Écrivaines Saint-Simoniennes

Ancêtres des féministes, les Saint-Simoniennes, premières socialistes françaises, ont imposé leur présence dans l'espace politique machiste en créant leurs propres organisations et en diffusant leurs réflexions dans des écrits dont certains frappent encore aujourd'hui par leur modernité.

Brutalement exclues en 1832 de la hiérarchie d'un mouvement qui leur accordait pourtant une grande importance théorique, certaines saint-simoniennes prolongent leur engagement pour la doctrine en créant leurs propres organes d'expression et de propagande. Elles y défendent l'amour libre, le divorce, la sororité, et l'égalité des sexes. Les premières à engager une telle initiative sont Jeanne-Désirée Véret et Marie-Reine Guindorf, qui créent La femme libre - Apostolat des femmes en 1832. Décrié, leur engagement précurseur en faveur de la libération des moeurs attirera quelques 140 ans plus tard l'intérêt des féministes des années 1970, mais leur vaudra bien des difficultés en leur temps, entre l'opprobre sociale liée à leurs amours libres et les enfants qui leur en sont parfois restés, et qu'elles doivent élever seules. Pour autant, ces femmes sont restées résolument indépendantes et solidaires, formant entre elles un réseau certes réduit mais solide, qui leur a permis de développer leurs idées et de les faire connaître, dans une certaine mesure, en leur temps. Certaines, parce qu'elles n'étaient pas femmes de lettres ou que leurs écrits ne se trouvent pas sur Gallica, n'apparaissent pas dans cette sélection: c'est par exemple le cas d'Elisa Lemonnier, fondatrice en 1862 de la première institution d'enseignement professionnel pour les femmes, ou de Claire Bazard, première et unique "Mère" des saint-simoniens, appelée à se tenir tout en haut de la hiérarchie aux côtés du "Père".