Les annonces ordinaires doivent être remises le jeudi avant midi. Si les annonces sont longues ou si elles
présentent des difficultés d'exécution, l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces-
. saire pour faire la planche.
Les manuscrits envoyés, insérés ou non, ne seront pas rendus.
On s'abonne: chez MM. Camille IGNON, à Mende ; DALLO, à Marvejols ; LAHOTTE, à Florac.
(1) On frémit de songer pour quelle énorme part
figurent ces infortunés dans le nombre de crimes et de
délits.
été, jusqu'à la dernière minute, le digne in¬
terprète de la pensée de l'Empereur et le vail¬
lant défenseur de la cause conservatrice.
: Ains- M. de Forcade sort de l'hôtel du minis¬
tère de l'intérieur , non pas meurtri à la suite
d'une chute , non pas couvert de confusion à
la suite de gaucheries politiques, mais le front
haut et avec la certitude d'être accompagné de
l'estime de tous les honnêtes gens, de tous ceux
qui sont fidèlement et sincèrement dévoués à
l'Empire.
Nous pouvons maiutenant, tout en conser¬
vant le même ordre d'idées, indiquer les causes
qui ont amené M. Emile Ollivier à occuper le
premier rang dans la direction des affaires.
Un jour M. Jules Favre et ses amis traçaient
une sorte de programme politique, et, si nous
ne nous trompons, ils donnaient à comprendre
qu'ils se rallieraient au gouvernement si ce
programme était adopté. Bien avant la publica¬
tion de ce programme, l'Empereur, dans un
mémorable discours, avait promis le couronne¬
ment de l'édifice impérial, c'est-à-dire l'octroi
de la plus grande liberté. L'Empereur suivait
donc d'un œil attentif les progrès de l'opinion
publique, et quand le moment lui parut propice,
il prit l'initiative d'un programme plus large
encore que celui qu'avait tracé M. Jules Favre.
On aurait donc été fondé à espérer que le pro¬
gramme impérial opérerait une réconciliation,
et que les hommes de la gauche se rallieraient
àun gouvernementayantlaformemonarchique,
avec des institutions libérales et démocratiques.
Mais cette espérance, si elieavaitgermé dans les
esprits, aurait été suivie de déceptions, car c'est
au moment où la réconciliation aurait dû s'opé¬
rer, que les hommes de la gauche inventaient et
s'appropriaient la qualification d'irréconcilia¬
bles. Sous jeu et se tenant derrièrela coulisse par
suitede l'infimitédu nombre, il y a eu d'autres
irréconciliables qui ont été de tout temps, qui
serort toujours les ennemis de la liberté, et qui
ne se font pas faute décrier: Vive l'Empereur 1
vive a liberté! en se réservant, inpetto, de tra¬
vailla au renversement de l'une et de l'autre
et de prêter même leur concours aux rouges.
C'estlà la pire de toutes les oppositions, car, à
tout prendre, il vaut mieux lutter contre un
enneni qui a le visage à découvert que contre
un ennemi qui se dit votre ami et dont la figure
Prélucb de la honte à son front attachée,
Ce cri Ta révéler sa faute encor cachée ;
Ce cri, ' c'est le cri du remord !
Bien napaise pourtant cette voix qui l'accuse !...
Niais cpel effroi me glace et quel rêve m'abuse ?
Est-ce une vision dont mes yeux sont frappés ?
— « Bîrbare, que fais-tu? quel délire farouche
» Obscurcit ta raison? pourquoi sur cette bouche
» Appesantir tes doigts crispés?
» Arrde! sous ta main vois-tu bleuir sa face?
». Arràe ! si Terreur dans les larmes s'efface,
» Rienn'absout un forfait, et Téchafaud le suit !
» Grâce, grâce ! peut-être il en est temps encore.
» Pitié! c'est ton enfant!... Mais en vain je t'implore.»
Plus rien... le silence ; la nuit .
La nuit !... témoin muet de ces drames funèbres;
Elle semble pour eux épaissir ses ténèbres,
Son voMe a recouvert le crime triomphant.
Mais le pécheur, saisi d'une terreur profonde,
Un joar, dans ses filets, retirera de Tonde
Le blanc squelette cj'un enfant!
Vous pâlissez?. . Devant ces horribles images,
Je vos vos fronts pensifs se charger de nuages;
Et voas vous demandez sans doute, en frémissant,
Si jatiais, de vos cœurs réalisant le rêve.
La loi, dont vous tenez la balance et le glaive,
Protégera cet innocent.
Et conme le pilote, hésitant dans sa route,
Pilotes de l'Etat, votre esprit flotte et doute ;
Ou, jour résoudre enfin le problème éternel,
Du cnme déroulant les annales impures,
Vouf comptez ce qu'il meurt de frêles créatures
Sous les coups du bras maternel !
Et qui pourra jamais vous en dire le nombre?
Interrogez les flots ; à leur abîme sombre
Arrachez, s'il se peut, leurs sinistres secrets !
Sondsz les noirs égouts et remuez leurs fanges:
Peut-être apprendrez-vous combien de petits anges
Recèlent leurs gouffres discrets !
Combien?Mais n'eussiez-vous empêché qu'un seul crime,
N'eussiez-vous à la mort soustrait qu'une victime,
Qu'importe ! la pitié lui devait son soutien 1
Car cet être, au inépris voué parmi les hommes,
Créature divine, était ce que nous sommes :
Comme vous, c'était un chrétien I
Chrétien ! il devait l'être !... effrayante pensée :
En immolant son fils, cette mère insensée
Marqua-t-elle son front du signe rédempteur?
A ce doute mon cœur d'épouvante se serre :
est couverte d'un masque.
Enfin, les républicains, au lieu de se récon-
cilierau moment où l'Empereur octroyait toutes
les libertés qu'ils avaient pu désirer et deman¬
der, déclarèrent ouvertementetcarrément qu'ils
étaientdes révolutionnaires, des irréconciliables.
Cependant parmi eux, il y eut des défections,
il y eut des hommes soucieux de tenir la parole
qu'ils avaient donnée, des hommes qui savaient
ce que les révolutions coûtent à la France et
surtout aux classes populaires, et qui, amis
sincères de la liberté, se rallièrent franchement
à l'Empire dès l'instant que leurs aspirations
vers la liberté furent satisfaites.
Soit à cause du talent dont personne n'a
jamais contesté l'éclat, soit à cause des antécé¬
dents , la réconciliation qui produisit la plus
grande sensation fut celle de M. Emile Ollivier.
En présence de la situation nouvelle de la poli¬
tique, on comprend qu'il fallait des hommes
nouveaux, et c'est ainsi que l'Empereur, dési¬
reux de faire appel à tous les hommes de bonne
volonté, a confié à M. Ollivier la mission de for¬
mer un cabinet. La connaissance des hommes
que l'Empereur possède à un si haut degré, les
ardentes et furibondes attaques dirigées depuis
quelque temps contre M. Ollivier par tous les
ennemis du gouvernement, tout indique que
le nouveau ministre tiendra d'une main ferme
le drapeau impérial, et qu'il mettra au service
de ce drapeau le courage, l'énergie, le talent
et toutes les qualités d'homme d'État dont le
ciel l'a libéralement doté.
Ayant même que M. Ollivier ait rien fait et
alors qu'il ne s'agit que d'une dépêche annon¬
çant sa prochaine entrée en fonctions, nous
avons dû nous contenter de dire qu'il avait
promis de se rallier à l'Empire si l'Empire
entrait dans une voie libérale , et qu'il a été
fidèle à sa parole ; nous avons pu aussi rendre
hommage à son talent d'orateur, et c'est ce que
personne n'a songé à lui contester.
Nous ajouterons seulement que la tâche
d'asseoir le drapeau qu'il a en mains sur la
liberté sans que l'ordre reçoive aucune atteinte
est une tâche bien rude et bien laborieuse.
Pour l'aider à l'accomplir, les amis de l'Em¬
pire , tous les ennemis des révolutions lui
prêteront un concours actif et dévoué.
Nous terminerons ces réflexions par la cita-
Dérober à là fois-un enfant à la terre,
Et prendre un ange au Créateur I
Vous hésitez encore ! et pourtant, à cette heure,
Sur un infortuné qui grelotte et qui pleure
Un bras, prêt à frapper, peut-être s'est levé!
De ce bras égaré désarmez la colère ;
Ouvrez à cet enfant un abri tutélaire,
Et c'est vous qui l'aurez sauvé I
Qu'attendez-vous ? Eh quoi ! votre froide avarice
Marchanderait pour lui le sein d'une nourrice !
Et que sont, dites-moi, pour en être alarmés,
Quelques langes grossiers près de ce que le Louvre
Coûte de monceaux d'or, et pourtant il ne couvre
Que des marbres inanimés ?,...
Et ne nous dites pas que ce serait, du vice
Encourager l'audace et s'en rendre complice I
Par de vaines rigueurs croit-on le prévenir?
A la femme, jouet d'un amour qui l'emporte,
Qui brave déshonneur, ciel, famille , qu'importe
Ce que lui garde l'avenir?
Ne dites pas surtout — oh ! ce serait impie I —
Qu'il faut dans la douleur que son erreur s'expie I
Pensez-vous qu'au remords elle puisse échapper?
Dieu lui rendra sans vous la coupe assez amère !
Et songez-v d'ailleurs : en punissant la mère,
Est-ce l'enfant qu'il faut frapper?
Craignez que cette mort ne tourne à votre honte,
Que te ciel de ce sang ne vous demande compte !
C'est trop de vains calculs, de timides lenteurs I
Que vous révélera votre veille savante?
Interrogez plutôt, ô sages que Ton vante,
La voix qui parle dans vos cœurs !...
Oui, lorsque, après un jour plein de devoirs austères,
Vous dépouillez, le soir, vos graves caractères;
Quand le penseur n'est plus que le père et l'époux,
Si Dieu, pour faire trêve à vos heures moroses,
Vous a donné de voir de joyeux enfants roses
Venir s'asseoir sur vos genoux,
A ce moment d'extase et de saintes ivresses,
Devant ces jeunes fronts, tout pétris de caresses,
Pour lesquels votre amour fait le destin si beau,
Oh! dites! votre cœur, que le bonheur inonde,
Au petit paria jeté nu dans ce monde
Refusera-t-il un berceau?
Il ne demande pas — il n'y saurait prétendre I —
Pour endormir ses pleurs une voix douce et tendre ;
Il ne demande pas, pauvre déshérité,
Les jouets de 1 enfant, les baisers d'une mère :
g Donnez-lui seulement le lait d'une étrangère
Et les soins de 1g charité !
N° 4.
SAMEDI, Ier JANVIER 1870.
PRIX D ABONNEMENT :
Jlende : un an, 10 fï. ; six mois, 5 fr. 50 o. ; trois mois, 3 fr. ; dans le département: «n an, 11 fr. ;
six mois, 6 fr. ; trois mois, 3 fr. 50 o. ; hors du département : un an, 12 fr. ; six mois, 6 fr. 50 c. ;
trois mois, 4 fr. — Chaque exemplaire séparé, 25 c. — L'abonnement au Moniteur de la Lozère doit
être payé dans le i" trimestre.
M- HATAS ,.rue Jean-Jacques-Rousseau , 3, et MM. LAFFITTE, BULLIER et C1", place de la Bourse, 8,
sont seuls chargés , à Paris, de recevoir les annonces pour le Moniteur de la Lozère.
Mende, le 1er janvier 1870.
Pour nous conformer à l'usage , nous con¬
servons à la date .placée en tête de ces lignes la
"désignation du jour où notre journal paraît,
et cependant nous écrivons le mardi matin ,
c'est-à-dire au moment où nous venons de
recevoir une dépêche qui nous annonce un évé¬
nement auquel on s'attendait,mais qui.'n'en est
pas moins très-important. Voici le contenu de
cette dépêche :
« Les ministres ont donné leur démission.
— L'Empereur a écrit à M. Emile Ollivier et
lui a donné la mission de désigner les person¬
nes qui peuvent former un cabinet homogène
représentantfidèlement la majorité législative. »
Voici la lettre de l'Empereur à M. Emile
Ollivier :
« Palais des Tuileries , le 21 décembre 1869.
j> Monsieur le député, les minis-
» très m'ayant donné leur démis-
)) sion, je m'adresse avec confiance
» à votre patriotisme pour vous prier
)> de me désigner les personnes qui
» peuvent former avec vous un cabi-
)) net homogène, représentant fidè-
» lementla majorité du Corps légis-
» latif, et résolues à appliquer, dans
» sa lettre comme dans son esprit,
T) le sénatus-consulte du 8 septembre.
» Je compte sur le dévouement du
> Corps législatif aux grands intérêts
» du pays, comme sur le vôtre,
» pour m'aider dans la tâche que j'ai
d entreprise de faire fonctionner
» régulièrement le régime-constitu-
» tionnel.
j Croyez, Monsieur, à mes sen-
» timents.
» Napoléon, d
Avant de mettre notre journal sous pressé,
nous connaîtrons sans nul doute la composition
du nouveau cabinet, et nous la ferons con¬
naître à nos lecteurs ; mais nous éprouvous le
FEUILLETON.
M. Léon Valéry, qui n'est plus un inconnu
pour nos lecteurs, avait mis sa museau service
d'une question humanitaire, celle du rétablis¬
sement des tours où l'on déposait les enfants
abandonnés. M. Valéry fit à ce sujet une pétition
en vers qu'il adressa aux conseils généraux et au
sénat. Cette pièce eut un grand retentissement
et elle donna'lieu à un rapport fait au sénat
par M. de Goulhot de Saint-Germain et suivi
d'une discussion. Nous ne voulons pas entrer
dans l'étude de cette question. Nous nous con¬
tentons de reproduire les idées] philanthropiques
de M. Valéry en donnant place à sa pièce de
vers: —C. I.
PÉTITION AU SÉNAT
Pour le rétablissement des tours
dans les Hospices.
Pater meus et mator moa dereliquorunt me...
( Pa. xvi., v. 10. )
Et do quoi droit, Seigneur I interrogeant son maître,
L homme te dirait-il : « Pourquoi m as-tu fait naître ?»
Qu'il doive dans la vie errer seul et proscrit,
Ou qu'un heureux destin l'attende sur la terre,
Qu'il s'incline, Seigneur !... L'argile doit se taire
Devant celui qui la pétrit 1
Et qu'a-t-il fait pourtant, ô justice éternelle |
L enfant que sans pitié repousse de son aile
Cette femme, trompée à son premier amour ?
De 1 erreur do sa mère innocente victime,
Est-ce à lui de gémir et d'expier le crime
Qui le condamne à voir lo jour?
Où sont, pour l'accueillir aux portes do la vie,
Le père triomphant, la famille ravie,
Entourant, h genoux, l'heureux prédestiné?
Ou sont les gais amis, pour fêter sa naissance,
Et la blanche parure, emblème d'innocence,
Et le berceau du nouveâu-né ?...
désir de fixer de suite sur le papier les ré¬
flexions que fait naître dans notre esprit une
crise ministérielle dont le dénouement aura
suivi de près l'annonce.
On dit que l'homme, en général, est tou¬
jours prêt à se tourner du côté du soleil levant
et à jeter la pierre à ceux que, la veille, il a
acclamés. Organe public, interprète d'une opi¬
nion , non pas seulement personnelle, non pas
seulement exclusivement impérialiste, mais
embrassant tout ce qui est conservateur, gar¬
dons-nous de donner, dans la modeste sphère
où nous sommes placé , un pareil exemple,
et, avant de rendre justice à ceux qui sont
montés, payons un tribut de reconnaissance
à ceux qui sont descendus.
Les hommes éminents qui composaient le
dernier ministère ont, chacun dans son dépar¬
tement, rendu des services à la Ghose publique ;
mais celui qui était le plus souvent à la brèche
pour défendre les actes du gouvernement, c'est
M. de Forcade La Roquette. Il avait mis au. ser¬
vice d'une bonne cause un remarquable talent
d'orateur, une énergie que rien ne pouvait
troubler ou amollir, et toutes les fois qu'il a
porté la parole au corps législatif, il a rallié et
grossi une majorité parfois un peu hésitante.
Le souvenr d'un incident récent soulevé par
Rochefort est encore tout frais. On sait que
l'homme de la Lanterne renouvelait rau corps
- législatif, avec des termes moins crus, les me¬
naces à l'adresse du gouvernement qu'il avait
déjà formulées dans les réunions publiques. M.
de Forcade riposta de suite et dit que le gou¬
vernement était prêt à réprimer l'émeute et à
infliger des châtiments mérités. Ce mouvement
oratoire du ministre , son défi porté à des pas¬
sions turbulentes, son geste énergique, sa
parole virile, soulevèrent des applaudissements
enthousiastes.
En remontant le cours delà dernière session
législative et de celles qui l'ont précédée, nous
trouverions bon nombre de ces triomphes ;
mais les bornes d'un article de journal ne nous
permettent pas de faire une étude historique.
Du reste, en citant le dernier succès oratoire
de M. de Forcade La Roquette, succès arrivé au
moment même où ce n'était un mystère pour
personne qu'il allait résigner ses fonctions de
ministre de l'intérieur, c'est prouver qu'il a
Un froid et dur grabat ; une triste mansarde,
Où tremblent lesÙueurs d'une lampe blafarde
Et c'est là qu'il naîtra, cet enfant du malheur !
C'est là que, s'entourant d'un lugubre mystère,
Sa mère avec effroi së débat, solitaire,
Aux prises avec la douleur !
Pour adoucir, du moins, l'horreur de ton supplice,
Jeune fille égarée, où donc est ton complice?
Ton complice? il te fuit !... que dis-je? en ce moment,
Auprès d'une rivale, il insulte à ta flamme !
La faute fut commune ; et pour toi, pauvre femme,
Pour toi seule le châtiment !
A toi seule les pleurs, le remords qui t'accable !
Et demain?.. oh ! demain !... c'est la foule implacable,
Abreuvant de dédains ton faible cœur meurtri ;
C'est ta place fermée au foyer de famille ;
C'est ie père irrité, demandant à sa fille
Compte d'un nom qu'elle a flétri !
Demain, c'est l'abandon; demain, c'est l'infamie !
Pour relever ton front, pas une voix amie:
Le désespoir, le deuil, la misère... , et, plus tard,
Un malheureux de plus; que la honte accompagne,
Aigri par la souffrance, et marchant vers le bagne,
Courbé sous son nom de bâtard (1) !
Voilà quel avenir pour elle se prépare!
Et vous vous étonnez que sa tète s'égare ?
Qu'à l'heure redoutable où, déehirant son flanc,
La douleur dans son âme aiguillonne la rage,
A son brûlant cerveau l'amante qu'on outrage
Sente refluer tout son sang !...
Voyez !... sa tempe en feu, que laboure la fièvre,
Palpite... son sein bat... l'écume.est sur sa lèvre...
Une sombre colère éclate dans son œil...
Fruit maudit, desséché dans sa fleur éphémère,
Ah! s'il pouvait, du moins, l'enfant de cette mère,
Dans ses flancs trouver son cercueil!
S'il pouvait! fol espoir! créature chétive,
Il vit!... l'entendez-vous?... En vain sa voix plaintive
Semble pour sa faiblesse implorer la pitié :
Ce cri du nouveau né, ce cri nue la nature
Aux mères fit si doux, pour qu'angoisses, torture,
Tout par elles fût oublié ;
Ce cri mystérieux, qui fait à leur oreille
Parler, avec leur sang, une âme qui s'éveille,
Ce cri pour cette femme est comme lin glas de mort 1
Le prix des insertions peu
PRIX DES INSERTIONS 1
>Aûhoncea judiciaires, 20 c. la ligne ; diverses , 25 c. ; réclames, 40 c.
h être exigé à l'avance.
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présentent des difficultés d'exécution, l'imprimeur se réserve de demander le temps qu'il jugera néces-
. saire pour faire la planche.
Les manuscrits envoyés, insérés ou non, ne seront pas rendus.
On s'abonne: chez MM. Camille IGNON, à Mende ; DALLO, à Marvejols ; LAHOTTE, à Florac.
(1) On frémit de songer pour quelle énorme part
figurent ces infortunés dans le nombre de crimes et de
délits.
été, jusqu'à la dernière minute, le digne in¬
terprète de la pensée de l'Empereur et le vail¬
lant défenseur de la cause conservatrice.
: Ains- M. de Forcade sort de l'hôtel du minis¬
tère de l'intérieur , non pas meurtri à la suite
d'une chute , non pas couvert de confusion à
la suite de gaucheries politiques, mais le front
haut et avec la certitude d'être accompagné de
l'estime de tous les honnêtes gens, de tous ceux
qui sont fidèlement et sincèrement dévoués à
l'Empire.
Nous pouvons maiutenant, tout en conser¬
vant le même ordre d'idées, indiquer les causes
qui ont amené M. Emile Ollivier à occuper le
premier rang dans la direction des affaires.
Un jour M. Jules Favre et ses amis traçaient
une sorte de programme politique, et, si nous
ne nous trompons, ils donnaient à comprendre
qu'ils se rallieraient au gouvernement si ce
programme était adopté. Bien avant la publica¬
tion de ce programme, l'Empereur, dans un
mémorable discours, avait promis le couronne¬
ment de l'édifice impérial, c'est-à-dire l'octroi
de la plus grande liberté. L'Empereur suivait
donc d'un œil attentif les progrès de l'opinion
publique, et quand le moment lui parut propice,
il prit l'initiative d'un programme plus large
encore que celui qu'avait tracé M. Jules Favre.
On aurait donc été fondé à espérer que le pro¬
gramme impérial opérerait une réconciliation,
et que les hommes de la gauche se rallieraient
àun gouvernementayantlaformemonarchique,
avec des institutions libérales et démocratiques.
Mais cette espérance, si elieavaitgermé dans les
esprits, aurait été suivie de déceptions, car c'est
au moment où la réconciliation aurait dû s'opé¬
rer, que les hommes de la gauche inventaient et
s'appropriaient la qualification d'irréconcilia¬
bles. Sous jeu et se tenant derrièrela coulisse par
suitede l'infimitédu nombre, il y a eu d'autres
irréconciliables qui ont été de tout temps, qui
serort toujours les ennemis de la liberté, et qui
ne se font pas faute décrier: Vive l'Empereur 1
vive a liberté! en se réservant, inpetto, de tra¬
vailla au renversement de l'une et de l'autre
et de prêter même leur concours aux rouges.
C'estlà la pire de toutes les oppositions, car, à
tout prendre, il vaut mieux lutter contre un
enneni qui a le visage à découvert que contre
un ennemi qui se dit votre ami et dont la figure
Prélucb de la honte à son front attachée,
Ce cri Ta révéler sa faute encor cachée ;
Ce cri, ' c'est le cri du remord !
Bien napaise pourtant cette voix qui l'accuse !...
Niais cpel effroi me glace et quel rêve m'abuse ?
Est-ce une vision dont mes yeux sont frappés ?
— « Bîrbare, que fais-tu? quel délire farouche
» Obscurcit ta raison? pourquoi sur cette bouche
» Appesantir tes doigts crispés?
» Arrde! sous ta main vois-tu bleuir sa face?
». Arràe ! si Terreur dans les larmes s'efface,
» Rienn'absout un forfait, et Téchafaud le suit !
» Grâce, grâce ! peut-être il en est temps encore.
» Pitié! c'est ton enfant!... Mais en vain je t'implore.»
Plus rien... le silence ; la nuit .
La nuit !... témoin muet de ces drames funèbres;
Elle semble pour eux épaissir ses ténèbres,
Son voMe a recouvert le crime triomphant.
Mais le pécheur, saisi d'une terreur profonde,
Un joar, dans ses filets, retirera de Tonde
Le blanc squelette cj'un enfant!
Vous pâlissez?. . Devant ces horribles images,
Je vos vos fronts pensifs se charger de nuages;
Et voas vous demandez sans doute, en frémissant,
Si jatiais, de vos cœurs réalisant le rêve.
La loi, dont vous tenez la balance et le glaive,
Protégera cet innocent.
Et conme le pilote, hésitant dans sa route,
Pilotes de l'Etat, votre esprit flotte et doute ;
Ou, jour résoudre enfin le problème éternel,
Du cnme déroulant les annales impures,
Vouf comptez ce qu'il meurt de frêles créatures
Sous les coups du bras maternel !
Et qui pourra jamais vous en dire le nombre?
Interrogez les flots ; à leur abîme sombre
Arrachez, s'il se peut, leurs sinistres secrets !
Sondsz les noirs égouts et remuez leurs fanges:
Peut-être apprendrez-vous combien de petits anges
Recèlent leurs gouffres discrets !
Combien?Mais n'eussiez-vous empêché qu'un seul crime,
N'eussiez-vous à la mort soustrait qu'une victime,
Qu'importe ! la pitié lui devait son soutien 1
Car cet être, au inépris voué parmi les hommes,
Créature divine, était ce que nous sommes :
Comme vous, c'était un chrétien I
Chrétien ! il devait l'être !... effrayante pensée :
En immolant son fils, cette mère insensée
Marqua-t-elle son front du signe rédempteur?
A ce doute mon cœur d'épouvante se serre :
est couverte d'un masque.
Enfin, les républicains, au lieu de se récon-
cilierau moment où l'Empereur octroyait toutes
les libertés qu'ils avaient pu désirer et deman¬
der, déclarèrent ouvertementetcarrément qu'ils
étaientdes révolutionnaires, des irréconciliables.
Cependant parmi eux, il y eut des défections,
il y eut des hommes soucieux de tenir la parole
qu'ils avaient donnée, des hommes qui savaient
ce que les révolutions coûtent à la France et
surtout aux classes populaires, et qui, amis
sincères de la liberté, se rallièrent franchement
à l'Empire dès l'instant que leurs aspirations
vers la liberté furent satisfaites.
Soit à cause du talent dont personne n'a
jamais contesté l'éclat, soit à cause des antécé¬
dents , la réconciliation qui produisit la plus
grande sensation fut celle de M. Emile Ollivier.
En présence de la situation nouvelle de la poli¬
tique, on comprend qu'il fallait des hommes
nouveaux, et c'est ainsi que l'Empereur, dési¬
reux de faire appel à tous les hommes de bonne
volonté, a confié à M. Ollivier la mission de for¬
mer un cabinet. La connaissance des hommes
que l'Empereur possède à un si haut degré, les
ardentes et furibondes attaques dirigées depuis
quelque temps contre M. Ollivier par tous les
ennemis du gouvernement, tout indique que
le nouveau ministre tiendra d'une main ferme
le drapeau impérial, et qu'il mettra au service
de ce drapeau le courage, l'énergie, le talent
et toutes les qualités d'homme d'État dont le
ciel l'a libéralement doté.
Ayant même que M. Ollivier ait rien fait et
alors qu'il ne s'agit que d'une dépêche annon¬
çant sa prochaine entrée en fonctions, nous
avons dû nous contenter de dire qu'il avait
promis de se rallier à l'Empire si l'Empire
entrait dans une voie libérale , et qu'il a été
fidèle à sa parole ; nous avons pu aussi rendre
hommage à son talent d'orateur, et c'est ce que
personne n'a songé à lui contester.
Nous ajouterons seulement que la tâche
d'asseoir le drapeau qu'il a en mains sur la
liberté sans que l'ordre reçoive aucune atteinte
est une tâche bien rude et bien laborieuse.
Pour l'aider à l'accomplir, les amis de l'Em¬
pire , tous les ennemis des révolutions lui
prêteront un concours actif et dévoué.
Nous terminerons ces réflexions par la cita-
Dérober à là fois-un enfant à la terre,
Et prendre un ange au Créateur I
Vous hésitez encore ! et pourtant, à cette heure,
Sur un infortuné qui grelotte et qui pleure
Un bras, prêt à frapper, peut-être s'est levé!
De ce bras égaré désarmez la colère ;
Ouvrez à cet enfant un abri tutélaire,
Et c'est vous qui l'aurez sauvé I
Qu'attendez-vous ? Eh quoi ! votre froide avarice
Marchanderait pour lui le sein d'une nourrice !
Et que sont, dites-moi, pour en être alarmés,
Quelques langes grossiers près de ce que le Louvre
Coûte de monceaux d'or, et pourtant il ne couvre
Que des marbres inanimés ?,...
Et ne nous dites pas que ce serait, du vice
Encourager l'audace et s'en rendre complice I
Par de vaines rigueurs croit-on le prévenir?
A la femme, jouet d'un amour qui l'emporte,
Qui brave déshonneur, ciel, famille , qu'importe
Ce que lui garde l'avenir?
Ne dites pas surtout — oh ! ce serait impie I —
Qu'il faut dans la douleur que son erreur s'expie I
Pensez-vous qu'au remords elle puisse échapper?
Dieu lui rendra sans vous la coupe assez amère !
Et songez-v d'ailleurs : en punissant la mère,
Est-ce l'enfant qu'il faut frapper?
Craignez que cette mort ne tourne à votre honte,
Que te ciel de ce sang ne vous demande compte !
C'est trop de vains calculs, de timides lenteurs I
Que vous révélera votre veille savante?
Interrogez plutôt, ô sages que Ton vante,
La voix qui parle dans vos cœurs !...
Oui, lorsque, après un jour plein de devoirs austères,
Vous dépouillez, le soir, vos graves caractères;
Quand le penseur n'est plus que le père et l'époux,
Si Dieu, pour faire trêve à vos heures moroses,
Vous a donné de voir de joyeux enfants roses
Venir s'asseoir sur vos genoux,
A ce moment d'extase et de saintes ivresses,
Devant ces jeunes fronts, tout pétris de caresses,
Pour lesquels votre amour fait le destin si beau,
Oh! dites! votre cœur, que le bonheur inonde,
Au petit paria jeté nu dans ce monde
Refusera-t-il un berceau?
Il ne demande pas — il n'y saurait prétendre I —
Pour endormir ses pleurs une voix douce et tendre ;
Il ne demande pas, pauvre déshérité,
Les jouets de 1 enfant, les baisers d'une mère :
g Donnez-lui seulement le lait d'une étrangère
Et les soins de 1g charité !
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