Résumé de l'œuvre

Le Caire. Départ pour la Haute Egypte

C'est en juillet 1806 que Chateaubriand s'embarqua pour l'Orient. Il visita d'abord la Grèce, que son ardente imagination lui a fait souvent voir sous des couleurs plus idéales que réelles. Les grands souvenirs de l'antiquité classique revivent à chaque page dans son livre, et l'on pourrait croire que, dans ce voyage, il recherchait moins la vue des sites pittoresques et des ruines que l'occasion de citer sur place les plus beaux morceaux d'Homère, de Virgile et du Tasse dont il s'était nourri. Le Taygète, le Pinde, l'Eurotas, Sparte, le Granique lui arrachent des cris d'enthousiasme tout littéraire. Quelques beaux morceaux de style travaillé se détachent çà et là sur les pages plus simples qui ne sont remplies que des impressions personnelles et des aventures journalières, parmi lesquelles les plus vives se rapportent au dénuement des Grecs et à l'oppression des Turcs. Cette oppression, dont il a souvent à se plaindre pour lui-même, lui gâte continuellement le plaisir qu'il a de retrouver dans les ruines des traces de l'ancienne splendeur hellénique. Secouant à regret cette noble poussière, il voulut observer de plus près le colosse barbare qui l'avait tant foulée : il pénétra jusqu'au cœur de la Turquie, puis se dirigea vers l'Égypte et atteignit enfin la Palestine où il retrouva, imprimés comme en Grèce, les stigmates de l'islamisme. L'illustre voyageur contempla quelque temps avec mélancolie la sainte nudité de Jérusalem, de ses collines, de son fleuve appauvri, et il voulut recueillir quelques gouttes de ce fleuve, qui servirent plus tard au baptême du duc de Bordeaux. De ce point culminant de son itinéraire, il alla débarquer sur la plage africaine, puis enfin revint par l'Espagne en mai 1807. Le récit suit l'ordre du voyage.

Ce livre, où se reflètent toutes les impressions de l'auteur comme voyageur, comme homme de lettres, surtout comme royaliste et comme chrétien est le plus naturel qui soit sorti de la plume de Chateaubriand.
 
[D. Bonnefon, Les écrivains modernes de la France, 1880]