À propos de l’auteur
François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), est né à Paris d'un père notaire au Châtelet. Élève des jésuites, il fait de brillantes études au Collège Louis-le-Grand où il se lie d'amitié avec la jeunesse dorée de l'époque. Il fréquente les salons mondains et les milieux libertins où son esprit vif et sa langue bien pendue font fureur et lui valent quelques déboires. Un pamphlet contre le Régent le conduit à la Bastille pendant près d'un an. Il y retourne à cause d'un bon mot contre le chevalier de Rohan et doit s'exiler en Angleterre, de 1726 à 1728. Il découvre les œuvres de Shakespeare, les philosophes comme Locke, la science de Newton, et surtout les principes politiques de la liberté individuelle et de la monarchie parlementaire. De cette expérience, il tire les Lettres anglaises, ou Lettres philosophiques.
C'est en 1733 que Voltaire rencontre Madame Du Châtelet, femme de science et esprit brillant chez qui il s'installe au château de Cirey. Il partage sa vie plusieurs années et entretient avec elle une intense collaboration intellectuelle. De 1744 à 1753, Voltaire séjourne dans diverses cours européennes : d'abord Versailles, puis Luneville, chez le roi de Pologne, enfin Berlin, à la cour de Frédéric II. Puis il se retire ensuite en Suisse, aux Délices, près de Genève, et se fixe enfin à Ferney. C'est là qu'il met en pratique les principes des physiocrates, en y développant l'agriculture et le commerce : « un repaire de quarante sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par mille deux cents personnes utiles », se félicite-t-il. Toute sa vie, Voltaire est menacé par les puissants qu'il fréquente et cherche à se mettre à l'abri du besoin. Il est un homme d'affaires avisé, qui investit pour préserver son indépendance.
Voltaire écrivain touche à tous les genres littéraires. Il s'est d'abord imposé dans les genres nobles que sont la tragédie et la poésie. Dès l'âge de 24 ans, il connaît son premier succès, avec Œdipe, et prend alors le pseudonyme de Voltaire. Il triomphe avec Zaïre (1732) et devient célèbre dans toute l'Europe.
Voltaire se fait historien, avec la Henriade (1717), une épopée en vers à la gloire d'Henri IV, ou l'Histoire de Charles XII (1731) puis, nommé historiographe du roi, avec le Siècle de Louis XIV (1751). C'est pour distraire des hôtes illustres que Voltaire, à cinquante ans passés, se lance dans le conte philosophique, genre très prisé au XVIIIe siècle. L'Ingénu, Candide ou Micromégas, ses contes et romans sont aujourd'hui ses œuvres les plus connues. Elles n'étaient pour l'auteur qu'un agréable dérivatif à ses nobles compositions. Leur succès le déroute lui-même : « Queste coglionerie se vendent mieux qu'un bon ouvrage. »
Pamphlétaire redouté, Voltaire s'engage personnellement au service de grandes causes comme la tolérance ou la liberté d'expression. Il lutte contre les persécutions religieuses que subissent, parmi d'autres, le chevalier de la Barre ou cette « malheureuse famille Calas », pour laquelle il prend fait et cause. Son combat contre le fanatisme marque les esprits avec la célèbre formule « Écrasez l’Infâme », qui désigne aussi bien les catholiques que les protestants.
Voltaire poursuit, à travers toute l'Europe et jusqu'en Amérique, une correspondance dont on a retrouvé plus de 24 000 lettres.
Il meurt en 1778, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, peu après son retour à Paris et la représentation triomphale d'Irène, sa dernière tragédie. Enterré en catimini à cause de son anti-cléricalisme, son corps est transféré au Panthéon après la Révolution française, en 1791.
Resté célèbre pour son esprit critique, sa plume acérée et son engagement, Voltaire incarne, le premier, le modèle de l'intellectuel engagé, figure vouée à une belle postérité.