C’est à l'abri d'une traduction anonyme d’un auteur grec, Théophraste, que va se révéler et se développer un des textes les plus fascinants du XVIIe siècle français. La Bruyère avait commencé la rédaction de « caractères » dès 1670, observant finement les mœurs de son époque. En 1688, paraît chez le libraire Michallet Les Caractères de Théophraste, avec les caractères ou les mœurs de ce siècle : 420 remarques, relevant du genre à la mode qu’est la « maxime », une quarantaine de jugements littéraires ou de réflexions, et une douzaine de portraits, souvent très brefs. Le livre devient l’emblème du débat entre les Anciens et les Modernes, puisqu'il associe cent pages de traduction de Théophraste et deux cents pages de La Bruyère. Le succès est tel que les éditions se succèdent à un rythme accéléré (neuf en huit ans), chacune voyant se réduire proportionnellement et typographiquement la part de l'Ancien, et s'étoffer, s'organiser, s'affirmer celle du Moderne. Pourtant, La Bruyère ne cesse de s’afficher du côté des Anciens dans la fameuse Querelle. C’est l’énigme de ses Caractères…