Résumé de l'œuvre
Le poème de Chateaubriand commence par un prologue dans lequel l'auteur décrit en quelques pages le lieu de la scène. Le Meschacebé (nom plus harmonieux du Mississipi) nous apparait dans toute sa majesté et donne lieu à un tableau où l’auteur a prodigué ses plus riches couleurs. Après ce tableau ravissant, s'ouvre le récit.
En 1755, un jeune Français, René, poussé par des passions et des malheurs, arrive chez les Natchez, peuplade indienne des bords du Meschacebé et demande à être reçu guerrier de cette nation. Chactas, un des chefs les plus vénérés de ces Indiens, adopte René. Il avait lui-même visité la France dans l'espoir de calmer, par de lointains voyages, le souvenir d'infortunes dont les forêts du Nouveau-Monde avaient été les témoins. Au cours d'une expédition, pendant une nuit douce et paisible, René demande au vieillard le récit de ses aventures, et c'est ce récit qui forme le sujet d'Atala.
Chactas raconte à René ce qui lui arriva quand il ne comptait que dix-sept chutes de feuilles. Son père, le guerrier Outalissi, de la nation des Natchez, alliée aux Espagnols, l'avait emmené à la guerre contre les Muscogulges, autre nation puissante des Florides. Outalissi, ayant succombé dans le combat, Chactas courait le risque d'être enlevé pour les mines de Mexico, lorsqu'un vieil Espagnol, Lopez, s'intéressa à lui, l'adopta et essaya de l'apprivoiser à la vie civilisée. Mais, après avoir passé trente lunes auprès de son protecteur, Chactas fut saisi du dégoût de la vie des cités. Un matin, il revêt ses habits de sauvage et va se présenter à Lopez l'arc et les flèches à la main, en déclarant qu'il veut reprendre sa vie de chasseur. Il part, s'égare dans les bois, et, pris par un parti de Muscogulges et de Siminoles, il confesse hardiment son origine et sa nation : « Je m'appelle Chactas, fils d'Outalissi, fils de Mescou, qui ont enlevé plus de cent chevelures au Museegulges. » Le chef ennemi lui dit : « Chactas, réjouis-toi, tu seras brûlé au grand village. » L'âge et la figure du prisonnier intéressent les femmes, qui lui apportent divers présents.
Atala, fille de Simaghan, s'attache particulièrement à lui. Arrivé au grand village, Chactas se voit à la veille .de son supplice, mais Atala trouve le moyen d'éloigner le guerrier qui le garde, détache ses liens et fuit avec lui dans le désert. La peinture des transes, des alternatives de crainte, d'espoir, de remords qui tourmentent ces fugitifs, ont fourni au génie poétique de Chateaubriand des pages admirables.
Un jour, pendant un orage, sous les coups redoublés du tonnerre, à la lueur des pins embrasés, Atala raconte à Chactas son histoire : elle est chrétienne, elle n'est pas, comme on le croit, la fille du magnanime Simaghan ; elle est fille de Lopez, de ce vieil Espagnol qui fut le bienfaiteur de Chactas. Les fugitifs sont trouvés pendant l'orage, par le père Aubry, un vénérable missionnaire qui a fondé, près de là, une colonie d'Indiens convertis au christianisme. Le père Aubry emmène les deux sauvages dans sa cabane, et, le lendemain, ils assistent à la messe que le pieux ermite célèbre en plein air. Dans la description de ce mystère, le poète déploie toute la grandeur et la puissance de son génie. Chactas, qui se sent aimé par sa jeune libératrice, voudrait unir à jamais son existence à la sienne, mais Atala, qui se croit condamnée par un vœu de sa mère à rester vierge, renonce à la vie et à son amour en avalant un breuvage empoisonné, et le père Aubry n'a que le temps de recevoir sa confession et son dernier soupir.
[D. Bonnefon, Les écrivains modernes de la France, 1880]