Titre : Le Moniteur de la Lozère : journal d'annonces
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Mende)
Date d'édition : 1939-03-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328188053
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 mars 1939 30 mars 1939
Description : 1939/03/30 (A75,N13). 1939/03/30 (A75,N13).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG48 Collection numérique : BIPFPIG48
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t535473693
Source : Archives départementales de la Lozère, 1 PER 204
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2023
SOIXANTE - QUINZIEME ANNEE. — N° 13.
JEUDI 30 MARS 1939
Journal Républicain Démocrate
ABONNEMENTS :
Lozère et départements limitrophes 12 fr. 50
Autres départements 15 fr. 50
Compte postal : n° 251.09 Clermont-Ferrand
Directeur : Ravrnond D E R V A U X
Rédaction et Administration :
9, Allée des Soupirs — M E N D E
Téléphoné 112
Le Numéro : 30 centimes
Annonces, 3e page 4 » la ligne
Annonces, 4e page 2 » —
Annonces légales 2,50 —
LE DISCOURS DE M. MUSSOLINI
. n'est pas un discours de guerre
M. Mussolini vient de parler. Sa vé¬
hémence oratoire est connue ; elle a
été dimanche particulièrement éclatan¬
te. M. Mussolini a. toujours été un polé¬
miste et un polémiste passionné ; il le
fut jadis avec une dureté extrême con¬
tre l'Allemagne — et je ne parle pas que
des polémiques de 1914, mais de cel¬
les de 1934 — il l'a été hier avec nous.
Et l'intervention constante de la foule
dialoguant parfois avec lui n'est pas
pour diminuer cette impression de pas¬
sion farouche. Cela dit, j'essaierai non
de mettre en lumière les quelques
phrases essentielles de son discours —
rien de plus facile — mais d'en retrou¬
ver les quelques idées fondamentales.
Tout d'abord, une question de métho¬
de. On aurait sollicité récemment l'Ita¬
lie. Elle ne prendra cependant aucune
initiative « avant, dit M. Mussolini, que
nos droits sacro-saints aient été recon¬
nus ». Il demande donc que la France
prenne elle-même l'initiative de la né¬
gociation et reconnaisse le principe
des droits italiens. De quels droits ?
De ceux dérivant de l'accord de 1915 ?
De ceux-là seulement ? Le Duce ne nous
le dit pas clcdrement.
Pourtant une précision : la note ita¬
lienne du 17 décembre contiendrait tout,
Les problèmes s'appellent : « Tunis,
Djibouti, canal de Suez. » C'est indiquer
les trois sujets de discussion, ou mieux
les trois terrains... Rien de plus.
Au passage, M. Mussolini nous gratifie
d'une raillerie sur nos « jamais, peut-
être trop catégoriques.... » Pour com¬
prendre ce trait, il faut se souvenir du
fameux « jamais » très connu en Italie
et qui fut jeté par Rouher à la tribune
du Corps législatif. Il s'agissait de Rome.
Et sans doute Rouher avait tort dans le
fait et tort dans la manière, mais Rome
était une chose et notre Empire en est
un autre. Rome ne nous appartenait pas
et notre Empire nous appartient.
Je néglige quelques slogans, par exem¬
ple : « les rapports entre les Etats sont
des rapports de force. » C'est ce que
les Anciens traduisaient par le fameux :
«Ultima ratio regum » gravé sur les
canons. Et puis : « La Méditerranée est
notre espace vital — encore que non
exclusif — de l'Angleterre, de la France,
de l'Espagne, etc... « Il faut s'armer »,
s'écrie aussi M. Mussolini. Rien sûr et
c'est ce que nous, Français, faisons,
« Malheur aux fcables », ajoute-t-il. Ja¬
mais parole plus sage n'a été lancée.
Le juste désarmé est une victime.
Mais voici plus important : c'est le
propos sur l'axe. On ne diminuera pas,
on ne fêlera pas l'axe. N'oublions pas
qu'une délégation allemande étcdt pré¬
sente et que, comme je le disais il y
a quelques jours, l'Italie avant 1914 était
membre de la Triple-Alliance et avait
intérêt à le rester tout en s'entendant
avec la France et avec l'Angleterre. Son
intérêt n'a pas changé.
Autre propos intéressant qui se rac¬
corde au précédent. Si une coalition
contre l'Allemagne et l'Italie est formée^
les deux puissances passeront à la dé¬
fense et à la contre-attaque. Pour l'heu¬
re, peut-être faut-il voir là un simple
mouvement d'éloquence.
Un mot sur l'Espagne, et qu'on peut
comprendre de plusieurs façons. Je
crois que la bonne façon est la suivan¬
te : la guerre civile d'Espagne avait dres¬
sé une barrière entre la France et l'Ita¬
lie. Cette guerre achevée, la barrière
tombe (autrement dit, de nouvelles pos¬
sibilités d'entente apparaissent).
Je ne sais pas si des commentateurs
plus fins que moi ont vu dans le dis¬
cours autre chose que ce que je viens
de résumer ; mais la harangue, si sonore
soit-elle, ne m'a paru, en ce qui nous
concerne, rien contenir de plus.
Pierre DOMINIQUE.
(La République).
M. MUSSOLINI AFFIRME AVEC VEHEMENCE SA FIDELITE A L'AXE ROME-
BERLIN ET MAINTIENT SA POSITION A L'EGARD DE LA FRANCE...
...précisée a-t-il déclaré dans la note
ta-t-il : « le gouvernement français est
simple discussion de ces problèmes...
le fossé qui divise actuellement les deux
du, sinon impossible de le combler
le canal de Suez », conclua-t-il aux mi
et des sifflefs des « squadristes » à l'é
sa harangue en déclarant que l'Italie
paix et ne prendrait pas l'initiative des
cours ne coupe pas les ponts avec la
me, il reste modéré dans le fond. Il reste
mer entre Rome et Paris, négociations
res dans les conjonctures présentes. Voi
la célébration du 15° anniversaire de
rations.
du 17 décembre, sans réponse et ajou-
parfaitement libre de se refuser à la
mais il ne devra pas se plaindre si
pays devient si profond qu'il sera ar-
Et ce fossé c'est « Tunis, Djibouti et
lieu du fracas des applaudissements
gard de la France. Puis le Duce termina
avait besoin d'une longue période de
hostilités »... Tel quel, ce violent dis¬
France et malgré la violence de sa for-
placé pour des négociations à enta-
hautement souhaitables, sinon nécessai-
ci le Duce, parlant aux squadristes pour
la formation des Faisceaux et Corpo-
j En France...
i
| Lyon... Le tribunal militaire de Lyon
' a condamné deux espions italiens.
Paiis... La visite du président Lebrun
' à Londres a témoigné de l'étroite soli-
I darité franco-britannique. De retour à
Paris le chef de l'Etat a été chaleureu¬
sement acclamé par la foule depuis la
gare du Nord jusqu'à l'Elysée.
Fo'x... Vingt ouvriers sont ensevelis
par une avalanche dans les Pyrénées.
Les sauveteurs ont failli à leur tour être
victimes d'une nouvelle avalanche.
Nice... Quatre sous-marins anglais
sont en visite dans le port de Nice.
Paris... Le discours" de Mussolini n'a
apporté aucune réponse précise au pro¬
blème des relations franco-italienues.
Le discours du Duce, sous la violence du
ton, dictée par la qualité de l'auditoire,
semble refléter une certaine prudente
dans le "ond,
Paris... Le Président de la République
sera élu le ô avril à Versailles.
Tarbes... La catastrophe de l'Izour a
fait 30 morts. Chassés par la tempête,
les sauveteurs ont dû abandonner les
recherches et regagner la vallée, lais¬
sant 4 volontaires pour veiller les 17 ca¬
davres.
A Barèges nouvelle avalanche. Le vil¬
lage est coupé des centres voisins. De
nombreuses maisons sont éventrées.
Paris.. Le Conseil des Ministres, après
avoir félicité et remercié M. Albert Le¬
brun des heureux résultats de son voya¬
ge à Londres prend des mesures renfor¬
çant la marine, améliorant la défense
des frontières et orgar'^ant ta mobilisa¬
tion industrielle. M. Surleau est nomme
administrateur de la ville de Marseille.
Paris... M. Edouard Daladier pronon¬
cera ce soir un grand discours sur la
politique extérieure du gouvernement
qui sera radio-difïusé par l'ensemble du
réseau des postes français.
A l'Etranger..
Memel... Hitler a pris possession de
Memel. Devant ses troupes et la fou.e
assemblée, le chancelier du Reich a cé¬
lébré la nouvelle communauté alleman¬
de « qu'aucune autre puissance, a-t-:l
affirmé, ne peut plus oublier ni briser ».
Londres... « Toute tentative alleman¬
de d'hégémonie se heurterait à la résis¬
tance victorieuse des nations attachées
à la liberté » proclame aux Commîmes
M. Chamberlain.
Rome... Un grand discours a été pro¬
noncé par le roi d'Italie à la Chambre
des Faisceaux et des corporations. Au
sujet des relations franco-italiennes, le
souverain se borne à rappeler la note
du gouvernement de Rome dénonçant
les accords Laval-Mussolini du 7 janvier
1935 et visant la négociation d'une nou¬
velle convention relative au statut des
Italiens en Tunisie.
Burgos... Le Maréchal Pétain a pré¬
senté ses lettres de créance au général
Franco. Dans son discours, notre am¬
bassadeur a dit : « Voisines en Europe,
voisines également sur la terre d'Afri¬
que, frères l'une et l'autre d'un grand
passé, l'Espagne et la France connais¬
sent cet heureux privilège d'être ani¬
mées du seul désir de vivre côte à côte
dans l'indépendance et dans la paix ».
Burgos... La flotte républicaine, réfu¬
giée à Bizerte sera remise à Burgos. M.
Lequerica ambassadeur du gouverne¬
ment Franco à Paris, rejoint son poste.
Tokio... Le Cabinet de Tokio serait
hostile à l'interventionnisme en Europe.
Mais une pétition des partis de la mino¬
rité réclamerait une alliance militaire
avec Berlin et Rome.
Rome... Un grand discours de Musso¬
lini. Célébrant, au stade olympique de
Rome, le 20° anniversaire de la fondation
des Faisceaux de combat, le Duce a dé¬
claré : « Les problèmes italiens à l'égard
de la France s'appellent : Tunis, Djibou¬
ti, Suez. La Méditerranée, pour l'Italie,
représente un espace vital.
Madrid... Les négociations ayant été
rompues entre nationalistes et républi¬
cains, Madrid organise sa défense en
prévision d'une offensive des troupes de
Franco.
Madrid... Capitulation de Madrid. Les
troupes nationalistes sont entrées dans
la capitale de l'Espagne.
A PARIS, CONSEIL DES MINISTRES...
Réuni à l'Elysée, le Conseil s'est préoccupé des pourparlers diplomatiques
engagés-à l'heure actuelle et des suites du voyage présidentiel à Lonâres, puis
du discours de M. Mussolini délimitant les revendications italiennes. La réponse
de la France serci-t-elle faite mercredi par M. Daladier, dans son discours ra¬
diodiffusé ? Quant aux questions de politique intérieure, qui passent au second
plan, les ministres ont mis au point le 2° train de décrets-lois.
A L'IMAGE DES DICTATURES
La récente loi votée par le Parlement
a conféré au Gouvernement Daladier un
pouvoir pratiquement illimité et hors
de tout contrôle. Il se trouve investi en
effet des attributions les plus larges en
vue de faire face aux besoins gigantes¬
ques de l'industrie des armements ainsi
que pour accroître la production natio¬
nale.
Loin de nous, la pensée de critiquer
une telle mesure qui s'impose hélas par
la crainte trop réelle que nous inspirent
nos terribles voisins. Mais sans vouloir
polémiquer il est néanmoins permis de
tirer la philosophie d'un tel état de cho¬
ses.
Les précédents décret-lois avaient
tous un objectif limité. Le vote par le
parlement, toujours soucieux de défendre
ses prérogatives, n'avait pu être acquis
que moyennant certains apaisements
consentis à l'opinion publique. On sa¬
vait donc que le gouvernement pourrait
légiférer sur un sujet spécial : matière
fiscale, refonte administrative, questions
sociales, etc.
Aujourd'hui foin de ces détails. l'Exé¬
cutif a pleins pouvoirs pour orienter
la production française et mobiliser
économiquement le pays.
Nous avons insisté ici même sur les
besoins inconsidérés que provoquerait
une guerre moderne ou même simple¬
ment sa préparation. Toutes les activités
de la nation se trouvent alors atteintes :
industrie, commerce, agriculture, moyens
de transport. Leur réglementation inté¬
resse la défense nationale et peut donc
être remaniée par décrets-lois. La pro¬
duction des arsenaux est fonction des
livraisons effectuées par l'industrie pri¬
vée, or, celles-ci dépendent à leur tour
des approvisionnements glanés dans tout
le pays. En particulier, nombreuses sont
les entreprises pouvant bénéficier de dé¬
rogations pour leur durée de travail et
appliquer désormais le régime de
soixante heures. Il en résulte un singu¬
lier retour en arrière, vous en convien¬
drez avec moi .
A un autre point de vue n'est-il pas
paradoxal que, pour lutter contre les
dictatures, les démocraties doivent d'a¬
bord les imiter ? Les pleins pouvoirs,
solution que nous reconnaissons logique
aujourd'hui relèvent en effet de l'autori¬
té d'un homme ou d'un petit groupement,
Ce sont donc des mesures fascistes ou
nazies, ou tout au moins anti-démocra¬
tiques.
Au reste, une telle constatation man¬
que de nouveauté. Déjà avant-guerre,
au cours d'une période de tension in¬
ternationale, somme toute assez compa¬
rable à celle que nous vivons, le leader
socialiste Marcel Sembal avait osé écri-
par Léon LABAUME
re au grand scandale de certains core¬
ligionnaires : « Faites un roi ou bien
faites la paix ». Il voulait ainsi signi¬
fier que le régime démocratique qui cor¬
respond à un stade de civilisation avan¬
cé parce qu'il est fait de discipline so¬
ciale librement subie, peut ne plus con¬
venir durant une période troublée où
toutes les énergies doivent converger
vers un même but. La démocratie évoque
de nos jours une société policée, où rè¬
gne un certain bien-être, dont les règles
sont suffisamment lâches pour autoriser
quelques inobservations et où enfin les.
citoyens libérés de toutes préoccupa¬
tions graves poursuivent de stériles et
interminables discussions politiques. Or,
ainsi que le président Daladier l'a expo¬
sé judicieusement, les Gouvernements,
dans leur lutte contre les dictatures doi¬
vent pouvoir garder secrètes leurs dé¬
cisions et agir avec rapidité. Une telle
procédure se conçoit évidemment assez
mal avec le régime parlementaire.
Ce caractère d'insuffisance pour les
démocraties, qui s'est manifesté de tout
temps en matière internationale, devant
un danger extérieur, se remarque encore
à notre époque au double point de vue
économique et social.
Nous savons en effet que les problèmes
nés de la crise ont ébranlé sérieusement
toutes les sociétés humaines. D'un cô¬
té on a vu une foule de salariés perdre
leur emploi parce que la machine tra¬
vaillait plus économiquement, et de l'au¬
tre, les industries et capitalistes égale¬
ment désemparés par l'amoindrissement
du marché résultant de la diminution du
nombre de consommateurs.
Dans les pays riches et bien équili¬
brés il n'en est résulté que des épreu¬
ves en général peu graves. Par contre,
certaines nations ont vu leur structure
politique s'effondrer et comme toujours
en pareils cas ce sont les extrémistes
qui l'emportent. Ainsi s'explique l'avène¬
ment d'Hitler et sa domination sur le
Troisième Reich.
Mais, bien que momentanément défail¬
lantes en matière d'économie intérieure
et actuellement battues en brèche sur le
plan international, les démocraties sont
encore capables de vigoureux redresse¬
ments. Sans doute conviendra-t-il
qu'elles se réforment pour mieux s'adap¬
ter aux nécessités nouvelles et pour sui¬
vre l'évolution des ^sociétés modernes.
Elles le peuvent car leur création est
continue. Cependant, seul l'apaisement
général des peuples pourra permettre le
retour définitif des régimes de progrès
et de libertés.
L. L.
JEUDI 30 MARS 1939
Journal Républicain Démocrate
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Autres départements 15 fr. 50
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Rédaction et Administration :
9, Allée des Soupirs — M E N D E
Téléphoné 112
Le Numéro : 30 centimes
Annonces, 3e page 4 » la ligne
Annonces, 4e page 2 » —
Annonces légales 2,50 —
LE DISCOURS DE M. MUSSOLINI
. n'est pas un discours de guerre
M. Mussolini vient de parler. Sa vé¬
hémence oratoire est connue ; elle a
été dimanche particulièrement éclatan¬
te. M. Mussolini a. toujours été un polé¬
miste et un polémiste passionné ; il le
fut jadis avec une dureté extrême con¬
tre l'Allemagne — et je ne parle pas que
des polémiques de 1914, mais de cel¬
les de 1934 — il l'a été hier avec nous.
Et l'intervention constante de la foule
dialoguant parfois avec lui n'est pas
pour diminuer cette impression de pas¬
sion farouche. Cela dit, j'essaierai non
de mettre en lumière les quelques
phrases essentielles de son discours —
rien de plus facile — mais d'en retrou¬
ver les quelques idées fondamentales.
Tout d'abord, une question de métho¬
de. On aurait sollicité récemment l'Ita¬
lie. Elle ne prendra cependant aucune
initiative « avant, dit M. Mussolini, que
nos droits sacro-saints aient été recon¬
nus ». Il demande donc que la France
prenne elle-même l'initiative de la né¬
gociation et reconnaisse le principe
des droits italiens. De quels droits ?
De ceux dérivant de l'accord de 1915 ?
De ceux-là seulement ? Le Duce ne nous
le dit pas clcdrement.
Pourtant une précision : la note ita¬
lienne du 17 décembre contiendrait tout,
Les problèmes s'appellent : « Tunis,
Djibouti, canal de Suez. » C'est indiquer
les trois sujets de discussion, ou mieux
les trois terrains... Rien de plus.
Au passage, M. Mussolini nous gratifie
d'une raillerie sur nos « jamais, peut-
être trop catégoriques.... » Pour com¬
prendre ce trait, il faut se souvenir du
fameux « jamais » très connu en Italie
et qui fut jeté par Rouher à la tribune
du Corps législatif. Il s'agissait de Rome.
Et sans doute Rouher avait tort dans le
fait et tort dans la manière, mais Rome
était une chose et notre Empire en est
un autre. Rome ne nous appartenait pas
et notre Empire nous appartient.
Je néglige quelques slogans, par exem¬
ple : « les rapports entre les Etats sont
des rapports de force. » C'est ce que
les Anciens traduisaient par le fameux :
«Ultima ratio regum » gravé sur les
canons. Et puis : « La Méditerranée est
notre espace vital — encore que non
exclusif — de l'Angleterre, de la France,
de l'Espagne, etc... « Il faut s'armer »,
s'écrie aussi M. Mussolini. Rien sûr et
c'est ce que nous, Français, faisons,
« Malheur aux fcables », ajoute-t-il. Ja¬
mais parole plus sage n'a été lancée.
Le juste désarmé est une victime.
Mais voici plus important : c'est le
propos sur l'axe. On ne diminuera pas,
on ne fêlera pas l'axe. N'oublions pas
qu'une délégation allemande étcdt pré¬
sente et que, comme je le disais il y
a quelques jours, l'Italie avant 1914 était
membre de la Triple-Alliance et avait
intérêt à le rester tout en s'entendant
avec la France et avec l'Angleterre. Son
intérêt n'a pas changé.
Autre propos intéressant qui se rac¬
corde au précédent. Si une coalition
contre l'Allemagne et l'Italie est formée^
les deux puissances passeront à la dé¬
fense et à la contre-attaque. Pour l'heu¬
re, peut-être faut-il voir là un simple
mouvement d'éloquence.
Un mot sur l'Espagne, et qu'on peut
comprendre de plusieurs façons. Je
crois que la bonne façon est la suivan¬
te : la guerre civile d'Espagne avait dres¬
sé une barrière entre la France et l'Ita¬
lie. Cette guerre achevée, la barrière
tombe (autrement dit, de nouvelles pos¬
sibilités d'entente apparaissent).
Je ne sais pas si des commentateurs
plus fins que moi ont vu dans le dis¬
cours autre chose que ce que je viens
de résumer ; mais la harangue, si sonore
soit-elle, ne m'a paru, en ce qui nous
concerne, rien contenir de plus.
Pierre DOMINIQUE.
(La République).
M. MUSSOLINI AFFIRME AVEC VEHEMENCE SA FIDELITE A L'AXE ROME-
BERLIN ET MAINTIENT SA POSITION A L'EGARD DE LA FRANCE...
...précisée a-t-il déclaré dans la note
ta-t-il : « le gouvernement français est
simple discussion de ces problèmes...
le fossé qui divise actuellement les deux
du, sinon impossible de le combler
le canal de Suez », conclua-t-il aux mi
et des sifflefs des « squadristes » à l'é
sa harangue en déclarant que l'Italie
paix et ne prendrait pas l'initiative des
cours ne coupe pas les ponts avec la
me, il reste modéré dans le fond. Il reste
mer entre Rome et Paris, négociations
res dans les conjonctures présentes. Voi
la célébration du 15° anniversaire de
rations.
du 17 décembre, sans réponse et ajou-
parfaitement libre de se refuser à la
mais il ne devra pas se plaindre si
pays devient si profond qu'il sera ar-
Et ce fossé c'est « Tunis, Djibouti et
lieu du fracas des applaudissements
gard de la France. Puis le Duce termina
avait besoin d'une longue période de
hostilités »... Tel quel, ce violent dis¬
France et malgré la violence de sa for-
placé pour des négociations à enta-
hautement souhaitables, sinon nécessai-
ci le Duce, parlant aux squadristes pour
la formation des Faisceaux et Corpo-
j En France...
i
| Lyon... Le tribunal militaire de Lyon
' a condamné deux espions italiens.
Paiis... La visite du président Lebrun
' à Londres a témoigné de l'étroite soli-
I darité franco-britannique. De retour à
Paris le chef de l'Etat a été chaleureu¬
sement acclamé par la foule depuis la
gare du Nord jusqu'à l'Elysée.
Fo'x... Vingt ouvriers sont ensevelis
par une avalanche dans les Pyrénées.
Les sauveteurs ont failli à leur tour être
victimes d'une nouvelle avalanche.
Nice... Quatre sous-marins anglais
sont en visite dans le port de Nice.
Paris... Le discours" de Mussolini n'a
apporté aucune réponse précise au pro¬
blème des relations franco-italienues.
Le discours du Duce, sous la violence du
ton, dictée par la qualité de l'auditoire,
semble refléter une certaine prudente
dans le "ond,
Paris... Le Président de la République
sera élu le ô avril à Versailles.
Tarbes... La catastrophe de l'Izour a
fait 30 morts. Chassés par la tempête,
les sauveteurs ont dû abandonner les
recherches et regagner la vallée, lais¬
sant 4 volontaires pour veiller les 17 ca¬
davres.
A Barèges nouvelle avalanche. Le vil¬
lage est coupé des centres voisins. De
nombreuses maisons sont éventrées.
Paris.. Le Conseil des Ministres, après
avoir félicité et remercié M. Albert Le¬
brun des heureux résultats de son voya¬
ge à Londres prend des mesures renfor¬
çant la marine, améliorant la défense
des frontières et orgar'^ant ta mobilisa¬
tion industrielle. M. Surleau est nomme
administrateur de la ville de Marseille.
Paris... M. Edouard Daladier pronon¬
cera ce soir un grand discours sur la
politique extérieure du gouvernement
qui sera radio-difïusé par l'ensemble du
réseau des postes français.
A l'Etranger..
Memel... Hitler a pris possession de
Memel. Devant ses troupes et la fou.e
assemblée, le chancelier du Reich a cé¬
lébré la nouvelle communauté alleman¬
de « qu'aucune autre puissance, a-t-:l
affirmé, ne peut plus oublier ni briser ».
Londres... « Toute tentative alleman¬
de d'hégémonie se heurterait à la résis¬
tance victorieuse des nations attachées
à la liberté » proclame aux Commîmes
M. Chamberlain.
Rome... Un grand discours a été pro¬
noncé par le roi d'Italie à la Chambre
des Faisceaux et des corporations. Au
sujet des relations franco-italiennes, le
souverain se borne à rappeler la note
du gouvernement de Rome dénonçant
les accords Laval-Mussolini du 7 janvier
1935 et visant la négociation d'une nou¬
velle convention relative au statut des
Italiens en Tunisie.
Burgos... Le Maréchal Pétain a pré¬
senté ses lettres de créance au général
Franco. Dans son discours, notre am¬
bassadeur a dit : « Voisines en Europe,
voisines également sur la terre d'Afri¬
que, frères l'une et l'autre d'un grand
passé, l'Espagne et la France connais¬
sent cet heureux privilège d'être ani¬
mées du seul désir de vivre côte à côte
dans l'indépendance et dans la paix ».
Burgos... La flotte républicaine, réfu¬
giée à Bizerte sera remise à Burgos. M.
Lequerica ambassadeur du gouverne¬
ment Franco à Paris, rejoint son poste.
Tokio... Le Cabinet de Tokio serait
hostile à l'interventionnisme en Europe.
Mais une pétition des partis de la mino¬
rité réclamerait une alliance militaire
avec Berlin et Rome.
Rome... Un grand discours de Musso¬
lini. Célébrant, au stade olympique de
Rome, le 20° anniversaire de la fondation
des Faisceaux de combat, le Duce a dé¬
claré : « Les problèmes italiens à l'égard
de la France s'appellent : Tunis, Djibou¬
ti, Suez. La Méditerranée, pour l'Italie,
représente un espace vital.
Madrid... Les négociations ayant été
rompues entre nationalistes et républi¬
cains, Madrid organise sa défense en
prévision d'une offensive des troupes de
Franco.
Madrid... Capitulation de Madrid. Les
troupes nationalistes sont entrées dans
la capitale de l'Espagne.
A PARIS, CONSEIL DES MINISTRES...
Réuni à l'Elysée, le Conseil s'est préoccupé des pourparlers diplomatiques
engagés-à l'heure actuelle et des suites du voyage présidentiel à Lonâres, puis
du discours de M. Mussolini délimitant les revendications italiennes. La réponse
de la France serci-t-elle faite mercredi par M. Daladier, dans son discours ra¬
diodiffusé ? Quant aux questions de politique intérieure, qui passent au second
plan, les ministres ont mis au point le 2° train de décrets-lois.
A L'IMAGE DES DICTATURES
La récente loi votée par le Parlement
a conféré au Gouvernement Daladier un
pouvoir pratiquement illimité et hors
de tout contrôle. Il se trouve investi en
effet des attributions les plus larges en
vue de faire face aux besoins gigantes¬
ques de l'industrie des armements ainsi
que pour accroître la production natio¬
nale.
Loin de nous, la pensée de critiquer
une telle mesure qui s'impose hélas par
la crainte trop réelle que nous inspirent
nos terribles voisins. Mais sans vouloir
polémiquer il est néanmoins permis de
tirer la philosophie d'un tel état de cho¬
ses.
Les précédents décret-lois avaient
tous un objectif limité. Le vote par le
parlement, toujours soucieux de défendre
ses prérogatives, n'avait pu être acquis
que moyennant certains apaisements
consentis à l'opinion publique. On sa¬
vait donc que le gouvernement pourrait
légiférer sur un sujet spécial : matière
fiscale, refonte administrative, questions
sociales, etc.
Aujourd'hui foin de ces détails. l'Exé¬
cutif a pleins pouvoirs pour orienter
la production française et mobiliser
économiquement le pays.
Nous avons insisté ici même sur les
besoins inconsidérés que provoquerait
une guerre moderne ou même simple¬
ment sa préparation. Toutes les activités
de la nation se trouvent alors atteintes :
industrie, commerce, agriculture, moyens
de transport. Leur réglementation inté¬
resse la défense nationale et peut donc
être remaniée par décrets-lois. La pro¬
duction des arsenaux est fonction des
livraisons effectuées par l'industrie pri¬
vée, or, celles-ci dépendent à leur tour
des approvisionnements glanés dans tout
le pays. En particulier, nombreuses sont
les entreprises pouvant bénéficier de dé¬
rogations pour leur durée de travail et
appliquer désormais le régime de
soixante heures. Il en résulte un singu¬
lier retour en arrière, vous en convien¬
drez avec moi .
A un autre point de vue n'est-il pas
paradoxal que, pour lutter contre les
dictatures, les démocraties doivent d'a¬
bord les imiter ? Les pleins pouvoirs,
solution que nous reconnaissons logique
aujourd'hui relèvent en effet de l'autori¬
té d'un homme ou d'un petit groupement,
Ce sont donc des mesures fascistes ou
nazies, ou tout au moins anti-démocra¬
tiques.
Au reste, une telle constatation man¬
que de nouveauté. Déjà avant-guerre,
au cours d'une période de tension in¬
ternationale, somme toute assez compa¬
rable à celle que nous vivons, le leader
socialiste Marcel Sembal avait osé écri-
par Léon LABAUME
re au grand scandale de certains core¬
ligionnaires : « Faites un roi ou bien
faites la paix ». Il voulait ainsi signi¬
fier que le régime démocratique qui cor¬
respond à un stade de civilisation avan¬
cé parce qu'il est fait de discipline so¬
ciale librement subie, peut ne plus con¬
venir durant une période troublée où
toutes les énergies doivent converger
vers un même but. La démocratie évoque
de nos jours une société policée, où rè¬
gne un certain bien-être, dont les règles
sont suffisamment lâches pour autoriser
quelques inobservations et où enfin les.
citoyens libérés de toutes préoccupa¬
tions graves poursuivent de stériles et
interminables discussions politiques. Or,
ainsi que le président Daladier l'a expo¬
sé judicieusement, les Gouvernements,
dans leur lutte contre les dictatures doi¬
vent pouvoir garder secrètes leurs dé¬
cisions et agir avec rapidité. Une telle
procédure se conçoit évidemment assez
mal avec le régime parlementaire.
Ce caractère d'insuffisance pour les
démocraties, qui s'est manifesté de tout
temps en matière internationale, devant
un danger extérieur, se remarque encore
à notre époque au double point de vue
économique et social.
Nous savons en effet que les problèmes
nés de la crise ont ébranlé sérieusement
toutes les sociétés humaines. D'un cô¬
té on a vu une foule de salariés perdre
leur emploi parce que la machine tra¬
vaillait plus économiquement, et de l'au¬
tre, les industries et capitalistes égale¬
ment désemparés par l'amoindrissement
du marché résultant de la diminution du
nombre de consommateurs.
Dans les pays riches et bien équili¬
brés il n'en est résulté que des épreu¬
ves en général peu graves. Par contre,
certaines nations ont vu leur structure
politique s'effondrer et comme toujours
en pareils cas ce sont les extrémistes
qui l'emportent. Ainsi s'explique l'avène¬
ment d'Hitler et sa domination sur le
Troisième Reich.
Mais, bien que momentanément défail¬
lantes en matière d'économie intérieure
et actuellement battues en brèche sur le
plan international, les démocraties sont
encore capables de vigoureux redresse¬
ments. Sans doute conviendra-t-il
qu'elles se réforment pour mieux s'adap¬
ter aux nécessités nouvelles et pour sui¬
vre l'évolution des ^sociétés modernes.
Elles le peuvent car leur création est
continue. Cependant, seul l'apaisement
général des peuples pourra permettre le
retour définitif des régimes de progrès
et de libertés.
L. L.
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