Alfred de Vigny se concevait, non sans raison, comme l’auteur qui « se mit en marche bien jeune, mais le premier » (préface des Poèmes antiques et modernes d’août 1837) dans la refonte de la littérature opérée au début du XIXe siècle par les romantiques, parmi lesquels on ne lui reconnaissait guère moins d’importance que Lamartine ou Hugo. Auteur polygraphe, il mena cette réforme sur tous les fronts, en prédicateur laïque, poète philosophe sans cesse en quête de formes signifiantes, qu’il s’agisse d’interroger l’histoire, la société, la condition humaine, ou de revendiquer la mission et l’indépendance du poète.