Poétesses travailleuses au XIXe siècle

Au XIXe siècle, une production poétique issue des classes populaires émerge. Comme dans bien d'autres cas, ce sont surtout les hommes qui en ont récolté les (rares) lauriers. Qu'en est-il des poétesses travailleuses, rebelles plus ou moins discrètes, entre révolte et conformité?

Être femme et écrire, être ouvrier et écrire : voilà deux manières non-conventionnelles et fort débattues de se présenter en littérature au XIXe siècle. Les premières sont accusées d'être des "bas-bleus" et d'outrepasser la très restreinte place que leur impose le code napoléonien qui les retranche dans le foyer et sous la coupe de leur mari depuis 1804. Les seconds, malgré l'intérêt que leurs portent certains romantiques, sont regardés avec tout autant de mépris et qualifiés de "verrailleur" ou d'"écrivaillon", parfois par les membres de leur propre milieu. Il ne fait donc pas bon n'être ni homme ni bourgeois quand on écrit, puisqu'on est alors considéré, au pire comme une imposture scandaleuse, au mieux comme un phénomène curieux. Cela en dit long sur l'audace nécessaire à celles qui cumulent les identités de femme et de travailleuses pour mettre le pied dans ce milieu peu enclin à leur faire une place, qui plus est par le biais de la poésie, genre noble et codifié par excellence ! Et pourtant, certaines ont su, non seulement se faire publier, mais parfois se faire connaître, grâce à une production dont le principal enjeu était de concilier l'originalité nécessaire pour rendre une oeuvre intéressante et la conformité à des conventions littéraires et sociales qui devait prouver leur légitimité dans cet espace nouvellement investi.

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