Titre : Les Petits gars de Picardie : trait d'union des patronages
Éditeur : (Amiens)
Date d'édition : 1928-01-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32838674s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 janvier 1928 15 janvier 1928
Description : 1928/01/15 (N16). 1928/01/15 (N16).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2357442c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-67096 (9)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2018
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Les "Petits Gars
I
S’AIMER, S’UNIR
i
i
j
S’ENTR AIDER
CH&Z LES APPRENTIS
wmt/ÊtÊÊÊtÊÊiÊÊÊmmÊÊÊiÊimmÊmmmÊmiÊtmÊmmÊmiÊiKÊmÊÊÊÊimmiKmmammÊmÊÊÊma
UNE VENGEANCE
1928
La nouvelle année est l’occasion pour les
grands et les petits de compter le chiffre
de leur âge. Mais notre petit journal aurait
bien de la peine à préciser le nombre de ses
printemps, ou plutôt de ses étés, puisque
c’est en été surtout qu’il vît et qu’il travaille,
en redevenant hebdomadaire. En vérité. Les
Petits Gars n’ont pas partout le même âge,
et la réponse dépend de l’endroit où l’on
pose la question. A Roubaix, où naquit notre
première édition, ils ont déjà si je ne me
trompe, sept ans : notre fils aîné â donc
atteint l’âge de raison. Et la famille est nom
breuse : des frères sont nés presque chaque
année, et il y a des jumeaux... Pour les grands
et pour les petits, nous formons les meilleurs
vœux chrétiens de santé et de persévérance.
Mais nos lecteurs, quel âge ont-ils ? un
peu plus, pas beaucoup plus. Ce sont main
tenant les enfants nés pendant la grande
guerre, qui ne l’ont pas vue et en tout cas
ne s’en souviennent pas. Car il y a déjà autour
de nous toute «une génération qui monte et
qui n’a pas connu ces alarmes et ces hor
reurs... génération clairsemée, petits gars
peu nombreux de 1917, 1918, d’autant plus
aimés que moins nombreux, génération de
la T.S.F., des raids d’ avion, et un peu trop
de cinéma, génération électrique et « qui
bouge » qu’il faut comprendre et traiter
comme telle, en essayant de nous mettre
à sa portée pour la stabiliser sans l’exaspé
rer : C’est le programme même des Petits
Gars, et de toutes les œuvres et formes d’édu
cation, auxquelles ils servent d’organe.
En cette année 1927 qui finit, la fondation
parmi vous de la J.O.C., à l’exemple de no?
voisins et amis de Belgique, et sous le regard
paternel du Souverain Pontife, nous a remplis
d’une immense espérance. Nous avons main
tenant de plus en plus la certitude qu’en
essayant de protéger l’enfance et de la rendre
chrétienne, nous ne travaillons pas en vain,
parce que demain, des organisations plus
fortes que la nôtre, plus viriles sans cesser
d’être aussi jeunes, recueilleront nos chers
petits gars et les garderont à Dieu, à Jésus-
Christ, à la vertu, au devoir et à eux-mêmes.
Dieu soit loué !
Eugène MASURE.
* 5 ^
Ce samedi soir Pierre avait rejoint ses
camarades assez loin de l’usine : il était sorti
avant l’heure pour livrer de la marchandise,
et devait s’en aller directement chez lui.
Une grande animation régnait dans le
groupe ; des lambeaux de phrases arrivaient
jusqu’à Pierre :
— Ah ! c’est bien ! tant mieux qu’elle
éclate.
— T’es débrouillard Emile...
— Et Louis n’est pas manchot !...
— Qu’est-ce qu’il y a ! demande Pierre,
dites voir ?...
~Y a qu’elle va trinquer la sale machine
au père Martin. Lundi matin, au premier
coup de manivelle, tout volera en l’aîr. Ca
lui apprendra à embêter les gosses...
Le « père Martin » était le contremaître
de l’usine ; très ancien dans la maison, dévoué
au patron, il avait toute sa confiance. Le pre
mier et le dernier partout, dur pour lui-même, il
l’était aussi pour les autres, mais les ouvriers
le lui pardonnaient parce qu’il était juste,
qu’il leur rendait facilement service, et inter
venait pour eux auprès du patron quand cela
était nécessaire.
Il n’en était pas de même des apprentis
qui, pour la plupart, carottiers et paresseux,
se faisaient souvent rappeler à l’ordre d’une
façon un peu rude ; comme des enfants, ils
en voulaient sans comprendre, au père Martin,
et ne cherchaient qu’une occasion de lui jouer
un mauvais tour ; cette occasion venait enfin
de se présenter :
Le c ^uremaître, mécanicien très habile,
avait rendu de grands services à l’usine en
perfectionnant des machines, en inventant
mille petites choses utiles ; aussi le patron
avait-il consenti avec plaisir à lui permettre
de confectionner à l’atelier même, avec les
matériaux qu’il avait sous la main, et lorsque
son travail le Iüi permettait, la réduction
d’urte machine de son invention dont il espé
rait le plus grand profit ; l’idée était ingénieuse
et nouvelle, et la réussite presque sûre. Martin
avait neuf enfants qu’il élevait à grand’peine ;
les deux aînées, des filles, étaient seules en
apprentissage et rapportaient très peu à la
maison où la vie était bien difficile,
Martin escomptait depuis longtemps le
succès de sa machine et avait fait partager
son espoir à toute sa famille ; la mère pour*
rait enfin se reposer un peu, on enverrait
Fanny, la troisième fille, qui était malade,
passer l’été à la campagne, l’aîné des garçons,
intelligent et débrouillard, irait à une école
professionnelle... et ainsi de suite pour toute
la nichée.
Pour lui, Martin ne désirait que la santé,
et moins de pnvations lui permettrait de
travailler davantage.
Ce qu’elle avait été étudiée, polie, soignée,
la chère machine qui devait procurer tant
de joie ! Depuis deux ans, Martin y travail
lait sans relâche à ses moments perdus et
voilà qu’elle était à point Le brevet étant
pris, le contremaître avait, la veille, soumis
son invention à deux ingénieurs que la ques
tion intéressait ; ceux-ci, venus exprès à
l’usine, avaient examiné avec la plus grande
attention la petite machine si merveilleuse
ment exécutée, l’avaient trouvée remarquable,
et devaient revenir le lundi avec un construc
teur disposé à en faire l’acquisition.
Martin ne se sentait plus de joie et devant
quelques camarades avait fait les honneurs
de son œuvre aux deux visiteurs intéressés.
— Je ne pouvais, dit-il, l’exécuter gran
deur nature, bien sûr, et j’ai eu du mal pour
la faire si petite avec mes gros doigts, mais
voyez comme elle fonctionne bien tout de
même. Tout le secret du mécanisme est
contenu dans la partie arrière, mais réduits
à cette échelle les organes en sont si fins,
si délicats, que le moindre corps étranger
tombant au milieu des rouages ferait tout
éclater au moment de la mise en marche ;
aussi, voyez comme je l’enveloppe dès que
je cesse d’y travailler...
Paroles imprudentes !...
Deux apprentis qui se trouvaient là avaient
échangé un regard, la même idée diabolique
avait germé dans leur cervelle : leur ven
geance, ils la tenaient.
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La nouvelle année est l’occasion pour les
grands et les petits de compter le chiffre
de leur âge. Mais notre petit journal aurait
bien de la peine à préciser le nombre de ses
printemps, ou plutôt de ses étés, puisque
c’est en été surtout qu’il vît et qu’il travaille,
en redevenant hebdomadaire. En vérité. Les
Petits Gars n’ont pas partout le même âge,
et la réponse dépend de l’endroit où l’on
pose la question. A Roubaix, où naquit notre
première édition, ils ont déjà si je ne me
trompe, sept ans : notre fils aîné â donc
atteint l’âge de raison. Et la famille est nom
breuse : des frères sont nés presque chaque
année, et il y a des jumeaux... Pour les grands
et pour les petits, nous formons les meilleurs
vœux chrétiens de santé et de persévérance.
Mais nos lecteurs, quel âge ont-ils ? un
peu plus, pas beaucoup plus. Ce sont main
tenant les enfants nés pendant la grande
guerre, qui ne l’ont pas vue et en tout cas
ne s’en souviennent pas. Car il y a déjà autour
de nous toute «une génération qui monte et
qui n’a pas connu ces alarmes et ces hor
reurs... génération clairsemée, petits gars
peu nombreux de 1917, 1918, d’autant plus
aimés que moins nombreux, génération de
la T.S.F., des raids d’ avion, et un peu trop
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bouge » qu’il faut comprendre et traiter
comme telle, en essayant de nous mettre
à sa portée pour la stabiliser sans l’exaspé
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Gars, et de toutes les œuvres et formes d’édu
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paternel du Souverain Pontife, nous a remplis
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essayant de protéger l’enfance et de la rendre
chrétienne, nous ne travaillons pas en vain,
parce que demain, des organisations plus
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d’être aussi jeunes, recueilleront nos chers
petits gars et les garderont à Dieu, à Jésus-
Christ, à la vertu, au devoir et à eux-mêmes.
Dieu soit loué !
Eugène MASURE.
* 5 ^
Ce samedi soir Pierre avait rejoint ses
camarades assez loin de l’usine : il était sorti
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Une grande animation régnait dans le
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jusqu’à Pierre :
— Ah ! c’est bien ! tant mieux qu’elle
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— T’es débrouillard Emile...
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— Qu’est-ce qu’il y a ! demande Pierre,
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~Y a qu’elle va trinquer la sale machine
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Le « père Martin » était le contremaître
de l’usine ; très ancien dans la maison, dévoué
au patron, il avait toute sa confiance. Le pre
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l’était aussi pour les autres, mais les ouvriers
le lui pardonnaient parce qu’il était juste,
qu’il leur rendait facilement service, et inter
venait pour eux auprès du patron quand cela
était nécessaire.
Il n’en était pas de même des apprentis
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se faisaient souvent rappeler à l’ordre d’une
façon un peu rude ; comme des enfants, ils
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et ne cherchaient qu’une occasion de lui jouer
un mauvais tour ; cette occasion venait enfin
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Le c ^uremaître, mécanicien très habile,
avait rendu de grands services à l’usine en
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mille petites choses utiles ; aussi le patron
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matériaux qu’il avait sous la main, et lorsque
son travail le Iüi permettait, la réduction
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avait neuf enfants qu’il élevait à grand’peine ;
les deux aînées, des filles, étaient seules en
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son espoir à toute sa famille ; la mère pour*
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— Je ne pouvais, dit-il, l’exécuter gran
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même. Tout le secret du mécanisme est
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si délicats, que le moindre corps étranger
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éclater au moment de la mise en marche ;
aussi, voyez comme je l’enveloppe dès que
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