Les textiles artificiels et synthétiques

Textile artificiel ou synthétique ? Une première définition doit être opérée : les fibres artificielles sont produites par l’homme à partir des fibres naturelles comme la cellulose tandis que les fibres synthétiques sont obtenues par la synthèse du pétrole ou du charbon (polyester, polyamide, acrylique…).

La soie artificielle

Au milieu du 19^e siècle, la sériciculture française connaît une crise importante avec une diminution de rendement due à une maladie du ver à soie. La recherche sur la mise au point d’une soie artificielle s’intensifie.

Le Comte de Chardonet, inventeur de la soie artificielle, 1926

Lors de la séance du 7 novembre 1887 de l’Académie des sciences, Hilaire de Chardonnet (1839-1924) demande l’ouverture d’un pli cacheté qu’il a déposé en 1884. La note qu’il contient, intitulée " Sur une matière textile artificielle qui ressemble à la soie", précise la recette à effectuer pour élaborer ces nouvelles fibres à partir de cellulose, d’alcool et d’éther. Le fil ainsi formé - reprend la Revue industrielle en 1888 - doit être rapidement séché. Il présente alors un aspect soyeux, peut être coloré, réuni en plusieurs brins pour être ensuite, après plusieurs traitements, tissé.

Science et monde : tout pour tous : des idées, des faits, 22/10/1931

" Une nouvelle industrie vient de naitre ces dernières années ", s’enthousiasme Polidor Willems en 1905 dans La soie artificielle : cellulose et fabrication de la soie artificielle, au moment où la fabrication industrielle se met en place. La soie artificielle présente l'avantage de fournir de plus gros volumes et ne dépend plus des aléas de l'élevage des vers à soie. Sa mise sur le marché entraîne d’abord un moment de méfiance de la part des soyeux mais aussi d’une certaine clientèle qui dénigre le tissu avant son utilisation, dans les années 20, par les grands couturiers.
La question de la dénomination est également posée : faut-il parler de soie artificielle ou, à l’instar des pays anglo-saxons qui utilisent le terme "rayon", adopter une nouvelle appellation ? Si en 1925, le Syndicat des textiles artificiels est contre l'emploi d'un autre terme que "soie artificielle", le mot rayonne s’impose pourtant dans les usages puis dans les règlements, dans les années 1930.

Il existe au début du 20^e siècle trois principales méthodes de fabrication de la rayonne, décrites par la revue La Science et la vie dans un article de juillet 1935. Le procédé initial de Chardonnet à base d’éther, d’alcool et de cellulose de coton n'est presque plus utilsé, au profit du procédé de fabrication de la rayonne par dissolution de cellulose dans du sulfate de cuivre, et surtout de la viscose issue "de l’action du sulfure de carbone sur une cellulose (de bois) préalablement traitée à la soude caustique ".  
Après la Première Guerre mondiale, les usines d’acétate de cellulose, produit utilisé pour les enduits des avions, trouvent un débouché avec un nouveau procédé de fabrication de soie artificielle. La viscose reste largement dominante avec 86,5% du marché de la soie artificielle, comme le relève en 1930 la revue Science et Monde, pour une production de soie artificielle presque quatre fois plus importante que celle de soie naturelle.

Soie artificielle, Rester jeune, 04/1934

Le nylon : parachutes et bas

De l’air, de l’eau et de la houille. Le nylon n’est pas une fibre comme les autres, rappelle L’Avenir normand en 1946, "C’est un corps synthétique préparé à partir du carbonate et de l’hydrogène des goudrons de houille, de l’azote, de l’ammoniaque ". Le nylon appartient à la famille des super polyamides.

Elle : l'hebdomadaire de la femme : tous les mercredis, 22/08/1949

Le 29 octobre 1938, se remémore le journal Elle, les établissements américains Du Pont De Nemours annoncent officiellement sa création : c'est le premier tissu issu de matières minérales. Sa mise au point s'inscrit dans un contexte de recherches autour des nouveaux matériaux plastiques, dont le journal le Cri des travailleurs se fait écho en 1950.

Le Cri des travailleurs : organe de la Fédération socialiste S.F.I.O du Tarn. 23/09/1950

Le nylon, très résistant, est rapidement décliné en différents articles : fils de pêche, crins des brosses et surtout les bas. Ces bas de nylon conquièrent les Etats-Unis mais aussi l'Europe, remplaçant les bas de soie naturelle et artificielle. 35 millions de paires de bas sont ainsi vendues en 1940 en France, mais leur coût reste très élevé. En octobre 1945, la revue Ambiance emmène ses lecteurs à la découverte de la fabrication de ces bas.

Ambiance, 10/10/1945

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les usines Du Pont de Nemours réorientent leur production vers la fabrication des parachutes, tissu et cordages. Le nylon est une matière légère qui se répand aussi dans les activités sportives (cordes d’alpinisme) et de loisir (tentes, sacs de couchage) comme le relève la revue Sports camping en 1946.

Des tissus, du pétrole et du méthane

D’autres procédés synthétiques se développent après la Seconde Guerre mondiale, comme le polyester, dérivé du pétrole ou l’acrylique, dérivé du méthane. Les tissus sont également de plus en plus issus de mélanges de fibres, naturelles, artificielles ou synthétiques. Les recherches actuelles se penchent sur « les tissus intelligents ».

 Pour en savoir plus :

Les matières premières du parcours textile : de la fibre au vêtement