Le myrte
Associé à Vénus, il a aussi donné son nom à la mortadelle. Le myrte répand son parfum suave dans l’Herbier de Gallica.
Le myrte commun (Myrtus communis) forme avec le myrte de Nivelle (myrtus nivellei) le genre Myrtus, qui appartient lui-même à la famille des Myrtacées comme l’eucalyptus, le goyavier ou le giroflier. Il ne faut pas le confondre avec des plantes d’autres genres portant aussi le nom de myrte : myrte des marais, myrte des montagnes, myrte surge… Son nom vient du grec « myron » qui signifie parfum et s’accorde très bien avec sa nature odorante.
Léon Marret, Les fleurs de la Côte d’Azur (de Toulon à Menton), Paris, 1926
En effet, cet arbuste méditerranéen dégage une puissante odeur balsamique. Mesurant d’un à trois mètres, il porte un feuillage dense composé de feuilles vert foncé, persistantes, coriaces, luisantes et odorantes. Elles lui confèrent une bonne adaptation à la chaleur. De croissance lente, il peut vivre jusqu’à 300 ans. Son écorce rouge se détache en plaques. Les fleurs blanches très odorantes, fleurissant de mai à juillet, donnent des baies ovales, d’un noir bleuâtre. Il pousse dans les bois, les garrigues et les landes du littoral et apprécie un sol sec, bien drainé, même calcaire, exposé au soleil.
Le myrte occupe une place importante dans les civilisations méditerranéennes. En Grèce antique, il était consacré à Aphrodite et les jeunes mariés en tressaient des couronnes. Les magistrats athéniens s’en ceignaient pour affirmer leur caractère sacré. La légende faisait venir l’arbuste de Myrsine, jeune femme tuée par un jeune homme qu’elle avait battu aux jeux gymniques, et ensuite transformée en myrte par Pallas. A Rome, le personnage auquel était fait une ovation portait une couronne de myrte. Dans la religion juive, la plante est associée au palmier, au cédrat et au saule pour célébrer la fête des Cabanes. Une autre métamorphose est évoquée dans Roland furieux où un personnage, Astolphe, est changé en myrte par Alcide.
Les propriétés antibiotiques du myrte sont connues depuis l’Antiquité. Tonique, antiseptique, il soigne les plaies et les ulcères et chasse même les poux sous la forme d’un vin de macération de fruits. Ces mêmes fruits servent à fabriquer une liqueur de myrte, en Corse et en Sardaigne. Les jeunes pousses se consomment en salade tandis que les feuilles peuvent, comme le laurier, accompagner les viandes et les grillades. Le myrte, présent dans des farces à base de porc, leur a donné son nom et son parfum sous l’appellation de mortadelle. Les feuilles servent aussi au tannage des cuirs et à l’extraction du furfural qui entre dans la production du plastique. Les rameaux sont tressés en paniers et corbeilles. Fleurs et feuilles donnent une eau distillée appelée eau d’ange. Le bois fournit des cannes mais est aussi utilisé comme encens. Aphrodite ne s’est pas trompée en adoptant une plante aussi parfumée.
Abū al-Muṭahhir ibn Abī al-Qāsim al-Ǧamālī al-Yazdi, Recueil, 1701-1703
Pour aller plus loin
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