Né à Constantinople en 1762, André Chénier grandit en France avec sa famille. Très tôt, il s’essaie à la poésie en imitant Homère, Sapho, Virgile ou Ovide. Il se fait notamment remarquer par deux poèmes conformes aux ambitions « philosophiques » du temps, Hermès et L’Amérique, puis, sur un mode biblique, Suzanne. Sous la Révolution, Chénier, engagé dans l’action politique, se révèle un grand prosateur à travers brochures et articles. Rattrapé par son lyrisme, il publie l’Ode sur le Jeu de paume, dédiée « À David, peintre » (1791), et l’Hymne aux Suisses de Chateauvieux, deux pièces inspirées par des faits d’actualité : la première solennelle, la seconde ironique et vengeresse. Devenu suspect après le 10 août 1792, Chénier continue à agir et à écrire dans la clandestinité, poursuivant une lutte sans merci contre les Jacobins. Il est arrêté et incarcéré en mars 1794. Jusqu’au pied de l’échafaud, il essaie encore sa lyre, mais il meurt sous la guillotine le 7 thermidor an II (25 juillet 1794), laissant une œuvre posthume, dont le recueil de poèmes inachevés Les Bucoliques, publié en 1819. Paradoxalement, le seul poète du XVIIIe siècle meurt inconnu de ses contemporains.