À propos de l’œuvreRoger Musnik
Ivanhoé relate les aventures du chevalier Wilfrid d’Ivanhoé dans l’Angleterre de 1194. Le roman dépeint divers conflits : entre Normands qui gouvernent et Saxons qui subissent, entre différents partis normands (les fidèles du roi Richard Cœur de Lion, absent du pays, et ceux qui soutiennent son frère le prince Jean), entre élite (chevaliers et aristocrates) et peuple (incarné ici par Robin des Bois et sa bande), ou encore le rôle trouble des Templiers. Sans compter les déchirements intimes d’Ivanhoé, tiraillé entre la blonde Rowena et la brune Rebecca. La narration est très rythmée, passant d’un tournoi à un enlèvement, d’un siège à un procès de sorcellerie. L’intrigue se clôt sur le mariage d’Ivanhoé et de Rowena, symbole de la fusion entre Normands et Saxons, et prémisse de la nation anglaise. Publié en décembre 1819 en Angleterre (et début 1820 en France dans une traduction de Defauconpret), ce livre est tout de suite un énorme succès. On a beaucoup reproché à l’auteur une schématisation et même des anachronismes : mais pour Scott c’est le moyen d’être compris de tous. Son langage est moderne mais paraît médiéval. Ses thématiques sont variées : un homme entre deux femmes, des peuples ou des groupes se combattant pour finir par s’unir, une exaltation de la chevalerie, des jeux de masques (de nombreux personnages agissent incognito), un appel à la tolérance (les juifs comme Isaac et Rebecca sont injustement pourchassés), etc. Ivanhoé marque profondément la littérature européenne, par son rapport au réel, son triangle amoureux, sa volonté de recréer l’univers médiéval. Son héritage se voit également dans la littérature populaire, ses simplifications psychologiques, son style enlevé ou ses batailles enfiévrées.