Cri de guerre du Mufti

Les Orientales, VI

Scène des massacres de Scio

Othman, qui apparaît dans la dernière strophe de ce poème, est le fondateur de la dynastie ottomane. L’enjeu de cette guerre sainte est Athènes.
 

Hierro, despierta te !
Cri de guerre des Almogavares.
Fer, réveille-toi !

 

En guerre les guerriers ! Mahomet ! Mahomet !
Les chiens mordent les pieds du lion qui dormait,
Ils relèvent leur tête infâme.
Écrasez, ô croyants du prophète divin,
Ces chancelants soldats qui s’enivrent de vin,
Ces hommes qui n’ont qu’une femme !
 
Meure la race franque et ses rois détestés !
Spahis, timariots, allez, courez, jetez
À travers les sombres mêlées
Vos sabres, vos turbans, le bruit de votre cor,
Vos tranchants étriers, larges triangles d’or,
Vos cavales échevelées !
 
Qu’Othman, fils d’Ortogrul, vive en chacun de vous.
Que l’un ait son regard et l’autre son courroux.
Allez, allez, ô capitaines !
Et nous te reprendrons, ville aux dômes d’azur,
Molle Setiniah, qu’en leur langage impur
Les barbares nomment Athènes !
 
21 octobre 1828.
 
Victor Hugo, Les Orientales, 1829.
> Texte intégral : Paris, J. Hetzel et A. Quantin, 1880-1926.